En visite à Lyon, aux monts d’or

En visite à Lyon, aux monts d’or

COMME DANS UN AVION

Attention : belle baraque ! Dedans, 250m2. Devant, piscine et panorama à perte de vue sur Lyon. Derrière, de la verdure et quelques rares voisins. Tout autour, un max de tranquillité et de douceur de vivre.

Extérieur jour. Lyon. 2006. Un jeune couple sans enfant cherche un appartement en centre-ville lyonnais. Avec terrasse, svp. Cherche encore et encore. Et ne trouve pas. Pas de bol ? Au contraire. Ce qu’il trouve est beaucoup mieux. L’histoire de l’acquisition de cette incroyable maison donnerait presque raison au dicton «C’est quand on ne cherche pas qu’on trouve». En l’occurrence, sur la piste d’un appartement urbain, notre couple fraîchement formé tombe finalement, devant l’insistance de leur agent immobilier, sur une maison mal en point, mais pleine de potentiel : 250m2 posés sur un terrain de 1000 m2 , avec horizon illimité. Une lumière de dingue, le soleil faisant tout le tour de la maison dans sa course quotidienne. Couchers de soleil somptueux inclus.


Les autres candidats ont vite déguerpi, refroidis par le décati des lieux. Eux ne retiennent que le site incroyablement vert, en surplomb de Lyon, et la vue grand angle sur l’agglomération qui fait dire aux copains de passage “On se croirait dans un avion !”. “Je dois rendre hommage à mon mari sur ce coup-là. Lui qui ne connaissait ni Lyon ni ses environs, il a su se projeter”. L’homme a hésité plus jeune à devenir architecte, mais devant la pépite, il fonce. Voilà un palpitant terrain de jeux pour lui.

PARI GAGNANT

Pourtant, ce n’était vraiment pas gagné. “Rappelez-vous, il y a ne serait-ce encore que 5 ou 6 ans, la commune des Monts d’Or n’était pas convoitée comme à l’heure actuelle”, recontextualise la pétillante propriétaire. La moyenne d’âge de la population locale, plutôt grisonnante que tapageuse, inspire ce commentaire à la maire quand les tourtereaux convolent en justes noces : “ça fait du bien d’avoir des jeunes qui se marient chez nous, parce que ce n’est pas souvent”. À l’époque, Lyon capte toute la lumière. Aujourd’hui, les maisons du quartier de cette banlieue chic s’arrachent à prix d’or, bien au-delà du million d’euros.

ON COMMENCE PAR OÙ ?

Un simple coup d’œil laisse planer peu de doutes sur l’ampleur du chantier de rénovation à mener. La maison en granit du 16e siècle, modifiée au 19e (ajout de balcons et bow-window), n’est pas habitable en l‘état. Le toit est à refaire, comme les façades. Idem pour le pigeonnier et la cage d’escaliers. Quant aux commodités, il n’y en a pas ! Quasi inexistante, la cuisine se révèle si sommaire et exiguë qu’aujourd’hui, ce même espace héberge la salle de bain d’un des enfants de la famille.
Enfin, détail pas tout à fait anodin, le dernier étage est loué et l’est toujours d’ailleurs. D’abord par un autre jeune couple avec lequel les arrivants sympathisent. Et désormais par une dame des plus agréables. Sinon c’était trop : trop cher, trop de travaux et même trop grand.

RIEN NE SERT DE COURIR…

Deux ans de labeur, d’artisans et de poussière plus tard, place à quatre chambres et autant de salles de bain et à une cuisine bien équipée donnant sur un grand balcon. Le fil conducteur adopté par les époux : tirer parti du faste du passé, la belle ayant longtemps appartenu à une grande famille lyonnaise, et tout restaurer -boiseries, stylobates, parquets, radiateurs en fonte, cheminées…
Les ouvertures au niveau de l’herbe présentent un joli galbe. Il s’agit des voûtes des anciennes caves transformées en suite parentale, au plus près du jardin et du bassin de nage. Dans leur salle de bain de plain-pied, une trouvaille : la paroi extérieure a été revêtue d’un effet miroir pour ne pas être vu pendant ses ablutions, tout en restant baignée de lumière naturelle.
À la phase de travaux initiale qui a permis l’emménagement, une seconde phase a succédé il y a 4 ans, et qui a notamment semé une piscine et une terrasse paysagée. Sachez que la demeure panoramique peut se louer durant les vacances scolaires et pour des shooting photo. On dit ça…

Images : AURÉLIEN VIVIER POUR www.the-only-place.com

STYLISTE : L’AIGUILLE DU LAC

STYLISTE : L’AIGUILLE DU LAC

DANS LE BLANC DES YEUX

Opticienne de formation, couturière par filiation, un œil dans le pupillomètre et l’autre sur le chat (de l’aiguille), il a bien fallu qu’un jour, la Savoyarde Delphine Letellier fasse un choix. Elle s’est donc lancée dans la robe de mariée, les yeux (presque) fermés ! Et elle a vu juste.

Delphine Letellier a eu une première vie professionnelle. Son job, c’était les lentilles de contact et les examens de vue. Mais il y a quatre ans, elle commence à s’ennuyer, son enthousiasme et son énergie sont bridés. Elle qui a l’habitude de faire le boulot de dix, se sent en sous-régime. En parallèle, depuis peu, elle coud. Non, soyons précis : d’aussi loin qu’elle se souvienne, elle a toujours manié l’aiguille… sa mère est prof de couture. Mais ce hobby pour dimanche pluvieux est devenu, au fil du temps, un élément du quotidien. Comme d’autres cuisinent, Delphine coud, pour elle, pour ses enfants, pour ses proches. Ce qui a changé récemment, c’est qu’en voyant une de ses tenues de soirées, une amie lui a demandé de réaliser les robes de ses témoins de mariage. Depuis, les commandes se succèdent. Elle y passe ses soirées et ses jours de congés.
Alors, après un dernier essai, histoire de vérifier qu’elle veut vraiment changer d’optique, Delphine quitte définitivement l’univers de la correction pour celui de la confection. Pour se situer, cerner ses lacunes, et peut-être aussi pour se sentir légitime, elle passe quand même un CAP de couture en candidat libre. Elle complète également sa formation et ses connaissances instinctives par des lectures, beaucoup de lectures, sur le modélisme et le patronage. Au printemps 2018, la voilà prête à suivre le nouveau fil de son histoire : dans une pièce de sa maison, dans la campagne aixoise à deux pas du Lac du Bourget, elle installe son atelier.

COCKTAILS ET DENTELLE

C’est grâce à ses robes de cocktail qu’elle a été repérée, elle pourrait donc continuer sur cette lancée. Mais la trentenaire souffre d’une addiction que ce type de créations ne pourraient pas entièrement satisfaire : elle est accro à la dentelle. Une passion transmise dans sa famille de génération en génération, et dont les plus beaux galons, la prunelle de ses yeux, sont conservés dans une boîte à merveilles qui lui vient de sa grand-mère, une ancienne de chez Balmain. Pas une de ses collections, pas un de ses modèles sur-mesure ne sortent de son atelier sans un petit bout de ce passé. “Et puis, même si je ne suis pas une grande romantique, si je n’ai jamais rêvé de robes de princesses –j’étais plutôt garçon manqué quand j’étais petite–, j’ai envie qu’il y ait de l’émotion dans la robe. J’y mets beaucoup de moi. Quand je la place dans la housse, ça me fait un petit quelque chose, je la porte ensuite jusqu’à la voiture, je l’accompagne jusqu’au dernier moment. Et le jour J, je suis en stress, je prends toujours des nouvelles pour savoir si tout se passe bien.” Sa première mariée, elle se la rappelle d’ailleurs parfaitement : “une robe courte, assez atypique, dans le style années 50, en soie et dentelle de Calais, un joli défi ”, sourit-elle.

DÉFIS ET DES FIBRES

Et ça tombe bien, les défis, Delphine aime les relever. En sortant de son atelier, sa «petite grotte», pour confronter sa vision artistique à celles d’autres professionnels du secteur, maquilleuses, coiffeuses, photographes ou musiciens, avec lesquels elle aime collaborer, organiser des shootings ; en lançant ce printemps une petite collection « civile » –avec les jauges imposées dans l’événementiel, le Covid a accentué le principe de deux cérémonies distinctes– ; ou en travaillant, autant que faire se peut, de manière responsable.
À l’image de cette jupe en lin broché, dans son atelier, et des pétales de lin parsemés sur le top et le voile qui l’accompagnent, elle aimerait en effet pouvoir utiliser plus de fibres naturelles, mais l’univers du mariage n’est pas encore tout à fait prêt pour ça. Alors elle cherche un fonctionnement toujours plus vertueux, avec des matières certifiées, des fournisseurs européens, et l’utilisation de ses chutes pour créer des accessoires ou travailler avec une créatrice locale de bijoux.

TRÉSORS DE CHINE

En toute logique, Delphine est également une adepte du ré-emploi. Si elle trouve des merveilles chez les fabricants français, de dentelle notamment, elle aime par-dessus tout fureter dans les brocantes et vide-greniers pour s’approvisionner, récupérer des stocks de tissus haut-de-gamme ou de tulle : “j’aime l’idée qu’on ne va pas relancer une production juste pour nous.” De plus en plus, on lui demande aussi de remettre au goût du jour la robe d’une mère ou d’une grand-mère, chargée d’histoire familiale et d’émotions. Un ensemble d’envies et de démarches qui correspondent à ses valeurs : “ce qui me plait vraiment, c’est qu’avec l’univers du mariage, on peut éviter le principe de la fast-fashion, il y a vraiment une notion de temps qui accompagne ce vêtement, autant pour la future mariée qui prend le temps de se l’approprier, que pour moi : quand je brode à la main, c’est un temps d’introspection, à la limite de la méditation.” Delphine aurait-elle donc aussi un troisième œil ?

+ d’infos : laiguilledulac.com

PHOTOS : EPERDUMENCE ET MARINE DU SORDET

DESIGN AU JARDIN

DESIGN AU JARDIN

EXTÉRIEUR NUIT

Même si les journées rallongent, il y a toujours un moment où la nuit finit par tomber… On en profite pour faire la lumière sur une série de jolies idées très éclairées ?

BOULE DE LUX

Les baladeuses ont révolutionné le monde de la nuit en extérieur : pas besoin d’électrifier tout le jardin pour y voir clair. Mais souvent, elles se posent, alors que Bolleke se suspend… et sans aucun crochet ! Toute ronde, elle a des allures de pare-battage, ces bouées qu’on attache aux flancs des bateaux. C’est d’ailleurs l’univers marin qui a inspiré la designer Nathalie Schellekens pour la boucle de cette lampe. Système LED, 3 réglages d’intensité, rechargeable par connexion USB. + d’infos : http://fatboy.com

Son & lumière

Les enceintes portatives ont révolutionné le monde de l’apéro en extérieur : pas besoin de kilomètres de câbles pour mettre du son sur le terrain de pétanque. Alors imaginez une enceinte qui ferait de la lumière ? On pourrait titiller Fanny en musique jusqu’au bout de la nuit ! Il suffit de demander… Imaginée par les Américains de Pablo Designs, « Uma » combine toutes ces qualités : un son Hi-Fi à 360°, un éclairage doux et un design épuré. + d’infos : pablo.pablodesigns.com / nedgis.com

Du coin-coin de l’œil

Maintenant qu’on a tout éclairé, il est temps de plonger ! Oui, mais si dans la piscine, on ne voit pas le bout de ses pieds ? Mi-lampion, mi-bouée, ludique et régressif, le Duck Duck pare à cette éventualité : il est étanche, produit de la lumière et sait nager. Il peut même se piloter à distance et changer de couleur d’éclairage. Son ancêtre de baignoire n’en faisait pas autant ! Disponible en 2 tailles XL (50 cm) et S (30cm) et 2 couleurs. + d’infos : goodnightlight.eu / nedgis.com

Ciel de table

Les guirlandes lumineuses n’ont rien révolutionné du tout, mais elles ont un charme fou, donnent à la moindre terrasse guindée un petit côté guinguette décomplexé. Et quand on n’a, pour l’accrocher, ni mur ni pergola ni branche de cerisier ? Deux mâts en acier fixés par un étau au plateau de la table, et il n’y a plus qu’à brancher : sur une idée des designers belges de Vincent Shepard, une ribambelle d’ampoules réchauffe alors l’atmosphère du dîner. Adaptable à toutes les tables de 200 à 300cm de longueur et 6cm max d’épaisseur. + d’infos : vincentsheppard.com / madeindesign.com

DESIGN AU JARDIN

DESIGN AU JARDIN

TENUES DE SORTIE

Exit la chaise pliante à moitié désoudée et le parasol publicitaire délavé, cet été dans le jardin, on met un coup de neuf, un coup de fouet, un coup d’air frais, dans son mobilier !

Galets décalés

La tendance est au mimétisme, si, puisqu’on vous le dit. C’est en tous cas le parti-pris de l’atelier familial Imperfettolab, en Emilie-Romagne, qui propose, entre art et design, du mobilier inspiré de la nature environnante. Avec leurs courbes douces, presque liquides, ces bancs-galets «Mercurio» en fibre de verre finition chromée, ne feront peut-être pas illusion, mais sensation dans un extérieur ultra contemporain. Dispo en plusieurs dimensions. + d’infos : imperfettolab.com

Bonnes feuilles

Puisqu’on parle mimétisme… il n’y a rien de plus agréable que l’ombre végétale, celle des grandes feuilles de bananiers, de monstera, de catalpa bignonioides ou de fatsia japonica… Mais quand on n’habite pas sous les bonnes latitudes et qu’on n’y connait rien en plantes, on peut aussi opter pour la version voile d’ombrage. Et on n’est pas embêté par l’arrosage. Dispo en 5 coloris, base pivotante, envergure 310cm. + d’infos : hopus.eu

Nicolle en terrasse

En 2022, la cultissime chaise Nicolle, son célèbre dossier «queue de baleine» et son compère tabouret, prennent l’air ! Revisitée par la designer italienne Paola Navone, pour pouvoir s’installer en terrasse, la plus-que-centenaire –la 1re de ces assises, conçues à l’origine pour le personnel des usines, a été
assemblée en 1913– est perforée et se pare de couleurs soleil et océan. Dispo en 4 hauteurs : 45, 60, 65 et 75 cm. + d’infos : chaises-nicolle.com

Céramique chic

Parce que mobilier d’extérieur, imperméable et résistant, ne rime pas forcément avec plastique, chez Gloster, on donne dans la table basse en céramique, en version rustique-chic. Surmontées d’un plateau en teck, avec leurs couleurs et lignes sobres, Coso et Blow accueilleront orangeade, roman du moment et autres lunettes de soleil avec élégance et assurance : de 13 à 18kg, il faudra plus qu’une légère brise pour les faire flancher… Modèles Coso et Blow dispo en 2 hauteurs. + d’infos : gloster.com

LA FOLIE À CHAMBÉRY !

LA FOLIE À CHAMBÉRY !

SOYONS FOUS !

Il ne manquait plus au Petit Hôtel Confidentiel, 5 étoiles à Chambéry, qu’un restaurant à son image pour se régaler grâce au chef malaisien Shasitharan Manogeran. C’est désormais chose faite. Et c’est de la Folie !

Charlotte et Jérôme Reyes Million n’ont pas fait les choses à moitié, comme à leur habitude. Leur nouveau restaurant est une adresse qu’on n’oublie pas. Côté déco, on en prend plein les yeux. Atmosphère feutrée, niches végétales, banquettes arrondies, cuisine ouverte, pas de style ostentatoire, ni de mise en scène grandiloquente, des teintes sobres, mais fortes ont été retenues par Caroline Lory, architecte d’intérieur formée par Starck. Ses réalisations chez Mauro Colagreco ou Anne-Sophie Pic ont suffisamment marqué les esprits pour que le couple d’hôteliers lui confie leur nouveau bébé : Folie. “Parce que tout le monde nous a dit que c’était une folie d’ouvrir un restaurant !

UNE FOLIE BIEN ASSUMÉE

Côté cuisine, encore une excellente pioche. Le chef Shasitharan Manogeran a un parcours qui marque ses assiettes. Un parcours gastronomique bien sûr avec de très grandes tables étoilées, Marc Meneau, Jean-Michel Lorrain, Jean-Luc Rocha… et un parcours de vie digne d’un film. Deux ans étudiant en médecine à Londres et un week-end en France qui se termine mal : le retour en Angleterre lui est refusé pour défaut de visa. Une année de grosse galère, sans papiers, et enfin une main tendue, celle d’un chef qui croit en lui et l’envoie reprendre des études… de cuisine. Shasitharan Manogeran ne regrette pas la médecine pédiatrique (sa spécialité), il préfère tellement être le nez dans ses casseroles à concocter une nouvelle recette. Sa cuisine est d’ailleurs un métissage savamment dosé entre Savoie et Asie.
Pas d’épices extrêmes. Elles sont juste la ponctuation de mes recettes. J’adore le végétal, car j’ai été végétarien toute mon enfance. Mais j’aime travailler la viande, le poisson, une découverte à l’âge adulte”. Le pigeonneau royal à la pomme cannelle ou l’omble chevalier s’associe au thé fumé, avec du poivron fermenté et de la citronnelle. “Ma cuisine est métissée, mais locale, car j’aime les produits de cette région”. Hayet, en salle, vous accueille avec chaleur et élégance. Denis Colonge vous raconte tout sur les vins. On se laisse tenter par ce coup de folie, une folie séduisante et gourmande.

+ d’infos : Folie – 23 rue Bonivard à Chambéry – 04 85 86 03 65. Menu 3 plats 59 €, 4 plats 89 €, 6 plats 119 € ou à la carte. http://restaurant-folie.com

styliste : maison maëlie

styliste : maison maëlie

MAËLIE… AUSSIE*

Il fut un temps où les voyages en Inde bouleversaient des vies. Aujourd’hui, ce sont les séjours en Australie. L’île-continent offre une qualité de vie, un rapport au travail et… un style de robes de mariées, que la créatrice lyonnaise Amélie Guesnet a décidé de rapatrier.

(*DIMINUTIF D’AUSTRALIEN EN ARGOT… AUSTRALIEN)

« Les gens ne font pas de voyages, ce sont les voyages qui font les gens » disait Steinbeck -parce qu’il est toujours bon d’invoquer un prix Nobel de littérature avant de parler couture !–. Quand, en 2017, elle part pour un an en Australie, avec son visa vacances-travail et son mari, Amélie Guesnet veut surtout perfectionner son anglais et voir du pays. Elle n’a alors que 24 ans et ne pense pas en revenir avec une décision qui va changer sa vie professionnelle.
Depuis plusieurs années, elle gravite dans le monde de la haute-couture à Paris. Artiste dans l’âme depuis toute petite, elle s’est tournée vers des études de modélisme : “j’aimais l’idée de partir d’un morceau de tissu et d’arriver à un vêtement durable, qu’on puisse porter longtemps”. Elle se spécialise dans le tailleur dame et la couture flou à la chambre syndicale de la couture parisienne et, en travaillant pour un atelier de confection renommé, enchaîne les expériences dans les coulisses des grandes maisons, Dior, Chanel, Saint Laurent… Mais c’est un microcosme particulier, dont elle préfère vite s’éloigner : “j’avais peur de finir par détester un métier que j’avais choisi par passion”. Elle prend donc le large, direction Melbourne.

TULLE PERLÉ ET FÉMINITÉ

En débarquant dans la capitale australienne de la mode, elle est prête à perdre le fil, à se contenter de petits boulots loin des aiguilles, mais elles la rattrapent vite : “c’est ce que je sais faire de mieux”, et elle est embauchée dans l’atelier d’une créatrice de robes de mariées. “En dehors du côté couture, je suis tombée amoureuse du style australien, il est différent, très glamour. En France, il y a un côté historique, un passé intense, même dans la mode ; là-bas, c’est un pays neuf qui prend les styles de différentes provenances et les mixe pour donner une mode libre, légère, colorée. Il y a aussi moins de pudeur, on aime les coupes sexy qui mettent les formes en valeur, les choses fendues ou très près du corps… Et pour les robes de mariées, on utilise des matières qui se tiennent bien et qui ne se voient plus trop chez nous, comme le tulle perlé ou le satin duchesse. C’est plus audacieux dans l’affirmation de la féminité, de la confiance en soi, c’est un peu plus show-off (ndlr : frime) aussi.
Cette plongée dans le grand blanc s’impose alors pour elle comme une révélation : “c’est un peu de la haute-couture que tout le monde peut porter une fois dans sa vie.” La voilà donc face à de nouvelles perspectives…

NOUVELLE VIE ET SYMÉTRIE

Teint hâlé et cheveux blondis par plusieurs mois de soleil, Amélie regagne donc l’hémisphère nord et s’installe à Lyon, où elle chamboule les lettres de son prénom pour lancer «Maison Maëlie». Ses créations sont évidemment inspirées par son séjour au pays du barramundi et de Margot Robbie : “même si les marques australiennes commençaient à prendre un peu d’ampleur, ce style-là n’était pas encore très visible, et je pouvais y apporter le savoir-faire français.” Elle travaille la transparence, les décolletés, le perlé…
Après une collection 2021 autour de la mer et des Néréides, sa mariée 2022 se pare de lignes fortes, très graphiques, et d’un travail sur la symétrie. Chacune des robes porte le nom d’une personnalité ayant également joué avec ce principe géométrique, comme les architectes Franck Gehry et Zaha Hadid, les artistes Escher et Mondrian, ou le plasticien Vasarely. “J’ai un faible pour la robe Otto, avec ses deux pièces et son satin duchesse, une matière un peu oubliée qui se faisait beaucoup dans les années 80-90. Travaillée de manière plus actuelle, c’est une alternative moderne à la robe de princesse.

ÊTRE TOUTE « OUI »

Amélie, qui a toujours œuvré en atelier, doit désormais aussi appréhender la dimension humaine de l’univers du mariage : “ça ne se résume pas uniquement à la création de la robe, on est beaucoup dans l’affect avec les futures mariées, on découvre leur histoire, il y a des moments où elles se dévoilent vraiment et au-delà de la confection, il faut leur donner des conseils, les guider jusqu’au bout.
Un rôle qu’elle a appris à endosser, tout comme celui de cheffe d’entreprise, dans lequel elle s’est, là aussi, révélée. Et elle ne compte pas s’arrêter là : “l’idée serait de développer le dressing de la mariée, de l’enterrement de vie de jeune fille jusqu’au brunch du lendemain de la cérémonie, peut-être en partenariat avec d’autres créateurs.” Elle a d’ailleurs déjà fait un premier pas dans cette direction, en lançant, avec la marque de lingerie écoresponsable Maline, un maillot de bain de mariée. Pour celles qui voudraient se dire oui sur une plage… en Australie ?

+ d’infos : maisonmaelie.fr

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