balancetonloup#

10 Déc 2017

t’as vu le loup ?

Il avait disparu du territoire national depuis 1930. «Loup y’es tuuuuu, m’entends-tuuuu ?» «Arrivoooo !» C’est par l’Italie, en 1992, que les premiers loups réapparaissent, de manière naturelle, en même temps que les tubes de Toto Cutugno inondent les charts en France. Et depuis, à chaque nouvelle attaque, il refait parler de lui et alimente de violents débats entre militants pro-loups, éleveurs hostiles à la gâchette facile, et politiciens indécis.

En 2017, la tension est même montée d’un «croc», les uns protestant contre la décision du ministre de l’écologie Nicolas Hulot de porter à 40 animaux les quotas d’abattage, les autres s’inquiétant de l’élaboration du nouveau plan Loup 2018-2022, jugé trop favorable au canidé. Vraie menace ou bouc émissaire commode, le grand méchant loup n’en finit plus de raviver les peurs !

UNE FAIM DE LOUP

Il faut dire que depuis 25 ans, l’implantation de l’animal a largement progressé. 360 individus, contre 295 l’an dernier, vivraient de manière occasionnelle ou permanente dans nos massifs montagneux. Applaudissements nourris côté écolo, mais inquiétudes côté éleveurs. Car s’il ne dévore plus de petits cochons ou de grands-mères, le loup multiplie les attaques contre les troupeaux. C’est logique, explique Philippe Lafontaine dans son tube «Cœur de loup», «la victime est si belle et le crime est si gai» !

10 000 ovins et caprins en ont fait les frais en 2016, et dernièrement, en septembre, du côté de la Plagne, Méribel, ou Sainte-Foy en Tarentaise. “La Savoie est le deuxième département français le plus touché en matière de prédation des loups sur l’élevage en montagne”, affirment deux sénateurs savoyards, qui ont décidé d’a-meuter le Premier Ministre Edouard Philippe. Ils affirment que le nombre d’attaques en Auvergne-Rhône-Alpes a augmenté de 75% entre 2012 et 2016, et que «la situation n’est aujourd’hui plus supportable par les éleveurs». A ce rythme, on risque en effet de voir rapidement Nabilla débarquer dans nos alpages. “T’es éleveur et t’as plus de brebis? Naaaan mais alloup quoi!”

“La Savoie est le deuxième département français le plus touché en matière de prédation des loups sur l’élevage en montagne”, affirment deux sénateurs savoyards, qui ont décidé d’a-meuter le Premier Ministre Edouard Philippe.

«Lupus» le bouchon vraiment trop loin ! Il ponctionne en effet, non seulement les troupeaux, mais aussi les finances publiques. C’est carrément le «loup de Wall Street» ! Entre les indemnités allouées pour les victimes et les aides à la prévention, l’animal aurait coûté 26 millions d’euros en 2016. Un coût du loup qui rend chèvre des éleveurs impatients de faire subir le coup du lapin à une espèce protégée par la convention de Berne.

ENTRE CHIEN ET LOUP

Pour sauver les troupeaux, leur solution est simple : tuer – ou plus pudiquement «prélever» selon le jargon officiel – davantage de loups. Une méthode de «lou-bards» préconisée par la meute d’éleveurs, d’associations et d’élus locaux, réunis au col du Glandon en août dernier, à l’occasion des Etats généraux du pastoralisme. “S’il existe une espèce en voie de disparition dans notre Arc Alpin, c’est l’Homme Alpin, c’est lui qu’il faut protéger”, estime l’association suisse «Pour un territoire sans grand prédateur».

La vieille haine ressort de la tanière. Pas une «louveauté»! Un syndrome chaperon rouge profondément inscrit dans l’inconscient collectif. Un mélange de crainte et de fascination, nourri depuis des siècles par la littérature, les romans, fables de La Fontaine, contes de Perrault, films de Walt Disney, ou musique de Prokoviev. Une peur du loup irrationnelle entretenue et renforcée par des faits comme le fameux épisode de «la bête du Gévaudan». Le christianisme a même érigé le canidé en archétype du mal. Il devient le diable, qui dévore les brebis égarées dans le péché. Il prend le visage de ce loup-garou qui hante les campagnes. Précisons que cela n’a aucun rapport avec un chanteur québécois qui aurait avalé une brebis de travers lorsqu’il «bêêêêêêêle» dans Notre Dame de Paris!

La vieille haine ressort de la tanière. Pas une «louveauté» ! Un syndrome chaperon rouge profondément inscrit dans l’inconscient collectif.

En fait, aucun autre animal n’a été aussi méconnu, craint et persécuté à travers l’histoire, jusqu’à disparaître totalement de notre territoire. Et pourtant, au XXIème siècle, les mêmes recettes moyenâgeuses continuent à être réclamées et appliquées. Cédant aux pressions, les gouvernements n’ont cessé de relever le plafond du nombre de loups à tuer légalement.

UN DÉBAT RE-LOU(P)

Mais ces tirs sont une fausse bonne solution, qui ne satisfait personne en réalité. D’un côté, les éleveurs les jugent insuffisants. Ils voudraient aller plus loin et remettre en cause la Convention de Berne, signée par la France. Car «la présence du loup est incompatible avec l’élevage», dixit la fédération nationale ovine.

De l’autre côté, écolos et personnalités contestent ces abattages inefficaces à long terme, comme 80% des Français. Une campagne «Stop aux tirs des loups» a même été lancée en juin, soutenue par des people connus comme le loup blanc, Yann Arthus-Bertrand, Jacques Perrin, Brigitte Bardot ou l’humoriste Guillaume Meurice.

Deux camps irréductibles, dont l’opposition caricaturale et stérile prend en otage les autres utilisateurs de la montagne, randonneurs, accompagnateurs, touristes, sans pour autant permettre de sortir de l’impasse. Au-delà des postures, de vraies questions de fond se posent. Doit-on accepter le retour de ce grand prédateur? (Et on ne parle pas ici d’un célèbre producteur de Hollywood). La cohabitation du loup et de l’agneau est-elle possible?

Prédateur utile pour l’écosystème, atout touristique, le loup ne peut être le bouc émissaire d’un pastoralisme en difficulté. Une meilleure prévention, des moyens financiers accrus, des clôtures électriques, une présence humaine renforcée, à l’instar de ce qui se fait dans les pays voisins, autant de pistes à explorer pour garantir à la fois l’espèce lupine et l’activité pastorale. «Qui a peur du grand méchant loup? C’est pas nous, c’est pas nous…»

© cofeee, ayamap

Emmanuel Allait

Emmanuel Allait

Chroniqueur SURNOM : Manu. Mais je préfère qu'on m'appelle Emmanuel. Un peu long, mais plus c'est long, plus c'est bon, non? PERSONNAGE DE FICTION : bob l'éponge. J'ai passé 40 ans à faire la vaisselle et ce n'est pas fini ! Je suis un spécialiste. OBJET FETICHE : un stylo plume. Beaucoup plus classe qu'un ordinateur. Ou une montre, automatique bien sûr. Regarder le temps qui passe pour en profiter au maximum. ADAGE : mon cerveau est mon second organe préféré (woody allen). JE GARDE : joker. JE JETTE : mes pieds. DANS 20 ANS ? je serai sur une scène, guitare à la main, pour jouer Europa de Carlos Santana. presse@activmag.fr

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