ça trompe…

9 Avr 2018

du peint sur la tranche

Début des années 80. Au moment où Lyon prend des couleurs sous les pinceaux de cité création, dans la capitale savoyarde, c’est le collectif Miami qui sévit. Avec l’intention de redonner la ville à ses habitants, leurs trompe-l’œil collent à son histoire, la raconte. Les murs prennent vie et chambé rit (ah, ah…).

Parvis de la Cathédrale St François de Sales, une agréable terrasse, quelques arbres pour la fraîcheur, des badauds nonchalants… Difficile d’imaginer qu’il y a 40 ans, en lieu et place de cet espace dégagé, se tenait un gigantesque parking. “On n’a qu’à virer les voitures et garder cette belle place rien que pour nous !” proposait alors Chantal Choulet, jeune étudiante en urbanisme aux Beaux-arts. Le temps d’une performance artistique regroupant plasticiens, sculpteurs et peintres, la Place Métropole est donc rendue aux promeneurs. “Il n’y avait pas du tout d’espace piétonnier à l’époque, se rappelle l’ancienne stagiaire au CAUE de Savoie, et ce que les gens n’ont pas forcément compris tout de suite, c’est qu’au-delà de l’aspect visuel, esthétique, il y avait une idée politique, l’envie de se réapproprier l’espace urbain.”

MURALISME ET URBANISME

En même temps qu’ils voient leur ville sous un autre jour, les Chambériens découvrent une première œuvre murale, qui signe l’acte de naissance du Collectif Miami, formé par deux peintres autodidactes, Pierre David et Jean-Luc Rota-Bulo, et… Chantal Choulet, puis François Geronimi. “A la suite de ça, nous sommes allés trouver le Maire de Chambéry, Francis Ampe, pour lui proposer de refaire le mur des Halles, qui était en très mauvais état. Il nous a entendus, car il était très jeune et urbaniste, alors que pour beaucoup, dépenser de l’argent dans la peinture murale, c’était scandaleux ! Sur les Halles, on a fait comme s’il y avait une ouverture entre deux pans de murs, et qu’on voyait les constructions derrière. C’était notre premier trompe-l’œil architectural.” Une œuvre contemporaine des premières fresques de Cité Création, à Lyon, alors que les deux collectifs ne sont pas en contact. En ce début des années 80, le mur peint est tout simplement dans l’air du temps.

AU 19ÈME SIÈCLE, DÉJÀ, DES ARTISTES TRANSALPINS AVAIENT RÉHABILITÉ LA CATHÉDRALE QUE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE AVAIT MALMENÉE. ILS Y AVAIENT DESSINÉ LE PLUS VASTE ENSEMBLE DE PEINTURES EN TROMPE-L’ŒIL D’EUROPE – PRÈS DE 6000M2.

MURALISMO E URBANISMO (OUI, C’EST FACILE…)

Mais à Chambéry, il n’est pas nouveau. Au 19ème siècle, déjà, des artistes transalpins s’y étaient frottés, en réhabilitant la Cathédrale que la Révolution Française avait malmenée. Ils y avaient dessiné le plus vaste ensemble de peintures en trompe-l’œil d’Europe – près de 6000m2. Principal artisan de ce ravalement, le Piémontais Casimir Vicario avait prolongé l’architecture existante de la nef en peignant les murs et les voûtes dans le style gothique flamboyant.

Mais en parallèle de leur mission officielle, les Italiens se sont aussi attardés chez les privés : ils ont laissé leur patte sur les plafonds et les murs de nombreux hôtels particuliers de la Cité Ducale. Rien de plus naturel alors, dans les travaux du Collectif Miami, que de faire référence à leur présence. C’est le cas dans cette petite cour, derrière la Place St Léger, où des personnages costumés et une ambiance renaissance italienne accompagnent le dessin d’une horloge à jacquemarts, jadis positionnée à cet endroit.

PAS QUE DE LA DÉCO

Pendant près de 20 ans, à Chambéry et dans le sud de la France, Miami donne du sens à des murs qui n’en ont plus. Aux palissades sur des chantiers prestigieux de longue durée aussi. Et sur les locaux techniques, transformateurs, stations d’épuration, qu’ils sont les premiers à maquiller, même si l’approche est un peu différente des murs peints, avec cette préoccupation urbanistique constante : “ces éléments sont moches, mais on n’a pas le choix, il faut donc les intégrer dans l’environnement. Quoi qu’il en soit, ce n’était jamais que de la déco, ça ne pouvait pas l’être. On intervenait sur la ville, et il y avait toujours un fond dans nos compositions, une recherche de sens, un travail fin dans la réalisation graphique”.

Un patchwork d’éléments architecturaux chers aux Chambériens (balcon de la place du Château, éléments de façades ou arcades) sur le Quai Borrel ; sur les flancs du Théâtre Charles Dullin, des scènes tirées de spectacles de Patrice Chéreau ou d’Ariane Mnouchkine lors de leurs représentations dans la capitale savoyarde ; à l’extérieur du Lycée Vaugelas, un portrait du grammairien savoisien dont il porte le nom, entouré d’une notion de grammaire qui règle son cas au verbe peindre…

Aujourd’hui, le temps, le soleil, les intempéries ont aussi fait leur œuvre et les fresques de Miami ont perdu de leur éclat. Le Mur de Halles, lui, a sauté. “Mais nous n’avons jamais été pour garder quoi que ce soit”, précise Chantal Choulet avec philosophie. “Nous avons tracé la route. Après, les gens se sont engouffrés et peut-être un peu abîmés dans la tradition. Je trouve qu’aujourd’hui, le travail des grapheurs est plus novateur. Ils ont pris le relais et c’est très bien, il faut laisser la place aux jeunes, à une autre écriture.”

© art prism

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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