Activ bétonne

5 Juin 2020

CHAPE OF YOU

SI, A PRIORI, IL NE S’EST PAS MIS À LA CONSTRUCTION, C’EST POURTANT BIEN DE FORME (« SHAPE ») QUE PARLE ED SHEERAN DANS SON TUBE PLANÉTAIRE. MAIS, JUSQU’À PREUVE DU CONTRAIRE, IL N’EST POUR RIEN DANS CELLE EN Y DE CETTE MAISON EN BÉTON BRUT AU PIED DU SALÈVE…

Il y a d’abord la silhouette des falaises de calcaire, les Varappes, Mecque de la pratique du même nom, sur lesquelles viennent s’accrocher les rayons du soleil. Composantes imposantes du paysage de ce village haut-savoyard, elles n’en sont pas la seule contrainte. “Une architecture engagée dans un périmètre comme celui-là, zone classée au patrimoine, ce n’était pas simple”, confie Pierre Minassian, au crayon. “On aurait pu tomber sur des élus réfractaires à la construction contemporaine et des architectes des Bâtiments de France ultra conservateurs. Ce n’était pas le cas de celle qui a suivi le dossier. Pour elle, il était plus important de se rapprocher de la nature et du Salève, que du bâtiment classé juste à côté.” Petite concession, le béton, anthracite dans le projet d’origine, sera donc clair, pour s’accorder à la teinte dorée de la roche et se fondre dans le paysage.

ESPÉRANCE DE VUES

Il y a ensuite le terrain, avec lequel la maison fait corps. “On n’a surtout pas voulu le changer, on voulait donner l’impression que la maison avait toujours été là, implantée avec douceur et harmonie. C’est donc le terrain qui la dessine, explique l’architecte, quand on est à l’intérieur, on en voit la découpe tout autour, c’est un élément fort de la conception.” Il y a surtout les vues, sur le Salève donc, mais aussi sur le Jura plus loin et le lac Léman. “Les propriétaires voulaient toujours pouvoir profiter du soleil, avec des scénarios différents et optimisés en fonction du petit-déjeuner, du déjeuner ou du dîner, sans jamais avoir à subir une mauvaise orientation. La forme en Y n’a jamais été formulée exactement comme ça, mais elle a découlé de toutes ces réflexions, c’est la partie inconsciente du programme.” Pour la partie consciente, Guillaume, le propriétaire, sait ce qu’il veut. Féru d’architecture et de design, ce quadra moins cinq, qui a déjà retapé un appartement haussmannien à Paris, rêve de grands volumes et de pureté, de parquet et de béton ciré, dans une coquille très contemporaine. Il a repéré le travail de Pierre Minassian, avec un coup de cœur particulier pour ses façades habillées de moucharabiehs. En 2015, quelques mois après son installation dans la région, il trouve le terrain parfait, une parcelle sur laquelle son idéal de modernité est toléré. L’architecte en valide la configuration et l’exposition. Il faudra quand même deux ans d’échanges, d’ajustements et de discussions avec les différentes autorités compétentes, avant de couler la première chape. Et encore presque deux ans de travaux avant que Guillaume, sa famille et son chien ne puissent en pousser la porte.

LE POINT SUR LE Y

On entre dans la maison par la partie centrale du Y. Mais ici, entrer ne veut pas dire s’enfermer, car le regard ne perd jamais le contact avec l’extérieur: une fois le seuil franchi, en guise de cloisons, ce sont les parois vitrées, sur toute la longueur du bâtiment, qui assurent la continuité de la vue. Ces interminables fenêtres, sans montant, encastrées dans le béton, donnent d’ailleurs l’impression de supporter l’ensemble de la structure. Sont-elles aidées par la bibliothèque, camouflage d’un mur porteur? Absolument pas. Cette partie centrale est en fait suspendue en console aux deux autres barres du Y. Suspendue… comme le serait un pont. Retenue par un parfait équilibre de forces qui permet de s’affranchir des cloisons, d’ouvrir les espaces. “Un choix très technique, confirme Pierre Minassian, très lourd en terme d’architecture, un rapport de masse très subtil qu’on ressent principalement dans le séjour, complètement ouvert sur le Salève.” Point de conjonction des panoramas, le séjour est donc le centre névralgique de la maison. C’est la pièce dans laquelle se rencontrent tous les axes et toutes les lignes de fuites, les angles, les perspectives. C’est là que s’envisagent les différences de niveaux, que s’appréhendent les dimensions, que s’apprécient les volumes. A commencer par le sien, mis en valeur par un lustre monumental du designer canadien Matthew Mc Cormick : plus d’une vingtaine d’anneaux de tailles différentes, pendus, pour les plus hauts, à 6m du sol. “On les a installés avec l’électricien et Pierre, raconte le propriétaire, et on savait qu’une fois montés, on ne pourrait plus les redescendre…” Au cœur du bâtiment, avec son immense bibliothèque dont les niches ont été calculées pour accueillir les pièces d’art primitif qu’affectionne Guillaume, le séjour distribue également la circulation vers les autres espaces. Au rez-de-chaussée de l’aile gauche, la cuisine, dessinée par les équipes de l’architecte, et la salle à manger, dans lesquels le béton brut, aux murs et plafonds, donne de la texture. Dans l’aile droite, un coin bureau, une salle de sport et l’escalier qui mène à la chambre d’enfant et celle des amis. Une passerelle de verre relie ensuite les deux branches du Y et conduit à l’espace parental : une chambre traversante -choisir, c’est renoncer, et là encore, les occupants n’ont pas voulu se priver d’une vue- et une salle de bains.

VŒUX DE LUMIÈRE

Dans tout l’espace nuit, là où l’intimité doit être préservée, la lumière est filtrée par le fameux moucharabieh en béton ductal. Un matériau fibré ultra hautes performances, malléable et au toucher très doux, utilisé notamment pour la façade alvéolée du MuCEM à Marseille. “Pour rappeler la roche, nous l’avons travaillé comme de petits éléments de sédimentation, qui pourraient être en schiste, décrit Pierre Minassian. Il ressemble à un objet précieux, comme un bijou, mais il n’est pas qu’ornemental, il est important dans la lecture de la maison : grâce à lui, de loin, on n’a pas l’impression d’avoir plusieurs fenêtres, des parties pleines et vides, mais on voit quelque chose de très simple qui se fond dans la falaise derrière. Au final, cette maison répond parfaitement au mode de vie de la famille qui l’occupe. Au départ, je n’aurais jamais imaginé qu’on en arrive à cette forme, mais elle est un parfait mélange de ce qu’ils sont, et de ce que nous produisons : elle nous correspond totalement, mais leur ressemble vraiment !”

photos : Erick Saillet / Architecte : Pierre Minassian

 

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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