full grown, designer vert

8 Avr 2019

Sunny and chair

DANS LES ALLÉES DE LA BIENNALE DE ST ETIENNE, AU MILIEU DES OBJETS ULTRA CONCEPTUELS OU TECHNOLOGIQUEMENT POINTUS, UNE CHAISE EN BOIS… NON, EN ARBRE ! LÀ OÙ LA PLUPART DES JARDINS ABRITENT DES LÉGUMES OU DES ARBRES FRUITIERS, CELUI DU BRITANNIQUE GAVIN MUNRO ACCUEILLE DES RANGÉES ENTIÈRES DE… CHAISIERS ?

Gavin Munro

Que peut-il donc bien se passer dans la tête, ou dans le corps d’un homme pour qu’il se décide à planter des chaises ? Pour Gavin Munro, c’est une série de graines, semées depuis l’enfance, qui ont germé en ce projet fou, poétique, écologique et incroyablement design. La première graine ? L’image d’un bonsaï que ses parents avaient laissé pousser et qui avait fini par prendre la forme d’un trône. La seconde ? Les heures passées sur un lit d’hôpital à regarder autour de lui : “entre 2 et 11 ans, j’ai été opéré plusieurs fois du dos, pour redresser ma colonne vertébrale. Dans un des établissements, au milieu de la forêt, je pouvais voir, par la fenêtre, des renards, des blaireaux, des oiseaux ; et dans le couloir, les gens qui s’occupaient de moi, avec tellement de gentillesse et de compétences. Je me disais que quoi que je fasse, je serais comme eux. C’est comme si, ensuite, les deux images avaient fusionné”. Malgré l’éloignement, la contrainte, Gavin parle de ces premières années avec une certaine nostalgie, il a d’ailleurs gardé quelque chose d’enfantin, joueur et solaire.

SOWING THE SEEDS OF… GROVE* (*BOSQUET)

C’est dans le nord de l’Angleterre, à l’université de Leeds où il étudie le design, qu’il plante la troisième graine : il se penche alors sur la notion de durabilité, en analysant le temps et les efforts qu’il faut pour produire, ne serait-ce qu’une cannette de coca, alors que celle-ci sera consommée et jetée en quelques minutes à peine. Sa conception du design en est ébranlée. Une fois diplômé, il ne trouve d’ailleurs pas vraiment sa place dans les studios londoniens, où le style prime sur le sens, les ego sur les idéaux.
Il préfère donc continuer à semer ses graines. Ici, sur un chantier de rénovation en Ecosse, pour lequel il doit couper des arbres courbés, afin d’utiliser leurs formes distordues pour la charpente. Là, sur la côte californienne, avec ses écoconstructions en paille et ses plages, sur lesquelles il ramassera des kilos de bois flotté pour faire du mobilier. “Tout cela m’a ouvert les yeux, en portant mon attention à la fois sur les matériaux bruts et sur les déchets, la pollution…”.

QUAND LE SIÈGE PREND RACINE

En 2006, toutes ces graines finissent par germer, se rejoindre en un seul bosquet dont les pousses sont tuteurées par l’idée d’un professeur de design, rencontré 10 ans plus tôt. “Chris Cattle avait imaginé un tabouret dont il faisait pousser les pieds, il ne lui manquait que l’assise, et je me disais qu’il y avait certainement un moyen de le faire”, se rappelle Gavin. Il se lance donc et plante sa première rangée d’arbres à chaise sur le domaine d’un de ses amis, dans le Derbyshire… Mais ne récoltera son 1er siège qu’à l’été 2018. Que s’est-il donc passé pendant ces 12 ans ? Il faut évidemment laisser le temps à la végétation de pousser, c’est vrai. 7 ans, en moyenne, c’est le temps qu’il faut pour réfléchir, mais surtout pour pouvoir cueillir une chaise. Sauf qu’avant d’en arriver là, il a fallu expérimenter, modifier, affronter les aléas et recommencer… Quand les jeunes pousses n’étaient pas piétinées par les vaches ou grignotées par les lapins, elles rentraient en concurrence les unes avec les autres ; quand le design était bon, c’est l’espèce d’arbre qui ne convenait pas, ou inversement. Sur les 200 premiers arbustes plantés, seuls 2 ont fructifié…

COUCHER DU BOIS

Mais c’est mal connaître Gavin – et sa lumineuse Alice… et sa mère… et tous les copains qui passent leurs jours fériés à planter – que d’imaginer qu’il se serait découragé. D’autant que l’homme est prévoyant, il a continué, chaque année, à planter de nouveaux contingents d’arbres à chaises. Entre temps, il s’est également initié aux différentes techniques arboricoles, plantation, taillis, greffe… Il a surtout approfondi sa connaissance des arbres et de leur cycle, sélectionné ses essences – noisetier, saule, sycomore, aubépine… Des arbustes de haie flexibles et résistants – et décidé de faire pousser ses chaises les quatre fers en l’air. Avec la patience qui lui a permis de redresser sa propre épine dorsale, il contraint donc, en douceur, troncs et branches, apporte aux végétaux “les modifications les plus subtiles possibles” pour un résultat d’une beauté… naturelle, forte et évidente.

LA CHAISE NE TOMBE PAS LOIN DE L’ARBRE

Aujourd’hui, huit personnes travaillent sur le projet, financé par les pré-réservations. “A chaque commission, nous plantons 2 ou 3 arbres, explique Gavin. L’objectif à moyen terme est d’avoir une récolte chaque année, un peu comme avec des vignes. Bien sûr, ça prend du temps, et du tâtonnement, mais personne n’a jamais eu un verger de chaises avant !” Dans le même esprit, une récolte de lampes a déjà été entièrement vendue, mais Gavin et Alice réfléchissent à d’autres objets, pour réaliser notamment leur rêve ultime: un ensemble table et chaises, à la géométrie impeccable. “Parce que l’écologie, le développement durable, la consommation raisonnée, tout ça, ce sont de belles motivations, conclut Gavin l’œil rieur, mais la VRAIE raison derrière ce projet, c’est que je suis totalement obsédé par la géométrie et le design du XXème siècle. Je rêve de faire pousser un cube…” Alors à quand le premier cubier ?

http://fullgrown.co.uk

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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