cabinet de cul-riosité

15 Juin 2018

Quoi de nu docteur ?

Dans la gêne pas de plaisir ? C’est plutôt rassurant si l’on part du principe que dans la relation médecin-patient, il ne peut y avoir d’interstice à la séduction. La sphère de cette relation, quoique par essence intime, n’autorise en effet aucun débordement. Regards de jeunes étudiants en médecine sur cette question du corps mis à nu.

Bien plus soft que les Bacchanales à la mythologie débordante, les Saturnales étaient de sobres festivités populaires durant lesquelles les barrières sociales tombaient pour faire ressurgir l’originelle – et sans doute illusoire -, égalité entre les hommes. Et c’est aussi le nom choisi par l’association des étudiants en 3ème année de médecine de l’Université de Genève. Institution s’il en est, les Saturnales ont été créées en 1898 et perpétuent, 120 années après, la tradition. Volée après volée, les étudiants se passent le flambeau et continuent à générer des événements ayant pour but de soutenir des associations caritatives dans leurs engagements humanitaires.

Jusque-là RAS. Ce qui est plus surprenant est qu’entre autres fêtes, une des actions majeures de chaque promo consiste à réaliser un calendrier… nu! Nu-l doute que l’élite de la jeunesse prend là pleinement la mesure de son rôle. Et que l’engagement dépasse de loin la seule récolte de fonds.

Ce qui devient surtout très intéressant est le regard que ces futurs médecins portent, à travers leur propre mise à nu, sur la nudité des patients qu’ils auront bientôt à portée de stéthoscope…

LE SYMBOLE SANS LE SEXE

“Pour nous, le calendrier est une sorte de rituel de passage autant qu’une façon de désacraliser cette question de la nudité”, explique Camille. “Pour le shooting photo, nous avons désamorcé les craintes des figurants par le dialogue et c’est aussi ce que nous serons amenés à faire en tant que médecins”, ajoute-t-elle. Une fois la parole enclenchée, la réalité de la nudité recule derrière les questions et besoins du patient.

“Si nous avons souhaité, cette année, travailler avec une photographe professionnelle, Laura Rimayati, il s’agissait non seulement d’avoir une approche plus artistique, mais aussi de montrer que la nudité abordée dans un contexte pro change le regard que l’on porte sur elle”. Chaque photo véhicule avec elle un message en illustrant chaque mois une journée internationale dédiée à la santé et au bien- être. “Nous sommes dans la sensibilisation, absolument pas dans le voyeurisme. Notre rôle de médecin est dans le prolongement de cette démarche. Dans le calendrier, le corps nu porte un message, dans notre cabinet, il porte un mal”. Et c’est sur cette seconde dimension que l’attention se porte.

PAS D’AUSCULTATION SANS OCCULTATION

Qui dit occulter dit, bien entendu, ne pas considérer le corps nu dans sa dimension sexuée. Et ces futurs médecins-là sont bien préparés à cet aspect inhérent à la pratique de leur métier. “Très tôt dans notre formation, nous avons une approche très concrète de la nudité et du corps de l’autre. Entre nous, nous nous palpons et nous auscultons“, confiera Clara. “Pour moi, il est inconcevable d’avoir une autre pensée. On ne se regarde pas et on ne se juge pas, on aborde le corps comme un outil de travail”, renchérit Camille. Mais pas que.

Dès la 1ère année, les jeunes étudiants de l’Université de Genève assistent à des cours en petit comité autour des questions relationnelles et éthiques. Parce qu’au-delà de la mise à nu physique, le patient doit accepter de se confier. Et cette intimité-là est bien plus difficile à dévoiler et en dit plus long encore sur les maux du patient.

Cette phase sociale comme le langage non verbal font partie de ces leviers d’observations qui parlent plus encore que le corps physique. Une fois la relation de confiance amorcée, le fait de se dévêtir devient un geste purement formel. La nécessité de l’examen fait passer la nudité sur un mode fonctionnel permettant d’en neutraliser la charge érotique.

Et cette approche va de pair avec la fin de l’ère paternaliste, longtemps légion dans le corps médical. “Nous sommes passés de l’approche centrée sur la maladie à l’approche centrée sur le patient. Dans ce contexte le diagnostic ne représente qu’une étape de la relation, et la nudité un des moyens d’y aboutir. Mais elle ne cristallise en aucun cas l’attention”.

COUVREZ CE SEIN…

Si la nudité est d’ailleurs aujourd’hui jugée de moins en moins nécessaire à l’examen médical, mis à part dans les cadres spécifiques de la gynécologie ou de l’imagerie médicale, entre autres, il se pourrait toutefois que nous ne soyons pas tous égaux. Les pays anglophones, scandinaves ou la Suisse, par exemple, ménagent naturellement la pudeur des patients en ne les incitant à dévoiler qu’une partie de leur corps à la fois ou encore en proposant de façon bien plus systématique le port d’une blouse.

Il semblerait que la France soit moins précautionneuse en la matière. Mais elle progresse et on observe de plus en plus un soin tout particulier apporté à la description et à l’utilité des gestes pratiqués, notamment lors des consultations avec les enfants. Une façon de veiller à ne pas rendre le toucher comme une intrusion et le dévêtissement comme une violence. D’où la nécessité de ritualiser l’acte médical nécessitant la mise à nu. Car pour le coup, on le sait, dans la technique pas d’érotisme…

+ d’infos :
facebook.com/calendriermedecine2018/

Les associations soutenues :
Media Espoir vient en aide aux enfants des rues au Rwanda.
Happy Kids favorise le développement de projets en faveur des enfants défavorisés à travers le monde.
Amis Suisse de Vesadel lutte contre la déscolarisation et le trafic d’enfants au Bénin.

Photos lrdesign.ch

Gaëlle Tagliabue

Gaëlle Tagliabue

Journaliste
SURNOM : Gaz, Gazou et toutes ses déclinaisons les plus suspectes. PERSONNAGE DE FICTION : Mercredi de la Famille Addams, j’adore son côté dark et cinglant sous ses airs d’enfant sage. OBJET FETICHE : La chanson qui colle à l’instant, elle me suit partout. ADAGE : "Mon principal défaut c’est de les avoir tous…" C’est de mon père, j’adore cette phrase. JE GARDE : Mes amours, mes amis. JE JETTE : Mes emmerdes, quoique... La peur et le doute… mes poubelles sont pleines ! DANS 20 ANS ? En escale entre 2 voyages, en train de raturer un carnet noirci de belles histoires.

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