best of déco white house

1 Mar 2018

sa barack à lui

C’est l’histoire d’un homme, d’une maison… Blanche. C’est l’histoire d’une «maison blanche», bien loin de Washington.

Nous sommes en 1998. Voilà deux ans que ce chef d’entreprise savoyard cherche la perle rare autour du lac du Bourget. “J’en ai visité une bonne trentaine et un jour, j’ai appris que celle-là allait être mise à la vente. J’ai eu le coup de cœur immédiat. Pour être honnête, plus pour le site exceptionnel surplombant le lac, que pour la maison en elle-même. C’était un petit cube… Une maison sans caractère de 1914. Mais curieusement, j’ai tout de suite visualisé ce qu’elle pouvait devenir, l’extension, le grand hall et sa rotonde, une aile gauche et droite identiques, extrêmement symétriques…”

MAISON BLANCHE CONTRE KREMLIN

La vendeuse était une demoiselle d’un certain âge, jamais mariée, sans enfant. “Une vieille fille pour le moins paranoïaque. Elle était persuadée que son voisin était un ancien du KGB, terré dans sa cave à construire une bombe nucléaire. Elle s’était barricadée toutes ces années dans sa maison et n’en sortait que rarement. La télé était recouverte de papier aluminium, de même que ses fenêtres, convaincue que son voisin avait placé des micros partout chez elle. Les volets étaient tous fermés et cadenassés, la vieille dame refusant de les ouvrir. J’ai acheté cette maison sans jamais avoir vu son panorama. J’avais bien ma petite idée sur la question quand même… » 

L’homme, patient de nature, a mis 6 mois pour la convaincre de lui vendre son bien, “à force de négociations, de boîtes de chocolats et de bouteilles de Chivas !” Il a fallu l’apprivoiser. La maison était très convoitée, et la propriétaire, au caractère aussi trempé que changeant, chassait tous ceux qui n’avaient pas grâce à ses yeux, son fusil de chasse en bandoulière et ses 2 bergers allemands patibulaires en renfort. “En fait, elle était vendeuse selon les jours… Sa motivation première était de s’éloigner de son voisin méchant. Elle lui avait même tiré une fois dessus avec sa carabine, la façade de sa maison en garde les stigmates…”

Après 6 mois de négociations, le compromis allait enfin pouvoir être signé. “Même le notaire n’avait jamais vu ça. La signature a eu lieu chez elle, avec le volume de la musique poussé à fond, de la techno, pour que le voisin et ses micros ne captent rien. Elle était elle-même à moitié sourde et n’entendait pas la lecture du notaire. C’était un gag !”

JEU DE CUBES

Notre Savoyard est resté 8 ans dans la maison, néanmoins rafraîchie et quelque peu réaménagée, avant d’entamer la métamorphose. Seule une grande terrasse surplombée d’un balcon de taille équivalente a été immédiatement créée. N’ayant que peu de terrain, il parvient également à acheter la forêt voisine. Puis, l’homme d’affaire se décide à lancer son fameux projet. “Je voulais faire 2 maisons identiques reliées par une passerelle en hauteur. J’ai fait appel à Jean-Marc Mouchet, un ami architecte d’intérieur, qui a su coucher sur le papier mes idées, tout en apportant sa vision et son souci du détail, sa rigueur graphique. On a fait une bonne équipe”. Quant aux gros travaux de construction, c’est l’architecte Stéphan Collange qui a veillé au grain.

Jean-Marc Mouchet se souvient : “Ce sont les colonnes extérieures qui habillaient la maison cube d’origine qui ont été l’amorce de l’idée d’une Maison Blanche. Le propriétaire a alors visualisé une image miroir, dupliquant à l’identique le cube d’origine, en tout point symétrique, avec la création d’une verrière arrondie entre les 2, vitrée au nord comme au sud, en guise d’entrée.”

Dans ce hall ouvert sur deux niveaux, une dalle de verre ronde laisse apparaître la piscine sous nos pieds, tel un œil azur. “Sur le plan, vu d’en haut, on a vraiment cet œil dessiné”, explique l’architecte d’intérieur. “Il est souligné, d’un côté, par l’arrondie de la baie vitrée, doublé de l’escalier de verre suivant la même courbe, et en face, lui faisant écho, la passerelle incurvée dans l’autre sens reliant les chambres du premier étage. En son centre, l’impressionnant lustre en cristal de chez Rugiano, comme un éclat de lumière, plonge sur la dalle de verre, révélant l’iris bleu de la piscine.” L’œil parfait. Le cœur de la maison blanche.

MIROIR, MIROIR…

Il aura fallu plus d’un an et demi pour transformer cette modeste maison de 150 m2 en une incroyable demeure de près de 450 m2. La première année de chantier, le propriétaire a habité sur place, dans l’aile historique, l’autre cube se construisant indépendamment. En novembre 2006, il est temps de faire la jonction entre les 2 maisons. Le trentenaire est prié de faire ses valises pour 6 mois, le temps de lifter sérieusement l’ancienne bâtisse, de repenser la cuisine, supprimer l’escalier existant, avantageusement remplacé par celui du hall, créer des ouvertures… La consigne du propriétaire pour une symétrie quasi-obsessionnelle a été respectée à la lettre.

Et Jean-Marc Mouchet de préciser : “On a imaginé ces ouvertures par séries de triptyques. A l’étage, sur le cube d’origine, on en a donc créé deux en trompe-l’œil, des décrochés où l’on retrouve les portraits du couple Massaï, et une troisième, qui mène aux chambres. De même, en face, de l’autre côté du hall sur le nouveau cube, on retrouve le couple tibétain et l’entrée qui conduit aux appartements privés du propriétaire. On a une réponse de part et d’autre, mais également de haut en bas. Ainsi, au rez-de-chaussée, les trouées pour aller au sous-sol, au salon et au-dessus du bar, d’un côté, ou à la salle à manger et au niveau de la cuisine de l’autre, sont identiques à celles de l’étage.” Un effet miroir que l’on retrouve partout. Comme une signature. Un exercice de style.

En 2007, le propriétaire réintègre enfin sa maison dans son intégralité. Si les dimensions sont plus que généreuses, rien ne paraît démesuré. “J’y vis seul la plupart du temps, et les volumes ne sont pas pesants, les pièces sont raisonnables. Les deux «maisons» sont presque indépendantes, surtout à l’étage, s’ouvrent ou s’isolent au gré des occupants, quand j’ai mon fils, pour y faire la fête entre copains, ou en solo. Au final, je m’y sens vraiment bien.”

DRÔLE DE PARTITION !

La symétrie de cette construction n’est pas qu’un défi stérile ou un caprice architectural, elle prend tout son sens quand elle se met au service des jeux d’oppositions. Le décorateur a travaillé sur les rapports plein/vide, entre l’opacité du staff et la transparence du verre, notamment sur la montée d’escalier et la passerelle. Ou encore sur l’antagonisme courbes/angles droits.

Ainsi, les trois grands bars de la maison, dont le propriétaire a fait des pièces maitresses autour desquelles la vie s’anime, revendiquent fièrement leurs rondeurs. Celui du salon, une virgule en Corian® et pâtes de verre, fait face à une cheminée très anguleuse. Celui de la cuisine, tel un piano à queue, souligné par un staff au plafond et un carrelage au sol découpés dans le même arrondi, répond aux deux tables carrées plantées dans leurs deux tapis carrés également, surplombés par un plafond à la rigueur toute française de la salle à manger attenante.

Et pour renouer avec le jeu de miroir, le grand écran plat de la télévision accrochée au mur de la pièce répond à son homologue dans le salon à l’autre bout de la maison, un face à face parfaitement étudié, sans obstacle entre les deux. Notre hôte nous avouera pourtant ne pas être très télé. “J’en ai aussi une dans la chambre, mais je ne l’ai jamais allumée !”

A l’image, il préfère le son. En témoignent ces 2 impressionnantes enceintes de verre de 2 mètres de haut qui encadrent la porte d’entrée. Imposantes par leur taille, étonnantes par leur design original, elles sont équipées d’un système de son rayonnant à 360 degrés et de 3 amplificateurs placés dans le socle. Les pieds rappellent l’armature métallique de l’escalier. Des pièces faites sur mesure par Guy Tabard, un artisan lyonnais. “Je l’ai découvert à Courchevel où il exposait. J’ai craqué ! C’est un objet incroyable, une véritable sculpture avec une qualité sonore époustouflante.”

CARNETS DE VOYAGES

En sous-sol, la piscine intérieure/extérieure de 18 mètres de long et son bar incurvé brillent sous une pluie d’étoiles, réelles et virtuelles. Elle est bordée de 2 chambres d’amis, de la cave à vins, d’un hammam et sauna et d’un jacuzzi sur la terrasse. Retour dans le hall pour emprunter l’escalier aux marches de verre, puis la passerelle transparente également (mince, je suis en robe : personne en dessous. Une chance…).

Une dernière volée de marches et nous voilà au niveau des 2 couples en portraits qui se font face. D’un côté l’Afrique, de l’autre le Tibet, des destinations qui l’ont particulièrement marqué. Ces grands panneaux de 2 mètres de haut sont recouverts de feuilles d’argent gravées avec finesse pour laisser apparaître, en crayonné, le noir du plateau. “C’est une commande que j’ai confiée à l’artiste lyonnais Pierre David. Il a travaillé à partir de photos que je lui ai fournies. Le couple Massaï, réalisé en 2009 a été rejoint par son homologue tibétain il y a quelques semaines. Tous les 4 s’harmonisent bien, ils ont une forme d’androgynie qui me touche.” Et semblent veiller sur la demeure, lui apporter leur sérénité…

Dans l’ancienne aile, se trouvent la salle de jeu du fiston, sa chambre, une généreuse salle de bains et une chambre aux murs en chaux ferrée pour les amis de passage. Les portes et le plafond à la française sont probablement les seuls vestiges de la maison d’origine. Discret, un petit escalier conduit au toit terrasse. La vue plongeante sur le lac est bien sûr impressionnante, surtout installé dans le grand jacuzzi ou dans l’un des fauteuils du salon d’extérieur. Que cette visite est pénible !!!

A LED !

Quant à l’étage de l’aile moderne, elle abrite un bureau, la chambre du propriétaire qui vaut à elle seule le détour. En tête de lit, un grand voile de satin dissimule, en haut et en bas, une barre de leds faisant défiler les ambiances colorées au gré des humeurs de notre hôte. “Une idée que j’ai piquée à l’hôtel Murano de Paris. J’avais adoré ses chambres et je m’étais juré d’en avoir une identique.”

Jean-Marc Mouchet confirme : “C’est un des premiers projets où j’ai intégré la led dans la déco. Grâce à lui. Et depuis, je l’utilise beaucoup. Il nous a demandé de penser l’éclairage autrement que pour une habitation lambda. Il voulait qu’on revisite une ambiance boîte de nuit…”

Face au lit, de part et d’autre d’une console, deux ouvertures mènent à la salle de bains. Symétrie oblige. Au centre de la pièce, la baignoire balnéo domine le lac, bordée sur toute sa longueur par une douche à l’italienne. Deux vasques éloignées l’une de l’autre et leurs étranges robinets puisant leur origine au sol semblent converser. Des histoires d’eau… Tandis que le dressing de monsieur ferait pâlir de jalousie bien des fashion victimes par ses dimensions généreuses.

Vue de dehors, la demeure en impose, à flanc de colline, dominant le lac. Et c’est vrai, qu’avec ses colonnes, elle a des allures de Maison Blanche. Un rien mégalo ? Peut-être. Ou simplement le rêve d’un gosse dans la peau d’un homme qui ne l’a pas oublié ? Peu importe, c’est son histoire. Et celle d’une maison blanche.

Photos : Erick Saillet

Lara Ketterer

Lara Ketterer

Lara Ketterer meneuse de revue SURNOM: enfant, c’était Tatouille, en rapport avec mon prénom... PERSONNAGE DE FICTION: depuis toujours : la femme piège, d’Enki Bilal, une reporter mystérieuse et un peu paumée en 2025... OBJET FETICHE: mon téléphone portable, un vrai doudou que je traîne partout ! ADAGE: vivre sans folie, ce n’est pas raisonnable du tout ! JE GARDE: mes yeux et mon esprit rock, toujours provoc ! JE JETTE: mes coups de blues, ça abime les yeux ! DANS 20 ANS ? Adulte ? presse@activmag.fr

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