POINT D’EAU

POINT D’EAU

LA MONTAGNE SANS RETENUE

Mais que se passe-t-il à La Clusaz ? Pétition, rassemblements, occupation de site… même Le Monde et Radio France sont intrigués ! Réponse ? L’aménagement d’une retenue collinaire pour des canons à neige ! En pleine crise climatique ? Eh oui, m’sieurs dames !

Alors que les stations sont appelées à penser à d’autres activités hivernales que le ski alpin, la municipalité de La Clusaz -qui n’a pas répondu à nos sollicitations d’interview- a choisi de créer une «retenue d’altitude» de 148.000 m3 d’eau au bois de La Colombière, dans le massif de Beauregard. Petite explication lexicale : une retenue d’altitude ou collinaire est une réserve artificielle d’eau, alimentée par le ruissellement des eaux et/ou un cours d’eau, dixit l’Association nationale des maires de stations de montagne.
« L’indispensable » retenue qui est envisagée à La Clusaz a plusieurs vocations : permettre «l’indépendance hydraulique du village», «contribuer à conforter l’activité ski» car “cette continuité des activités ski sera motrice du financement des nouvelles orientations touristiques, basées sur ses valeurs intrinsèques : respect de ses montagnes et des personnes qui la peuplent”, car il faut “penser à l’avenir économique du territoire, mais aussi anticiper les évolutions nécessaires pour s’adapter aux conséquences du changement climatique”, entre autres arguments. Précision : sur les 148.000 m3 d’eau, un tiers est destiné à l’alimentation en eau potable, le reste ira à la production de neige de culture, le tout pour un budget de 10.195.000 € HT.

Randonnée Nature du 12 septembre 21 (Photo : Jacques Milhouet)

CONTREPRODUCTIF

De quoi faire quelque peu bondir les habitants, mais pas que : une pétition a réuni plus de 51 000 signatures (la population de La Clusaz est de 1.714 habitants selon l’Insee…), plus de 70 % d’avis contre le projet ont été donnés lors de la procédure de concertation (400 observations) et 76 % lors de l’enquête publique (1.800 commentaires). Sans compter les Cluses qui ne s’expriment pas ou anonymement puisque, selon Sauvons Beauregard, certains subiraient des pressions.
Pour ce collectif d’associations et de citoyens, cette retenue collinaire est celle de trop. “Quatre retenues existent pour l’enneigement”, rappelle Valérie, qui se souvient qu’à l’hiver 2020-21, alors que les remontées mécaniques étaient fermées, la station était «pleine»… “Ce projet est contreproductif sur le long terme”, ajoute Jean Millhouet, président de La nouvelle montagne, pour qui, “financer un projet de transition –qu’on ne connait pas !- par le ski est une hérésie. On prend le problème du mauvais côté. L’économie passe devant l’intérêt général, c’est inexplicable”.
On demande aux élus d’être raisonnables”, explique Valérie en dénonçant une certaine “addiction à l’or blanc. On n’est pas contre les gens, on est contre le projet”. Jean Millhouet est sur la même ligne : “Malgré la pétition et les avis «contre», la mairie continue et refuse tout dialogue. On souhaite définir ensemble un projet, pas l’affrontement”. Quant à Extinction rebellion Annecy qui occupe le site depuis le 15 novembre, pour elle : “Le conseil municipal s’assied sciemment sur la démocratie.

Photomontage : la retenue dans le site
Chaîne des Aravis (Photo : Pierre Tardivel)

RECOURS ET RÉFÉRÉ

À l’heure où nous mettons le magazine sous presse, la préfecture n’a pas encore délivré la Déclaration d’utilité publique (DUP) qui permet le lancement des travaux. Travaux dont la première étape est le défrichage d’un site qui, au passage, est reconnu par la mairie comme comportant des «enjeux environnementaux forts (espèces protégées, situé à proximité de la zone Natura 2000 et de la tourbière)». Pour mémoire, c’est une forêt de cinq hectares… Cette opération ne pouvant avoir lieu qu’avant le 30 novembre, les opposants, soutenus par France nature environnement, croisent les doigts pour que le préfet n’accorde pas la DUP d’ici là, pas du tout serait le graal. Ou que le Gouvernement et/ou Emmanuel Macron auxquels ils ont écrit, viennent mettre le nez dans le dossier. Si DUP il y a, un recours sera déposé (financé par une cagnotte en ligne), ainsi qu’un référé si les travaux démarrent malgré le recours.

MONTAGNE : OPEN BAR ?

MONTAGNE : OPEN BAR ?

FORFAIT ANNUEL AUX ARCS

Se présentant comme un futur incontournable pour beaucoup de stations de sports d’hiver, le tourisme quatre saisons est un positionnement déjà clairement ciblé par les Arcs, en Savoie.


Intégrée à Paradiski, l’un des plus grands domaines skiables français, la station joue sur 4 altitudes : 1600, 1800, 1950 et 2000. Grâce à un funiculaire aérien créé en 1989 et refait depuis, le domaine est accessible en 7 minutes depuis la gare de Bourg-Saint-Maurice, terminus des trains grandes lignes. Ça aide aussi…
Façonnés par des visionnaires dès la fin des années 60, les anciens alpages sont ainsi devenus un haut lieu du tourisme d’hiver, qui concentre aujourd’hui 75% de l’activité de la station. Mais pour s’extraire de cette dépendance saisonnière et s’inscrire dans «une démarche de développement responsable et de tourisme durable», Bourg-Saint-Maurice – Les Arcs vise à se positionner comme «LA destination Outdoor 4 saisons». Les prétentions sont ainsi clairement affichées.

ATOUT(E)S SAISONS

Président de l’OT et adjoint au maire, Laurent Chelle s’explique : “Cette orientation forte voulue par la municipalité actuelle est facilitée par les choix d’élus qui, depuis des années, nous ont mieux préparés à faire cette transition. L’étendue et la diversité naturelle du territoire nous permettront aussi, plus vite que d’autres, de passer à cette économie du toutes saisons et de nous inscrire comme la toute première station européenne offrant une expérience d’outdoor à l’année. En plus des historiques festivals de cinéma et de musique, nous créons des temps forts attractifs à différentes périodes : l’Xplore Alpes Festival en automne, le nouvel événement We are Outdoor au printemps prochain, une offre Outdoor multi-saisons à Bourg-Saint-Maurice sur le modèle de Hero Les Arcs, etc…”

VERS LE VERT

La démarche s’accompagne d’une attention accrue au développement durable. Pour éviter la course aux nouveaux lits, qui augmenterait la capacité d’accueil en hiver, la commune a ainsi décidé d’un moratoire sur les nouvelles constructions. Elle entend également «aider tous les projets qui visent à rénover le patrimoine dans un cadre environnemental» et prend notamment pour référence Zéro Artificialisation Nette qui demande aux territoires de baisser de 50%, d’ici à la fin de la décennie, le rythme d’artificialisation et de consommation des espaces naturels, agricoles et forestiers. “Et la station des Arcs est la première à avoir obtenu le label Flocon Vert, garantissant son engagement durable”, souligne Laurent Chelle. Le tourisme de neige aux Arcs reprendrait-il peu à peu la couleur de ses anciens alpages ?

Photo : Merci89

MONTAGNE ? OPEN BAR

MONTAGNE ? OPEN BAR

Y’A PLUS DE SAISONS !

Pour anticiper sur un avenir compliqué, en plus de la diversification de leurs activités, les stations sont incitées à imaginer une offre à l’année. Mais les quatre saisons, si c’est bien sur une pizza ou en musique classique, dans un cadre touristique, est-ce que ça s’applique ?

En conclusion de son rapport de 2018*, la Cour des Comptes préconise une transition des stations vers un tourisme «mieux réparti entre les saisons». Mais depuis quelques années déjà, le concept de «quatre saisons» et l’idée d’attirer une clientèle à l’année imprègnent les communications officielles. Dans le cadre du Plan Montagne, présenté en septembre par la région Rhône-Alpes-Auvergne, une enveloppe de 15 millions d’euros y est d’ailleurs consacrée. “C’est une volonté politique. Mais l’or blanc est un marché de masse, et on ne va pas trouver quatre marchés de masse, quatre vaches à lait sur quatre saisons”, constate François Gauthier, Président pour Rhône-Alpes de la commission hôtels du Groupement National des Indépendants Hôtellerie-Restauration, lui-même basé en Haute-Savoie. “Pour les stations qui vivent à l’année, il y a déjà l’embryon de quelque chose, comme à Megève, St Gervais, Chamonix. Mais quid de la Savoie et de ses stations d’altitude ?

TENDANCES PRINTEMPS-ÉTÉ- AUTOMNE-HIVER

Avec ses destinations haut perchées, comme Val Thorens (2300 m), les Ménuires (1850) ou Méribel (1500), le domaine savoyard des Trois Vallées, justement, est gonflé à bloc. La communication «terrain de jeu à l’année» sur le dossier de presse hiver 2020-21, ou la nouvelle mouture du site internet, qui promeut la cueillette de champignons, le brame du cerf ou la descente des alpages, ne laissent aucune place au doute. “Depuis maintenant un an, c’est notre ambition, une volonté stratégique forte”, confirme Olivier Desaulty, directeur général de l’association des Trois Vallées. “Nous n’avons jamais été très bons dans la manière de communiquer sur l’été, mais maintenant nous allons aussi parler du printemps et de l’automne, parce qu’il y a tellement de choses à faire en dehors de la saison de ski qu’on ne va plus se cantonner à l’ouverture et la fermeture des remontées mécaniques. Il y a des professionnels qui sont prêts à jouer le jeu, il faut qu’on arrive à ouvrir -mais on y arrivera- le nombre de services qui convient pour nos clients : supermarché, boulangerie, pharmacie… On a la volonté d’avancer dans ce sens-là.

Première neige au lac de Tueda, Méribel / ©Sylvain Aymoz

OUVERTURE FACILE ?

Pourtant, même les stations dites «villages», qui ont une vie à l’année, reconnaissent qu’avant de penser quatre saisons, il faut se concentrer sur deux. Elles essaient, pour commencer, de motiver leurs socio-professionnels à allonger l’été, à rester ouverts de la fin du printemps au début de l’automne. “Les locaux font du vélo ou du trail, ils sont donc à l’initiative d’événements qui font vivre le village, avec des résidents secondaires très présents sur ces périodes, en week-end de 2-3 jours ou petits ponts”, constate Guy Magand, directeur de l’Office de Tourisme des Contamines-Montjoie. “Cette année, nous avons également organisé un petit événement pour booster le village sur la deuxième semaine des vacances de Toussaint, on a eu des demandes de toute la France, mais en arrivant, les gens ont été surpris de ne trouver que quelques commerces ouverts. Il y a encore une grosse inertie des professionnels. Ils sont prêts à faire un peu plus l’été, mais ne se projettent pas à l’année.

CHANGEMENT DE RYTHME

Parce qu’en plus des questions de rentabilité qu’implique, pour les commerçants ou restaurateurs, une ouverture sur des périodes moins fréquentées, le rythme saisonnier est profondément ancré dans la vie des stations. “Nous sommes ouverts jusqu’à mi-avril l’hiver”, explique Alexis Bongard, directeur de Les Gets Tourisme. “Mais nous avons besoin de couper au mois de mai (ndlr : pour l’entretien des domaines et des établissements, les congés…). Par contre, dans l’avenir, nous avons l’objectif d’aller jusqu’à fin septembre, voire fin octobre, après les vacances de Toussaint, parce qu’on a de magnifiques forêts et de beaux étés indiens, propices à l’outdoor. Ce serait même assez vertueux, parce que plutôt que d’aller rechercher des clients pour des vacances d’hiver, où on a une forme de saturation et des prix élevés, on pourrait proposer un étalement des clientèles, donc un service de meilleure qualité, moins de monde, moins de stress et de meilleurs tarifs. L’autre vertu de ce fonctionnement, c’est qu’on fidélise notre staff, avec des contrats annualisés au lieu de saisonniers. Ça re-crée de la vie locale sur les sites touristiques. Si on arrive à faire ça, on a bouclé la boucle.

Slack That Festival – Juin 2021 /© Les Contamines Tourisme

CHOIX DE VIE

Au-delà d’un fonctionnement touristique, il s’agit donc bien d’enclencher un cercle vertueux, en ramenant des habitants dans des endroits où la population fond comme la neige à chaque fin d’hiver. “Je crois qu’en Haute-Savoie par exemple, le CEVA est une réelle épine dorsale, qui, avec les transports valléens, le développement du télétravail et la recherche d’une certaine qualité de vie, peut attirer une nouvelle population, développer une vie à l’année dans les stations”, conclut François Gauthier. “C’est le cas, à Cran-Montana par exemple, où vivent beaucoup de gens qui travaillent à Genève. On est capable d’attirer les gens sur un choix de vie. Dans les années 70, quand nous nous sommes installés ici, mon père était le seul gastro-entérologue du département, aujourd’hui, ils sont plus de 250. Un effort colossal a été fait à l’époque, et nous aurons le même à faire dans les années à venir.

Photo : Sylvain Aymoz / Vue sur le Grand Bec, en Vanoise.

*«Les stations de ski des Alpes du Nord face au réchauffement climatique : une vulnérabilité croissante, le besoin d’un nouveau modèle de développement» Rapport public annuel 2018 – février 2018

DÉMONTÉES MÉCANIQUES

DÉMONTÉES MÉCANIQUES

PYLÔNES À LA BENNE

Tout usager respectueux de la montagne le sait : que l’on randonne, que l’on vole ou que l’on glisse, on repart avec ses déchets, on ne laisse rien derrière soi. Mais un vieux pylône ou une gare de téléski, ça ne se glisse pas facilement dans un sac à dos…

Septembre 2021 – Presque 60 ans après sa mise en service, le téléski du Crêt, à St-Jean-de-Sixt, range ses cinq pylônes. Manque de neige, obsolescence de l’installation, niveau de difficulté trop élevé pour les débutants qui venaient s’essayer là… il avait définitivement fermé en 2017. Avec le fil neige -qui lui survit- et les trois hébergements touristiques du lieu-dit, l’équipement constituait toute l’offre ski de la commune, sans qu’elle ne devienne jamais une station pour autant. Mais les pentes du Crêt permettait à tous les enfants du coin de venir se faire les spatules avant d’aller glisser plus loin. Il aurait pu rester là, vestige d’une époque devenu élément du paysage, ses poulies s’oxydant tranquillement avec le temps. Mais le démontage des installations à l’abandon fait maintenant partie des 16 éco-engagements dévoilés en novembre 2020 par Domaines Skiables de France (DSF), la chambre professionnelle des remontées mécaniques.

DÉMONTAGNÉE

Des installations obsolètes, DSF en démonte plusieurs dizaines par an, “mais personne n’en parle”, précise Laurent Reynaud, délégué général du syndicat, “parce qu’en gestionnaire avisé, nous remplaçons simplement d’anciens appareils par d’autres plus performants. Et si nous démontons 70 remontées mécaniques chaque année, nous en re-construisons une cinquantaine. En France, leur nombre total baisse donc régulièrement, mais la capacité de transport, elle, ne baisse pas. Ce qui est nouveau ici, c’est que nous venons donner un coup de main sur un appareil qui n’est pas le nôtre, un domaine que nous n’exploitons pas.

Si les collectivités exploitantes, souvent des petites communes comme St-Jean-de-Sixt, n’ont pas les moyens techniques de mener ces opérations, elles ne sont pas complexes. “On démonte les boulons et on enlève les pylônes”, résume Laurent Reynaud, “le plus compliqué, c’est d’obtenir les autorisations : que la commune accepte que l’installation ne soit plus jamais remise en service, que le propriétaire du terrain donne son accord pour que des engins de chantier puissent intervenir et qu’on arrive à organiser un tour de table financier, ou avec des mises à disposition de personnel, pour que ce démontage puisse réellement se faire, car il coûte toujours un peu d’argent.” 30 000€ dans le cas du Crêt, financés par les trois sociétés de remontées mécaniques du massif des Aravis (la SATELC de La Clusaz, Labellemontagne Manigod et la SAEM du Grand Bornand), qui ont associé leurs moyens à ceux de Poma, pour l’équipement de découpage, et Excoffier Recyclage pour l’évacuation des déchets. Toutes les pièces de l’ancien téléski seront recyclées, certaines parties des pylônes, par exemple, seront utilisées pour des travaux de drainage.

Démontage à St-Jean-de-Sixt / Photo : Alternative Media

CHASSE AUX FANTÔMES

Pour préparer ces opérations, ce sont les membres de l’association des anciens exploitants des domaines skiables (AMITEL) qui sillonnent les massifs et repèrent les fantômes, ces appareils délaissés. Il y en aurait actuellement une cinquantaine en France. DSF s’engage, pour 2023, à en démonter trois par an, sous l’œil vigilant de Moutain Wilderness. “C’est vraiment une très bonne nouvelle”, commente Fiona Mille, présidente de l’association, “ça fait 20 ans qu’on a lancé notre campagne «installations obsolètes» (ndlr : depuis 2001, les bénévoles de Mountain Wilderness ont mené 68 chantiers de démantèlement d’installations liées au ski, mais aussi au sport ou installations militaires), notre objectif, c’est évidemment de les démanteler, mais aussi de sensibiliser les acteurs à penser l’avenir de leur aménagement une fois qu’il n’est plus utilisé.

Une exigence traduite depuis 2016 dans la loi Montagne II, qui conditionne la délivrance d’une autorisation de travaux à l’obligation de démontage et de remise en état, dans un délai de trois ans à compter de l’arrêt définitif des remontées mécaniques. Mais cette condition ne s’applique qu’aux nouvelles remontées, installées depuis la promulgation de la loi. Elle ne concerne donc ni les remontées existantes, ni celles déjà abandonnées. “Compte tenu de la durée de vie normale d’une remontée mécanique” (30 ans), précise Moutain Wilderness dans son décryptage, “pour voir les démontages découlant de l’application de cet article, il faudrait attendre 2047…”.

Photo Emilien Maulave

Dans l’air

Dans l’air

Bubu roi… des airs

Comme une baudruche qui se serait échappée des mains d’un enfant, le ballon rouge de Bruno Michel, alias Bubu, flotte en douceur au-dessus du Parmelan. Si régulièrement que sa silhouette légère et gonflée est devenue, dans le ciel d’Annecy, un objet volant parfaitement identifié.

La montgolfière n’est pas un avion de chasse : on ne l’entend pas et on a le temps de la voir passer ; elle n’a jamais fait et ne fera jamais la guerre ; il y a dans sa lenteur quelque chose de poétique et dans sa rondeur un côté éminemment sympathique. On a forcément envie d’en savoir plus sur celui qui la pilote.
Yeux bleus et catogan, Bubu, lui, a des allures d’adolescent. Dans une première vie, avant d’être aérostier, il était charpentier. Depuis les toits pour s’envoler vers le ciel, il n’y a qu’un pas, qu’il fait à 25 ans, une aile de parapente dans le dos. Ce sont alors les débuts d’une discipline encore un peu aventureuse, mais il passe vite une qualification biplace pour partager son plaisir. “Après une saison entière à faire voler les autres, au col de la Forclaz, il repartait voler pour lui, il n’en avait jamais assez !” C’est d’ailleurs de la Forclaz qu’en 2019, il s’élance avec une voile géante – 105 m2 – et 6 autres pilotes accrochés à son baudrier. Record qu’il avait déjà explosé 20 ans plus tôt, en embarquant 9 personnes au-dessus du Mont-Blanc. Mais tout ça, c’est Danielle, sa compagne, qui nous le raconte. Bubu, lui, reste plutôt discret sur ses faits d’armes.

Viens, je t’emmène au vent…

Et puis un été des années 2000, il découvre la montgolfière avec Matthew Eaton, un pote aérostier pour qui il fait du «retrouving», qui comme son nom l’indique, consiste à retrouver un ballon là où il a atterri, après géolocalisation. Car en montgolfière, il faut accepter une certaine dose d’inconnu : on sait d’où on décolle, mais on ne sait jamais vraiment où on va se poser, au milieu d’un champ, sur le bord d’une route ou dans un jardin privé, tout dépend des courants. “Un jour, on n’a pas eu le choix,” raconte Danielle, “on volait au-dessus du lac, vers St Jorioz, et le vent nous ramenait vers la berge, il a fallu qu’on se pose dans le parc d’une belle propriété. La maison était fermée, alors on a laissé notre carte au cas où il y aurait un souci. La semaine suivante, le propriétaire nous rappelait pour nous dire qu’il nous voyait en l’air et qu’il nous attendait avec les croissants ! Dommage, ce jour-là, ce n’était pas notre ballon au-dessus de sa maison…” Mais quelles que soient la destination et la nature du terrain, atterrissage en douceur garanti, car Bubu a fait sienne la spécialité du «  poser-remorque  », quand la nacelle s’immobilise pile dans l’attelage de la voiture qui la ramènera au bercail. Ce qui demande forcément un peu de précision, et de doigté.

… je t’emmène au-dessus des gens

“Parce qu’on fait tout le vol avec un doigt et de la réflexion”, résume Bubu, qui prend la parole quand on ne parle plus de lui. “Par rapport au parapente, c’est très peu physique, on ne bouge pas beaucoup. Par contre, si le para glisse, plane, la montgolfière, ce n’est pas du tout le même investissement : si tu lâches, que tu rigoles, que tu n’y es pas pendant 5 minutes, il se passe un truc.” En l’air, Bubu ne l’ouvre donc pas beaucoup non plus, il reste hyper concentré. “Il y a des changements de plan permanents, alors il faut être un peu joueur aussi, parce que c’est comme si on faisait des paris, sur le vent, sur la trajectoire… c’est une grande satisfaction quand ça marche.”
Et là, c’est champagne à l’arrivée ! Le pilote décompresse et les langues se délient. Bubu raconte ses plus beaux vols, comme cette fois au-dessus du Fier, où sa nacelle faisait la course avec son propre reflet dans l’eau ; ce rideau de nuages qui s’ouvre au-dessus du lac, à Duingt ; ou ce spectre de Brocken, phénomène assez rare, où l’ombre décuplée du ballon apparaît dans les nuages, entourée d’un halo arc-en-ciel. Mais le vol dont le quinqua des airs est le plus fier, c’est cette balade de plus de 2 heures, qu’il a faite avec sa fille de 19 ans, Sarah, à qui il a transmis sa passion. C’est elle, maintenant, qui joue les filles de l’air…

+ d’infos : Pour voler avec Bubu, vols jusqu’à 5 pers. (+ le pilote), au lever ou coucher du soleil, ou « Love Flight » à 2 :
annecy.takamaka.fr
Pour survoler aussi le lac ou les Aravis : compagniedesballons.com
Pour une version haute-montagne et sommets blancs, survol du Pays du Mont-Blanc : http://alpes-montgolfiere.fr
Et pour une variante cépages et sarments, vol au-dessus des vignobles d’Apremont, Chignin ou Abymes : savoiemontgolfiere.com

Activités Air

Activités Air

PASSEZ À L’AIR D’ÉTÉ

Toute l’année, vous l’avez eu bon ou mauvais, de ressemblance ou de rien, vous y avez mis les mains, de l’amour ou de la magie, mais vous avez surtout rêvé d’en changer, alors c’est le moment : ne manquez pas d’air !

Envole-moi  !//Méry

Cadres sup dans de grands groupes, il y a 5 ans, Pauline Bouqueau et Thomas Robert, deux quadras passionnés d’air, décident justement d’en changer. Leur pratique, le parachutisme, n’est pas accessible à tous, alors ils cherchent d’autres moyens, plus universels, de décoller les pieds du sol… Indépendant des conditions de matos ou de météo, sans besoin de certificat médical et ouvert à tous les publics (sauf les épaules luxées, désolés…), voici donc l’objet de leur rêve : un simulateur de chute libre ! Implanté à Méry (73), Windalps, version savoyarde et indoor du shoot d’adrénaline, ouvre cet été et propose donc de s’envoler dans un flux d’air de 200km/h avec vue sur les Bauges. Voilà bien le seul endroit où l’on peut à la fois simuler ET prendre son pied…
+d’infos : http://windalps.com / A partir de 5 ans

Electro Luxe//Annecy

Depuis le 20 mai dernier, vous le voyez peut-être déjà, mais vous ne l’avez certainement pas vraiment entendu. Et pour cause, le Velis Electro génère 80% de moins de nuisances sonores qu’un avion classique, le tout, sans émission de CO2… “C’est toute la philosophie d’Avialpes”, explique son dirigeant Jérémie Chaine, “nous avions déjà une flotte d’avions dernière génération, peu bruyants et peu consommateurs. Mais aujourd’hui, nous sommes la 1e société privée en France à posséder cet avion électrique.” Ce petit monomoteur, fin et léger, se pilote comme un biplace classique, mais à bord, on ne perçoit que le souffle du vent et celui des hélices. Basé à l’aéroport d’Annecy, son autonomie ne permet pour le moment que de survoler le lac, mais c’est déjà bien suffisant pour en prendre calmement plein la vue.
+d’infos  : http://avialpes.com – En plus des vols touristiques, Avialpes propose des formations
pilotes et mécaniciens à cette variante électrique.

Sensations aigle-douces//Morzine

En attendant le moment où des ailes vous pousseraient dans le dos, la Pointe de Nyon, à Morzine, vous invite à faire, un peu comme un rapace, l’expérience du vide. Au bout des 15 m de la nouvelle passerelle vitrée du Pas de l’Aigle, certains préfèreront peut-être ne pas regarder leurs pieds, flottant au-dessus de 350m de… rien, mais ils pourront se concentrer sur le panorama à 360° qui s’étend du Léman au Mont-Blanc. L’occasion aussi de voir en vol, hibou, buse, vautour et bien sûr, Sieur l’aigle, transfuges des Aigles du Léman et invités prestigieux de la poule savante Jacotte, dont le petit monde s’est installé sur le Plateau en contre-bas pour une série d’animations gratuites.
+d’infos : http://morzine.ski / http://lesaiglesduleman.com/le-monde-de-jacotte

Show à ski // Les Contamines-Montjoie

©Jean-Yves Raffort

Vous avez au moins votre 3e étoile et prendre de la hauteur ne vous fait pas peur ? Les deux tremplins de 15 et 30 mètres du Parc du Pontet n’attendent que vos spatules. Dans ce vaste espace de loisirs des Contamines-Montjoie, il était déjà possible de pratiquer le ski à roulettes, mais à partir de cet été, le Ski Club proposera des séances d’initiation au saut, encadrées par un entraîneur professionnel. A l’occasion des journées test les plus motivés pourront également se faire évaluer et repartir avec un trophée en fonction de la performance mesurée. Alors, chauds pour le grand saut ?
+d’infos : Tous les jeudis soirs à partir du 8 juillet 2021
Inscriptions à l’OT des Contamines-Montjoie : 04 50 47 01 58

Yodel-ay-ee-oooooooooooooooooooooooooooooo*// Valmorel

©Matthieu Dunand

Oui, c’est une tyrolienne, soit le cri de celui qui, accroché à son filin, osera s’élancer pour une glissade de 1400 mètres entre le sommet de l’Altispace et la télécabine de Pierrafort, à Valmorel – une des glissades les plus longues des Alpes. Celui-là même qui trouvera normal de laisser sa vie entre les sangles d’un baudrier harnaché à 140m au-dessus du sol, et qui verra défiler le paysage au-dessous de lui à une petite moyenne de 100 km/h, et bien celui-là aura tous les droits de hurler en suisse-allemand si ça lui chante ! Mais ce qui est sûr, c’est que moi, je ne chanterai pas.
Tyrolienne de Valmorel, accessible par le télésiège de l’Altispace ou à pied par les pistes – compter 1h/1h30 de marche.
*…et ça dure 1min4
+d’infos : http://valmorel.com

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