les elles du désir

les elles du désir

Il était jeune, trop jeune, pas bien épais, pas franchement sexy et clairement inexpérimenté. Alors, pourquoi lui ? Je m’interroge encore. Il n’avait pas grand-chose à dire non plus. Pas de personnalité, encore moins de charisme et pas un sou en poche. Si encore il avait été drôle ! Et pourtant…

Au premier regard, le frisson. Dans le doute, j’ai immédiatement enfilé une culotte, avalé un tube entier d’Oscillo® et même ingurgité un jerrican de grog au rhum, on n’est jamais assez prudente. Mais rien n’y fit. Pas d’équivoque, j’étais a’grippée.

Et saoule.

C’était il y a bientôt 25 ans. Ok, j’étais jeune aussi, forcément trop, surtout si vous vous êtes rués sur votre calculette… Enlevez-en encore ! Encoooore ! Je sais, c’est indécent. Mais j’étais précoce. Et maintenant féroce en négoce.

Pendant des mois, des années, fiévreusement – penser à changer de fournisseur de grog -, je lui ai écrit… Il ne m’a jamais répondu. Vous ai-je dit qu’il manquait de savoir-vivre aussi ? En revanche, il ne se privait pas de faire lire mes mots à de parfaits inconnus. En temps normal, la perspective aurait pu me contrarier, me pousser à faire un carnage sur ma tirelire pour un tueur à gage. (D’accord, avec mon maigre pécule, j’aurais tout juste pu m’offrir un buteur à cage de division d’honneur, à l’efficacité toute relative). Mais avec lui, je crois que ça m’excitait…

Je savais qu’il y en avait d’autres. Qu’il passait de mains en mains… Il ne s’en cachait pas. Partageur ? C’est rien de l’écrire ! Mais à quoi bon l’avoir pour moi toute seule ? Et puis un jour, voilà une dizaine d’années, je suis devenue l’officielle. Pas l’unique, non, mais la fille au trousseau. Et au plumeau.

De débats sur la couverture en ébats dessous, j’ai marqué mon territoire, comme il se doit. Compréhensive, certes, mais compulsive aussi. Le potentiel était là, il fallait juste le réveiller. Le révéler. J’avais ma petite idée… Il pensait maîtriser son sujet ? Prétentieux ! Toute une éducation à revoir… Il aimait jouer ? Qu’à cela ne tienne ! J’ai fait appel à une équipe de choc et de charme, les fidèles et des nouvelles… Elles avaient page blanche pour le débrider, le dérider, le dévergonder. Elles y sont parvenues. Au-delà de mes espérances… Les filles ne lui suffisent plus, il se frotte aux gars maintenant ! Et après tout, ce n’est pas pour me déplaire, loin de là. Toute expérience est bonne à prendre, n’est ce pas, mon canard ?

Je voulais le relooker, le remplumer, en faire une bête de texte ! Grace à vous tous, il l’est désormais.

Je suis une meneuse de revue comblée.

Pin It on Pinterest