annecy vs lausanne photo

5 Juin 2020

les 2 font la perle

ELLES SONT DYNAMIQUES, ATHLÉTIQUES, CULTIVÉES, AGRÉABLES À VIVRE ET PLAISANTES À REGARDER… ANNECY, LA PERLE DES ALPES, ET LAUSANNE, CELLE DU LÉMAN, ONT EN COMMUN CERTAINS TRAITS DE CARACTÈRE ET PLUSIEURS PARTICULARITÉS GÉOGRAPHIQUES. COMPARAISON CÔTE (LACUSTRE) À CÔTE.

2 villes, un portrait croisé ? Quelle drôle d’idée ! Mais ne croyez pas que nous l’avons sortie du chapeau pour le simple plaisir de relever un challenge journalistique… Non, non. En décembre 2019, le magazine britannique Monocle nous a mis la puce à l’oreille en plaçant Lausanne en tête de son tout 1er classement des villes de moins de 200000 habitants où il fait bon vivre. D’après le mensuel branché, la ville «a quelque chose à offrir à toutes les étapes de la vie : de bonnes écoles, des universités parmi les meilleures du monde, de belles opportunités professionnelles et un rythme de vie paisible pour les retraités…». Le tout à moins de 4 heures de Paris et Milan.
Quelques semaines plus tard, c’était au tour du Journal du Dimanche de dévoiler le palmarès -inédit lui aussi- des villes et villages français où l’on vit le mieux : après l’analyse de 182 critères, dont la sécurité, les transports, la santé, les commerces, etc. Cocoricoz (en savoyard) ! Annecy se hissait sur la première marche du podium.

 

en haut : Port d’Ouchy, Lausanne (© Régis Colombo) / en dessous : ancien casino municipal sur le Paquier, Annecy

VILLES DE RIVE

Deux championnes du bien-vivre à portée de main, nous ne pouvions manquer cette belle occasion de leur tirer le portrait. D’autant qu’à les regarder de plus près, beaucoup de choses les rapprochent. Physiquement d’abord, avec les lacs évidemment, éléments constituants de leur physionomie et de leur identité, comme le serait, au milieu d’un visage, un nez. L’une trempe les pieds dans le plus grand d’Europe, quand l’autre barbote dans le plus pur. Mais leurs rives n’ont pas toujours été aussi attractives. “Jusqu’au XIXe siècle, celles du Léman sont considérées comme insalubres, sujettes aux inondations”, explique Bruno Marchand professeur d’architecture à l’EPFL, “elles sont un lieu de travail, pas du tout de plaisance. A Lausanne, le lac commence à être investi de manière collective au tournant du XXe, avec cette idée qu’il appartient au plus grand nombre. D’Ouchy jusque St Sulpice, il est donc très rapidement voué à une utilisation publique, avec de grands équipements sportifs, des plages hommes, puis femmes dans les années 20, les Bains de Bellerive dans les années 30… Cette belle idée est fortement confirmée par l’Exposition Nationale de 1964, qui se déroule sur les bords du lac et qui connaît un énorme succès.” A cette occasion, le site de Vidy se voit doté d’un plan d’aménagement colossal -remblais de 200 000 m2, constructions de bâtiments, de routes et même d’un tronçon d’autoroute !- qui donne au rivage son visage plus ou moins actuel. Lausanne peut enfin onduler du bassin.

ON MET LE PÂQUIER !

De la même manière, Annecy a longtemps boudé ses rives. Marécageux nids à moustiques, elles sont aménagées juste avant le rattachement de la Savoie à la France (1860). Cette période «sarde» est marquée par de grands travaux d’urbanisme, dont, en bord de lac, la construction de l’hôtel de ville, la création des Jardins de l’Europe, de l’île des Cygnes, du pont des Amours, de l’avenue d’Albigny et du Champ de Mars… Avec le développement des loisirs et du tourisme dès le début du XXe siècle, les promeneurs sont de plus en plus nombreux à apprécier l’apaisant clapotis de l’eau. Sentant l’aubaine, un entrepreneur varois visionnaire décide même de construire, sur les 12 hectares du Pâquier, un casino, un hôtel de 200 chambres, une ligne de tramway et un champ de course… rien que ça ! Son décès prématuré, en 1907, enterrera, c’est le cas de le dire, le projet. Extension d’une petite salle de spectacle construite face au lac au siècle précédent, un casino y verra quand même le jour en 1921. Il sera démoli 70 ans plus tard, libérant 10000m2 de pelouse et laissant le Pâquier, vierge, devenir l’espace vert préféré des Annéciens. Et si le lac, à cette époque, se transforme progressivement en un espace ludique propice au dévelop- pement des sports nautiques, la baignade, elle, restera interdite jusqu’à l’inauguration de la plage, en 1935. Depuis, Annecy a toujours son maillot de bain dans son sac à main.

Lausanne (© Régis Colombo)

ALPINES CHICS

Mais au-delà de leur caractère lacustre, nos deux villes championnes ont également en commun une belle orientation au sud, un héritage médiéval et un chapelet de sommets à portée de regard. Alpines mais citadines, du haut de leurs 400 et quelques mètres d’altitude, les deux cités, plusieurs fois centenaires, se la jouent fringantes trentenaires : 38 ans au pied du Semnoz et 39 sur le Léman, c’est l’âge médian de leur population, plus jeune, pour les deux, que les médianes nationales.
Sur la balance démographique, Annecy et Lausanne pèsent sensiblement le même poids, à une quinzaine de milliers d’habitants près. Mais ce n’est que récemment, en 2017, que la Savoyarde a rejoint son homologue suisse dans la catégorie des villes de plus de 100000 habitants : après un sérieux régime «Commune Nouvelle», pendant lequel elle a absorbé ses voisines directes (Annecy-le-Vieux, Cran-Gevrier, Meythet, Pringy et Seynod), elle a en effet doublé de volume et rattrapé la Vaudoise. Qui reste bien plus métissée. 8% seulement de la population annécienne est d’origine étrangère contre 43% de la population lausannoise. Italiens, Français, Allemands ou Anglais avec différents accents, langues et nationalités cohabitent de la Place St François aux allées du campus universitaire qui fourmille, chaque année, de près de 25 000 étudiants. Ils ne sont que 7300 à Annecy, qui concentre quand même les 3/4 de la vie estudiantine haut-savoyarde.

Quartier du Flon avant et après construction – Lausanne (© Romain Keller)

CÔTES DE VAUD

D’où qu’ils viennent et quel que soit leur âge, les Lausannois passent leurs journées à grimper du Port d’Ouchy vers la Place de l’Europe, puis vers l’une des trois collines de la Cité, du Bourg ou de St Laurent. Cette topographie accidentée leur a d’ailleurs valu la réputation d’avoir les plus belles jambes de Suisse, et à la ville le surnom «Petite San Francisco». Jusqu’au XIXe siècle, la vie s’organise d’ailleurs principalement autour de ces trois pôles, où trônent la ville médiévale et sa Cathédrale, le Château Sainte-Maire et l’Hôtel de Ville.
L’aménagement de ces creux et bosses, dessinés par deux rivières, le Flon et la Louve, a ensuite dicté les grandes étapes de transformation du centre-ville. Il a d’abord fallu canaliser et voûter les cours d’eau, vecteurs de maladies, d’insalubrité, puis relier les collines pour fluidifier la circulation. Certains optent pour la vigne rouge et une bonne hydratation, Lausanne a tout misé sur les ponts : en témoignent le Pont Chauderon, le Grand-Pont et le Pont-Bessières, qui surplombent toujours le Vallon du Flon. De la Louve, il ne reste aujourd’hui qu’une série de sept bornes-fontaines imaginées par l’architecte Georges Descombes en 1998, pour matérialiser, sur la Place du même nom, son parcours aujourd’hui souterrain. Mais le Flon, lui, n’est plus. Plus visible en tous cas, car totalement enfoui. Son lit, autour duquel se concentraient tanneries et scieries, a été comblé avec les déblais issus de la construction du funiculaire vers Ouchy, la «Ficelle», ensevelissant au passage toute une hauteur d’arches du Grand-pont. La plateforme ainsi créée accueille, dès 1877, une gare de marchandises et des entrepôts, et devient le cœur industriel de la ville.

Vieille ville – Annecy

THIOU POUR PLAIRE

Si Lausanne a de jolies courbes, Annecy est un peu plus plate, mais a les épaules larges, et une taille de guêpe, marquée par son accès au lac, qui, par le Thiou, s’échappe en son sein. “Géographiquement, rien n’explique le développement de la ville”, s’amuse Arnaud Dutheil, directeur du CAUE 74, en se référant au géographe Raoul Blanchard. “Sa position n’est pas du tout propice, le lac est une barrière, la Vallée de l’Arve est assez loin, et il y a le Fier à traverser, son expansion est donc entièrement due aux hommes, contre la géographie ! Pendant très longtemps, elle a également été contrainte dans l’enceinte de ses remparts médiévaux et c’était finalement une très petite ville, contrairement à Thonon ou Rumilly. C’est le rattachement à la France qui l’a faite sortir de ses murs.” Pour marquer ce rattachement, Napoléon III va en effet implanter la Préfecture, les Haras, le Lycée (Berthollet), et dessiner à la ville un nouveau contour, en dehors de la cité ancienne, dont le Moyen-âge avait tracé les canaux et les rues.
Comme sa cousine vaudoise, Annecy prend donc de l’épaisseur au XIXe siècle, mais affine ses contours au XXe, notamment avec le Plan Auburtin d’extension et d’aménagement (1927) qui conserve les ensembles pittoresques de la ville ancienne et affiche un premier zonage : au nord-est de la voie de chemin de fer les habitations bourgeoises, au nord-ouest les usines et les quartiers populaires, et les secteurs touristiques sur le Semnoz. Elle connaît surtout un développement exceptionnel après-guerre : alors que toute la population agricole est aspirée vers la capitale, la plupart des départements se vident… A l’exception de la Haute-Savoie. Pendant les Trente Glorieuses, Annecy reste une des rares villes de France qui attirent : de 26000 habitants en 1946, elle passe à 53000 en 1975. Sur la photo, Annecy et Lausanne sont donc dotées d’une belle liste de charmes, mais pour coiffer au poteau Aalborg (Danemark), Bergen (Norvège) ou Bolzano (Italie), Bayonne, La Rochelle ou Bordeaux, il faut plus qu’un physique avantageux… Un CV plutôt complet et une vie personnelle comblée sont aussi le secret de leurs lauriers.

ARCHI STYLÉES

Pour habiller nos championnes, il fallait évidemment, au crayon, des champions. Et même un champion olympique ! De 1912 à 1948, les architectes, peintres, musiciens ou sculpteurs peuvent en effet concourir pour une médaille d’or artistique. Alphonse Laverrière (1872-1954) décroche donc la toute 1re, à Stockholm, avec son projet d’Olympie moderne. Lui, qu’on disait peu doué pour le dessin, conçoit ensuite, à Lausanne, le Tribunal Fédéral, la Gare CFF et la Tour Bel-Air, LE gratte-ciel lausannois. Pour lequel il est évidemment vivement critiqué. Comme l’est également le moderniste Bernard Tschumi (1904-1962), quand il propose son «moulin à poivre pour touristes», une tour de 280 m de haut à Beaulieu. Ce projet ne verra jamais le jour, mais Tschumi laissera sa signature à Lausanne avec la voile de béton de l’Auditorium de l’EPFL, l’immeuble de la Vaudoise Assurance, et à Vevey, le siège de Nestlé. Annecy est également très marquée par ce mouvement moderne, caractéristique du milieu du XXe siècle et du passage progressif de la campagne à la ville, à travers la patte de Maurice Novarina (1907-2002) qui dessine l’église Ste Bernadette, des immeubles dans la ZUP de Novel, le Palais de Justice et le Centre culturel de Bonlieu.

 

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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