santé : l’anorexie

santé : l’anorexie

balance tes clichés

TROUBLE DU COMPORTEMENT ALIMENTAIRE SE CARACTÉRISANT PAR UN REFUS DE LA PRISE DE POIDS PAR TOUS LES MOYENS, L’ANOREXIE TOUCHE 1 À 2% DE LA POPULATION, ET PRINCIPALEMENT LES FEMMES. LES CAUSES ? MULTIPLES. LES PRÉJUGÉS ? IDEM.

Ce n’est un secret pour personne: notre société occidentale est obsédée par la minceur féminine. Il suffit de lire les magazines, allumer la télévision, scroller sur les réseaux sociaux. Résultat: les troubles alimentaires explosent aujourd’hui, selon la Fédération Française Anorexie Boulimie. Ils touchent aujourd’hui environ 8 millions de personnes en France. Les causes ? Diverses : biologiques, génétiques, sociales… Et sociétales, donc.

LE POIDS DE LA SOCIÉTÉ…*

“Les femmes sont plus menues, les hommes plus forts, c’est biologique.” C’est faux. C’est le cliché parfait favorisant l’objectivation des femmes. De nombreuses études et spécialistes –dont l’anthropologue Priscille Touraille– ont montré que le dysmorphisme entre les femmes et les hommes n’était pas dû à une différence biologique mais à une ségrégation nutritionnelle ; la discrimination alimentaire était déjà présente à la préhistoire : les hommes chassaient le mammouth, laissaient les miettes aux femmes, se gardant les meilleurs morceaux. L’imaginaire collectif s’est ainsi formé : “les femmes sont naturellement plus fines”. Et pour répondre à cette (fausse) image, les femmes voient leur perception de la réalité altérée. Et, parfois, de leur corps. Pour devenir, ainsi, parfois, anorexiques. L’idée ? Ne pas prendre de poids, par tous moyens, que ce soit par une restriction alimentaire, l’utilisation de diurétiques, une hyperactivité physique, des vomissements… Résultat : un amaigrissement, souvent accompagné d’un déni de cet amaigrissement, lequel, à terme, peut avoir de graves conséquences sur le cerveau (troubles cognitifs), le cœur (bradycardie), les reins (insuffisance rénale), les hormones (aménorrhée)… Et aggraver leur santé mentale, ces personnes se voyant stigmatisées et souvent incomprises.

… ET CELUI DES PRÉJUGÉS

Ça non plus, ce n’est un secret pour personne : beaucoup de gens ont un avis sur absolument tout, sans avoir connaissance de rien. Juger, préjuger, et faire du mal, donc. Les anorexiques ne dérogent pas à la règle. “Tu es trop grosse pour être anorexique”, “Mange, c’est pas compliqué !”, “J’aimerais être comme toi.” Des phrases anodines, en apparence. En apparence, seulement. Christiane, anorexique depuis une dizaine d’années, en fait les frais constamment. “Je suis consciente de mon état, de mes carences, de ma maladie, et je me soigne pour cela, je suis suivie, mais ce n’est pas si facile, et j’en ai marre d’entendre que je n’ai aucune volonté. J’ai peur de grossir, et je suis consciente que c’est un problème. L’anorexie mentale est une maladie complexe. C’est un combat de tous les jours” Et pour le gagner, les anorexiques ont besoin de bienveillance.

*Ce n’est évidemment pas la seule explication de l’anorexie mentale, mais le poids de la société en est l’une de ses (multiples) causes.

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