ça gaze ?

ça gaze ?

Si tu voyais ta tête, là… Si je peux me permettre, et je ne vais surtout pas me gêner, je tiens bien trop à mon plaisir : t’es vraiment pas beau à voir. Le regard d’une Tarentaise sous ecstasy, le teint d’un visiteur de l’espace égaré en pleine tourista et l’énergie d’un bigorneau assigné à résidence. Par décence, je ne m’étendrai pas sur l’état des quelques neurones potentiellement encore en activité, l’encéphalogramme est tellement plat que j’en ai même rebooté la machine. En vain, tu t’en doutes.

Et oui, tu ne fais plus le show, ni le chaud d’ailleurs. Le bellâtre dans son costume de pingouin oscarisable s’est volatilisé dans la nuit. Ne reste plus qu’un vulgaire primate dans son plus simple appareil hors d’usage. Et dire qu’hier encore, tu me buvais des yeux. Tout juste bagué. Avec l’Autre engoncée dans son abat-jour meringué répétant tant bien que mal son nouveau rôle de mirador officiel. On lui dit tout de suite qu’elle va en voir de toutes les couleurs ?

Vous me faites bien rire ! Toutes vos belles promesses de fidélité, d’assistance… Ça ne t’a pas dissuadé de te jeter sur moi à la première occasion, de me faire péter le bouchon sans autres préliminaires !

D’accord, je suis irrésistible. A vue de nez, je dirais que c’est ma fraîcheur, ma pétillance, mon parfum subtilement capiteux qui en ont fait chavirer plus d’un… Un tempérament à la fois brut, mais élégant, c’est forcément troublant. L’Autre peut-elle en dire autant ?

Mais que diable : un peu de tenue ! Car je peux aussi me montrer acerbe quand la coupe est pleine. M’avoir fait monter dans ta chambre, la nuit de tes noces, pour abuser de moi, était-ce bien raisonnable ? Et quand l’Autre va se réveiller, si tant est qu’elle y arrive un jour et en admettant que l’affligeante vision que tu vas lui imposer ne lui soit pas fatale, que vas-tu lui raconter comme excuse ? Un minable «Je recommencerai plus, promis !» Et tu imagines un instant qu’elle va gober ça ? Une promesse vieille comme Mathusalem ?

Prince charmant De Pacotille… Tu peux bien y ajouter toutes les particules élémentaires, personne n’est dupe, tu ne seras qu’une appellation d’origine incontrôlable. Il est où d’ailleurs ton royaume ? Et ton fidèle destrier, il broute à la fourrière ? Le dragon, en revanche, pas de doute, il ronfle à côté de toi… Mais ne t’emballe pas, le château, ça reste mon domaine !

Et dire que toute ta famille espérait qu’en lui disant oui, tu allais enfin prendre de la bouteille… Oh flûte, alors ! Tu m’as juste prise, moi… Allez, crie encore mon nom aussi fort que cette nuit, si tu en es toujours capable ! BALTHAZAAAR ! Ah ? Parce que tu t’es aussi envoyé ma grande tante ? Non, moi, c’est Mumm… pour les intimes. Mais pour toi, ce sera : Champagne !

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