j’ai testé
le paddle-yoga

j’ai testé le paddle-yoga

ça rame pour moi !

Depuis ma dernière tentative de réconciliation avortée avec le sport, le bougre a dû me tendre une sacrée perche pour recoller les morceaux. Il m’a flanqué une pagaie dans les mains, gonflé quand même, comme si c’était à moi de ramer. Et j’ai replongé, faible que je suis.

Il faut dire qu’il a été très bon sur l’argumentaire : un cadre de folie, un soleil de bon augure – présent mais discret, et une pratique non violente. Du yoga. Ah dommage, déjà fait. Oui, mais sur un paddle! Sérieusement? Je ne peux rien lui refuser.

GET UP STAND UP !

Lève-toi et rame. Jamais au grand jamais je n’étais montée sur ce genre d’engin. Une planche, qu’elle soit de surf, de wake, de snow et encore plus de paddle n’avait auparavant tenté l’outrage d’approcher de près ou de loin un de mes pieds graciles (vous avez dit gauches?). Je mets donc ces pieds dans le plat et les choses au clair tout de suite lorsque je rencontre Benoît au NCY SUP Center à Sévrier. D’un calme olympien, le lieu et son tenancier me rassurent en un regard. L’endroit est un vrai petit coin de paradis et un hamac suspendu entre deux arbres face au lac me lance même des appels aguicheurs auxquels j’ai bien du mal à résister.

Aucune qualité requise, ça tombe bien ! Le paddle, ça coule de source. Un petit groupe au féminin, des novices comme moi et d’autres plus expérimentées, profite du calme ambiant. Charlotte Sigwalt, professeur de yoga, nous rejoint pour commencer l’échauffement les pieds sur terre. Une fois la phase préparatoire passée, le souffle ralenti et le contexte posé, toute trace de stress a déjà disparu. Il est temps de sortir le bikini et d’enfiler un gilet de sauvetage, de rigueur. Je le serre au max, la natation, non plus, ce n’est pas trop mon truc. Quoi, vous saviez?

A PADDLE LOUP

Avec la grâce d’un éléphanteau, je me hisse sur la planche qui se trouve être un peu plus large que les autres pour faciliter la pratique du yoga. Il est possible de partir à genou, je prends l’option, il va sans dire! Je pagaie d’un côté, puis de l’autre et me surprend, après quelques ajustements positionnels, à glisser assez naturellement.

Le groupe se resserre autour de Charlotte. Premières postures, ça balance tout doucement. Un léger bercement, une brise vaporeuse, je me recroqueville dans la posture de l’enfant en laissant glisser mes mains dans l’eau. Quand je relève la tête, les paddles se sont éloignés les uns des autres, la voix de Charlotte aussi.

Nous reprenons à nouveau le large. Et quel pied! Etre là, au milieu du lac, tout me semble d’une étonnante sérénité. Je n’ai même plus l’impression de fournir un effort… Aurais-je trouvé le sport idéal? Côté décontraction, objectif maximal rempli.

A nouveau quelques postures. Et autant le chien tête en bas avait tendance à me laisser complètement dubitative en salle, autant là, il prend tout son sens. C’est peut-être en regardant le monde à l’envers que les choses reprennent leur endroit, qui sait? Le groupe se déplace à nouveau pour expérimenter des positions plus profondes. Cette légère instabilité de l’eau rend la proprioception instinctive. Je me surprends à corriger seule mes attitudes pour tenir les mouvements. Dingue, je progresse, on dirait!

Un petit plongeon plus tard (là, je me la raconte : je n’ai jamais su plonger), je tente même le retour debout, qui l’eût cru? Grosse prise de confiance. Cet été, paddle yoga à la full moon, perso, je tente. Transformation en cours… Quoique paddle burger, c’est pas mal aussi? Ah j’hésiiiite…

+ d’infos : ncy-sup.com
facebook.com/ncysupcenter
yoga-montagne.
com

© Luna Vandoorne

le gyrotonic,
ou 400 nuances d’agrès

le gyrotonic, ou 400 nuances d’agrès

poulies d’or

Devant ces drôles de machines en bois, affublées de sangles, poulies, manivelles, glissières et autres accessoires divers, on se demande un peu ce qui nous attend. Avec pas moins de 400 nuances d’agrès, l’univers du gyrotonic est fascinant…

Le Gyrotonic est une gym bien-être et antistress créée par Juliu Horvath, danseur professionnel hongrois, qui cherchait à détendre et assouplir son corps malmené par l’effort. Basée sur la respiration, la méthode s’appuie sur les disciplines du yoga et du taï-chi, que l’artiste fait évoluer grâce à son expérience de la danse. Il aboutit à une pratique douce qui fait travailler l’ensemble des muscles et articulations grâce à des mouvements fluides, non traumatisants. La combinaison de mouvements circulaires multidimensionnels (Gyro) et d’un travail de renforcement et d’élongation des muscles profonds antagonistes (Tonic), grâce à un jeu de contrepoids et de résistance, permet au corps de se délier et s’affermir à la fois.

TIRE LA CHEVILLETTE, MIEUX TU TE SENTIRAS !

Le Gyrotonic se décline sous deux formes, à commencer par le Gyrokinesis. Aussi appelé «Yoga for Dancers», il est pratiqué sur tabouret, au sol sur tapis, ou debout. La méthode repose sur des mouvements doux, rythmés par la respiration. Les postures ne sont pas maintenues dans un effort tétanisant, mais s’enchaînent avec fluidité. Les muscles et articulations sont ainsi dénoués, étirés et renforcés.

La seconde, le Gyrotonic Expansion System. Réalisée sur machines, la pratique permet d’aller encore plus loin, de travailler en profondeur chaque chaîne musculaire. L’astucieux système de poids, de poulies et de sangles, entièrement réglable, offre une résistance constante pour un travail fluide et sans à-coups. Au total, pas moins de 400 exercices différents, pour un programme entièrement personnalisable.

QUE LA FORCE SOIT AVEC TOI

De la simple activité physique à la recherche de la performance, en passant par la récupération ou la rééducation, le Gyrotonic est adapté à tous et à tout âge. Ses bienfaits sont nombreux, à commencer par une amélioration de la souplesse du corps et de l’amplitude des mouvements. Un entraînement régulier permet de cultiver sa force, son équilibre, sa coordination et son endurance, mais aussi de développer sa conscience corporelle, de rectifier sa posture et de favoriser la prévention des blessures musculaires et articulaires. En complément, il stimule le système nerveux pour une action anti-stress, apportant une sensation de détente profonde et de force intérieure.

CERCLE VERTUEUX

Avant de se lancer, en cours collectifs ou individuels, une séance d’initiation est requise pour se familiariser avec la méthode. Un programme individuel et évolutif sera ensuite établi. Pendant l’effort, qui sollicite à la fois les capacités physiques et mentales, on s’écoute, on se focalise sur son corps et sa respiration, pour aboutir à une sorte de méditation en mouvements.

+ d’infos :
Gyrotonic Annecy – Welness Studio à Veyrier-du-lac
gyrotoniccotebasque.com

© Charlotte Noda / © lukesw

tout nu et tout… musclé !

tout nu et tout… musclé !

le sport plein peau !

Pour les adeptes du naturisme, la meilleure tenue de sport, c’est celle qu’on laisse au vestiaire ! En effet, quoi de plus jubilatoire que cette sensation de liberté, sans entrave vestimentaire, sans textile qui colle à la peau, qui frotte, qui pique et qui irrite ? En tenue de peau, tout devient possible, ou presque…

Pratiquer un sport nu, en voilà une idée! Si certains s’entraînent avec assiduité dans l’intimité de leur chambrée, il ne paraît pas si évident de galoper à travers champs en toute impunité. Bien que, depuis 1994, la loi ait changé (exit l’attentat à la pudeur), il n’est pas encore permis de se promener totalement nu dans la rue.

LIBRE COMME L’(H)AIR

En revanche, l’article 222-32 du Code pénal n’interdit pas la nudité dans un cadre privé ou «approprié». Autrement dit dans des lieux naturistes reconnus comme tels (plages, centres de loisirs ou sportifs). Et c’est tant mieux pour celles et ceux qui souhaitent se bouger sans entraves. A les écouter, si les bienfaits de la pratique sportive, quelle qu’elle soit, sont les mêmes que l’on exerce nu ou habillé, le sentiment de liberté lui, est largement amplifié. En outre, il s’accompagne d’une sensation unique de bien-être et de satisfaction.

DES BIENFAITS MÉCON-NUS

Véritable concept de vie qui replace l’homme dans son élément le plus naturel et rend au corps toute son importance, le sport naturiste aurait bien des vertus. Tout d’abord, l’activité est hygiénique. Fini les odeurs désagréables ou l’humidité retenue par le vêtement. La sueur s’évapore naturellement au contact de l’air. Entièrement dévêtu, le corps tire un profit maximal du soleil, favorise la synthèse de la vitamine D, qui fixe le calcium sur les os, ainsi que la production des globules rouges qui transportent l’oxygène. De plus, cela lui permet de réapprendre à thermoréguler sa température. Enfin, pour peu que l’on n’oublie pas de la protéger avec une crème solaire, la peau bénéficiera de cette mise à nu pour respirer et améliorer son élasticité. Bref, les bienfaits sont nombreux, pour peu que l’on s’affranchisse de sa pudeur.

ESSAYER LA NUDITÉ, C’EST L’ADOPTER !

Faire du sport sans ori-peaux vous tente ? Voici quelques pistes pour pratiquer en toute légalité. Si vous vous sentez sirène, appréciez la sensation de l’eau qui court le long de votre échine, à vous la plage ou la piscine. Dans la région, la plage de Thonon-les-Bains accueille les naturistes de tout poil, de mai à septembre. Puis, quand les premiers frimas se font sentir, il est possible de se mettre à l’abri dans le bassin de la piscine de Genève (dont l’entrée est réservée à l’inter-club naturiste du Léman, les mercredis soir de 18h00 à 20h00 pendant l’année scolaire suisse). Fini le désagrément du maillot mouillé ! Le seul textile autorisé est celui des rideaux qui protègent les nageurs de la vue des curieux.

Parmi les autres activités sportives qui tendent à s’étendre, la «randonnue» connaît un vrai succès. Souvent pratiquée en petits comités, elle permet de communier pleinement avec la nature. Le port du «pagne» reste conseillé pour ne pas froisser les «textiles» qui croiseraient votre chemin. Yoga-nu ou muscu-nu, qui se pratiquent en région parisienne, n’ont pas encore trouvé leur salle locale, mais ça pourrait venir…

+ d’infos :
ffn-naturisme.com

Photo : artifirsov

déshabillez-moi !

déshabillez-moi !

expert-tease contable

Difficile de parler de nudité sans donner un peu de sa personne. Mais, de la même manière que je n’entre dans l’eau de la piscine qu’orteil par orteil, et jamais comme une bombe, spontanée et délurée, j’ai préféré la méthode douce pour me désaper, cm2 par cm2 , afin de ne brusquer ni ma pudeur, ni mon corps. Effeuillage en «bon uniforme»…

Quartier de l’hôpital à Genève. Du parquet, de grands miroirs… nous sommes dans une salle de danse presque classique, à quelques détails près : les lourds rideaux de velours rouge aux fenêtres, le petit canapé, la bouteille de pétillant, ses coupes… et les chocolats. Une ambiance feutrée, boudoir, c’est l’idée, pour une mise en confiance quasi-instantanée.

En peignoirs satinés et talons aiguisés, nous sommes huit, plus ou moins à l’aise quand même, autour de la piquante Stacy Phoenix.

Sourire carmin parfaitement dessiné, assorti à la fleur qui retient ses cheveux, œil taquin et rire en cascade, si notre professeure d’effeuillage assume aujourd’hui son splendide 46, ça n’a pas toujours été le cas. “A une période où je venais de rompre avec un amoureux violent, j’ai pris 30 kg ! Forcément, j’ai déprimé, ne sachant pas quoi faire de ce nouveau corps. Mais je me le suis réapproprié en découvrant le maquillage pin-up, et dans la continuité, le burlesque. C’est vachement plus sympa que d’aller chez le psy ! Vous allez voir…”

SLOW NUDE

Après nous être, à notre tour, présentées, nous prenons place face à la glace. Première rencontre avec cet autre «nous» ultra féminisé, auquel nous ne sommes pas toutes – en tous cas pas moi – habituées.

Sur la bande originale de 50 nuances de Grey – le ton est donné -, nous mémorisons une courte chorégraphie pour apprendre à nous délester de nos gants, chaussures, bas et kimonos. Avec allure – défaire un porte-jarretelles d’une main, l’air de rien, demande une certaine dextérité, croyez-moi -, mais pas vive, l’allure. Au contraire… Car c’est le teasing qui fait toute la personnalité du burlesque.

A l’inverse du strip-tease moderne, né dans les années 70 avec l’apparition des peep-shows dans lesquels il fallait que le déshabillage soit rapide pour être rentable, l’effeuillage burlesque prend son temps. Le voyage parcouru compte plus que la destination, qui, dans le monde des pin-ups, rappelons-le, est rarement la nudité intégrale. Et même si aujourd’hui, pour ce stage en accéléré, nous l’atteignons en moins de 2h, c’est un processus beaucoup plus lent dans le cadre des cours. “On commence par des postures, la démarche, les gants… Jusque-là ça va, car personne n’est vraiment timide du poignet !” explique Stacy. “Mais les filles ne se voient en lingerie qu’au bout de plusieurs mois.”

Stacy Phoenix

TORRIDE ET SANS COMPLEXE

Et nous ? Nous y voilà. Topless. Même si je ne suis pas vraiment une pratiquante décomplexée sur la plage, il n’y a là, étonnamment, rien de gênant. Car on ne sent pas de comparaison, pas de jugement. “C’est ce qui m’a convaincue”, me raconte Delphine, ma voisine, des nippies en strass, faits maison, en guise de cache-tétons. Après un AVC, elle décide de ne plus rien se refuser, découvre le burlesque au cinéma, puis en spectacle, avant de se lancer, il y a deux ans. “Tout de suite, j’ai senti la bienveillance, le soutien des autres. Dans une autre vie, j’étais coiffeuse, et on se tirait sans cesse dans les pattes, c’était l’horreur. Là, il n’y a pas de compétition, donc pas de gêne. On arrive à faire ce qu’on veut.”

Dans la peau de Crazy Candy, son alias pin-up, elle laisse s’exprimer tout un pan de sa personnalité. “Dans la vie de tous les jours, j’ai mes complexes, je ne me sens pas dans la norme, mais sur scène, je suis bien. Que je sois nue ou pas ne fait pas une grande différence. Finalement, ce qui compte, c’est que je m’assume.”

BODY THERAPY

“C’est un peu comme un atelier thérapeutique”, complète Alexandra. Une première pour cette jeune maman qui voulait ré-apprivoiser un corps négligé depuis la naissance de ses jumelles. “Maintenant, après avoir suivi ce stage, j’ai envie de me faire à nouveau plaisir, d’être plus vigilante, de retrouver ma sensualité, mon sex-appeal, de mettre des jolis dessous…”

“Working girl, garçon manqué ou maman débordée, les femmes qui arrivent ici veulent renouer avec leur féminité” résume Stacy. “Certaines changent même de manière radicale, ce sont souvent les amis ou la famille qui viennent nous le dire par la suite. Elles révèlent leur personnalité, mettent un terme à une relation nocive ou se présente pour un nouveau job.”

La mise à nu comme affirmation de soi… En (toute) petite tenue, devant mon reflet maquillé et escarpiné, un doute m’assaille pourtant : n’ai-je pas, là, tous les aspects de la femme-objet ? Stacy, qui n’est pas du genre à se laisser faire, rectifie : “une femme-objet essaie de correspondre à ce que l’on attend d’elle, se plie à ce qu’on lui impose. Elle n’a pas toujours d’autre option d’ailleurs. Alors que nous, nous ne sommes pas là par nécessité, mais par choix. Du coup, on enlève ce qu’on veut et surtout, on s’arrête quand on veut.”

+ d’infos :
secretfolliesboudoir
.com

©the24studio / © Lucie Poirier

le reggaeton,
essaie encore !

le reggaeton, essaie encore !

t’as cadencé !

Depuis que j’ai (re)pris le sport, plus rien ne m’arrête… Mis à part peut-être quelques impondérables à commencer par mon corps qui me supplie de mettre fin à ses souffrances, une copine qui vient de se faire larguer, un restau improvisé, des soldes inopinés, bref des urgences de la vie…

C’est mieux ainsi, je ne voudrais pas devenir accro, il faut faire attention avec ces choses-là, il paraît que c’est addictif. Je vous rassure, l’overdose d’endorphine ne me guette pas encore. Loin de là.

Pour cette nouvelle tentative d’immersion dans le monde hostile et impitoyable du sport, je me suis laissé séduire, faible que je suis, par un concept dont le nom a immédiatement eu un effet tranquillisant sur moi. Vieilles réminiscences de soirées autour du feu, de vacances enfumées entre potes. Le reggaeton. Qui dit reggae dit détente, non ?

ÇA PLANE POUR MOI…

Je vous vois venir. Vous allez encore dire que j’ai cherché la facilité ? Un peu de reggae, 3 pas de danse et on termine par une infusion aux plantes… Tout ce qu’il y a de plus médicinales, bien entendu. J’avoue, moi aussi, c’est un peu comme ça que je l’avais imaginé.

Dégrisement immédiat. Clairement, ce n’est pas ce qui m’attendait. Nous sommes vendredi soir, ma semaine dans les pattes et moi rejoignons Fanny dans une petite salle fraîchement ouverte au cœur d’Argonay. Et Fanny, aussi souriante que jolie, a vraiment matière à me filer de vilains complexes.

CHA-LOUPÉ ?

La musique commence, mais bizarrement, je ne reconnais pas le reggae embué de mes fins de soirées, ni celui des festivals, à danser sous la pluie et sauter à pieds joints dans la boue. Quelle gourdasse je fais, on dirait que j’ai mésestimé le poids du suffixe «ton» (prononcer [tone] comme des tonnes-de-trucs-impossibles-à-faire) et sa valise de superlatifs tout droit venus d’Amérique Latine. Le très, le trop, le super… Je confirme : c’est TRÈS sensuel, TROP déhanché et SUPER rythmé.

Problème : ma tête est à fond, mais mon corps ne me suit pas, il semble ne pas avoir les prédispositions requises pour ce genre de mouvements. Le constat est sans appel : ne s’improvise pas Shakira qui veut ! Par contre, côté décharge de dopamine, le reggaeton a bien eu son effet dopant sur moi. Pour peu, j’en redemanderais Parce qu’au final, que l’on enchaîne (ou pas) les pas, cette musique, latine et vibrante qui tient du ragga dance-hall, a ce petit je ne sais quoi de naturellement grisant. Muy caliente, je me rêve en paréo sur une plage de Porto-Rico, la peau hâlée et le pied nu, un mojito à la main…

En plus, Fanny a la pédagogie douce et positive, de celle qui nous laisse à penser qu’on pourrait peut-être-qui-sait-finalement-sur-un-malentendu avoir un truc. Et ça c’est bon pour le moral (n’y voyez aucune référence douteuse à une quelconque compagnie -créole-, qui se serait immiscée bien malgré moi).

Je commence à me sentir bien. Phase finale du cours, déjà ? Nous passons en mode «corporel». C’est-à-dire ? Pas de panique, nous allons simplement nous laisser aller sur la musique. Fanny improvise, nous la suivons ! Pas de regard en coin, ni de stress de la choré, je tortille des épaules, balance des hanches et frétille du fessier. Et ben voilà ! C’est ça la danse au final, on lâche la part de sauvage qui est en nous. Excellent moyen de comprendre le sens de ce reggaeton panaméen… Ah, je les retrouve enfin mes plaisirs de fins de soirées…

+ d’infos :
artscenic-school
.com

© Alexander Y

Marie Martinod,
coup d’show

Marie Martinod, coup d’show

argent content

Sotchi 2014 – Pyeong Chang 2018, 2ème marche du podium du half-pipe féminin, la doudoune a changé de couleur, une paire de lunettes s’est invitée au-dessus du sourire vainqueur, mais la joie est de même teneur. Ce n’est pas l’histoire qui bégaie, c’est Marie Martinod qui lui fait un pied de nez. Double médaillée.

2 skis, 2 carrières, 2 titres olympiques… et 2 globes de cristal. Marie Martinod n’en est pas, pour autant, une fille binaire, ce serait trop simple. Des vies, elle en a bien plus que deux : championne du Monde en 2003 ; jeune retraitée du sport 4 ans plus tard, à 22 ans ; figure incontournable des nuits de la Plagne pendant 6 ans ; maman d’une petite fille avec qui elle survit à un grave accident… En 2013, elle fait un come-back retentissant, et enchaîne les médailles, surtout d’argent. A 33 ans, elle dit qu’elle raccroche… enfin, pour l’instant.

Activmag : Cette 2ème médaille olympique a-t-elle la même saveur que la 1ère ?

Marie Martinod : Non. Là, j’étais attendue, j’ai donc fait un gros boulot pour que ça ne vienne pas pourrir mes ambitions et mon ski. Et c’est parce que j’ai réussi comme ça, sous la pression, qu’elle a une saveur différente. C’est l’aspect mental dont je suis le plus fière.

Il paraît en plus que tu étais blessée ?

Je me suis fracturé le coccyx à l’entraînement, juste avant de partir. Je savais qu’il ne fallait pas que je tombe sur les fesses, mais j’ai essayé de faire comme si ça n’existait pas, pour que ce ne soit pas une épée de Damoclès au-dessus de ma tête.

Mais il vient d’où ce mental de warrior ?

De warrior, je ne sais pas, mais quand j’ai repris le ski, il y a 5-6 ans, j’ai rapidement compris mes faiblesses, notamment ma forme physique et mon manque d’acrobaties, mais aussi mes forces, et j’ai donc bossé dessus.

Et tes forces, quelles sont-elles ?

Le mental, l’expérience et le fait que j’ai un ski propre, que mes figures soient toujours abouties. Je ne fais pas juste un truc que les autres ne savent pas faire, je veux que ce soit joli.

Il y a vraiment une différence de forme physique, par rapport aux autres filles ?

Sur le circuit de Coupe du Monde, si je n’ai pas le double de leur âge, j’ai bien 10 ans de plus. Ça veut dire que quand je me pète quelque chose, je reviens moins facilement. Ma pause de 6 ans a forcément eu des conséquences. J’ai été obligée de bosser dur pour me refaire un corps d’athlète et même si j’ai été hyper-bien coachée, je suis moins véloce, je soulève moins lourd que Tess Ledeux (championne du Monde 2017 en slopestyle) à la muscu… Mais je représente quand même cette génération de riders qui ont connu les tout débuts du freestyle : les premiers X-Games, les premières compèt’, les premières parutions dans les magazines, les premiers skis doubles spatules, donc du coup, je suis fière d’avoir réussi à aller jusqu’à ces Jeux de 2018, c’était inespéré.

Qu’est-ce qui t’a donné envie d’y retourner d’ailleurs ?

En 2012, je n’avais pas remis les pieds dans un pipe depuis 6-7 ans, je travaillais beaucoup et ça ne me manquait pas, j’étais heureuse, épanouie… J’ai su que le half-pipe devenait discipline olympique à Sotchi, alors j’ai eu envie d’y aller, pas forcément aux JO, mais juste retourner dans le pipe, parce que j’avais presque oublié ce que ça faisait. Comme j’ai passé une super journée, j’ai demandé à mon conjoint, avec qui je tenais un commerce, si ça le dérangeait que j’aille faire une compétition à Tignes, juste pour voir. Je n’avais rien à gagner, rien à perdre non plus… Je suis montée et je l’ai remportée. C’était une petite compèt’ européenne, pas une coupe du Monde, pas de quoi s’emballer, je n’étais pas redevenue celle que j’étais, mais ça a fait marrer plein de gens, qui m’ont dit “vas-y, y’a de la place”.

L’année d’après, j’étais de retour sur le circuit de la Coupe du Monde et je gagnais les X-Games… Il y avait aussi eu cet accident de voiture super grave, quelques années plus tôt, où on a failli mourir toutes les deux avec ma fille Melirose. Sur le coup, tu ne te rends pas compte, mais après, je me suis dit que je ne voulais plus jamais rater une occasion de faire quelque chose, risquer de m’encroûter dans un quotidien…

Quand on parle de toi, on parle de ton parcours atypique, de ton côté rock ou maman, est-ce que tu te reconnais dans ces cases ou est-ce que ça te gonfle ?

Suivant mon humeur du jour, la personne que je rencontre et comment elle reçoit ce que je dis, on va me coller l’étiquette de la maman, de la rockeuse, de la tatouée, de la fille qui a plein de vies dans une vie… Ça me fait marrer… L’important c’est que je sache qui je suis, moi. Et puis, j’en joue aussi, parce qu’on fait un sport d’image, où il ne suffit pas de décrocher des médailles. Il faut aussi avoir des choses à raconter, à vendre… Finalement, c’est du marketing tout ça. Et puis, il vaut mieux être plein de gens à la fois que de n’être personne, être insipide, non ?

LE DÉCÈS DE DAVID POISSON EN NOVEMBRE M’A FUSILLÉE, J’AI PASSÉ 2 SEMAINES À ME DEMANDER CE QUE JE FOUTAIS LÀ… JE SUIS CONTENTE DE POUVOIR ME RETIRER AVEC LES HONNEURS.

Avec cette médaille, tu t’offres un départ en fanfare, mais tu n’as pas peur de regretter ?

Franchement, j’essaie de ne pas oublier les périodes plus compliquées. Quand je passe 3 mois sans skier, au moment où je me rebalance dedans, c’est de plus en plus difficile. Je n’ai pas honte de l’avouer, il y a une espèce de peur qui s’installe. Et je commence à être touchée par des événements qui ne me sont pas personnels : le décès de David Poisson en novembre m’a fusillée, j’ai passé deux semaines à me demander ce que je foutais à aller m’entraîner, à faire du ski, alors que je risquais tous les jours de laisser ma fille orpheline. Je suis donc très contente d’arrêter là, de pouvoir me retirer avec les honneurs. C’est sans regret. Et il y aura une suite ! Je ne pense pas quitter le monde du sport, j’ai encore plein de choses à faire, notamment dans l’événementiel, et ça, c’est super enthousiasmant ! Du 16 au 18 novembre prochain, je serai d’ailleurs marraine du White Festival, le plus grand Show de ski & snowboard Freestyle indoor, et ce sera ici, à Albertville.

Photos : Tristan Shu

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