annecy vs lausanne boulot

5 Juin 2020

le coût de la ville

POUR UNE VILLE, LE POTENTIEL DE SÉDUCTION NE SE JAUGE PAS UNIQUEMENT À SES MENSURATIONS, IL LUI FAUT AUSSI -SURTOUT- PEAUFINER LA CONSISTANCE DE SON CV. ET ÇA TOMBE BIEN, ANNECY, COMME LAUSANNE, SONT DE VRAIES WORKING-GIRLS : ELLES EN ONT DANS L’ATTACHÉ-CASE !

Taux de chômage inférieur aux moyennes nationales, tissu d’entreprises diversifiées, industries de pointe… Nos deux miss “Qualité de vie” sont aussi séduisantes en pin-up escarpins-maillots de bain qu’en pantalon noir-tailleur à l’air fonceur. “Ici, on a le même rythme de recrutement que nos studios de Bordeaux, Lyon et Paris,” constate par exemple Rebecka Coutaz, directrice d’Ubisoft Annecy. “Nos employés viennent pour la marque, reconnue dans l’industrie du jeux vidéo, mais aussi pour la qualité de vie, entre lac et montagne. Nos interlocuteurs institutionnels sont accessibles, à l’écoute, cette proximité et cette bonne taille d’écosystème économique permettent des décisions rapides. Et il y a un bon équilibre entre les industries historiques très polyvalentes et les start-ups, dans des pôles de compétences variés.

TALENTS COMPENSÉS

En Auvergne Rhône-Alpes, il y a des zones très spécialisées”, complète Anabel André-Laurent, vice-présidente de la Région déléguée à l’Économie et aux entreprises, “mais Annecy ne dépend pas d’une seule filière, même si tout est lié, elle est installée sur plusieurs pieds pour ancrer ce développement économique.” Mécatronique -savant mélange de mécanique, d’électronique et d’informatique-, image et multimédia, et tourisme d’affaires sont des secteurs phares, pôles d’excellence de l’économie annécienne. “C’est aussi l’une des villes au monde où il y a le plus d’entreprises outdoor, implantées historiquement comme Salomon, Millet ou Fusalp -ndlr : fédérées au sein de l’association Outdoor Sport Valley- et elles font leur pub avec l’image d’Annecy. Grâce à ça, on attire beaucoup de talents, mais encore faut-il les garder… Donc, ou bien on les fait venir de l’autre bout du monde, et il faut les loger, trouver un job pour leur conjoint, mais aussi être en mesure de proposer, pour leurs enfants, des cursus à hauteur de leurs ambitions. Ou alors on crée des filières ici, dans les domaines en demande, pour que les gamins de chez nous se forment et restent sur le territoire. Quoi qu’il en soit, il faut que l’enseignement supérieur, avec l’Université Savoie-Mont-Blanc puisse offrir des formations dignes de la dynamique de nos entreprises.” Et pour le moment, ce n’est pas le cas. Nobody’s perfect…

PREMIÈRE DE CLASSE

Cette question, la très estudiantine Lausanne ne se la pose pas. Car si le secteur de la santé reste son 1er employeur -plus de 19 000 emplois dont presque la moitié pour le seul Centre Hospitalier Universitaire (CHUV)-, avec ses 10.000 postes, l’enseignement est également un des éléments forts de son économie. Petite parenthèse : si Annecy est la préfecture d’un département, au sein d’un système centralisé, Lausanne, elle, est la capitale d’un canton, un petit état à part entière dans la Confédération, auquel revient la gestion de l’éducation, dont l’enseignement supérieur, et des hôpitaux –ainsi que celle de la police–, et pour lesquels, elle a forcément plus de moyens, et les coudées franches. Parenthèse refermée. “L’Université (UNIL) et les réputées Ecoles Polytechnique (EPFL), Hôtelière (EHL), d’Arts (ECAL) amènent un réservoir de création très dynamique”, explique Christophe Paris, Président d’Economie Région Lausanne. “Nous collaborons beaucoup avec les étudiants, ou les formons, par le biais du système d’apprentissage, qui est très valorisé en Suisse, et peut déboucher ensuite sur une formation universitaire.” Des entreprises internationales s’installent dans son giron pour tirer parti de ce savoir-faire académique et d’un vivier de talents dans lequel elles pourront recruter du personnel qualifié, notamment dans les technologies de l’information et de la communication ou les sciences de la vie. “Lausanne a donc une dimension internationale grâce à ces écoles et ces grandes entreprises, mais aussi par les nombreuses fédérations sportives qui s’y sont installées dans le sillage du Comité International Olympique (CIO) et participent à l’économie de la région.” Selon une étude de l’Académie Internationale des Sciences et Techniques du Sport, parue en 2014, l’impact économique annuel de leur présence s’élèverait en effet à 1 milliard de CHF pour la Suisse, dont 250 millions pour la seule ville de Lausanne.

Les Papeteries image Factory – Annecy ©Lara Ketterer

VACATIONS ET VAUD-CATIONS

Mais Vaud, et particulièrement sa capitale, séduit aussi à l’intérieur des frontières helvétiques : avec une politique fiscale incitative et des loyers, dans l’immobilier de bureaux, plus bas qu’à Genève -290 CHF/m2 contre 470-, le canton était, en 2018, la 1re destination de migration des entreprises implantées à l’origine dans les cantons voisins*. A Bussigny, le pôle d’activités Cocoon et ses 38 000 m2 de surface à louer illustrent d’ailleurs la transformation de l’ouest lausannois pour répondre à cette demande. Ce nouveau quartier d’affaires sera desservi par la future ligne de tram t1 qui reliera le Flon à Villars-Sainte-Croix en 2024. “Car de nombreuses entreprises s’installent en périphérie”, commente Christophe Paris, “comme Nestlé à Vevey, par exemple, il y a donc un gros flux de travailleurs entre le centre et les extérieurs de la Ville.” Des travailleurs qui aiment leurs transports en commun… En effet, la perle du Léman n’est pas très voiture : 46 % des ménages lausannois n’en ont pas. Pour aller au boulot, ils lui préfèrent souvent le vélo, sur ses 61km de pistes, ou plutôt «pentes», cyclables. Mais pour affronter cette topographie vallonnée, et ne pas arriver au bureau tout trempés, ils empruntent encore plus régulièrement le bus ou le métro. Lausanne est d’ailleurs la plus petite ville au monde à en être équipée : en 1991, le M1 a mis le campus de Dorigny, où se trouvent l’UNIL et l’EPFL, à 15 minutes du centre-ville ; et en 2008, le m2 a relié le Nord au Sud, sur le tracé de l’ancienne «Ficelle», le funiculaire qui reliait le Flon à Ouchy. Construite en souterrain, elle est aujourd’hui recouverte d’une coulée verte, immense jardin public long d’un demi-kilomètre.

Metro M2 – Lausanne

PLAIES MOBILES

Annecy elle, se shoote aux gaz d’échappement. Sur les 680 000 déplacements journaliers effectués au sein de l’agglomération, seuls 7% se font en transports en commun et 2% à vélo (Chiffres Enquête Déplacement Grand Territoire 2016- 2017). Il y a quatre ans, elle a donc, avec son agglomération, lancé un Plan de Déplacement Urbain (PDU), qui prévoit, à horizon 2030, un panel plus étoffé des alternatives à la voiture particulière, notamment sur les trajets domicile-travail. A l’étude : une proposition de tram sur la rive Ouest du lac, 150km de nouvelles voies cyclables, et l’augmentation de l’offre et du cadencement du réseau SIBRA de transport public. Une première étape a d’ailleurs été franchie en avril 2019 avec la création des lignes RYTHMO 1 et 2, toutes les 10 minutes toute la journée et une amplitude horaire étendue en soirée. Les choses changent et il est temps, car les bouchons et la circulation sont l’un des (rares) points noirs qui crispent de manière unanime les Annéciens.

NÉES DANS UN SOU

Mais il ne faut pas se mentir, la beauté du cadre, l’efficacité des transports, le dynamisme économique, tout ça, c’est bien joli, encore faut-il que les moyens financiers suivent. Et c’est là que l’écart entre nos deux championnes se creuse… Sur le papier, les deux villes se situent au-dessus des médianes nationales, mais le revenu annuel vaudois est plus de deux fois plus élevé que le savoyard. Nuance d’importance, le coût de la vie est souvent doublé aussi. Parfois même plus : pour sa garderobe, un Suisse paie environ 30 % plus cher qu’un citoyen de l’Union Européenne, et 150 % plus cher pour un morceau de viande ! A ce compte-là, à 6,23€ (6,62 CHF), le Big Mac ne s’en sort pas si mal ! Et si l’on a souvent comparé les prix de l’immobilier annéciens aux parisiens, dans la réalité, c’est plutôt à Lausanne que le prix du m2 à l’achat flirte avec les 10 000 €, faisant d’elle la 3e ville la plus chère de Suisse, et des Lausannois des locataires à 90 % (contre 42 % sur le Grand Annecy). L’Office Fédéral de la Statistique relativisait tout de même en 2018 : “malgré le niveau des prix élevé en Suisse, la situation financière de la population après déduction des dépenses obligatoires est plus confortable que celle de nos voisins et de la plupart des autres pays de l’Union européenne.” D’autant plus confortable et agréable à vivre qu’avec ses sous, la Vaudoise, maline, ne donne pas dans le bling-bling, mais se dépense et se cultive, et sur ce terrain-là, elle rejoint tout à fait son alpine cousine.

 

* « Immobilier commercial : Vaud est le canton d’emménagement favori » – Nicole Weber -Le Temps 25/11/2018

 

Sources :
* (chiffres publiés en 2017) Grand Annecy : revenu annuel médian : 24 065 € / Ville de Lausanne : 59 484 CHF
(chiffres de 2009… publiés en 2017)

** En centre-ville (recherche empirique sur les sites de location)
*** Challenges – Mars 2019
**** 3e trimestre 2019, prix du m2
(Wüest Partner, Zurich)

 

Photo EPFL Lausanne ©Régis Colombo / Sources : Villes d’Annecy et de Lausanne

 

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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