la baraque à filles

la baraque à filles

Tout est parti d’une soirée à noyer nos neurones au Côtes du Rhône. Trois amies, le cœur monté en solitaire, le passé décomposé, le présent bien disposé, et pour l’heure, l’avenir proche, en nausées, bien trop imbibé.

Bâtisseuses dans l’âme, nous partons divaguer sur le terrain un peu vague de nos projets sentimentaux.

Lassées de débusquer les déserteurs, les reformés du service annulaire, les pseudos P4 de l’amour, passés experts dans l’éclipse immunitaire et autres serial lovers intérimaires, chattes échaudées craignant l’eau froide, nous voilà échafaudant les plans de notre futur château en cocagne.

Pas châtelaines pour un sou, nous optons, dans nos délires arrosés au rosé, pour une simple maison de ville ou un petit immeuble. Rien d’ostentatoire. Juste un toit interdit aux mâles et bien pensants.

Chacune y aurait ses quartiers privés. Son appartement ou étage dédié. Pour le rez-de-chaussée, nous statuons sur de la copropriété. Le hall déboucherait sur un bar, le phare de la maisonnée, ramenant les vedettes au pas chaloupé d’un simple tour de tir bouchon. Café- sourire du matin siroté ensemble, en apportant les dernières retouches au ravalement de façade, sur la bouche en remettre une couche, et filer dans un cliquetis de talons fouler la journée du bon pied. Se retrouver pour l’apéro, débriefing post-boulot… le temps que les enfants accomplissent leur devoir conjugal, grammatical ou médical (sous forme de travaux pratiques) dans le salon à côté. Toujours sur ce niveau, une buanderie commune pour laver nos contrariétés à grandes eaux et une salle de sport capitonnée, bien qu’anti-capitons, pour lever nos verres à nouveau. Un Ré de chaussée qui donne le La à toute la portée.

Prendre le T, lancer le D, le solitaire infuse au solidaire.

Maison de poupées de cire ? Palais des utopies ? Miroir aux alouettes pour futures vieilles filles ? Oh que non, pas plus qu’un manoir aux oubliettes.
Pas de méprise, seul l’immeuble resterait vierge d’intrusion masculine. Nous n’avons pas renoncé aux hommes et encore moins à la passion.

La baraque à filles, c’est peut-être même LA solution pour faire durer la flamme. Pour ne pas se la faire souffler. Redonner des ailes au désir, qu’un quotidien peut vite déplumer, qu’il ne s’envole pas à tire d’elles…

Elle est le garde-fou contre la routine. Plus besoin de rustine pour colmater l’usure. Elle nous pousse à être créative, à imaginer une autre vie de couple qui ne manquera pas de souffle. Remettre l’aventure en devanture. Ouvrir la boîte à fantasmes, miser sur plus d’ébats déconventionnels pour ne pas finir alités si bien vaillants !

Et qui sait… un jour quitter la baraque à filles pour le plus baraqué des amours.

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