tête bêche

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Cette empotée rêvait de grosses légumes et ne récoltait que des mange-tout, des fumiers par brouettes, des sous-abri à la pelle, des potes âgés fleurant bon le compost qui, une fois la tige taillée, la laissaient en plant. Tous des fervents défenseurs de la rotation des cul’tures, qu’ils disaient…

Sans parler de ces jeunes pousses, tout juste comestibles, des montées de sève encore incontrôlées, toujours partants pour la-bourer; mais pas de pot: l’arrosage automatique avait une fâcheuse tendance à se déclencher aux premiers coups de binage. Devant sa mine en décomposition, soucieux qu’elle n’en prenne ombrage, les bourgeonnants proposaient volontiers une séance de repiquage, le temps que la brindille retombante fasse le plein d’essence. Pas de mélèze! En guise de remontant, les spécimens caducs, fauchés en plein bouleau, suggéraient à la bêcheuse de pomper le tuyau. Mauvaise pioche, ils repartaient aussitôt avec un râteau. Ça ne drainait pas ! Non mais, faut pas pousser aussi !

Rien n’y faisait, elle restait le cœur en jachère. Loin de se résiner, cette écorcée vive allait montrer de quel bois elle se chauffe, n’entendant pas végéter ainsi plus longtemps.
Fini le mur des fermentations !

Chlorophylle en avait assez des broc-au-lit et des poivrons qui taquinent l’é-pinard, aux organes végétatifs… Il lui fallait de l’arty show, que ça dépote ! N’en déplaise aux coincés du bulbe.

Et pour accueillir la fine fleur, elle avait éclairci le terrain, divisé les touffes, tondu le gazon et même élagué le fruit défendu.

Et un jour, à l’aube épine, son (t)erreau s’est planté là, sans buis, cyprès d’elle… Trop chou, fort argile, un brin cultivé et l’imagination fertile, la greffe a pris sur le champ.
Avec lui, elle voulait perdre pieds, prendre racine, qu’ils sèment furieusement, et pourquoi pas, comme dans les histoires qui finissent bien, se faire engraisser !

tête bêche

ma liste

Sortir de ma tanière
Enfiler une guépière
Brailler sur Mika
Et danser d’la polka
Jouer l’effrontée
Chercher la fessée
A ta bouche me coller

T’quitter au matin
Rebrousser chemin
T’faire sortir l’arsenal
Et me faire porter pâle
S’enfuir en moto
Se foutre du rétro
De ton corps être accroc

Tirer sur la gachette
OK pour prendre perpette
J’suis mordue à nos ébats
Est-ce que ça te dira ?
J’ai bien pensé à me taire
Et même à faire machine arrière
Mais c’est la liste des choses que je veux faire avec toi

Partager mes délires
Te rendre fou de désir
T’appeler au secours
T’faire monter dans les tours
Traîner au plumard
Soudoyer le miroir
Terminer les mouchoirs

Te confier mes terreurs
Faire rougir les compteurs
Déchirer ton costard
Faire vibrer mon canard
Rendre fou le psy
Me r’sservir un whisky
Dépoiler le yéti

Tirer sur la gâchette
OK pour prendre perpette…

Je sais, bien trop excessive
A lister mes envies subversives
L’inventaire en prose des pulsions qui naissent dans tes bras

Mater mes tabous
Faire sauter mes dessous
Te traiter de salaud
Et grimper au rideau
Soupirer ton prénom
T’envoûter pour de bon
Embrocher Cupidon

Prescrire des heures câlines
T’offrir ma gueule mutine
Partir dans un fou-rire
Revenir pour le plaisir
S’dire qu’on n’est pas si vieux
Te souffler un aveu
Dans les yeux : je te veux.

 

Texte inspiré de la chanson « La Liste » de Rose

tête bêche

ça va bien se passer !

Entre tes mains, je t’observe, là… Tu vas m’effacer tout de suite ce regard sérieux, je ne suis pas la déclaration transie de ton contrôleur fi’squale, ni l’invitation si touchante rectum-versum de ton urologue, je ne suis pas non plus les vers solitaires d’un certain roi déchu, détends-toi.

Oublie quelques minutes tes soucis, tes factures, ton bilan sanguin, ton bilan comptable, ton bilan tout court, tes amours, tes emmerdes, au moins le temps que ton gilet canari ou ton foulard cramoisi fasse ses ablutions à la machine. Passe qu’il soit moche, mais là, il sent vraiment le bouc’émissaire à plein nez. Choisis le programme 3 heures, il nous faut bien ça ! Et gomme-moi cette ride ridicule, oui, la lionnaise qui sévère’tue à Manu militari Chain’er tes sourcils! Là… Savoie mieux ?

Sache que je suis un remède contre le spleen, plus goûteux que des pilules de bonheur génétiquement modifié par quelques Spang’héros, plus efficace qu’un discours de Mélenchon sous extasie, plus radical qu’un débat national orchestré par un ân’ouna débridé.

Seuls quelques redoutables effets secondaires ont été constatés. D’ici peu, ton visage va se déformer, tes yeux se plisser, une fossette se creuser, ton sourire grimacer. L’horreur, quoi… Des effets qui pourraient s’avérer contagieux, pour preuve cette photo insoutenable, en Une, 1 seule personne a résisté à la pandémie radieus’activ. Sauras-tu la retrouver en moins de 8 secondes? Top chrono!

Be happy be activ !

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j’me suis fait griller !!

Il faisait un froid de canard dans ce frigo, et je poireautais depuis des heures, redoutant qu’il ne me pose un lapin. Mais pas question de rester en carafe. C’est à moi de passer à la casserole!

Et puis, ouvrant la porte, la gueule enfarinée, il a finalement ramené sa fraise, un bouquet garni à la main.

J’étais sûre que la mayonnaise prendrait entre nous : il me dévorait des yeux. Là, en deux coups de cuillère à pot, il pouvait me saisir, me ficeler, me fourrer, m’embrocher… Sans robe des champs, je rêvais de lune de miel, qu’on aïoli, qu’il me retourne comme une crêpe, me rentre dans le lard, me braise et balance la sauce! Et ce soir-là, j’avais le cul bordé de nouilles : on était serrés comme des sardines, et beurrés comme des p’tits Lu. On allait bien se fendre la poire!

Mais soudain, j’ai senti qu’il y avait un os… et pas de celui qu’on ronge.

Il était en train de me rouler dans la farine… Allons bon… C’était qui, cette fois? Julienne? Non, partie en Macédoine! Marie? Toujours dans son bain! Madeleine? Sans doute encore à éponger ses larmes. Maïzena? Pitié, elle est gratinée celle-là. Pas cette bonne Franquette quand même ? Une escalope de bas étages, oui… Non, à voir sa bouche en cul de poule, tout mielleux devant son appareil à lui compter fleurette, ça sentait la chair fraîche… Quel fayot ce cœur d’artichaut ! Sans vouloir cracher dans la soupe à la grimace, ni casser du sucre sur son dos, la morue était plate comme une limande ! Pas de quoi prendre le melon…

Mais il a beau avoir de la bouteille, les cheveux poivre et sel et en avoir dans le citron, une fois croque love, plus rien dans la carafe, les jambes en compote, tout juste bon à sucrer les fraises.

Et voilà que cette grande asperge se prenait pour un cordon bleu! Avec ses yeux de merlan frit, il allait finir par faire chou blanc s’il ne revenait pas très vite à ses moutons… S’occuper de mes oignons en l’occurrence, avant que les carottes ne soient cuites et qu’il s’en morde les doigts.

J’aurais dû sentir qu’il allait se noyer dans un verre d’eau. Il n’était pas dans son assiette, c’est clair, et moi, à ce rythme, non plus. Il se mettait la rate au court-bouillon tout seul. Ah, ça pour pédaler dans la choucroute… J’en restais baba!

Et puis ça a tourné en eau de boudin ! Je ne suis pas une poule mouillée, et encore moins le dindon de la farce! Mais pas question de me faire pigeonner. Il commençait à me courir sur le haricot, celui-là, à me laisser mariner! La moutarde me montait sérieusement au nez.

A couteau tiré, il me l’a remué dans la plaie. Ail!!! C’est qu’il n’y allait pas avec le dos de la cuillère! Il a remis le couvert : mais à peine enfournée, il s’est écroulé… et moi je me suis viandée.

Des heures à passer sur le grill, ça sentait drôlement le roussi par ici. On y voyait comme dans une purée de pois. Pour finir, les poulets sont arrivés, ont mis les pieds dans le plat! Ils en avaient plein les basquaises.

Et là, j’en ai gros sur la patate, bonne à ramasser à la petite cuillère. Moi qui pensais me faire dorer la barbaque, je me suis fait griller, oui! Je suis marron. Et il ne m’a même pas tirée… (du feu!)

Le lendemain, bien sûr, les journaux en ont fait leurs choux gras : « Pour surprendre sa belle le soir de la St Valentin, un homme s’est mis aux fourneaux. Il n’aurait visiblement pas fait qu’arroser sa daube, le quinqua s’est assoupi, oubliant son plat sur le feu. La note va être salée… »

Quoi? C’est moi la daube?

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balance ton boss !

J’ai craqué… après des années à esquiver, à te trouver des excuses d’illusionniste, t’inventer un emploi du temps de ministre, expliquer tes absences par des déplacements bidons, tes silences par des jet lags à répétition, je t’ai lâché.

Une lampe en pleine face, elle m’a coincée au réveil, cerveau en mode veille. Elle m’a cuisinée… Sacrément bien rancardée, elle doit avoir des indics dans le milieu, c’n’est pas possible autrement. Qui sait, une taupe infiltrée ? Elle avait tout un dossier, à moins qu’elle ait bluffé. Mince… Je me suis peut-être faite avoir comme une bleue. Bref, j’ai craché le morceau : commanditaires, intermédiaires, j’ai balancé toute la filière. Tu vas prendre pour perpette !

En même temps, ça ne pouvait plus durer. Tu t’es toujours cru au dessus des lois… Tu as grugé ton monde. Dans le genre mytho : plus c’est gros…
Je t’avais prévenu qu’un jour ou l’autre, je ne pourrai plus marcher dans ta combine. Travail fictif, enveloppes sous le manteau, y’en a qui sont allés en taule pour moins que ça.

J’suis qu’une balance, je sais. Et pas bien fière. Mais comprends-moi, j’ai des gosses, j’pouvais pas plonger ! Je t’ai assez couvert !

Et puis merde… Ça commençait à me courir. Faire ta secrétaire, gérer ton courrier, honorer les commandes, payer tes factures, traiter les imports/exports, sécuriser la zone de stockage, bosser tes relations publiques… Et toi, tout ce temps-là, tu te frisais la moustache, la barbe et le poil dans la main !

Et pas un merci ! Ni un bisou, rien du tout. C’est toi qui récoltes toujours tous les honneurs… Même quand ça sent le sapin, je suis encore là à noyer le poisson alors que tu te fais épiler le maillot dans ton paradis friscal ! Tu vas voir si la neige est plus blanche à l’ombre !! Toi le boss, tu vas tomber pour association de mâles fêteurs…

Dire qu’elle avait confiance en toi, en nous. Tu vas lui briser le cœur, elle qui t’idôlatrait, qui a fait tant d’efforts ces dernières semaines pour te plaire, pour être à la hauteur de tes belles promesses. Elle grandit. Déjà 8 ans… Première désillusion. Ton conte est bon.

Et d’ici que je balance le reste de la bande : la petite souris, le marchand de sable (pour peu que ce soit de la poudre de perlimpinpin… on n’est plus à une malversation près !). Djézous, son père et le simple d’esprit ! Tu peux tous les prévenir… Ils doivent crécher au bouddha bar, dis-leur bien que la fête est finie ! On remballe les marmottes !

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une glace à la pus’tache…

J’en ai vu à la pelle se planter devant moi, me faire les yeux doux, la bouche en cœur – limite imposteurs -, tous en quête de projection… racket d’absolution, oui ! Puis soudainement filer, déserteurs laminés. Serais-je trop cash à leur tailler des costumes à la hache ? Pourtant, je ne fais que dans le sur mesure, mais sans fioriture… Sans juger, c’est juré. La vérité, en vérité, je la leur dis, la vie de ma mère – l’avis aussi – ! Mais pas celle qui fâche ? Seraient-ils trop lâches ? Un autre candidat au crash ?

J’attends le nouveau… il ne devrait plus tarder. Tiens, quand on parle du loup, on en voit… ciel ! Mais il est nu ! Et il n’a pas froid aux yeux, dirait-on. Il s’avance vers moi, roulant des mécaniques, torse bombé, ventre rentré, muscles bandés – ah… que les muscles d’ailleurs… -, sourire de winner, joystick de winter.

Il s’approche encore, distance de sécurité méprisée – Mmm… séquence de témérité maitrisée -, pas presbyte pour un sou, ni pressé pour le coup. Il fait l’indifférent, gagne du temps, joue les blasés, mais la viande est diagno’stickée braisée, et on le sait. Alors quoi ? Biaiser pour baiser ? Pas question de trafiquer les heures du compteur, juste lâcher le rétroviseur ! Sa confiance se re-beef. Barbaque is back. 

Le voilà qui reprend du poil de la bête ! Sérieusement, il aurait pu le lui laisser, son poil, lui qui en fait déjà un élevage prolifique, entièrement dé’velu à sa cause. C’est pas dieu possible, il doit y mettre tout son cœur, son corps, mais oups, visiblement plus sa tête… Eméché seulement de l’intérieur, il peut désormais craner calotte a’stickée.

Mais soudain, il fronce son unique sourcil – les deux ayant décidé de réunir leurs forces pour faire front commun -, s’approche lentement de moi, c’est l’émoi… Mais non, il ne va pas le faire ? Pas si près… Aaaah… OK, c’est de bonne guerre, en tout cas celle des boutons est déclarée. Fallait bien que ça explose un jour… C’est bien connu, le cash, ça tache (pus’tache!).

Car c’est toujours la même : il commande du vrai : « vas-y, balance ! », alors j’envoie du gros – et sans forcer le trait qui plus est -. L’image n’est pas conforme à ses rêves, Herbert… Ah, ça fache ? On veut briser la glace ? Mais je ne suis qu’un miroir, moi, et sans alouettes.

(euh, j’lui dit qu’il a un truc coincé entre les dents ?)

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