La roue tourne ! La Ford Mustang

La roue tourne ! La Ford Mustang

I’M NOT A POOR LONESOME MUSTANG

LA FORD MUSTANG EST BIEN PLUS QU’UNE VOITURE, C’EST UNE ICÔNE DE L’AMÉRIQUE DES ANNÉES 50 – CELLE DE L’ÉMANCIPATION, DE LA GÉNÉRATION JAMES DEAN – UNE FUREUR DE VIVRE QUI VA INSPIRER LA VISION DE LEE IACCOCA : UN MODÈLE FOUGUEUX QUI GALOPE DES PLAINES DU FAR WEST JUSQU’AU SUCCÈS !

Steve Mcqueen dans le film Bullitt, 1968

Avec ce Muscle Car, Ford va dépoussiérer son image de père tranquille grâce à un marketing hollywoodien…

Moteur !

En 50 ans, 500 apparitions au cinéma, rappelez-vous James Bond dans Les diamants sont éternels, Goldfinger, Trintignant dans un homme et une femme ou encore Steve McQueen et sa Fastback dans Bullitt, 60 secondes chrono, sans oublier les Drôles de dames ou même le Gendarme de Saint-Tropez. En 1967, la nouvelle star Johnny participera au rallye de Monte-Carlo au volant d’une Mustang 390 GT. Et cerise sur le carbu, le fameux préparateur Shelby fera régulièrement parler la poudre avec ses bolides blancs aux 2 bandes bleues.

Et ça marche : entre 1964 (sa création) et 1973, il se vend 3 millions de Mustangs Mk1. Le cap des 10 millions sera passé en 2018. Son style évoluera constamment, de la Mk2 en 1974 dotée d’un V6 pour cause de crise pétrolière, à la Mk3 des années 80 aux larges vitres et lignes anguleuses, suivie de la Mk4 en 1994 qui pour fêter ses 30 ans adopte un bio-design fin et élégant (qui a dit mièvre ?), et de la Mk5 qui revient à une ligne vintage en 2005, pour finir, en 2015, à une Mk6 qui voit sa face avant relookée autour de son inépuisable destrier !

Rencontre du 3e type qui en a une…

Jean-Pierre Labaune, la soixantaine sémillante, a craqué il y a 10 ans pour un coupé Mustang importé en France en 1964. Les yeux brillent toujours : “C’est l’Américaine la plus connue du grand public ! J’adore donner du plaisir à tous ceux qui se retournent dans la rue le pouce levé. D’abord, il y a la beauté de la ligne, puis le glou-glou et les feulements du V8, c’est rock’n’roll…” Président de l’Association Sportive Automobile de la Drôme (qui organise de nombreux rallyes dans la région), Jipé est intarissable : “C’est une mécanique simple, mais increvable. Le moteur ne monte pas haut dans les tours, mais il a un couple énorme : à 1000 tours, je grimpe dans les lacets en 4e ! D’ailleurs, à l’origine, c’était une boîte 3.” Le passionné énumère avec délectation les essuie-glaces à 2 vitesses, l’absence de direction assistée, les câbles des freins à tambours à l’arrière, l’entrebâilleur de vitre, l’éclairage avec tirette et une pédale en bas à gauche pour passer en phares, les suspensions à lames qui font tressauter la voiture et perdre l’adhérence… “Du pur plaisir ! Je m’assieds sur le skaï, je contemple les compteurs en miles, en PSI et en Fahrenheit, puis je descends ma vitre à la main et je lance le V8… Ça y est, je change d’univers ! J’ai un sentiment de puissance, je l’avoue !” La conso de 25 à 80 litres d’essence devient secondaire, elle fait partie du jeu. Il faut bien que les 260 canassons s’ébrouent… Comme un Mustang naseaux au vent !

 

+ d’infos : http://asadrome.com

© 2020 Ford Motor Company / ©RWH Photography

 

La roue tourne ! La Golf

La roue tourne ! La Golf

COURANT D’ERE

CETTE ANNÉE, ELLE DÉBARQUE EN GRANDES POMPES DANS SA 8E VERSION. UN PEU EMBOURGEOISÉE, UN POIL ALOURDIE, MAIS TOUJOURS AUSSI POPULAIRE, PERCHÉE SUR SES 35 MILLIONS D’EXEMPLAIRES VENDUS, LA GOLF ASSUME SES 45 ANS AVEC UN ÉCLAT INSOLENT.

« Une machine à plaisir !” Philippe Dumarest a 20 ans quand il rachète à son frère sa Golf GTI blanche, modèle 1983. 30ans après, cet Aindinois -habitant de l’Ain, gentilé officiel depuis 2018, parce qu’on n’est pas là pour vous apprendre des choses QUE sur les voitures…- a toujours le béguin pour son amour de jeunesse, son volant trois branches, ses quatre phares ronds et sa calandre cerclée de rouge. Et comme il l’a refaite, entièrement, deux fois, il la connaît sur le bout des doigts. “Même pas besoin de trafiquer le moteur, elle marche déjà tellement bien comme ça. En vérifiant simplement les niveaux d’huile et avec un entretien normal, on peut faire des milliers de kilomètres sans aucun problème mécanique. Elle ne consomme rien, elle est d’une fiabilité impressionnante ! Depuis une quinzaine d’années, les voitures ne sont plus marrantes à conduire, mais avec les vieilles, on a des sensations : on peut prendre des courbes à une vitesse pas possible, on sent quand elles vont partir en glisse, décrocher, on le sent dans le volant, dans le dos… et puis la GTI, c’est LA Golf…” En effet, avec ses trois lettres, Volkswagen a inscrit son nom au panthéon des innovations automobiles…

©Looping

VENT NOUVEAU

1974 – La Cocinelle est un succès mondial, mais elle vieillit. Le constructeur allemand veut donc lancer un nouveau modèle, tout en sachant qu’il ne lui sera pas facile de se mettre dans les roues d’une icône. Volkswagen tente donc le tout pour le tout et joue la rupture: le fameux moteur arrière refroidi à l’air? Abandonné au profit d’un moteur avant refroidi à l’eau. La propulsion? On lui préfère à présent la traction. Les courbes généreuses et les rondeurs? Dépassées, les lignes seront taillées à la serpe et les angles marqués. C’est à l’Italien Giorgietto Giugiaro qu’en est confié le dessin. Celui qui deviendra, en 1999, le «Car Designer du Siècle» œuvre alors pour Maserati, Ferrari ou Alfa Roméo, mais on le connaîtra surtout, un peu plus tard, pour la Fiat Panda, les Renault 19 et 21, et la De Lorean.
Et en ce milieu des années 70, pour Volkswagen, il a déjà imaginé la Passat et la Scirocco. A sa nouvelle création, il voudrait aussi donner le nom d’un vent -Passat veut dire Alizé en allemand -, on évoque donc «Blizzard», mais elle portera finalement celui d’un courant, le Gulf Stream, rapidement raccourci en Golf.

Toutes déclinaisons confondues, les ventes de la pimpante quadra ont détrôné sa frangine la Cox, faisant d’elle la voiture européenne la plus vendue dans le monde.

GONFLÉE, TENTANTE MAIS INATTENDUE…

Compacte, mais pas trop, polyvalente et accessible, dès son lancement, la Golf cartonne. En deux ans, elle franchit le cap du million de ventes. C’est plus qu’il n’en faut aux ingénieurs de la firme de Wolfsburg pour sortir du bois… Depuis plusieurs mois en effet, ils travaillent en cachette, et souvent sur leur temps libre, à une version plus sportive équipée d’un moteur à injection de 1600cm3 pour 110 chevaux et moins de 800 kilos.
Surpris, mais séduit par cette Golf Sport, le grand patron de l’époque, Toni Schmüker, donne son aval et lance la production de 5000 exemplaires. Pour la distinguer de la gamme existante, elle se voit baptisée «Grand Tourisme Injection» – GTI – et il s’en produira finalement plus de 2 millions. Maniable, confortable, puissante, avec son châssis surbaissé et ses pointes à 182km/h, celle que la marque qualifie carrément de «Limousine» sur ses brochures, est plébiscitée à tel point qu’elle générera, excusez du peu, une nouvelle catégorie de voitures: le segment des berlines sportives -oui, parce qu’avant, les sportives donnaient plutôt dans le coupé-. D’autres constructeurs s’engouffreront d’ailleurs dans son sillage, à l’image de Peugeot avec sa 205 GTI.
Ah… cette première génération de Golf… «Le mythe», certifie Philippe Dumarest, qui n’a jamais acheté d’autre modèle. Et les chiffres lui donnent raison : quand Volkswagen arrête la production, en 1983, pour lancer la Golf II, il s’en est vendu 6,78 millions d’unités. 7 générations plus tard, aucune version n’a encore fait mieux. Toutes déclinaisons confondues, les ventes de la pimpante quadra ont également détrôné sa frangine la Cox, faisant d’elle la voiture européenne la plus vendue dans le monde, achetée, statistiquement, toutes les 45 secondes… Il se dit d’ailleurs que la Golf serait le porte-bonheur de la firme allemande, le véhicule qui l’aurait sauvée… Effectivement, avec ces performances-là, un trèfle à quatre feuilles ou une patte de lapin n’aurait pas mieux marché.

©Volkswagen AG

 

beboobike : le vélo en bambouéthique et électrique

beboobike : le vélo en bambouéthique et électrique

Sortez du cadre !

Inventer un concept ? Tout un programme ! Avec sa compagne Virginia Hermida, Arnaud Chevalier s’est lancé, tête dans le guidon, dans la construction de vélos en bambou éthiques et électriques, un modèle unique en France. L’un à la technique, l’autre à la com’, à chacun son rayon !

Originaire de La Roche-sur-Foron, goût du risque et inventions farfelues sur le porte-bagages, Arnaud reconnaît volontiers un côté baroudeur, la trentaine intrépide, un peu Mc Gyver à toute heure. Créer un bain nordique dans une ancienne cuve à vin ? En voilà une d’idée saugrenue ! Et même si elle a déraillé, il fallait oser !

Toujours à l’affût du moindre challenge, sensibilité à fleur de peau à peine dissimulée, depuis son premier tricycle, rien ne lui fait peur.

A l’autre bout du tandem, Virginia, 36 ans, mène d’un côté, carrière professionnelle dans le marketing publicitaire et de l’autre, développement de leur petite entreprise. Cadrée et plus expansive, on tombe sans conteste sous le charme de son accent espagnol prononcé, exotisme qui nous invite déjà au voyage. Allons voir ce qu’ils ont sous la pédale !

Activmag : d’où vous vient l’idée d’un vélo éthique ?

Arnaud : C’est une longue histoire. J’ai toujours aimé faire du vélo, c’est une vraie passion. Il y a une dizaine d’années, je suis parti avec un ami, sur un coup de tête, faire Annecy Istanbul à vélo. Le vélo-voyage a une telle saveur… Mais, pendant notre périple, j’ai été effrayé de voir que certains pays européens, pourtant proches de l’Union, pouvaient encore être si peu développés et aussi rudimentaires par endroits. Passer une frontière comme celle de l’Albanie et voir tout ce décalage, c’est déroutant… En rentrant, je me suis dit qu’il y avait sûrement une manière d’apporter de l’eau au moulin des plus démunis, même à petite échelle.

Quel rapport avec votre concept ?

Je voulais trouver un moyen d’associer l’utile à l’agréable, combiner mon intérêt pour le vélo tourisme, à un geste humain et responsable. En 2009, soutenu par Virginia, je suis allé au bout de ma démarche, j’ai entamé une formation de solidarité internationale à Bioforce, une école humanitaire proche de Lyon. Une fois finie, j’ai mixé le tout ! Vélo, création, impulsion et sensibilité, je me suis longuement trituré les méninges et l’idée a germé ! J’ai commencé à faire un prototype dans mon garage, il ne restait plus qu’à trouver une ONG avec qui travailler et le tour était joué… Enfin presque !

Résultats des courses ?

Après plusieurs échecs, on a conclu un partenariat avec The Yonso Project, une ONG ghanéenne qui nous permet de faire construire les cadres de vélo en bambou. L’atelier emploie des femmes qu’il rémunère et avec les bénéfices, finance des constructions d’écoles et tout un programme d’éducation. Nous reversons, nous-mêmes, une partie à une ONG ou une association locale à but caritatif. Ça paraît fou, mais l’histoire de nos vélos est bien plus importante que le profit ! Notre priorité, c’est l’humain pas l’argent !

Pourquoi ce parti pris du vélo en bambou électrique ?

Je cherchais une idée de vélo, originale et surtout différente de ce qui existait déjà. J’ai d’abord voulu tester le cadre en bois, mais j’ai vite été confronté aux difficultés, c’est bien trop lourd ! Alors j’ai fouillé un peu et me suis arrêté sur l’idée du bambou, matériau léger et bien plus souple. Pour ce qui est de l’électrique, on a tout d’abord conçu 3 modèles sans moteur, mais la demande nous a rattrapés ! Aujourd’hui, les gens cherchent de plus en plus à remplacer la voiture par un moyen de transport pratique et écologique, et souvent sur de longues distances. Le vélo électrique est parfaitement adapté, on ne pouvait pas passer à côté.

A part le cadre fabriqué au Ghana, la conception finale vous revient ?

Je dessine, je prototype et je fais assembler en Allemagne les cadres ghanéens à des pièces haut de gamme germaniques. Avec le bambou à l’état brut, chaque modèle est forcément unique, mais nécessite pas mal de réflexion sur le design, des lignes urbaines aux plus touristiques, tout dépend de l’utilité qu’on lui donne. Mais il faut être honnête, nous n’avons pas inventé le concept de base. Nous, nous nous différencions par le côté éthique et responsable, mais surtout parce que nous sommes les seuls à proposer le modèle électrique.

Et vous Virginia, quel est votre rôle ?

Virginia : J’aime bien moins le vélo que lui, mais j’adore le tourisme et le contact humain ! Alors je lui prête main-forte dans toutes les démarches de relations publiques, de communication et m’occupe de développer l’écotourisme qui est un de nos grands projets. Je viens d’une des régions les plus pauvres d’Espagne et forcément, je suis très sensibilisée aux problèmes socio environnementaux. Mon frère, installé là-bas, s’occupe d’une guest-house qui va me permettre de mettre bientôt un pied à l’étrier. On voudrait mettre à disposition nos vélos et inviter les touristes à se déplacer le moins possible en voiture. Nous avons cette chance d’avoir un vélo équitable, nous essayons de faire passer un message à travers nos bicyclettes, à nous de convaincre.

Vous rencontrez des difficultés ?

Les vélos en bambou sont encore peu connus du grand public. Même si nous avions l’idée depuis longtemps, notre société «Beboo» est toute récente. Nous l’avons créée en octobre 2017 suite à un crowdfunding et depuis, on travaille d’arrache-pied pour se faire une place. Souvent les gens trouvent l’objet très beau, mais ont clairement des doutes sur la solidité du bambou… Alors on essaie de le faire tester au maximum ! Oui, c’est très beau, mais c’est surtout très costaud, plus flexible et moins lourd qu’un vélo traditionnel ! Au quotidien ou en voyage, c’est une affaire qui roule !

+ d’infos :
beboobike
.com
facebook.com/beboobike/

les milliancourt,garagistes de père en fils

les milliancourt,garagistes de père en fils

un créneau familial

Dans leur garage de Tournon en Savoie, les Milliancourt se consacrent sans freins à leur passion pour les belles mécaniques. Après avoir négocié quelques virages, la famille poursuit sa route dans la restauration de véhicules de prestige.

Activmag : Vous faites tourner votre garage exclusivement en famille. Qui est dans le circuit ?

Farida Milliancourt : A l’atelier, il y a Francis, mon mari, Jérôme notre fils aîné de 28 ans et David le cadet de 22 ans. Moi, je m’occupe de l’accueil et de la gestion. Quant à Francis et nos enfants, ce sont des vrais passionnés de mécanique avec chacun leur préférence pour certains types de moteurs, depuis les plus anciens et classiques jusqu’aux plus récents et technologiques.

Quels sont les premiers rouages de cette saga familiale ?

Francis s’est formé à la mécanique très jeune, dans l’optique de reprendre, à terme, le garage de sa famille en région parisienne. A l’époque, je vivais dans le nord de la France. Nous nous sommes rencontrés grâce à des amis communs à Paris. Un vrai coup de foudre à la sortie du métro ! On s’est mariés onze mois plus tard et pour diverses raisons, nous sommes partis vivre dans le Sud. Francis a d’abord été employé par une grande marque automobile française, puis dans un garage spécialisé en véhicules de prestige. Après la fermeture de l’établissement, il a rejoint un groupe de centre autos comme Chef d’atelier et ensuite directeur d’enseigne en Savoie. Mais l’atelier lui manquait…

C’est ce qui a été le moteur pour se mettre à son compte ?

Oui, Francis avait vraiment envie de faire à nouveau de la mécanique, de replonger les «mains dans le cambouis», sa passion depuis toujours ! On s’est donc posé la question de reprendre un garage, à Frontenex, en gérance. Je travaillais à cette époque dans un cabinet comptable et c’est vrai qu’il y avait un risque à quitter ce travail stable pour se lancer dans une telle aventure. Mais je pars du principe que pour réussir, il suffit de retrousser ses manches et de bosser.

Comment vos enfants sont entrés dans la course ?

Jérôme a toujours voulu faire de la mécanique. Il avait de bons résultats en classe et aurait pu faire d’autres études. Mais non, il a tenu bon et passé son CAP et son BAC Professionnel en travaillant avec nous en alternance. C’était une fierté pour lui d’être formé par Francis. A 13 ans, David venait déjà au garage le week-end pour travailler avec son papa. Nos enfants avaient tous les deux envie qu’on créée quelque chose ensemble et ils nous ont poussés dans ce sens. Nous avons donc acheté notre garage en 2009. A ce moment-là, on y faisait les réparations de véhicules standards.

Et puis vous avez pris le virage du haut de gamme ?

Oui, ça s’est fait d’une manière un peu particulière, grâce au bouche-à-oreille et à internet. On peut dire que pour nous, il y a eu un avant et un après Facebook ! Fin 2012, un ancien client de Frontenex nous a confié sa Ferrari à réparer. Nous l’avons mentionné sur la page que nous venions de créer. Il y a eu des commentaires positifs et peu à peu cela nous a positionnés sur ce secteur du prestige. Et nous avons bien sûr investi régulièrement pour acquérir du matériel spécifique, indispensable pour traiter ce type de voitures. Du coup, aujourd’hui, nous intervenons majoritairement sur des Porsche, Ferrari, Lamborghini, Maserati, Mac Laren, Nissan GT-R, Jaguar, Rolls…

C’est donc le luxe votre carburant ?

Ce n’est pas spécialement le luxe qui plaît aux garçons, mais plutôt le côté pointu des moteurs de véhicules de prestige. Pour les réparer, il faut être particulièrement méticuleux, apprendre sans cesse de nouvelles techniques, se remettre en question. C’est comme cela qu’ils vivent à fond leur passion de la mécanique.

+ d’infos :
garage-milliancourt
.fr

Photos : Nathan Excoffier

jean-françois gobertier…
carman

jean-françois gobertier… carman

les ailes (rouges) du désir

Finalement c’est quoi un conte de Fée ? Pour certaine c’est de monter avant minuit dans le carrosse du prince charmant tiré par quatre Lipizzans, alors que pour moi, c’était plutôt d’approcher un carrosse de couleur rouge doté d’un seul cheval, mais cabré, sur le capot ! Qui, mieux que Jean-Francois Gobertier pouvait réaliser ce rêve ?

Jean-François Gobertier

Originaire d’Annonay, ce très frais sexagénaire, poivre et sel façon Richard Gere, m’accueille en toute décontraction dans sa veste Made in Rock. Je ne sais pas s’il se qualifierait de Prince, en tout cas il se revendique VIP (Vrai Indéfectible Passionné) ! Nous sommes chez lui à Annecy et je suis cerné par plusieurs Ferrari, sensation agréable, mais aussi par tout ce qui se fait de mieux sur la planète en matière de voitures légendaires et de motos rares. Autour de moi, sous les capots et dans les carbus se trouvent rassemblés sûrement plus de chevaux que dans toutes les hordes réunies de Gengis-Khan, le crottin en moins !

Ferrari LaFerrari

“LaFerrari Aperta, la supercar hybride de 963 CV dont 163 électrique, se conduit comme une Clio, il faut juste faire attention à sa largeur dans la rue et quand vous passez sur les ralentisseurs…”

LA FUREUR DE VIVRE

Il revendique en souriant cet amour des carrosseries parfaites, des moteurs aux sonorités rageuses et des sensations qu’ils procurent. Et cela depuis l’enfance : “A 3 ans, je passais les voyages en auto, debout derrière le siège du conducteur à observer les cadrans et les manettes” (Je vous parle d’une époque où il n’était pas obligatoire d’attacher les enfants à l’arrière).

Et pourtant, son premier coup de foudre sera pour les motos et la sensation de liberté qui va avec. Il roule beaucoup et vite, sur des grosses cylindrées de l’époque, une 650 Norton et une Suzuki 500, dont il a racheté des exemplaires – “en meilleur état qu’à l’époque, des engins fabuleux” – car il garde une nostalgie attendrie de cette époque : “Dans les années 70, on roulait sans contraintes. Certains ne portaient pas de casque, les limitations de vitesse n’étaient pas respectées. Les gendarmes étaient plutôt compréhensifs. Une année, alors que j’étais plongeur à Sète, pour gagner de l’argent l’été, il m’arrivait le soir de regagner Annonay (à 300 km) pour jouer une partie de boules puis de retourner ensuite dans la nuit pour reprendre le boulot à 5 h du matin. Autant vous dire que ça envoyait du 190 sur les nationales !”

Avec ses potes, ils sont fans du Roi Ago, l’inégalé Giacomo Agostini qu’ils vont admirer sur les circuits motos : “On faisait la course en rentrant chez nous. Maintenant, je suis quand même plus calme…”

UNE HARLEY NOMMÉE DÉSIR

Sa première voiture est une 2 CV achetée avec 1500 francs donnés par sa grand-mère. Elle servait l’hiver ou en cas de pluie. A 30 ans, marié, il arrête la moto, mais y reviendra 15 ans plus tard. Son brillant parcours professionnel (fondateur de GDP Vendôme, actuellement dans les 150 plus grosses fortunes de France) lui permet de se faire plaisir, notamment avec les Harley-Davidson dont il est fan (il en possède 14 très belles dont sa préférée la Street Glide CVO, au glou-glou métallique si caractéristique). “Elles ont tout ce que j’aime : le look, la puissance, l’image. J’apprécie surtout les séries limitées, avec chaque année une finition et une peinture spéciale.”

Lui, qui recherche tout ce qui est mythique, vient d’acheter aux enchères, franges en cuir comprises, la Harley de Johnny Hallyday, qu’il côtoie un peu, ainsi que sa Cadillac customisée – 400 heures de travail par le célèbre Boyd Coddington – toutes les deux du même bleu favori du chanteur. Modeste : “C’était pour l’association « La Bonne Etoile » de Laeticia. Et je suis très fier de savoir que mes 550 000 vont être utilisés pour la bonne cause.”

Au printemps dernier, Jean-Francois Gobertier achetait aux enchères La Cadillac et la Harley de Johnny Hallyday au profit de l’association «La Bonne Etoile»

ON ACHÈTE BIEN LES CHEVAUX

Ce passionné ne se considère pas comme un collectionneur. Il aime les véhicules mythiques ou d’exception, et s’il se les offre, c’est pour les conduire et en profiter. Alors ? Ça fait quoi de traverser Annecy dans une Ferrari F40 ? “Je ne suis pas un frimeur, même si au tout début j’appréciais le regard des gens. Maintenant, je m’en fous… De toute façon, c’est la voiture qu’ils regardent et j’ai vraiment le sentiment de leur faire plaisir.”

Il faut dire que ces engins hors norme font partie de son quotidien : arrivé en Porsche décapotable bleue, il repartira chevauchant sa 1000 Vincent des années 50 ou son Indian Chief Deluxe : “Ça dépend de l’humeur du jour ou de la météo !”.

Sous mes yeux et à portée de main, une vingtaine de véhicules extraordinaires, dotés chacun de 600 à 900 chevaux, un peu comme si vous, Madame, vous étiez lâchée chez Chopard ou Cartier avec l’autorisation de toucher. Car Jean-François ne donne pas dans la demi-mesure : “Je prends toujours des collectors, des séries limitées, le modèle sportif ou bien des véhicules qui ont une histoire.” Il me montre un bolide au profil effilé : “Celle-ci est une Maserati, fabriquée en 50 exemplaires dont la moitié a brûlé, car les pilotes ne les ménageaient pas”. Cinq mètres plus loin un autre bijou : “The King of The road, une Mustang de 1968 modifiée par Caroll Shelby, avec un moteur V8 Cobra de 440 CV, sortie à 900 exemplaires, il en reste peut-être 30 dans le monde”.

la Mustang de 1968 modifiée par Caroll Shelby

RETOUR VERS LE FUTUR

“Devant vous un V16 de course de 1000 CV, une Bugatti Veyron de 2009, un des 4 exemplaires sortis pour le Centenaire, j’ai eu la chance d’obtenir celle couleur Bleu France.” Jean-François Gobertier annonce tout cela avec fierté, mais sans ostentation, par contre sa voix s’anime quand il raconte leur histoire : “Vous voyez cette Facel Vega, c’est dans un modèle comme celui-ci que s’est tué Albert Camus. C’était le haut de gamme français des années 50, que De Gaulle a coulé en interdisant l’importation des moteurs américains”, ou bien quand il veut souligner un détail : “Regardez ma Lamborghini Miura SV, une ligne parfaite, la plus mythique de la marque, 19 exemplaires au monde, elle m’a été cédée par les neveux du fondateur, la pureté du tableau de bord, les cadrans ronds, la perfection des coutures sur le cuir…” On sent l’admiration mêlée au plaisir de se lover – c’est le cas de le dire – dans les sièges baquets de ces bolides.

La Lamborghini Miura SV

FAST BUT NOT FURIOUS

J’aurais peur de vous lasser, Mesdames, si je passais en revue tous ces monstres de beauté que j’ai pu admirer. Un Chopper Big Bear de 3 m de long, une CR&S Duu, un OVNI-moto baraqué, de magnifiques Porsche dont la 911 Speedster Cabriolet et une 993 Biturbo S, plusieurs Ferrari, dont une 599 GTO, une 458 Spéciale Aperta toute neuve qui n’a pas encore roulé, et surtout, un modèle de la Ferrari Aperta, la supercar hybride de 963 CV dont 163 électriques. “Mais elle se conduit comme une Clio, il faut juste faire attention à sa largeur dans la rue et quand vous passez sur les ralentisseurs ; en comparaison la F40, c’est un vrai camion”.

Ensuite, je dois vous avouer que nous nous sommes offerts un truc de mecs, un petit concert symphonique de soupapes, pour savourer les aboiements chromatiques de l’Alfa Romeo 8C à moteur Ferrari, les stridulantes échappées dans les aigües de la Maserati MC12 ou les feulements rauques du V10 de ce fauve au doux nom de Porsche Carrera GT. Avec les oreilles, les cheveux et les poils des bras au garde-à-vous !

Bentley Continental & Mercedes SLS
Maserati MC12

EASY ANNECY RIDER

Discret, cet homme d’affaires anticonformiste ne se déplace ni à pieds ni à vélo, seulement en moto, auto et avion : “Liberté et indépendance”. Il reste cool en cas de bouchon s’il n’a pas de rendez-vous : “Je n’ai pas à me plaindre, je suis confortablement installé” ; au volant, il écoute du Johnny, du Creedence ou du rock des années 80 ; il ne touche jamais à la mécanique ; il espère que les moteurs thermiques seront autorisés encore 20 ans : “L’électrique me laisse sceptique, et comment vont-ils recycler les batteries ?”. Et s’il devait en garder une seule ? Longue hésitation, puis la raison l’emporte : “Ce sera une Porsche pour ses qualités, sa polyvalence et sa beauté intemporelle, car une Ferrari, ça n’est vraiment pas pratique, et même si un gros 4×4 Mercedes serait parfait, le look est bien moins fun !”

Et pour vous les amateurs de belles autos, oyez la bonne nouvelle : monsieur Gobertier a le projet d’ouvrir sur Seynod un garage où une partie de ses véhicules d’exception sera exposée, avec un espace restaurant très utile si la vue de ces machines magnifiques vous met en appétit. Ah oui, dernier détail, JF est à la recherche d’une Kawasaki 900 des années 70 à 4 cylindres et 4 pots, de celle qui a bercé sa jeunesse… au cas où vous en auriez un bel exemplaire qui dort dans votre garage…

Un message personnel pour finir : “Jean-François, si vous avez un chausse-pied (je mesure un peu plus de 2 mètres…), je serais vraiment partant pour un tour en Ferrari !”.

Ferrari 458

Photos : Jean-Sebastien Touchet I Blue1310.com

Pin It on Pinterest