en pôle position
Cette région, usine à champions en série, a une fâcheuse tendance à me coller des complexes. Toutes tentatives désespérées, voire désespérantes, de passer mon corps en mode play – sans même évoquer l’accéléré – prennent la pause. Le sport télécommandé sur canapé m’épuise déjà, alors de là à passer de l’autre côté de la force… Bon, vous l’aurez voulu, j’me jette à l’eau.
Le sport et moi ? Une longue histoire d’amour… platonique. Le concept est séduisant, je l’avoue, mais de là à passer à l’acte… vous me prenez pour qui ? Et puis, je suis timide ! Bon, on ne va pas se la raconter : le sport et moi, c’est fini depuis… en fait, depuis toujours. Et oui, j’ai ma carte de membre d’honneur des ramollos des abdos, des essoufflés des escaliers, des allergiques de la marche nordique. De l’exercice ? Non merci ! Je n’digère pas… Bon alors juste un peu pour goûter.
Quitte à côtoyer de près mon nouveau pote – le ridicule -, j’y vais franco et j’attaque ma longue série d’expérimentations en tout genre, même les mauvais, par un cours d’Aqua Pole Dance. Inutile de glousser (je vous entends !), pour une première, je me suis dit que noyer ma masse (bientôt musculaire) dans l’eau pourrait être un atout. Erreur de débutante.
Aussi improbable que puisse paraître le concept – et il ne l’était pas moins que mon élan soudain pour l’effort physique – je m’imaginais déjà arboré un fessier en béton armé et une paire de gambettes dignes d’une meneuse de revue. J’ai foncé direction la capitale du reblochon (ça, ça me parle) et poussé la porte embuée du centre Aqu’Atlantys (à Thônes) qui n’a pas son pareil en termes de fantaisies aquatiques. Aurélien, carrure et carrière de rugbyman au compteur, m’accueille… Motivation au taquet.
DANS(E) SON JUS
Je me glisse dans mon plus beau polyamide gainant (enfin… j’aime l’idée que ce fut une glissade), lequel me lacère le fessier et recale mon semblant de poitrine au rang des sacrifiés de l’anatomie humaine, et pénètre frissonnante dans le bassin porc épic. Je lutte contre l’envie de faire un demi-tour éclair doublé d’un saut carpé pour m’échapper de ce guêpier, mais ça demanderait trop d’efforts et je ne suis pas sportive, faut-il vous le rappeler ? Pour m’échauffer, je tire sur le latex du bonnet, en renonçant au passage définitivement à une bonne touffe de cheveux. On a l’échauffement qu’on mérite ! Je transpire déjà. Comment ça on n’a pas commencé ? Au temps pour moi.
Wahou ! Ça y est ! On s’agrippe fermement à la barre, on tire sur les bras, on contracte les cuisseaux, on écarte les jambes et… Non pas d’orgasme en vue… Mais ça tiraille dru dans les abdos. Le coaching tient plus de la séance soutenue de fitness que de la promenade de santé gériatrique. A force de tractions bras et jambes tendus et de (rétro)pédalages force 8, ça tremblote de partout. Je sue cette fois pour de vrai, si, si, c’est possible même dans l’eau. Moi qui pensais commencer piano, j’ai le cœur qui joue de la grosse caisse!
EN POLE POSITION
Il faut bien reconnaître que l’eau est un bon amortisseur, du coup pas de souffrance physique extrême… Je risque même de survivre à l’expérience. Pour un peu, je me prendrais pour une vraie naïade. Enfin, vite fait, les approximations question posture sont là pour me rappeler à l’ordre de ma piètre condition physique. Et quand il s’agit de s’enrouler autour la barre, ma prestation tient plus de la moule accrochée à son rocher que du sensuel invertébré s’enlaçant langoureusement autour de son totem…
Encore 105 séances d’aqua pole dance à tout casser, et le parterre d’hommes envoutés par ma prestation terrestre n’aura qu’à bien se tenir ! Bar’rez-vous ! Show devant ! On vous aura prévenus !
(Cerise sur le gâteau : zéro courbature… water effect, what did you expect ?)
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