ça y est, le loup a sa maison !

5 Nov 2017

terre & le loup

Il cache certainement son jeu, mais il n’a pas l’air de hurler à la pleine lune, de chasser en meute, de se régaler de petits cochons, de chevreaux ou de mères-grand… Non, en s’installant en plein cœur de Lyon, on dirait que ce loup-là a rangé ses crocs. Il a surtout limé ses griffes, parce que pour faire de la céramique, ce n’est pas pratique…

David Corraux

Il lui reste peut-être quelque chose dans les sourcils, épais et foncés, ou dans les discrets reflets argentés de sa chevelure, mais s’il fut loup un jour, David Corraux en a surtout gardé une patte. Un style, foisonnant, poétique. Un dessin, précis, dont le trait oscille entre BD, gravure et tatouage.

Je suis capable de dessiner des bâtiments au kilomètre, depuis toujours. Je m’en imprègne, leurs formes m’intéressent beaucoup, je trouve que les fenêtres, déjà, sont décoratives. J’ai une passion pour ces boîtes dans lesquelles on vit : que ce soit à Lille, à Paris ou au milieu de la campagne sauvage dans une maison très éloignée, ce sont des cocons… Je me suis donc constitué une bibliothèque de bâtiments dans la tête.” Un patchwork de boîtes qui s’enchevêtrent pour un décor onirique, «le Cœur de la Ville», mélange d’immeubles, de robots, de chimères, de passé et de présent, poésie urbaine qu’il éparpille sur une série d’assiettes murales ; ou des boîtes qui s’alignent, forment un tout, pour créer un village de «Musines», petites maisons usines, références directes aux Corons qu’il connaît bien.

SORTIR DE TERRE

Comme son lointain cousin le chat – mais si, félins canins, même combat ! – le loup a une multitude de vies. Celui-là a pointé sa gueule en 2015. Avant, David Corraux avait suivi plusieurs pistes. Il avait presque cédé à l’appel de la céramique à sa sortie de Duperré, l’école parisienne d’arts appliqués. Mais s’était désisté, ayant peur de s’en-terrer, de se cantonner à un seul domaine. Il a donc préféré quitter la capitale et regagner son Nord natal.

Avec son BTS de plasticien de l’environnement architectural, il pouvait travailler dans le théâtre, le décor urbain, laisser s’exprimer son âme d’artiste… Il en a fait de la création de meubles et d’objets de récup’ à Lille ! Puis du décor de cinéma. Puis de la réalisation audiovisuelle, du documentaire, du film institutionnel. Puis de la sculpture sur pierre, par curiosité.

“Je m’étais dit que jusqu’à 30 ans, je ferais tout ce que j’avais envie de toucher. A la sortie de la formation de sculpture, j’étais le seul à ne pas vouloir travailler dans le domaine, à ne pas rêver des bâtiments historiques, mais j’ai eu un bon jury en fin d’année et j’ai été repéré par un professionnel qui travaillait sur les châteaux de la Loire, je l’ai donc suivi pendant un an et demi, notamment sur les cathédrales… d’où les chimères. J’ai révisé mes classiques et ça m’a beaucoup appris pour le travail de la forme”.

RETOUR À LA TERRE

Mais à 36 ans, la céramique le rattrape. Il subit ce qu’il appelle «l’éclosion d’une partie de lui-même». Il suit 2 formations «loisirs», découvre le raku (technique de cuisson japonaise) et le grès. “C’est une matière que je comprends bien, même si elle est très complexe, qu’il y a beaucoup de possibilités en arborescence. Il faut faire des choix à chaque étape et ils sont déterminants.”

Avec cette envie persistante de faire de la sculpture et de l’objet sans finalité d’exposition, dans l’objectif, plutôt, d’aller à la rencontre des gens, il enchaîne les marchés d’artisanat pendant quatre ans. Mais il faut fabriquer beaucoup, se déplacer tout le temps, c’est épuisant. “Et puis j’avais envie de proposer des choses plus contemporaines, et le public des marchés ne cherchait pas forcément ça.” A l’occasion du marché des Tupiniers (un des plus grands marchés de potiers en France), il découvre Lyon, tombe amoureux de ses ponts et décide de s’y installer.

Le loup, c’est l’ouverture sur les contes. Instinctivement, on pense à tout ce qu’il
 y a autour, c’est un des seuls animaux
 à véhiculer autant de mythes. Et j’ai envie de raconter une histoire…

C’est là que le loup sort du bois. “Le loup, c’est l’ouverture sur les contes. Instinctivement, on pense à tout ce qu’il y a autour, c’est un des seuls animaux à véhiculer autant de mythes. Et j’ai envie de raconter une histoire, que les gens se baladent dans mes dessins, qu’ils y retrouvent des villes qu’ils ont visitées. Dans une même assiette, certains voient les Etats-Unis, la Russie ou l’Italie”, ou l’Opéra de Lyon, qui s’effrite. “Ce n’est pourtant pas une copie de l’Opéra, aucun bâtiment n’est copié, mais les artères du «Cœur de la Ville», elles, sont les escaliers des pentes de la Croix Rousse.”

TERRE CUITE

David Correaux raconte ses histoires sur du grès qu’il «illumine» d’un jus de porcelaine, et en sérigraphie, pour un trait plus fin que celui du pinceau, pour la possibilité aussi, que cette technique offre, de placer, déplacer ou gommer à l’envi. Des pièces uniques, fabriquées entièrement à la main. “Je veux garder un esprit «manufacture», avec des petites séries, la possibilité de refabriquer ce qu’on a déjà proposé, de ressortir des éléments du catalogue mais avec l’envie, aussi, de développer une niche entre l’objet décoratif et l’œuvre d’art, en restant dans quelque chose d’accessible, qu’on puisse s’offrir, qui peut entrer partout”, se faufiler, donc, dans toutes les bergeries…

+ d’infos :
www.maison-leloup.com

Photos : M.Carrier, O.Ramonteu

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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