Escapade en Bourgogne

Escapade en Bourgogne

Beaune pioche !

Roland Chanliaud est né à Beaune, et comme tous les Beaunois, il connaît la Maison du Colombier depuis toujours. Il l’a contournée, frôlée, fréquentée, souvent il ne l’a même plus regardée et pourtant… “J’ai le sentiment que cette maison porte bonheur”. Elle fait en tous cas le sien et celui de Françoise Roux depuis 2013. Quand ils s’installent dans ce lieu emblématique du centre historique de la ville-vin, elle est professeur d’EPS et lui chef de son restaurant étoilé, à quelques centaines de mètres de là, au pied des remparts. Ils cherchent une affaire à reprendre ensemble, dans une atmosphère plus bistrot que gastro, pour “être devant le client sans prétention”. Le Colombier est alors un bar de nuit et son gérant a contacté Roland pour qu’il le conseille sur l’embauche d’un cuisinier. Au cours de la conversation, il laisse échapper qu’il aimerait, lui aussi, changer de vie. “Trois jours plus tard, on est tombé d’accord !” se rappelle Roland. “J’avais envie d’une petite structure, et quand on rentre ici, qu’on voit cet ensemble de petits caveaux, c’est minuscule, intime.

PIERRE À PIERRE

Avec la cuisine de Roland, qui a troqué sa brigade contre une plaque électrique de ménagère, l’accueil de Françoise, menant de front ses deux activités, et leur impressionnant catalogue de vins -plus de 1200 références aujourd’hui !- l’affaire démarre très fort. Ils envisagent donc rapidement d’aménager le reste du bâtiment pour accueillir leur clientèle cosmopolite. “Les derniers travaux remontaient aux années 50-60, il y avait des tout petits appartements insalubres, d’un autre temps, avec les sanitaires sur le palier, pas d’eau chaude… Au départ, on se dit : «c’est pas grand-chose, on casse ici, on aménage un bout de couloir là», mais c’était complètement pourri, on voyait à travers les cloisons… Tout a donc été descendu, il ne restait que les porteurs, c’était impressionnant ! Il fallait en passer par là, si on voulait ne serait-ce qu’avoir des planchers droits.” D’après les archives, la maison daterait de 1574. L’échauguette, petit guérite d’angle au toit rond qui surplombe la place à hauteur du 1er étage, star des photos-souvenirs des touristes de passage, est inscrite aux monuments historiques depuis 1927. La façade et la toiture, elles, le sont depuis 1943. Autant dire qu’il n’est pas question de modifier les ouvertures pour profiter d’une vue plus large sur la Basilique qui trône pile en face. Les architectes des Bâtiments de France acceptent cependant que le sapin des fenêtres soit remplacé par du chêne. A l’intérieur, les petites pièces sont regroupées en cinq chambres dont quatre sont distribuées par le majestueux colimaçon en pierres, dans la tourelle octogonale. C’est d’elle que viendrait le nom de colombier. Plus précisément de la petite ouverture en son sommet, d’où l’on pouvait apercevoir des allées et venues d’oiseaux*.

PAR LE MENU

Le meilleur moment, c’est quand on commence à attaquer concrètement la déco, qu’il faut se décider et choisir”, sourit Roland. Chineur dans l’âme, au temps de sa jeunesse parisienne, il a collectionné les cartes et menus de restaurants, qu’il a mis sous verre et exposés dans l’un des salons de l’établissement. Dans les chambres, beaucoup d’objets viennent d’ailleurs de l’intérieur personnel du couple : “ils ont déjà voyagé toute leur vie, c’est juste une étape de plus.” Mais en dehors de ces quelques touches hors du temps, les murs en pierre de taille sont plutôt associés à un ensemble très contemporain, en déclinaison de noir et blanc. Arabesques, rayures, effet velours… “On a opté pour des choses qu’on n’aurait pas forcément faites chez nous, qui seraient peut-être un peu chargées au quotidien, mais qui sont très sympas pour un court séjour, qui donnent de la personnalité, du caractère. Ce qu’on voulait avant tout, c’est que les gens se sentent comme chez eux, qu’ils soient autonomes, un peu comme des amis qu’on installerait dans une chambre au fond du jardin et à qui on dirait : «sentez-vous libres de faire ce que vous voulez». Au bout d’un an et demi de travaux, le Colombier est retapé, prêt à être habité. “On a mis une première chambre en ligne sur une plateforme, pour faire un essai, et le soir même, on avait une réservation.
Si on regarde bien, sous l’échauguette, on peut voir une inscription : à la Révolution, la rue Edouard Fraysse, qui borde la Maison du Colombier, avait en effet été baptisée rue Diogène. Cinq siècles avant J-C, ce philosophe grec sans ressources vivait dans un tonneau. Il y aurait découvert la «vie simple», satisfaction directe de nos besoins élémentaires : manger, boire, dormir. Casser une croûte, déguster les plus beaux flacons de la région et s’endormir comme chez des copains, à quelques nuances près, on est donc ici fidèle à son esprit… A la Beaune heure !

+ d’infos : http://maisonducolombier.com

Photos : Flore Deronzier

*«Beaune : la Maison du Colombier» – Le Bien Public – 27/07/201

escapade dans la Drôme

escapade dans la Drôme

La prise de la Bastide

Qu’il est loin le temps jadis où le Marquis de Condorcet faisait la révolution des lumières, ici, à Condorcet. Philosophe du 18e, il n’est sûrement pas étranger aux lettres de noblesse accrochées aux murs de la Bastide du vieux chêne… Et quelle littérature !

C, M, J ou N, à chaque chambre sa lettre et sa petite histoire. Cyan, Magenta, Jaune ou Noire, les pièces vitaminent le sujet, même les cigales se mettent à swinguer ! Et dans cette vieille bâtisse de la Drôme provençale, force est de constater que l’agitation ne manque pas. Delphine, la propriétaire, nous embarque dans sa farandole un peu folle : “C’est le chantier ! On fait tous les chemins d’accès, c’est gigantesque ! Ce matin, ils ont passé tout le tour de la piscine au Karcher, ça représente 100m2 quand même !!
Et oui, depuis qu’ils ont envahi les murs de la ferme avec Philippe en 2008, ils n’arrêtent plus. La jeune femme est enfant du pays, son mari plutôt belge expatrié. A eux deux, attention les yeux ! Une belle famille recomposée, une vie pro qui baigne jusque dans les rouages de leur imprimerie, quand 2014 gronde sur leur paradis : c’est la douche froide ! “Tout s’est écroulé… Un vol plané intersidéral. On a déposé le bilan et on s’est retrouvé sans travail, dans notre immense propriété, avec 4 enfants déjà grands et un tout dernier à naître…” C’était la révolution… Et la reconversion !!!!

JETÉ DE DÉS !

Parce qu’à cette époque, il n’y a pas plus de maison d’hôtes que de boulot. Le couple très très hyperactif, perfectionniste, un peu bringueur (beaucoup même) se retrouve du jour au lendemain, les mains dans les poches à écouter le silence. Ça va bien 5 minutes, la plaisanterie ! Ils commencent par louer la bastide une semaine l’été, puis une chambre, mais ça ne prend pas. “Un jour, Philippe entend parler d’un site de location, mais c’était tout en anglais !! Et j’ai oublié de valider. Alors forcément que ça n’allait rien donné… Quand on nous a appelés en décembre 2014 pour finaliser le dossier en attente, comme par magie, on s’est mis à louer comme des fous !” Mais Delphine insiste, c’est le fruit du hasard. Les maisons d’hôtes, ils ne connaissaient pas. Leur truc, c’était l’hôtel et puis “on n’était pas passionnés, on ne l’a pas fait exprès, mon mari est plutôt réservé et pas hyper avenant, aller au devant des gens, c’était bizarre !!! Moi, j’étais enceinte, j’avais peur de mon ombre et perdu confiance. On n’y connaissait rien, on a mis le doigt dedans, tout à l’impro !

BIEN ARMÉS !

Mais la chance du débutant leur file un coup de main, leurs proches aussi. “On avait l’air de deux chiens battus et quand on menait les travaux, aïe aïe aïe !!! Alors ce sont eux qui ont fait notre thérapie. On leur parlait, on écoutait leurs histoires, on a appris beaucoup. Parce que si les choses ont évolué, au départ, on était vraiment nuls !!! La première fois que j’ai dit à mes copines que Philippe carrelait, elles se sont marrées, il ne savait pas planter un clou. Mais accompagné de notre voisin Mac Gyver, aujourd’hui placo et carrelage n’ont plus aucun secret !” Pourtant, vous l’avez achetée cette maison, Delphine ? Quand on est nul, comme vous dites, ce n’est pas culotté ?

LET THE SUNSHINE IN

Evidemment ! Avec ses 500m2 habitables, sa cour intérieure, un hectare de terrain et deux bâtiments de ferme indépendants à raccorder, il y avait un taff de malade à l’arrivée ! Même pas peur ! “On était complètement inconscients, et la plupart des gens auraient dit « ça craint ! » Mais nous, pas du tout ! C’était top, on allait faire des bringues de dingue, jamais on a pensé au compliqué”. Ils cassent toutes les cloisons et font de gros volumes, gardent les murs en pierre, l’ossature du parquet centenaire aujourd’hui recouvert et une vieille terre cuite «ringarde» dans la galerie qui dessert les chambres, précise Delphine. Pour le reste, en avant masse, marteau-piqueur et tutti quanti, le bazar, c’est pas un souci ! Les espaces sont ouverts, des dalles de verres et verrières installées partout et hop, la lumière… De la couleur à foison, bleu clair puissant, fuschia vif ou touche de citron, la bastide se réchauffe comme un soleil. Les extérieurs sont aplatis et remis à niveau pour faciliter les accès, ils veulent de l’unité, de la proximité, et pour cause : “On a une grande famille, c’est la maison de la convivialité, et quand ils sont tous là, ça se compte par centaine, ça fait du monde !” Parce que si Delphine, derrière son langage brut de pomme et son air éparpillé, est une tornade, sensibilité et humanité respirent à grandes bouffées, et qu’est-ce qu’elle pétille !!

PEACE AND LOVE

Et la maison est comme elle, lui et surtout eux, multi-facettes. Du chic épuré au psyché délice, les styles se mélangent et s’arrangent, totalement décomplexés. Parce que pour le couple, priorité rime avec bien d’être. « Libre comme l’art », «viens on s’aime, genre toute la vie », palabres en cascade et petits mots gentils sont même tatoués aux murs, pour nous faire la lecture. D’un barock’n’roll à un vieux tronc d’arbre déco, de bouées flash suspendues en flacons vintage menus, l’ambiance n’a de reflet que leur personnalité explosive et pleine de surprises. Grandes tablées et plaid de laine crocheté, cage à oiseaux, plumes à froufrou ou coussins tous doux, terrasse rétro, ciment en carreaux, bouquins mélo et rires à gogo, ici, on marche pieds nus et on sifflote, musique aux éclats, sans tralalas.
Assis à l’ombre d’un vieux chêne, on prend le temps de rêvasser, au pied de la lettre et sans arrêt, on sirote une vie reconvertie, réussie, mais surtout pas finie, c’est leur révolution à eux et ça ne fait aucun doute, ça rend heureux !!

+ d’infos : http://bastide-vieux-chene.com

Photos : Christophe Abbes

escapade dans le Gard

escapade dans le Gard

Egards et garrigues

Là où la rivière Céze slalome entre collines, villages et paysages en pleine liesse, La Maison Papillons – avec chef et café d’hôtes s’il vous plaît – diffuse en continu sa dolce vita.

Quand la plupart des visiteurs ne voient qu’une ruine, Caroline et Olivier Girault de Burlet sont, quant à eux, en proie à une rare émotion. Face à certaines de ces maisons qui ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes, le couple ressent déjà comment la lumière pénétrera dans les bâtisses, les espaces qui ne demandent qu’à être révélés et surtout la vie qu’ils pourront leur réinsuffler. Ce qu’ils ont fait à cinq reprises jusqu’à La Maison Papillons : 5 chambres d’hôtes et un gîte en duplex, à l’esprit bohème où l’on respire. Petit retour en arrière pour comprendre comment cette Parisienne d’adoption et ce Rémois ont atterri dans un petit village médiéval du Gard, aux frontières de l’Ardèche méridionale.

DU SOLEIL D’ARABIE SAOUDITE À CELUI DU GARD

Un père belge, une mère anglaise, Caroline naît à Londres et grandit en Arabie Saoudite. “C’était l’aventure, à l’époque !” A son arrivée en France, elle a 8 ans, ne parle pas français et ne peut plus se balader pieds nus au grand air, comme avant. Changement d’ambiance pour le moins compliqué pour toute la famille, qui quitte Paris pour l’Eure-et-Loir. Là non plus, la greffe ne prendra pas. Le temps passe. Etudes en tourisme à Paris, expérience pro palpitante à New York, job et salaires confortables dès son retour à la capitale. Pourtant, quand un médecin du travail demande à la jeune embauchée si elle est heureuse, c’est le déclic. Le jour même, elle donne sa démission et sa dédite. “J’avais l’impression d’avoir enfilé les chaussures de quelqu’un d’autre…
Cap au sud, près de la Camargue, où ses parents vivent désormais. Là-bas, Caroline se sent enfin chez elle. “Cette lumière incroyable, c’est ce qui me manquait”. Elle crée son entreprise, en spécialiste de la relocalisation de salariés à l’étranger. Apprivoise le pays un poil macho, monte à cheval en cavalière habile qu’elle est déjà, bien décidée à vivre librement, au gré du vent. Et ce que le vent ne tarde pas à lui apporter, c’est Olivier. Un illustrateur que Paris s’arrache. Un sportif épris de nature qui revit quand il écume, à vélo, les paysages du piémont cévenol. Ces mêmes paysages qui imprègnent ses toiles aujourd’hui. Lui aussi a fui la capitale. Rapidement, ces deux âmes fonceuses s’unissent. Et acquièrent leur première ruine avec le dernier cachet d’Olivier, trop attaché au papier pour négocier de bon cœur le virage numérique que prend son métier.

GARD ET PAIX

La Maison Papillons, dénichée dans l’un des Plus Beaux Villages de France, au nom farceur, Montclus, est donc leur cinquième rénovation, un peu plus au nord des Cévennes, cette fois. On remonte une nouvelle fois les manches et c’est parti ! “Ce n’est pas une volonté à tout prix de rénover des ruines, mais impossible pour nous d’acheter une maison toute faite. L’idée, c’est de les emmener au meilleur de leur potentiel, entreprise exaltante bien qu’épuisante”. D’autant que le duo est attaché à respecter les codes architecturaux du pays et l’écologie, et entendent remettre sur pied des maisons naturelles, saines à vivre : sols et murs en pierre, ou chaulés, poêles à granulés. Mais avec de généreuses ouvertures, pour croquer cette lumière qui les a réunis dans ce morceau de France.

PARTIR DE QUASI RIEN ET FINIR DANS PARIS MATCH

La Maison Papillons était une ancienne ferme, à l’abandon depuis un siècle. Façades écroulées, toit envolé. Dans la remise, en meilleur état, des engins agricoles antiques pioncent sec. Pourquoi diable achètent-ils ça ? Autour d’eux, c’est la sidération. Quatre saisons plus tard, le succès quasi instantané de leur maison d’hôtes laisse les voisins « espantés ». Leur petit Eden est peuplé d’oliviers, cyprès et poules en liberté. Ici on découvre que la Drôme n’a pas le monopole de la lavande. Les proprios ont su préserver l’ambiance sauvage des lieux, sans son versant brouillon. Simplicité étudiée, pour un vol surclassé grâce aux objets chinés, aux meubles fabriqués par Olivier avec le bois récupéré sur place. Les matières nobles – lin, laine et belles étoffes – font le reste. “On arrive là pas très riches et 7 ans plus tard, on se retrouve dans Paris Match !”, sourient les intéressés.

DOLCE VITA À LA GARDOISE

A la formule jolies chambres + chouettes petit déj + verdure à piscine, Caroline et Olivier ont ajouté l’an dernier une nouvelle variable : un café d’hôtes, planté dans la grande cour : arabica choisi, glaces, vins et produits du coin, buffets méditerranéens l’été, avec personnel ad hoc. “On désire utiliser les forces de cette région extra, mais isolée, il faut le reconnaître”. Comptez aussi sur Olivier pour son enthousiasme communicatif qui connaît le pays comme sa poche pour cibler la bonne section de rivière où faire trempette, le village qu’on aurait loupé sans lui, voire pour vous emmener en balade à deux-roues, l’artiste peintre ayant longtemps été guide pro à vélo. “La rénovation peut être un couperet pour pas mal de couples”, poursuit Olivier. “Pour nous, c’est tout l’inverse !

+ d’infos : http://lamaisonpapillons.fr

Escapade dans le Rhône

Escapade dans le Rhône

Appât de loup

Quand Madame Loup rencontre Monsieur Litt, qu’est-ce qu’ils se racontent ? L’histoire d’une maison d’hôtes, joliment plantée au milieu des vignes, en plein cœur du Beaujolais. Son nom ? Le Lit du Loup, c’est évident !

A une vingtaine de kilomètres au sud de Mâcon, Corcelles-en-Beaujolais a les atours et les atouts d’un beau terroir viticole. A 500 mètres de son château du XIVe siècle, la maison construite en 1850 pour le vigneron du domaine est aujourd’hui celle d’Annick Loup et de François Litt.

DÉVIER DES VIGNES

Avant de s’installer ici, Annick a vu du pays. Cette native de Thoissey, à une dizaine de kilomètres de Corcelles-en-Beaujolais, quitte, à 24 ans, famille et amis pour suivre son mari. Direction la Belgique, Liège précisément, où la jeune Française devient rapidement directrice d’une boutique de vêtements et accessoires haut de gamme. Egalement maman de deux enfants, Annick ne compte pas ses heures, s’implique jusqu’à n’en plus pouvoir. “En participant au développement de cette boutique, j’ai vécu une très belle aventure. Mais j’ai toujours beaucoup trop travaillé. A l’âge de 52 ans, j’ai eu envie de changement. Mes enfants étaient déjà grands, et mes parents toujours à Thoissey avaient besoin de moi. Mon nouveau compagnon saturait aussi de la ville et pouvait trouver dans le Beaujolais de nouveaux débouchés pour exercer sa profession de kiné. A l’époque, pour moi qui voyageais tout le temps, c’était un rêve de travailler chez soi ! Avoir une maison d’hôtes, c’était une façon d’arrêter de travailler tout en gardant du contact humain.

UN NOUVEAU REPAIRE

Annick et François visitent plusieurs maisons dans le Beaujolais et tombent sous le charme de l’ancienne demeure de vigneron. Située sur un terrain de 2 000 m2 en bordure de la route principale du secteur, elle a toujours attiré Annick, qui passe régulièrement devant depuis qu’elle est enfant. “Une dizaine d’années auparavant, j’avais déjà constaté qu’elle avait été toute refaite. Alors quand j’ai vu qu’elle était en vente, j’ai eu naturellement envie de la visiter. Tout le gros œuvre avait déjà été effectué et la rénovation avait été faite en conservant d’anciens beaux matériaux, comme le parquet marqueté. L’esprit de la maison était préservé et elle était viable rapidement. C’était exactement ce qu’il nous fallait”.
Fin mars 2014, le couple s’installe et réalise quelques travaux de peinture et d’aménagement. D’une surface de près de 200 m2, la bâtisse est distribuée sur trois niveaux. Les salon, salle à manger, cuisine, buanderie et salle de détente des propriétaires sont situés au rez-de-chaussée. Et leur espace nuit… au dernier !

DÉCOR’ARTION

Les hôtes sont donc logés au cœur de la demeure, entre les deux étages réservés aux propriétaires. Entièrement consacré à l’activité de maison d’hôtes, le premier comprend une suite familiale avec deux chambres, une grande salle de bains, et sur le même palier une chambre double avec sa salle de bains privative. Là, comme dans toute la maison, Annick a laissé s’exprimer sa passion du design et de la décoration. “Les meubles que nous avons ramenés de Belgique se marient très bien avec les boiseries sablées. Comme il y a 3,50 mètres de hauteur sous plafond, j’en ai profité pour mettre des grands luminaires, de belles pièces italiennes ; et j’ai fait faire des tentures sur mesure. J’ai commencé à décorer la maison avec 24 photos de Serge Anton, un photographe bruxellois. On exposait ses œuvres dans la boutique de Liège et je suis tombée amoureuse des regards qu’il avait photographiés. Nous avons aussi des créations d’Ottmar Hörl, un sculpteur allemand qui a voulu rendre l’art accessible à tous avec ses œuvres en plastique recyclé. J’aime avoir une empreinte contemporaine dans un espace qui a gardé l’âme de l’ancien.” Une alliance réussie qui contribue à faire du «Lit du Loup» un bien joli repaire !

+ d’infos : http://lelitduloup.com

Photos : Baudouin Litt

Escapade en savoie

Escapade en savoie

Chambres hautes

Entre montagne et campagne, la famille Hirst a posé ses envies et ses outils ! Adrian, Karine, leurs enfants Noa et Mae, le chien Joshi, le chat Harry, les poules, les canards et les oies, composent la tribu qui (re)donne vie à une ancienne ferme baujue.

A cheval sur les deux Savoie, le Massif des Bauges se décline en une verte palette de sommets, de forêts et de prés. A une trentaine de kilomètres de Chambéry, Aix-les-Bains et Annecy, Aillon-le-Vieux en est l’un des paisibles hameaux.

LOVE BOAT

Avant d’atterrir là, les quasi cinquantenaires ont parcouru la terre. Native du Berry, Karine réalise tôt ses rêves de voyage en travaillant dans les domaines de l’aviation et de la navigation. En 2003, sur un yacht privé, la jeune femme croise la route d’un autre employé… Britannique, Adrian a aussi un parcours atypique. A l’origine dans l’enseignement, il a fait le choix de larguer les amarres, flottant sur les mers du globe au gré de ses jobs. Les deux se ressemblent par leur esprit plutôt aventurier et leur envie d’aller jusqu’au bout de leurs désirs.
Etoffée par l’arrivée de Noa et Mae, la famille s’ancre en région genevoise, où Adrian reprend une fonction d’enseignant. Après quelques années en milieu urbain, le duo aspire à une vie plus proche de la nature et veut voir grandir les enfants dans la verdure.

VERS LE VERT

En 2015, Karine et Adrian se mettent donc en quête d’une nouvelle habitation. “On n’avait pas défini de lieu précis. On souhaitait juste être à une heure maximum de Genève, pour faciliter les déplacements d’Adrian jusqu’à son lieu de travail. Au départ, on voulait une petite surface, mais on a finalement eu un coup de cœur pour cette ferme typique de 450 m2, sur 1,6 hectare de terrain. On ne connaissait pas du tout les Bauges et on est tombés amoureux de l’endroit en même temps qu’on achetait la maison !”. L’idée d’y créer des chambres d’hôtes s’impose immédiatement. “Je venais de démissionner de mon travail dans l’aviation privée et je voulais me reconvertir. Grâce à nos anciennes professions, on avait tous les deux l’expérience du service haut de gamme qui collait bien à ce projet. Et puis la ferme a abrité pendant des années un Café Concert. C’est une maison qui a besoin de vivre, de recevoir du monde. On ne se serait pas vus rester juste tous les quatre dedans”.

FERME À OUVRIR

La famille pose ses bagages dans les Bauges en mai 2016 et se met à l’ouvrage. La maison de trois étages est saine, mais vieillotte et mal conçue. Il faut passer par l’extérieur pour aller d’une pièce à l’autre, ouvrir une trappe et utiliser une échelle pour changer de niveau. Bref, il faut tout refaire ! Sans se décourager devant l’ampleur des travaux à réaliser (et face à un certain scepticisme de leurs proches !), Karine et Adrian commencent par la partie logement, avant de se consacrer à l’aménagement du côté chambre d’hôtes. “Il a fallu enlever tout ce qu’il y avait à l’intérieur de la maison, casser des murs, fermer des ouvertures et en créer d’autres, refaire les fenêtres, l’escalier extérieur, les terrasses, la plomberie, l’électricité, tout repeindre. Depuis le début, je savais exactement ce que je voulais faire, mais on a dû aussi s’adapter. On voulait par exemple intégrer plus d’écologie, mais cela n’a pas été possible pour des raisons budgétaires et parce que la bâtisse ne s’y prêtait pas.

FAIT(E) MAISON

Après plus de deux ans et demi de labeur acharné, les propriétaires terminent enfin la maison d’hôtes et d’événementiel Chapamama. Au rez-de-chaussée, l’ancienne étable s’est transformée en séjour avec cheminée. Au premier étage, la lumineuse salle modulable de 50 m2 jouxte la chambre Wood de 25 m2. Au deuxième, «Forêt» et «Montagne», 18m2 chacune, se partagent l’espace sous les toits.
Attenant au séjour, avec une entrée indépendante, le duplex de 33 m2 se compose d’une chambre, d’un salon avec mezzanine et d’une salle de bain. Illuminée et actualisée, la maison a gardé des atouts de sa personnalité d’origine. “Nous avons fait la majorité des meubles, comme les têtes de lit en bois, avec des matériaux trouvés ici. Pour les tables rondes, on a «saucissonné» un gros tronc et ajouté des pieds. Les tables de la grande salle étaient à l’origine un escalier qu’on a transformé. Les lampes du duplex ont été réalisées avec des tuyaux de plomberie, etc… On a créé un intérieur très zen, intemporel, pour que tout le monde s’y sente bien. Tout cela s’est fait sans vraiment réfléchir. C’est la maison qui nous a portés.” Se laisser porter. Saisir les occasions. Des «marques de fabrique» de la fa- mille Hirst.
Nous avons beaucoup changé de parcours dans nos vies. Je pense qu’on n’en serait pas là si on avait tout calculé ! Il n’y a pas de coïncidence… Il faut faire attention à ce qui se passe autour de nous, saisir les opportunités et essayer. Ce n’est pas marrant sinon, ce n’est pas la peine de vivre ! Et même si on se trompe, il y a toujours une solution et on apprend. Nous on ne peut pas rester dans notre zone de confort. II faudra revenir dans cinq ans ! Il n’y a rien d’écrit pour le moment, mais il y aura quelque chose de nouveau, c’est certain…

+ d’infos : http://chapamama.fr

Photos : Karine Hirst

en station : Jérôme Obiols, photographe

en station : Jérôme Obiols, photographe

Pics & clics

Image : Grimpeur au sommet de l’Aiguillette d’Argentière la nuit avec un faisceau lumineux. En arrière plan, l’Aiguille Verte et la voie lactée. Un bouquetin curieux assiste au spectacle en silence.

Elles lui ont littéralement tapé dans l’œil, bousculé la focale et imprimé la rétine. Depuis que le photographe lyonnais Jérôme Obiols a découvert les Alpes, il convoite leurs sommets, lorgne sur leurs courbes, a des vues sur leurs aiguilles et n’attend que de les capturer, avec ou sans philtre.
Jérôme Obiols n’était pourtant pas le premier monchu venu. Depuis tout petit, il arpentait, avec parents et fratrie, les chemins du Capcir, au-dessus de son Aude natale. Il connaissait la pêche à la mouche dans les torrents, les feux de camp, le zip de la tente qui révèle le soleil et son incroyable lumière. Mais les plateaux pyrénéens ne l’avaient pas préparé au choc alpin.
En 2001, après des études d’ingénieur, il accepte un premier poste à Lyon, et c’est à l’occasion d’un week-end entre copains qu’il découvre la vallée de Chamonix. “On avait fait la route de nuit, je n’avais rien deviné du paysage, et je me revois le lendemain matin, sur la terrasse du chalet à Argentière, au pied de l’Aiguille Verte recouverte de neige, avec le glacier, tout ça… Un vrai choc ! On a fait une petite randonnée sur les Aiguilles Rouges, et ma mâchoire tombait, je ne savais plus où donner de la tête. Ça a été le déclic. J’y suis retourné dès que je pouvais ».
C’est à force de revenir qu’il découvre aussi que la montagne, ce ne sont pas que des chemins et des sentiers, mais aussi des faces, des couloirs, des cordées. “Je savais marcher, lire une carte, me repérer, mais je ne connaissais pas l’alpinisme, je n’avais aucune idée de comment on grimpe, comment on descend… Alors j’ai commencé à me documenter, à lire pour connaître les bases.
Jusqu’à s’inscrire pour un stage et, à 25 ans, faire ses premiers pas sur un glacier. “C’était la 1re fois de ma vie que je montais au-dessus de 3000 mètres, ça reste gravé. Bien sûr, on peut prendre le téléphérique pour s’immerger, voir de beaux paysages depuis l’Aiguille du Midi, mais ça n’a pas la même saveur que quand on a fait un effort pour mériter la vue, ce sont des images qui marquent.

Massif du Mont-Blanc.

EXTERIEUR, NUIT

Les images, à cette époque, ça fait déjà quelques années que Jérôme essaie de les fixer. Etudiant, il avait d’ailleurs transformé sa salle de bains en chambre noire : avec du scotch pour calfeutrer la porte, une grande planche et trois bacs sur la baignoire, il développait les clichés pris avec son premier Reflex. “Même si je me disait que ça resterait un hobby, j’ai toujours essayé de faire «comme les pros» : bien.” Mais il découvre le numérique en même temps que le piolet et pendant presque 10 ans, sa passion dévorante pour les sommets réduit son activité photographique à la simple collection de souvenirs, «un peu accessoires». Jusqu’à ce qu’il s’offre LE matos, à la naissance de son fils en 2012. Avec l’hyper-sensibilité de cette technologie de pointe, et les conseils d’Eric Courcier, un ami photographe chamoniard, il commence à voir des choses que les autres ne voient pas encore… Il voit la nuit !
Ce qui m’a plu, c’est qu’on montrait la montagne différemment, pas avec un grand ciel bleu, mais un grand ciel noir ! Je ne savais même pas que c’était possible. L’appareil, avec un objectif adapté, perçoit beaucoup plus de choses que l’œil humain.” Et c’est là que sa connaissance de la montagne s’avère précieuse. “Quand on fait de l’alpinisme, on part très tôt le matin, à la frontale, ce ciel incroyable, c’est quelque chose que j’avais déjà vu. Je savais donc où me placer, parce que la nuit, comme on ne voit strictement rien, il faut avoir tout repéré d’avance. Et ça ne sert à rien de regarder dans le viseur ! Quant à la mise au point, à l’aveugle, ce n’est pas simple…

Image de nuit du massif du Mont-Blanc avec la voie lactée au-dessus du Mont-Blanc et de la Vallée Blanche (mer de Glace).

JOURS DE NEIGE

Jérôme passe donc beaucoup de temps à dénicher des points de vue depuis lesquels capturer la voie lactée. Car elle ne se donne pas au premier venu, elle impose sa saison, ses conditions, une direction… et de la patience. “Je me souviens de sessions qui ont duré jusqu’au lever du jour. Pour la photo de la voie lactée au-dessus de la Mer de Glace, par exemple, on allait dormir au refuge du Couvercle après 4 heures de marche assez technique. On arrive, il pleut, on se dit que c’est fichu. Mais vers minuit, quand les premiers alpinistes se lèvent pour repartir, j’ouvre la fenêtre et tout s’était éclairci. La pluie avait rincé l’atmosphère, il n’y avait plus une particule en suspension. On est sorti faire des photos pendant 2 ou 3 heures, il ne faisait pas froid, alors on est resté là, et en fin de nuit, on a réussi à prendre le jour qui se lève, avec les étoiles. Quand on a le temps, on voit des choses différentes.
Mais le photographe alpiniste n’est pas qu’un animal nocturne. Et il sait aussi être extrêmement réactif, saisir l’instant. Comme pour cette photo de l’Aiguille des Deux Aigles, enveloppée de brume, prise en dix minutes depuis la vallée, après trois jours de tempête. “J’étais au bon endroit au bon moment. C’était il y a 8 ans maintenant, mais je l’aime toujours autant, elle représente la pureté de la montagne après les premières neiges, son côté inaccessible, et on dirait un peu une estampe japonaise.” Une esthétique qui lui parle. “J’aime beaucoup le travail de celui qu’on considère comme le maître incontestable de la photo de paysage en noir et blanc, l’Américain Ansel Adams, ses compositions sont absolument parfaites, hyper soignées. J’aime aussi les clichés épurés d’Emmanuel Boitier. Quand on les regarde, on pense que c’est très simple, mais on s’aperçoit vite que c’est très compliqué de faire de belles photos simples, et c’est ce que je cherche.

Arbre isolé sur une falaise entourée de nuages. Massif du Mont-Blanc.

+ d’infos : http://www.jeromeobiols.com

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