essaie encore : je marche, tu marches…

essaie encore : je marche, tu marches…

Lève-toi et marche

Number one de l’activité physique résistant (à 1 ou 20 km près, c’est selon) aux innombrables restrictions de nos us, j’ai nommé LA marche… ou devrais-je dire LES marches lookées à toutes les modes, chien en laisse au bout ou pas, question de style.  

Les salles de sport ont les devantures en berne et les télésièges des monticules de neige pour passagers givrés. Il nous reste néanmoins 2 ou 3 espaces, certes un peu fréquentés, mais passons, pour oxygéner nos pauvres neurones atrophiés. Pas question de rechigner. A chaque jour sa marche, perso, j’ai tout essayé… ou comment sauver son intégrité psychique. 
La marche nordique d’abord, de quoi me rappeler le planter de bâtons de feu mes virées ski. A grandes enjambées et amples mouvements de bras en appui sur des bâtons donc, le dos droit, le regard au loin. Athlétique, parfaite pour faire illusion. J’ai bien veillé à serrer les pectos et engager les abdos pour sculpter le haut tout en raffermissant le bas, pas de jaloux. 
Puis, j’ai cédé aux appels lancinants du sport tendance de l’hiver, qui l’eût cru, la raquette avec ou sans raclette à l’issue. Petit air d’empereur – le manchot pas celui au bicorne, pas la peine de se la raconter –, pieds en canards donc, j’ai pris la tangente pour couper à travers bois, sauté à pieds joints (ou presque) dans les champs de neige, couru les tresses en l’air avant de m’enfoncer la tête la première dans la peuf, de toute évidence plus fraîche que je ne l’étais au moment de m’extirper, bien seule au monde, d’une posture ventrale postérieur en pointe… peu académique. 

A petits pas 

Qui dit marche dans nos contrées, dit forêt, dit bain de forêt. Une fois passée la tentation de courir nue entre les arbres, ce n’est pas le propos, encore que ce soit tentant, avouez, et en prenant soin de choisir un créneau hors période de chasse et heure de pointe de la balade dominicale, j’ai pris l’option marche ressourçante. J’ai parlé aux arbres (je vous ai déjà dit que mon mental était sur le fil ?), caressé une écorce (oups coulée de sève, mains gluantes), humé une mousse (zut champignon suspect, j’appelle le centre anti-poison ?), laissé crisser les feuilles mortes sous mes pieds (fichtre c’étaient des orties, ça piiiiiique)… Bref, j’ai gorgé tout mon soûl de cette intarissable source de bienfaits… Il paraît que c’est apaisant (à condition de laisser son hypocondrie de côté ou d’inhaler au préalable une décoction choisie de plantes «médicinales»). 
Une autre marche dont le nom seul suffit à m’inspirer (toute autre décoction ou inhalation mise à part), la marche afghane. Une marche en pleine conscience qui s’appuie sur une vraie technique de respiration. Le principe : 3-1-3-1, 3 inspirations, 1 pause, 3 expirations, 1 pause. De quoi marcher plus longtemps, plus vite, plus loin (Citius, Altius, Fortius sort de ce corps de sportive née) et en rythme siouplait. Pas le choix, j’ai déposé mon cerveau sur le palier du toit du monde parce qu’entre l’effort et le mantra qui tourne en boucle. Je suis dé-ten-due – pause – re-la-xée – pause. 

A l’eau !

A l’eau !

Tous les cris, les S.Eau.S

Les eaux du lac, fascinantes à la lumière changeante, inexorablement attirantes tout l’été durant et… carrément glaçantes dans la froideur de l’hiver persistant. Comment ça, non ? Eh bien allez, racontez la dernière fois où vous vous êtes baigné en plein hiver… Moi, je l’ai fait !

Vendredi, 11h45, Sévrier, pluie diluvienne, hiver. Ça va piquer ! J’en frissonne, mixe d’excitation et d’inquiétude latente. Dans quoi suis-je encore allée me fourrer ? De la marche aquatique dans le lac, là, maintenant ?
Au moment de partir, les trombes d’eau et la température extérieure à un chiffre (et pas le plus haut) auraient presque raison de ma motivation (bizarre ?). Halte préalable dans un magasin de loc pour dénicher la combinaison qui va garantir ma survie dans les prochaines heures.
Sur les lieux, j’aperçois quelques silhouettes noires, au rendez-vous amphibien. C’est le moment d’enfiler la panoplie. Oh punaise en voilà une étape qui réchauffe et échauffe. Ouf, pas de caméra pour immortaliser cette scène de tortillement-contorsionnement-arrachage de cheveux qui s’entame dans la voiture, mi « à-poil je me cache comme je peux », mi « je tire comme une dingue sur la satanée combine, pas possible : c’est du 12 ans ? », je sors en nage (c’est de bonne augure) et marche en grenouille jusqu’au bord de l’eau, la cuisse moulée, le boule engoncé, les seins… écrasés ! Et la tête ? Ah la tête, qu’est-ce que je suis contente de ne pas me voir finalement. J’ai la capuche en néoprène qui m’empêche de la tourner, le K-way de Dany Boon en somme.

Queue de poisson

Je rejoins le groupe et Isabelle, mon guide. Infiniment douce et rassurante, elle me permet de redescendre un peu. Et, un pas après l’autre, nous attire vers les eaux grisées. De façon très progressive, à coups de pas chassés et de grandes enjambées, nous nous immergeons à chaque fois un peu plus. L’eau pénètre, un peu sournoisement, m’arrachant quelques petits spasmes de stupeur, mais pas de tremblements. Bon, je n’en suis qu’à mi-cuisses, patience…
Respirations profondes, la pluie s’est calmée et de toute façon, mouillée pour mouillée… Les cormorans postés sur leurs poteaux d’observation semblent bien se marrer et le cercle que nous formons pourrait s’apparenter à une secte bien barrée. Pourtant quel pied ! J’ai l’impression d’être une exploratrice follement aventureuse et d’avoir le privilège hors normes de profiter, seule au monde, d’un véritable bain de jouvence. Détente maximale et plein d’énergie en barre. Les mouvements étriqués du début (je vous rappelle l’étape de la combinaison ?) font place à des attitudes plus souples, à des gestes lents, mais amples, et sans même que je m’en aperçoive, j’ai de l’eau jusqu’au cou…
Ah si, là je la sens l’eau qui ruisselle dans mon dos… Les nageoires me poussent…
Alors, heureux ? Vous l’avez retrouvée la sirène du lac

+d’infos : la-methode-pilates.com

en station : le speed riding

en station : le speed riding

Fast & curious

Il y a souvent plus de voiles que d’étoiles dans le ciel de Val Fréjus. Depuis 20 ans tout juste, la station accueille en effet les meilleurs voltigeurs de la planète et autres accros au speed-riding. Retour sur la naissance d’un sport hybride, entre vol et sol, neige et air, glisse et kiffe… ou quand les spatules ont des ailes.

Ça ne «vole» pas cet hiver-là à Val Fréjus. Comme souvent en cette saison, le vent est trop fort pour que les parapentistes déploient leurs ailes. Mais il en faut plus pour couper celles de Fred Fugen.
On est en 2001. Celui qui deviendra bientôt champion du Monde de Freefly -la discipline de parachutisme la plus radicale- et rejoindra Vince Reffet au sein des Soul Flyers, sort sa petite voile de chute libre et convainc son comparse Frank Coupat de s’envoyer en l’air, mais skis aux pieds. “C’était deux jours après la naissance de ma fille”, se rappelle Frank. “Fred me dit : «si j’y vais, tu viens avec moi !» J’y suis allé… A l’atterrissage, j’avais les mains qui tremblaient, comme après être monté sur une moto trop puissante : t’aimes bien, mais t’as un peu peur… C’est ça qui est grisant !” A part les plumes peut-être, Frank a pourtant décollé avec tout ce qui est en mesure de planer, motorisé ou non. Mais dans cette nouvelle pratique, il trouve un mélange d’adrénaline, de maniabilité et de vitesse… Des descentes à près de 100km/h contre une moyenne de 40 en parapente. “Les premières années, on était très peu à pratiquer, tout le monde attendait qu’on se tue. Mais on ne se tue pas, on défriche : matos, cadre pratique, limites…

DR. VOLTIGE ET MR. RIDE

L’hiver suivant, à l’occasion du Planet’air Festival, Frank Coupat réunit tous les phénix du vol libre dans la petite station de Haute-Maurienne et leur inocule le virus. “Tous les parapentistes et chuteurs ont adoré !”, raconte David Eyraut, alors instructeur et pilote acrobatique, militant auprès de la Fédération Aéronautique Internationale (FAI) pour la reconnaissance de la voltige au ni- veau mondial. “C’était une activité qui se détachait, très adaptée à la montagne, avec des engins qui planaient très peu, en rase-motte le long de la pente… Ça nous rappelait les débuts du parapente. Mais c’était beaucoup plus simple, pas de dépliage et re-pliage, on mettait la voile en boule dans le sac, ça prenait 20 secondes et on remontait au décollage, c’était presque comme faire du ski ! On est devenus complètement accros. J’ai passé l’hiver à Val Fréjus, la mère de Frank tenait la Bergerie sur le plateau, on avait donc des locaux pour stocker toutes les voiles que nous avaient laissées les chuteurs. Dès que le vent était trop fort ou qu’on n’avait pas de clients, on y allait, et on a commencé à former les copains qui voulaient essayer.
Parmi eux, Antoine Montant. Avec son frère Val, les deux Hauts-savoyards sont des figures incontournables des sports extrêmes, pionniers notamment du base-jump. Ils sont aussi d’excellents skieurs. “Antoine était champion de France de voltige parapente à l’époque”, précise Frank Coupat, “et très fort en ski free-ride. On lui montre alors ce qu’on sait faire -on avait 10 000 vols dans les pattes-, et lui en 2 heures, il fait le lien entre les deux pratiques, nous fait comprendre comment exploiter ski et voile.” “Il m’a dit : Je ne regarderais plus jamais une pente de la même manière”, complète David Eyraud. “Ça lui a ouvert tout un univers en tant que skieur. Et il a été le premier à penser que la voile, c’était comme les bâtons de ski, qu’il fallait décoller de temps en temps et se poser, pour skier, «rider», plutôt que voler. C’est là que le nom de speed-riding est né.” Quelques années plus tard, Antoine Montant sera d’ailleurs sacré champion du Monde de la discipline.

ENTRER DANS LES CORDES ET PRENDRE LA VOILE

Mais plus qu’une activité réservée à une élite de parapentistes, David Eyraud, lui, y voit un vrai sport à enseigner. Comme il l’a fait pour la voltige, il monte alors le dossier auprès de la Fédération Française de Vol Libre (FFVL) : autorisations dans les stations, zones de pratique, règles, pédagogie… “Il a légiféré tout ça, défini ce qui était dangereux ou pas, et heureusement !”, s’amuse Frank Coupat. “C’est probablement un des plus grands pilotes de tous les temps, son surnom, c’était « il Prodigio », mais en matière de sécurité, il place le curseur plus bas, il a décidé de ne pas faire les figures trop dangereuses. Un jour, il m’a dit : «mieux vaut travailler sa technique sans engager, qu’engager sans technique». Je suis sûr que je serais mort si je ne l’avais pas connu !” Et son sérieux paie : l’acte officiel de naissance du speed-riding est signé en 2006, les premiers moniteurs commencent à être formés, des écoles se montent. Mais le matériel, lui, n’est pas encore spécifiquement adapté.
Depuis Les Arcs, François Bon, pilote-test pour un fabricant de parapente, suit tout ça. Quand il découvre le speed-riding, sur trois minutes furtives d’images “toutes pourries mais folles !”, il est déjà en train de fabriquer des prototypes de petites voiles. Il y voit de nouvelles perspectives. Il y a tout à faire, mais quelle direction prendre ? S’inspirer du parachute ? Du kite ? “Je cherchais le juste milieu, le meilleur compromis, une voile bien à piloter, précise et sûre, car on était convaincus que ça allait attirer du monde. On est donc partis sur l’ajustement de matières parapente pour faire quelque chose qui se gonfle bien, mais avec les formes et la géométrie de quelque chose qui ne vole pas, ça a donné la «Nano», la première voile adaptée à la pratique.” Avec laquelle François Bon deviendra le premier champion de France de speed-riding.

ANTI VOL ?

Après une période d’euphorie, de compétitions et de médiatisation, notamment des exploits d’Antoine Montant et François Bon -face nord du Mont-Blanc en intégral, Grandes Jorasses, Eiger ou Aconcagua-, le speed-riding subit un coup dur en 2012 : suite à une revendication de l’ESF, les nouveaux instructeurs doivent être diplômés d’un monitorat de ski. La formation se complique, les compétitions se raréfient. Mais la pratique amateur et les grands rassemblements conviviaux persistent. “Le speed permet à tout le monde de s’exprimer en free-ride”, résume Frank Coupat, qui forme entre 150 et 200 élèves par an, au sein de son école Ataka. “On en voit qui enchaînent des virages de Coupe du Monde, alors que si on leur enlève la voile, ils sont en chasse-neige. Et c’est très familial. Chacun y met l’engagement qu’il veut. C’est comme le sel dans un plat. Et c’est parfait si on aime la neige et se mettre la tête dedans, si on aime s’amuser et si on a une âme d’enfant…” Comme celle de Pierre Bonifé, 88 ans, qui vient tous les hivers jouer sur les pentes de Val Fréjus. Aujourd’hui, les speed-riders représentent environ 10% des forfaits vendus par les remontées mécaniques de la station du Mont Cenis, “un des trois plus beaux spots français” pour cette pratique. Alors, on se fait un petit ride ?

+ d’infos : www.levelwings.com / www. haute-maurienne-vanoise.com / http://www.ecole-speedriding.com / http://www.pilotage-parapente.com

©stefcervos ©François Bon © David Eyraud

les bronzés font plus d’ski

les bronzés font plus d’ski

QU’EST-CE SKI SE PASSE ?

Si la planète tourne au ralenti, les remontées mécaniques, elles, ne tournent pas du tout… Qu’en est-il du ski de haut niveau, vitrine d’une montagne en souffrance ? Réponses avec Fabien Saguez, Directeur Technique National auprès de la Fédération Française de Ski.

Activmag : Quel est l’impact de la crise sanitaire sur la saison 2020-2021 ?
Fabien Saguez : Il y a eu un peu plus de 20% d’annulations sur l’ensemble des disciplines. En temps normal, on est plutôt sur 10%, liées essentiellement à la météo. On est donc à peu près au même nombre d’épreuves que la saison dernière, qui s’était arrêtée fin mars avec l’arrivée du Covid. Mais là, je parle essentiellement des Coupes du Monde et d’Europe, du très haut niveau. Pour ce qui est des autres courses de la filière, notamment les jeunes, les courses régionales ou départementales, les annulations sont de 100% : l’impact est majeur sur nos clubs et comités régionaux. D’ailleurs, ce n’est pas que pour le ski, mais le sport en règle générale. Nous, nous avons l’autorisation d’encadrer nos jeunes en club et certaines stations ont ouvert un téléski ou un télésiège, on est donc globalement privilégiés. Mais j’ai beaucoup de contacts avec mes collègues d’autres disciplines, comme les sports de combat, les sports collectifs ou la natation, et ils sont en énorme souffrance. On risque d’avoir des trous de génération, ça paraît assez évident.

Les épreuves de Coupe du Monde américaines notamment ont été annulées, mais est-ce que les sportifs nord-américains, eux, ont pu participé aux compétitions qui se tenaient en Europe ?
Les Américains et les Asiatiques, oui, car ils se sont installés en Europe. Mais c’est déjà le cas sur une saison normale : la plupart du temps, ils ont des bases en Autriche ou en Italie. Une seule nation a souhaité faire un grand break cette année, et dans une seule discipline, c’est la Norvège, en ski de fond. Elle a décidé mi-décembre de ne plus participer aux compétitions pendant plus d’un mois.

Certaines disciplines sont plus touchées que d’autres ?
Il y a un traitement assez disparate en fonction de l’importance des marchés, des droits télé, du marketing et des contraintes d’organisation. Un ski cross ou un snowboard cross implique énormément de production de neige, beaucoup d’heures de préparation. Pas mal de fédérations ont donc préféré annuler les épreuves, plutôt que d’engager des coûts très importants. En snow-board cross par exemple, pour le moment, il n’y a plus que deux week-ends de Coupe du Monde programmés. On espère qu’il y en aura un 3e.

Est-ce que cette pandémie, qui va avoir un impact profond sur le monde de la montagne, peut amorcer aussi des changements dans le ski de haut niveau ?
Il y a encore quelques semaines, on était dans la gestion d’urgence. Maintenant, on commence à réfléchir sur les conséquences de cette crise sur l’ensemble du milieu sportif, du milieu associatif et par déclinaison, sur la Fédération et les Equipes de France. On sait que nos partenaires institutionnels, les Domaines Skiables de France ou l’ESF par exemple, sont, malgré les aides, très fortement impactés. Et nos partenaires privés, qui jusqu’à présent nous ont pourtant suivis, comme les institutionnels, de manière impeccable, vont eux aussi être touchés. Il y a donc de fortes chances pour que, dans les prochaines semaines, on engage des discussions avec eux afin de trouver des solutions pour continuer à soutenir le ski français, trouver la bonne jauge pour que l’ensemble du monde économique s’y retrouve, nous y compris.

Alexis Pinturault

Alexis Pinturault

Slalom de vie d’un géant

En 10 ans de carrière, il compte 33 victoires mondiales, 3 médailles olympiques et 4 «Petits globes de cristal». A l’orée de ses 30 ans, Alexis Pinturault surfe sur un succès gagné de haute lutte, entre ascensions fulgurantes et difficultés formatrices.

Sa récente victoire à deux épreuves consécutives de slalom géant dans la mythique station d’Adelboden a déclenché une avalanche d’enthousiasme. Ce doublé historique vient compléter le palmarès du premier skieur alpin à compter des victoires dans 6 disciplines différentes : Slalom, Slalom Géant, Super-G, Combiné Alpin, City Event et Géant Parallèle. La preuve -si besoin en était- qu’Alexis Pinturault en a sous la spatule, en un parfait combiné d’atavisme familial et de tempérament hors pair.

©Renaud Corlouer

(A)DROIT AU BUT

Un papa très sportif et une maman norvégienne peuvent laisser présager d’un destin lié aux pistes enneigées. En attendant, Alexis partage son enfance avec sa sœur Sandra et son frère Cédric entre Menthon-Saint-Bernard et Courchevel, où la famille possède un hôtel 5*. Hyperactif, le gamin trouve dans le sport un exutoire à son énergie débordante et dévoile déjà son caractère de bat- tant : “Avec mon père, on faisait des matchs de foot à un contre un, sur des petits terrains, avec des cages d’un mètre. Il était en pleine force physique et ne me faisait pas de cadeaux ! J’étais tout petit, je ne courais pas vite. J’ai pris des roustes ! Pourtant, à chaque fois qu’on attaquait le match, j’étais convaincu que je pouvais gagner !”. Une conviction si ancrée chez l’enfant qu’elle esquisse déjà un avenir dans le sport de haut niveau : “Je ne me disais pas «je veux devenir un champion». Mais je sentais que j’aurais ma place dans le milieu du sport, plus particulièrement comme athlète professionnel.

PIEDS AUX PLANCHE(R)S

Egalement passionné de ballon rond, Alexis hésite à l’adolescence entre une carrière de skieur ou de footballeur. “Même si j’aime le foot que j’ai pratiqué sans discontinuer de 5 à 15 ans, le côté individuel du ski me correspond beaucoup mieux au final. Et venant de la montagne, cette discipline m’inspirait naturellement plus”. Outre ses aspirations, ce sont les résultats encourageants du skieur de 15 ans qui lui ouvrent les portes de la réputée section ski étude du lycée Jean Moulin d’Albertville en 2006. Deux ans plus tard, Alexis intègre l’équipe de France. Dans la foulée, il obtient un titre de champion du monde junior (2009). De quoi générer une certaine pression? “Je ne sais pas si on peut dire ça. Mais ce qui est sûr, c’est que beaucoup de gens attendaient énormément de moi et très vite. En raison des blessures des uns et des autres, j’ai été parfois mis aux avant-postes comme si je devais absolument faire des résultats, alors que c’était peut-être un peu trop tôt. Même si je fais plutôt partie des «rapides», je pense qu’un athlète a besoin de temps.” Mais à défaut d’en avoir et nature oblige, Alexis donne le maximum à chaque fois.

Saison 2018/2019

REMONTE-PENTE

Après son entrée chez les seniors, il enchaîne les titres de champion de France, une première victoire en Coupe du Monde à l’âge de 21 ans, des médailles olympiques… Le jeune skieur de Courchevel bataille dur face à des ténors comme Marcel Hirscher, son rival historique, mais ne lâche rien. Et fait même un atout de ses difficultés : “L’un des plus mauvais souvenirs de ma carrière, ce sont les championnats du monde de Saint-Moritz en 2017. A ce moment-là, j’étais parfaitement capable d’aller chercher un titre et j’ai fait complètement chou blanc. Mais cela m’a énormément appris. Après ces épreuves, j’ai presque tout changé dans ma manière de m’entraîner, de fonctionner. Cela a été une étape importante qui m’a permis de me remettre en question, d’ajuster tout ce qui avait be- soin de l’être, de prendre une nouvelle direction permettant de faire face aux problèmes auxquels j’étais confronté. Je pense que les difficultés sont indispensables pour nous permettre d’aller encore plus haut, de prendre le recul nécessaire, de se construire. Elles te rendent plus fort.
Et la formule semble fonctionner pour l’athlète. Deux ans après ce passage délicat, Alexis devient champion du monde en Combiné, et ce, pour la première fois à titre individuel.

DES PISTES POUR L’AVENIR

Particulièrement épaulé par son épouse Romane, notamment chargée de sa communication, le skieur de génie envisage tranquillement son futur. Aujourd’hui en lice pour l’obtention du «Grand Globe de Cristal» -distinction attribuée au vainqueur du classement général de la Coupe du monde-, il se projette déjà vers les Mondiaux de 2023 qui se tiendront dans son fief, à Courchevel et Méribel. Et puis, «si l’envie est toujours là», Alexis envisage de poursuivre jusqu’aux J.O. de 2026. “S’il faut aller encore plus loin, mon rêve serait de continuer l’histoire familiale. Ma sœur s’occupe de l’hôtel que mon grand-père a construit et légué à mon père. Et moi j’aimerais me lancer dans la construction d’un nouvel hôtel, respectueux de l’environnement, idéalement en France dans nos montagnes”. Histoire de continuer à tutoyer les sommets autrement…

SOELDEN, AUSTRIA, 18 octobre 2020 / Photo : GEPA pictures/ Harald Steiner

+ d’infos : www.alexispinturault.com

Aux Alpes citoyens

Aux Alpes citoyens

L’hiver en pentes douces

L’après-ski, on connaît bien. Mais il existe aussi une vie AVANT le ski ! Enfin, avant la date d’ouverture des remontées mécaniques… Et même si les tire-fesses sont à l’arrêt, ça bouge dans les stations ! En attendant de pouvoir chausser, il y a donc mille et une façons de se dépayser, de se détendre ou de se dépenser.

Dans le contexte sanitaire actuel, les activités sélectionnées ci-dessous dépendent d’arrêtés préfectoraux. A l’heure où nous écrivons, tous ne sont pas tombés, et les choses peuvent encore changer… N’hésitez donc pas à contacter les O.T pour vérifier !

Même pas froid ! Val Cenis
On le sait, les Scandinaves sont de grands adeptes du chaud-froid, habitués à passer du sauna au bain glacé sans transition. Importé des pays nordiques, voici donc, pour l’hiver 2020, la version zen du choc thermique: l’ice-floating, littéralement glace flottante. Pour faire l’iceberg, vous aurez besoin d’une combinaison étanche et d’un trou dans un lac gelé. Celui de Sollières à Val Cenis semble tout indiqué. “On a le bruit de la cascade, la vue sur la Dent Parrachée”, explique Delphine Bergin, fournisseuse officielle de sensations fraîches et tenues de plongée, “c’est génial et complètement addictif, on a du mal à ressortir !” Sauf pour aller se glisser dans un spa bien chaud et, évidemment, fondre de plaisir!
+ d’infos : http://sensationsvanoise.com

© Yannick Bellissand

Happy speed riding to you – Valfréjus
Dans le ciel de la Haute-Maurienne, il n’est pas rare d’observer des gypaètes, des trétas-lyre, des vautours, voire des aigles royaux et au milieu… des voiles. Colorées, petites et ultra rapides. C’est à Valfréjus, en effet, qu’a décollé le speed-riding, il y a 20 ans. Pour célébrer l’anniversaire de ce dérivé du parapente, pratiqué ski aux pieds, la jeune station (elle est née en 1983) accueille donc, pendant une semaine fin janvier, les meilleurs voltigeurs de la discipline. Plus d’une centaine de voiles et 13 nations différentes se défieront pour une “avalanche de couleurs” et se rassembleront même pour une tentative de record du monde: celui de la plus grande formation de speed-riders! Un vrai ballet aérien, pour que ceux qui n’ont pas froid aux yeux en mettent plein la vue de ceux qui les auront grands ouverts…
+ d’infos : les 20 ans du Speed riding à Valfréjus du 23 au 28 Janv. 2021 (dates et événement confirmés) – http://haute-maurienne-vanoise.com

© David Ellis Dickerson

Mètre Yoga – Samoëns/Les Saisies
Après la méthode scandinave, on peut aussi aller chercher du côté de l’Himalaya afin de s’habituer au froid. A Samoëns, “allumer le feu, brûler tout ce dont on peut se débarrasser”, Claire Philipczyk, accompagnatrice en montagne et «médiatrice du corps» s’inspire du Toumo, qui utilise des techniques de yoga tibétain de respiration et à laquelle elle a été formée par -3°C… en maillot de bain. Ici, la doudoune est autorisée et les raquettes aussi. “A l’occasion de randonnées faciles, on fait plusieurs haltes pour enchaîner des postures avec une respiration adaptée. Cette combinaison active le système nerveux sympathique, qui réchauffe le corps.” Sur le long terme, cette stimulation permet également de renforcer l’immunité. Une discipline que l’on peut aussi pratiquer, sous le nom de Snowga® aux Saisies, dans les pas d’Hélène Durant.
+ d’infos : http://nature-quintessence.frsentiers-helene.com

© Keno Derleyn

C’est watts qu’on préfère ! Les Gets
Après les mini-voitures, les mini-karts, les mini-motos, mettez des étincelles dans les yeux de vos mini-pilotes en les installant sur des motoneiges. Aux Gets, l’équipe de Mountain e-park a ouvert, il y a 3 ans maintenant, la 1re école de pilotage 100% électrique. Et oui, parce que, myrtille sur le gâteau de Savoie, ces mini-bolides, en plus d’être équipés de skis, n’émettent pas le moindre gramme de CO2, ce qui colle parfaitement à la philosophie éco-responsable de la station. Deux modèles sont disponibles: pour les 5-11 ans et pour les 12-17 ans. Les plus grands pourront également découvrir le Moonbike, modèle plus léger, sorte de chappy sur chenillette, conçu en Haute-Savoie. Et pendant ce temps-là, ceux (celles?) que la conduite sur neige et la vitesse n’intéressent pas, pourront aller se délasser dans le nouvel espace bien-être des Sources du Chéry, et flâner dans la galerie d’art attenante (autorisation confirmée).
+ d’infos : lesgets.comhttp://mountainpark.com

A toiles et à mateurs – Les Arcs
Comparé à l’américain Sundance, les Arcs Films Festival récompense de ses Flèches de Cristal la crème du cinéma européen indépendant depuis 2009. Mais en 2020, qui dit contexte inédit dit forme inédite! Pour sa 12e édition, l’événement sort donc des couloirs balisés en s’attaquant à son versant «Hors-piste Digital». Le principe? Du 12 au 26 décembre, le public pourra acheter en ligne des places à la séance 4€ ou un pass de 25€ donnant accès à l’ensemble des films. Les tables rondes et master-class (avec le duo de réalisateurs Toledano-Nakache ou l’acteur Jérémie Reinier, quand même!) seront accessibles librement. Et le 15 décembre, date de la réouverture des salles, l’événement se lancera à l’assaut du versant «Hors-piste Cinéma», avec la projection de la programmation Arcoise dans plus de 150 salles en France.
+ d’infos : à partir du 12 décembre
Parmi les membres du jury: Zabou Breitman, Vincent Macaigne et Nicolas Maury pour les longs métrages ; Karin Viard pour les courts – lesarcs-filmfest.com

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