un diner comme au cinema
Le château de Bourdeau est revenu à la vie grâce à son nouveau propriétaire, producteur de télévision. Le résultat est largement à la hauteur : il pourrait aisément servir de décor de cinéma. Il ne restait plus qu’à trouver un chef de talent pour parfaire le tableau : Siôn Evans a relevé le challenge.
Les amoureux d’histoire et d’architecture ne peuvent que saluer l’exploit. Car le Château de Bourdeau, demeure du XIème siècle, a pris un sacré coup de jeune ! Le bâtiment historique, en surplomb du Bourget, bénéficie d’un point de vue unique sur le lac, mais ce n’est pas son seul atout.
Le nouveau propriétaire, producteur de télévision, l’a repensé à la manière d’un homme de spectacle. Ainsi les chambres et suites ont été mises en scène, comme le reste du château, par des décorateurs de cinéma. Il faut dire que les lieux ont des choses à raconter, longtemps fréquentés par de grands auteurs : Montaigne, Balzac, Georges Sand, et surtout Lamartine. C’est là qu’il a vécu son plus grand amour. L’un de ses deux dessins est d’ailleurs accroché au mur. Il n’en existe qu’un autre, mais il faut aller au British Museum pour le contempler.
Le restaurant, Le Chat qui Nage, clin d’œil à la Dent du Chat, et au restaurant parisien Le Chien qui Fume, entame donc une nouvelle vie, avec ses beaux parquets blonds, ses soubassements et sa déco, toujours en référence au cinéma avec notamment ses 47 photos de comédiens installés dans leur loge, avec leur définition personnelle de : «C’est quoi une loge de théâtre pour vous ?».
LE CHAT QUI NAGE
Le restaurant, très souvent complet, est tenu par Siôn Evans, un Gallois tombé amoureux des lieux et… d’une Française, Delphine, responsable de l’établissement. Siôn, un curieux de la vie, se revendique de Roellinger pour son choix d’épices et de Nico Ladenis, chef 3 étoiles à Londres qui l’a formé.
Converti à une cuisine en décalage, il fait voyager les papilles, mêlant les saveurs asiatiques, aux produits locaux d’exception. Adepte du slow food, Siôn Evans cherche «l’âme» des produits, et ajuste au plus près les cuissons.
Goûtez son poulet fermier saumuré au citron/espelette, risotto carnaroli au safran, légumes et consommé de verveine. Le filet de porc, aubergine, sauce pad Thaï, rouleau de printemps écrevisses, donne assurément une autre vision de ce produit familier. Le sandre mi-cuit au soja, saké japonais, gingembre est une entrée de référence. Cette touche asiatique dans la cuisine est d’ailleurs une des signatures du chef.

Les desserts sont traités avec la même rigueur. Le chef aime surprendre et terminer en beauté. La pêche melba, par exemple, n’a rien de classique, servie avec les Scones de la reine Victoria. La recette a été recherchée par Siôn pendant 4 ans. Elle est accompagnée d’une glace maison au thé et l’orge grillé.
Un mot des vins (à partir de 20 €). Ils ne proviennent que de l’arc alpin, de jolies découvertes sélectionnées par Sébastien Toursel et Michel Grisard, viticulteur connu. C’est ce dernier qui a fait découvrir le château à Siôn et Delphine. Un double coup de foudre. L’eau plate et gazeuse filtrée du château est servie gratuitement et cela a le mérite d’être souligné. Le chef affirme pratiquer une cuisine libre et druidique. Elle est à découvrir absolument.
+ d’infos :
www.chateau-bourdeau.fr
Route du port – 73370 Bourdeau 04 79 62 12 83
Menu à partir de 44€
Photos : Baptiste Robin