grange décalée
A Courchevel, ce chalet tout de bois et de pierre signé de l’architecte Olivier Gay, s’affranchit du style traditionnel en mêlant matières brutes et éléments design. Contemporain, chaleureux et convivial à souhait, il s’offre un spectacle permanent sur les montagnes. Lever de rideaux…
«Ilulissat» veut dire «Iceberg» en inuit. Il désigne également un village du Groenland qui abrite le fameux fjord d’où se jettent les icebergs, classé au patrimoine mondial de l’Unesco. C’est le nom que Marc et Candice ont donné à leur chalet de Courchevel, une façon pour ce couple amoureux de la montagne de rendre hommage à ces contrées arctiques sur lesquelles il organise des expéditions à ski. Courchevel, c’est là que Marc, guide de haute montagne, est né, et là où Candice, savoyarde d’adoption, a passé toutes ses vacances d’hiver, enfant.
MIX AND MATCH
L’histoire commence par un terrain familial sur lequel se trouve une vieille grange. Aidé de l’architecte Olivier Gay, ami d’enfance de Candice, le couple décide de s’en inspirer et de faire construire un chalet à l’emplacement et aux dimensions exactes de celle-ci. A ce premier bâtiment, dont la volonté de garder l’esprit du lieu se traduit par un bardage extérieur en bois vieilli et un toit en tavaillons, vient s’ajouter une construction traitée en pierres appareillées et toiture en lauze.
Le résultat est une configuration en L sur deux niveaux respectant la hauteur initiale de l’ancienne grange. L’association bois et pierre se retrouve à l’intérieur, créant une atmosphère chaleureuse et conviviale. Dès l’entrée, le ton est donné avec le papier peint «Scrapwood» du designer Piet Hein Eek dont le motif de lambris joue les trompe-l’œil en imitant parfaitement les planches de bois de récupération. Dans le prolongement se trouve le home cinéma délimité par une verrière d’atelier qui reprend le même dessin vertical du «faux» lambris et permet de laisser passer la lumière. Ainsi le rez-de-chaussée abrite le ski room, deux chambres avec salles de bains et le salon télé.
LES BRUTES ET LES PRÉCIEUSES
Lorsque l’on arrive à l’étage, la grande pièce à vivre est rythmée par le mélange des matières, illustration parfaite du travail d’Olivier Gay en étroite concertation avec le couple. La cuisine mixe bois vieilli, bois teinté façon carbonisé et pierre marbrière pour le plan de travail et la crédence. Reprises également au sol, ces dalles de pierre délimitent l’espace cuisine du reste de la pièce à vivre réalisée en parquet à partir de planches de wagon de marchandise.
A ces jeux de contraste, viennent s’ajouter quelques touches d’humour, comme cette luge qui, après une course effrénée, se retrouve stationnée au plafond de la cuisine : “L’idée est de surprendre, de s’amuser, en retrouvant des objets là où on ne les attend pas”, explique Candice. La salle de bains se prend ainsi pour une cuisine avec la vasque version faitout en aluminium, «Le chef lavabo» du designer Marco Merendi pour Rapsel. Tout en gardant une cohésion d’ensemble, le mélange étonnant des registres entre les pièces opère.
L’IDÉE EST DE SURPRENDRE, DE S’AMUSER, EN RETROUVANT DES OBJETS LÀ OÙ ON NE LES ATTEND PAS.
UNE DRÔLE DE CABANE
Dans la première chambre, Olivier crée la surprise en prolongeant le parquet sur les murs, dans un total look bois vieilli. Dans la seconde, l’ambiance hivernale du papier peint «Woods de chez Cole&Son est réchauffée par des rideaux confectionnés avec le tissu «Pause 4» de chez Kvadrat. L’utilisation des matières brutes mêlée à d’autres plus précieuses est complétée par du mobilier design décapant allègrement le rustique. C’est le cas de la lampe «Crayons» du designer Tom Rossau chez Design-Ikonik ou du meuble original en carton et bois, à la fois table de chevet et lampe, du designer Jeroen Wand pour The Frozen Fountain. Autant de trouvailles faites par le couple, savamment choisies au gré de leurs pérégrinations et de leurs coups de cœur, en brocante ou en boutique, et qui trouvent leur place sans forcer, participant à créer une âme au lieu.
L’esprit «Grange décalée» est le fil conducteur de cette réalisation qui sait s’affranchir du style traditionnel des chalets, mais en garde la chaleur et la proximité avec la nature. De larges ouvertures laissent en effet apparaître le bardage extérieur accidenté volontairement par endroit pour rappeler le côté brut des fermes d’alpage. Cette découpe irrégulière fait écho aux murs du salon recouverts de planches de bois vieilli. Surtout, elles offrent un spectacle permanent sur le paysage de montagnes, une exigence de Marc et Candice, désireux de se sentir au plus près de la nature, comme dans une cabane. Une parenthèse rafraîchissante pour ce havre alpin au nom inuit qui accueille aussi bien la famille et les amis que les vacanciers en villégiature.
+ d’infos :
www.marcandou.com
Architecte :
www.ogarchitecture.com
Photos : Frenchie Cristogatin
