en visite à lyon, la presqu’ile

en visite à lyon, la presqu’ile

L’APPARTEMENT DU TÉLÉPHONE LYONNAIS

Il existe des chemins plus courts pour devenir propriétaires d’un appart en Presqu’île lyonnaise. Mais à l’arrivée, le jeu en valait la chandelle. Vous allez vite comprendre pourquoi se montrer patient et persévérant n’est pas sans vertu.

Une boulangerie de la Presqu’île. Un numéro de téléphone au terme de la petite annonce immobilière d’un particulier. Huit chiffres et une discussion cordiale plus tard, le verdict tombe : trop petit. Le bien est déjà juste pour la famille de trois personnes qui l’habitent, alors pour une smala composée de 6 personnes… Même en empilant les lits superposés, inutile d’y songer. La chose aurait pu en rester là. « Attendez, j’ai peut-être quelque chose d’autre pour vous », souffle la voix à l’autre bout de l’appareil. Des voisins, potentiellement intéressés à vendre leur grand logis. Quatre enfants eux aussi, dont trois ont déjà pris le large. Oui ! Dans le même immeuble. Il faut dire qu’à cette adresse, tout le monde se connaît. L’immeuble entier appartient à une seule et unique famille. Oui ! Ça existe encore.

PASSE TON BAC D’ABORD

Une excellente nouvelle pour les aspirants à l’achat qui habitent le quartier et souhaitent y rester. Mais il y a un mais. Il faut attendre que la petite dernière ait passé son bac, pour ne pas la bousculer en cette année cruciale. Tope-là ! Un compromis de vente est signé avec une date ultérieure. Et voilà comment un an et demi après le coup de fil, une jolie tribu investit ces 200 m2. À chacun, sa chambre, qui sont au nombre de cinq. Pour tous, les somptueuses ornementations au plafond, les arabesques et volutes qui courent sur les encadrements de porte, les riches boiseries, les cheminées en marbre, le parquet à chevrons. Autant de vestiges d’une faste époque où l’appartement occupait tout l’étage, et abritait 14 enfants !

UN GRAND APPARTEMENT, ÇA SE MÉRITE

Si l’on ajoute à l’année et demie d’attente une fois le marché conclu, repasse par la case location compris, les deux années de recherche avant de tomber sur ce miraculeux numéro de téléphone, il aura fallu presque quatre ans à notre gang de Lyonnais pour dénicher ce petit rêve. Mais quand la porte s’ouvre pour la première fois sur les lieux le jour de la visite, les visiteurs sont conquis. La verrière dont la beauté vous saisit dès l’entrée n’y est pas étrangère. Vite oubliés les «pas dans le budget», «trop sombre», «pas assez grand» ou «passé sous le nez» des dernières années. Une fois l’emménagement effectif, plus de temps à perdre ; les parquets sont poncés, les peintures rafraîchies. Puis viendra le tour de la cuisine, qui sera rénovée et, de manière plus appuyée, des salles de bains.

C’EST UN APPARTEMENT BLEU ADOSSÉ À LA…

La trame ancienne de l’auguste appartement a été respectée par les nouveaux occupants. Pas de charivari spatial au programme. Pour une habitation de ce volume, la cuisine se révèle ainsi exigüe, mais charmante. Mêmes dimensions modestes pour la salle à manger vêtue d’un bleu soutenu. « J’avais en tête cette couleur depuis un bail. Je me suis dit que cet espace où l’on passe peu de temps ne pâtirait pas d’une teinte plus sombre » raisonne la proprio, calée en déco et habile chineuse. Dont acte. Les bleus jouent les harmonies dans le reste de la maisonnée.
Quand toutes les portes sont ouvertes, la salle à manger, le salon et la chambre parentale en enfilade forment une perspective qui en jette. Il faut limite un Pavarotti pour se faire entendre d’une pièce à l’autre. On assiste aussi à un récital de placards, aux gabarits si imposants qu’on hésite à y caser une salle de douche.

LE COMPTE EST BON

Côté cour, les piaules des bambins. Trois chambres dont l’une a été cloisonnée pour en créer une quatrième. La hauteur sous plafond autorise l’aménagement de mezzanines, pour compenser. À noter que la couleur des chambres a été choisie «de manière encadrée» par les enfants eux-mêmes. Hormis dans cette section, la luminosité du nid est trompeuse : les grandes baies vitrées et un immeuble de l’autre côté de la rue de taille modeste donnent à ce 2e étage une clarté inespérée. « À part l’absence de vue, ce logis n’a que des qualités ! », se félicite la proprio. On confirme.

Photos : Aurélien Vivier pour the-only-place

VILLES THERMALES : AU FIL DE L’EAU

VILLES THERMALES : AU FIL DE L’EAU

DANS LE MÊME BAIN !

Aix, Evian, Saint-Gervais, Thonon, Brides, Divonne… «-les-Bains». Ces deux petits mots, synonymes d’eau évidemment, relient ces villes entre elles et, comme le ferait un nom de famille, leur donnent des traits de caractères similaires et des airs de ressemblance, témoins de bouts d’histoire communs.

Au départ, il y a forcément une source, chaude ou froide, bonne à consommer ou pour barboter. Mais jusqu’au XVIIIe siècle, pas d’analyses, les propriétés de l’eau ne sont connues que de manière très empirique. Les buveurs et baigneurs sont principalement des locaux, qui, le soir, rentrent chez eux, chez leurs parents ou amis. Quelques rares lieux privilégiés permettent l’hébergement de « personnes de qualité » car ils se trouvent à proximité d’un couvent ou d’un château hospitalier -c’est le cas de l’Hôtel de M. de Seyssel à Aix ou du Château de Blonay à Evian1– mais l’ensemble reste confidentiel et peu structuré. C’est à Bath, en Angleterre, qu’émerge l’idée de faire de ces points d’eau des destinations mondaines, des endroits où se croisent artistes, intellectuels, membres de la Cour… Au milieu du XVIIIe siècle, la ville du Somerset attire plus de 2000 curistes chaque été et lance un modèle de villégiature avec urbanisme et programme architectural dédiés1. Dans la foulée, le thermalisme se développe en France et en notamment en Savoie, sous l’impulsion de l’administration sarde. De nombreuses sources sont reconnues, analysées. En fonction de leurs vertus se développent des stations, sur l’exemple de l’élégante Britannique.

RIEN QUE DE L’EAU ?

La marche participant à la réussite du traitement, les premiers aménagements découlant de cette orientation -en dehors des établissements thermaux- portent sur la création de promenades, comme celle du Gigot à Aix-les-Bains. Même si la campagne est souvent proche, le Parc Thermal devient ensuite rapidement l’un des quatre éléments clés de ce nouveau modèle urbain, avec les Thermes, le Grand Hôtel et le Casino, qu’on appelle d’abord le Cercle. Car si les curistes ne passent pas leurs journées à boire de l’eau ou à se promener, leurs accompagnants encore moins. Il faut les occuper. Jusqu’à la Deuxième Guerre Mondiale, l’attractivité d’une ville thermale se mesure donc à la qualité de ses eaux et au foisonnement des activités qu’elle propose. “C’est ainsi que, pendant les Années folles, cette clientèle à haut revenu fréquente les palaces, les opéras et les music-halls, joue au casino, danse le jazz ou le tango…” re-situe le rapporteur d’une étude sur la diversification des activités thermales2. “On considère que dans ces villes d’eaux, la part de véritables curistes est inférieure à 50% de la clientèle ! Mais cela ne concerne que quelques stations, comme Aix, Brides ou Evian ; d’autres, plus petites, plus modestes aussi, accueillent surtout des patients, pour qui le soin passe avant le loisir.

ARCHI STYLÉES

Casinos flamboyants, villas somptueuses, hôtels luxueux, “quand on pense thermalisme, on pense surtout à une architecture fin XIXe, début XXe”, résume Florence Fombonne-Rouvier, directrice du CAUE73, “qu’on retrouve aussi sur la Côte Basque, en Bretagne ou dans les autres villes d’eaux.“ Et pour cause. “C’est la grande époque de l’École des Beaux-arts”, confirme Arnaud Dutheil, du CAUE74, “où dessiner l’hôtel d’une station thermale est un exercice de style pour les étudiants en architecture. C’est pour ça qu’on retrouve un peu la même typologie de bâtiments, qui n’a rien de local, que ce soit à St-Gervais, au Touquet ou dans le Massif Central. D’autant qu’il y a toute une campagne de constructions qui se fait au moment de l’émergence d’un style, l’Art Nouveau.” Ferronneries, balcons et marquises à Aix-les-Bains, Buvette Cachat à Evian, Hôtel Chicago à Divonne… Ce marqueur de la Belle Epoque est effectivement bien visible, ainsi qu’une autre tendance qui se plait à mélanger les références historiques antérieures : l’éclectisme, qu’on retrouve à la Villa du Châtelet à Evian, et à La Roche du Roi ou l’Hôtel Bernascon à Aix. “Et à l’intérieur des thermes, il faut à la fois le côté hygiéniste, avec de grandes baies qui laissent entrer la lumière, des pièces larges, pas de recoins ; et des espaces mondains pour que les gens se rencontrent, avec des tableaux, des sculptures”.

Thermes Pelligrini Aix-les-Bains (©Archives municipales d’Aix-les-Bains)

À LONGS THERMES ?

Ce faste imprègne donc les stations thermales savoyardes et les définit jusqu’à la moitié du XXe siècle. Mais après la Seconde Guerre Mondiale, la période de mutation sociale et économique ouvre le thermalisme à une fréquentation plus populaire, avec la reconnaissance des cures par la Sécurité sociale en 1947. Ce tournant sauve une grande partie des stations thermales françaises de la fermeture -les bains de la prestigieuse Bath, eux, fermeront à la fin des années 70-. Mais il s’en suit un changement radical dans la fréquentation. Les curistes, aux revenus beaucoup plus modestes, viennent désormais uniquement pour le soin, et non pour les loisirs appréciés auparavant par la clientèle huppée. On détruit les villas. La plupart des palaces, vétustes, trop chers à l’entretien, ne rouvrent pas et sont convertis en appartements.
Mais la grande époque du thermalisme a profondément marqué les villes d’eaux savoyardes, qui en ont gardé, pour la plupart, les bâtiments emblématiques, voire l’âme. “Le thermalisme a eu une telle influence sur le développement d’Aix, par exemple, qu’il a même amené la ville, jusqu’au XXe siècle, à tourner le dos au lac, à se ramasser sur le secteur des sources, c’est un élément fort et fédérateur”, rappelle Florence Bombonne-Rouvier. “Il est plus anecdotique à Challes, mais à La Léchère, il a permis de contre-carrer une image noire, charbonneuse, et à Brides et Salins, si l’activité a été un peu mise sous coupe au profit du ski, c’est en train de changer aujourd’hui, avec la volonté de fonctionner sur quatre saisons”. Même si elle a coulé sous les ponts, l’eau thermale irrigue donc encore abondamment les stations dont elle a jailli.

ANNECY-LES-BAINS ?

Il aurait pu y avoir une 4e destination thermale haut-savoyarde…” tease Arnaud Dutheil, directeur du CAUE74. “Le rattachement de la Savoie à la France a boosté les stations locales, et une ville située au bord d’un lac, lieu de villégiature romantique par excellence, avec un casino et un théâtre, qui, -consécration!- fait l’objet d’une visite du couple napoléonien, puis lance la construction d’un palace, c’était un signal…” Au tournant du XXe siècle, Annecy a effectivement tous les atouts en mains, sauf peut-être une source exploitable à des fins thermales. Le projet est donc… tombé à l’eau -oui, c’est facile.

1. Les villégiatures du XVIe au XXIe siècles – Marc Boyer – EMS Management et Société – Janvier 2008
2. La diversification des activités des stations thermales – Conseil National du Tourisme (2011)

Photo : ©Archives départementales de l’Ain, 5 Fi 143-139, Ancien établissement des Bains

EN CHANTIER : Annecy

EN CHANTIER : Annecy

QUOI DE NEUF… DOCTEUR ?

ACTIV PREND LE POULs D’ANNECY ET DE SON AGGLO. TOUR D’HORIZON DES CHANTIERS EN COURS.

HÔTEL DE VILLE : L’ARCHITECTE PIERRE-LOUIS FALOCI AUX MANETTES

Image : Pierre-Louis Faloci

Ravagé par les flammes en novembre 2019, l’hôtel de ville d’Annecy sera réhabilité par le lauréat du Grand prix national d’architecture 2018 (entre autres récompenses). Début des travaux annoncé pour 2023.
Ça y’est ! On sait lequel des 92 candidats a été choisi -à la quasi-unanimité du jury- pour rendre l’hôtel de ville à ses occupants. Selon le premier adjoint au maire, Benjamin Marias, l’architecte Pierre-Louis Faloci et son équipe devraient donc livrer en 2025 (et non 2023 comme un temps annoncé), un lieu «de vie pour les habitants», «agréable, confortable et fonctionnel» pour les 220 agents qui l’investiront (280 avant l’incendie). Sans surprise, la nouvelle municipalité promet une «performance énergétique exemplaire» et l’architecte annonce un «respect absolu» d’un bâtiment ancien et d’un site «totalement exceptionnel».

SUIVEZ LE GUIDE !

Au rez-de-chaussée : le hall épuré permettra la traversée du bâtiment direction le jardin de l’Europe, un café, un «espace d’innovation publique», un autre d’exposition (Denis Duperthuy avoue être heureux de voir certaines de ses idées reprises !)… Au premier étage, toujours accessible par l’escalier «monumental», les murs des espaces de réception seront refaits «à l’identique», la salle du conseil agrandie pourrait être «duplexée» (partie basse pour élus, partie haute pour le public). Dans les deux derniers niveaux, des « espaces très généreux permettront des rencontres» et la verrière sera remontée au niveau du toit. À l’extérieur, le «ton dominant» de la façade sera conservé, la toiture refaite à l’identique sera surélevée de 40 cm, un belvédère avec vue lac sera créé, et le parking réduit et végétalisé sera en connexion directe avec le jardin de l’Europe. Budget total de l’opération : 30 M€ TTC dont 20 «apportés» par les assurances de la Ville.
En parallèle des travaux, et suite à la création de la commune nouvelle, la municipalité réfléchit au redéploiement des services et des agents sur l’ensemble la ville.

©Elodie Mevel/dessin non contractuel

QU’EST-CE QUI SE TRAM ?

On oublie le fiasco du vote du mois de novembre, au cours duquel, aux recomptages successifs des voix, s’est ajouté l’oubli de la procuration du maire de Charvonnex pourtant reçue à temps. Comme celle-ci aurait mis à égalité les deux scenarios à départager (mix BHNS-tram vs réseau tout bus), Jean-François Gimbert a déposé un recours gracieux pour faire annuler le vote. D’où celui de ce mois de janvier : ainsi, les élus de Grand Annecy ont fini par se mettre d’accord sur le lancement du futur réseau de transport en commun.

TRAM OU BUS ? ON AVANCE !

Avec 89 voix «pour», cette fois nos élus communautaires ont trouvé la «solution apaisante». Youpi ! Il faut dire que la délibération mise à l’ordre du jour ce 17 janvier était calibrée pour. Au menu, des points déjà largement acceptés par l’assemblée : du site propre intégral pour tout le réseau, une enveloppe de 300 M€ permettant de lancer la première phase des opérations et la fameuse ligne rive Ouest-Les Glaisins en bus à haut niveau de service (BHNS). Et pour calmer les élus récalcitrants : exit la ligne de tram Pringy-Seynod votée de justesse en novembre 2021 au profit «d’études préliminaires spécifiques sur le mode tramway» pour cet itinéraire ; une «concertation élargie autour du comité des partenaires rassemblant les élus, les associations, les entreprises et les citoyens» (les partisans d’un referendum n’avaient cependant pas l’air convaincus) et une série d’études sur le mode BHNS pour toutes les branches du réseau.

LA SUITE DANS 18 MOIS

Selon l’Agglo, toutes ces «investigations» devraient prendre 18 mois à compter de la notification du marché d’études. “L’objectif de ce vote c’est d’avancer”, a expliqué Didier Sarda, maire de Talloires-Montmin et vice-président Mobilités actives et touristiques et territoire cyclable. “Le copil (comité de pilotage, ndlr) vous propose de lancer sur cette branche Pringy-Seynod, en plus du BHNS, l’étude en tram pour qu’on puisse revenir dans 18 mois et qu’on emporte une majorité plus large sur un mode ou bien sur l’autre.

©Dubuisson Architecture

PISCINE DES MARQUISATS : RANGEZ VOS MAILLOTS !

Entre ceux qui ne croient plus à une livraison avant la fin de ce mandat, et ceux qui pensent qu’“à ce rythme-là, le projet d’Épagny va finir par sortir avant”, la rénovation de la piscine des Marquisats provoque de belles céphalées !
Oui, le projet a pris du retard : «six mois» dit-on par-ci ; «presque deux ans» calcule-t-on par-là. “C’est dommage pour les Annéciens”, déplore Jean-Luc Rigaut. “On a pris beaucoup de retard pour quelques ajustements cosmétiques. Là encore, entre les discours et slogans de campagne, et puis la réalité qui s’impose aujourd’hui, on voit que l’écart est énorme”, s’agace Denis Duperthuy. Et pourquoi donc ? La faute au Covid ! Non seulement il a décalé la prise de fonction des nouveaux élus, mais il fait grimper les coûts de construction : +15 % (+3,5 M€) selon Nora Segaud Labidi, adjointe en charge de l’Aménagement durable et de l’habitat (+20 % selon Catherine Allard, en charge des Sports et des associations sportives). Pour compenser, la Ville a cherché «des pistes d’économies», explique l’ancienne maire déléguée de Cran-Gevrier. Elle a récupéré 500 000 € (1 M€ selon sa collègue).

VŒUX PIEUX

Entre-temps, de nouvelles réglementations et des contraintes techniques sont apparues, et la Ville a modifié le cahier des charges. En plus des changements annoncés durant l’été 2020, elle a voulu adapter le site à l’accueil de compétitions. Compétitions qui, au final, ne seront pas toutes possibles car le site ne satisfait pas l’ensemble des contraintes imposées par la Fédération française de natation.
Avec ou sans compétition, la piscine devrait être remise en service en septembre 2024 (avant pour les scolaires et les clubs si possible, dit-on). Les travaux devraient démarrer en novembre 2022.
Pour mémoire, le nouvel équipement compte trois bassins (une halle d’apprentissage couverte de 20 mètres, un bassin extérieur de 50 mètres doté d’un mur amovible pour le diviser en deux), un espace forme et un espace aqualudique pour les enfants.

©Samuel B.

PLAGE DE L’IMPERIAL : GRATUITE CET ÉTÉ

L’idée avait été évoquée par certains des élus de l’ancienne majorité, elle est mise en œuvre cet été : la plage de l’Impérial devient gratuite.
C’est une grande décision prise avec les élus de tous bords fin 2021”, résume Frédérique Lardet, adjointe en charge de l’Économie locale et du commerce de proximité. La plage de l’Impérial sera donc gratuite dès l’été 2022. Pas sûr que tout le monde soit ravi. “C’était déjà difficile de trouver une place avant…”, soupire une Annécienne. “On rend la plage gratuite et on fait payer les parkings ! ”, remarque Jean-Luc Rigaut, glissant au passage que ce sont les horodateurs qui «font» le contrôle, alors qu’il faut du personnel si on fait payer les entrées de la plage. Pour lui, l’Impérial offre un service qu’on ne trouve pas à Albigny, ni aux Marquisats. “Ce n’est pas parce que c’est payant que c’est cher, ni que c’est un truc de riche ! Il y a plein de gens qui vont là-bas pour s’offrir une tranquillité”. Faudra repasser !

LE PROJET REVU ET CORRIGÉ POUR 2023

Quoi qu’il en soit, “pour cet été, on va enlever les barrières, remettre de la pelouse et agrandir la plage”, détaille Frédérique Lardet. “On a absolument besoin de place. Les autres plages sont beaucoup trop petites au regard du nombre d’habitants. En 2023, on fera les grands aménagements (la pataugeoire…), mais on mettra peut-être deux ou trois foodtrucks et des jeux pour les enfants.” Une partie de la plage restera cependant privée : devant le restaurant et la discothèque. “On conservera la bande du littoral et la zone de marchepied”, précise Frédérique Lardet. Et pour l’ensemble de ce volet : “Courant février, on lance un Appel à manifestation d’intérêt. On sélectionnera quatre opérateurs et d’ici fin mai/début juin, on choisira celui qui exploitera dès 2022 (NDLR : dans l’urgence !) le restaurant, la discothèque et la plage privée en l’état. Les travaux commenceront à la fin de la saison 2022 et c’est en 2023 qu’on aura le projet revu et corrigé avec les nouveaux investissements côtés privé comme public”. Ceux qui se demandaient comment la Ville allait faire pour mettre en œuvre sa décision tout en respectant le calendrier ont désormais la réponse !

FFS : DES BUREAUX TOUT NEUF À MEYTHET

En juin dernier, les élus annéciens s’écharpaient sur la subvention demandée par la Fédération Française de Ski pour la construction de son futur siège. Sept mois plus tard, la fédé a bouclé son budget sans la Ville, seul acteur public à ne pas accompagner le projet : l’Agglo, le Département (ex-propriétaire du terrain), la Région et l’État ont apporté leur contribution. Les quelque 35 permanents et le double d’intervenants indépendants emménageront près de l’aérodrome, «au plus tard en juillet 2023» selon David Loison, directeur général de la FFS.
Au programme des travaux : un bâtiment de 2 100 m2 de surface de plancher pour des bureaux, des aires de stockage de matériel et autres «pièces textiles» et des espaces de réunion.
Exit donc les problèmes de fonctionnalité, de circulation et d’accès liés à l’actuel QG, rue des Marquisats, qui aura rendu 38 ans de bons et loyaux services. Une fois la fédé partie, si l’équipe municipale actuelle reprend l’idée de la précédente, les espaces libérés serviraient à l’extension de l’école d’art et à la création de logements d’étudiants.

©Lara Ketterer

COMMISSARIAT DE POLICE : DÉMÉNAGEMENT EN 2025 ?

C’est au début de cette année 2022 que devrait être choisie l’équipe qui construira le nouvel hôtel de police d’Annecy. Si l’actuel calendrier prévisionnel est respecté, 320 agents emménageront rue des Usines début 2025, dans un bâtiment de deux étages d’environ 6 900 m2 de surface de plancher et doté d’un parking silo. Le tout sur un terrain racheté 1,7 M€ TTC par la Ville à la SNCF. Le site doit réunir la PJ et la Direction départementale de la sécurité publique entre autres services. Outre la mise à disposition du terrain -via un bail à construction dont le montant de la redevance n’est pas encore connu-, la Ville déconstruira les actuels bâtiments et dépolluera le site.
Quid du devenir du terrain rue des Marquisats ? Le Petit Pâquier dont «rêve» Jean-Luc Rigaut a-t-il encore ses chances ? La Ville regarde ailleurs et préfère évoquer l’étude lancée sur le secteur qui accueillera le commissariat et le projet Cogedim/SNR. Un périmètre qui comprend aussi l’avenue de Cran, la route de Chevennes et même la gare à qui on voudrait ajouter une deuxième entrée.

©Incaa Paris

UN CINÉ À SEYNOD POUR NOËL ?

On vous en avait parlé en avril 2019, le nouveau cinéma annécien, deuxième multiplexe de la ville, est en train de sortir de terre au centre commercial Val Semnoz. Il pourrait projeter ses premiers films pour Noël 2022. C’est en tous cas ce que souhaite le propriétaire, le groupe Megarama.
Si le projet a pris près de deux ans de retard à cause des recours successifs déposés par les propriétaires des cinémas annéciens, puis de la crise sanitaire, il ne devrait pas s’éloigner de la version initiale : neuf salles, 1 380 fauteuils et une vingtaine d’emplois créés.

©Geronimo Architectes

LES CAPUCINS : UN HÔTEL DANS LE COUVENT ET UN RESTAURANT TOUJOURS DANS LA CHAPELLE

Bien que le permis de construire ait été délivré par l’ancienne municipalité annécienne, le projet d’hôtel-restaurant-galerie imaginé par le groupe Tribeca dans la chapelle et le couvent des Capucins est en pause. Une pause qui est liée, selon la Ville, à la volonté des propriétaires du célèbre Sapaudia, entre autres adresses bien connues, d’accueillir leurs premiers clients quand l’ensemble du site sera livré. C’est-à-dire la centaine de logements terminée et le parc public aménagé (par les services de la Ville moyennent 1 M€). Côté calendrier, promoteurs et élus pencheraient pour la fin 2024…

COUP DE JEUNE POUR LA RUE LOUIS ARMAND

Dans la continuité des travaux mené quartier des Teppes (Activmag novembre 2019), c’est au tour de la rue Louis Armand et du parking souterrain de bénéficier d’un coup de jeune. Au cœur des travaux de «requalification» prévus pour démarrer en janvier 2023 : le revêtement de la rue, des espaces verts, l’éclairage public et une aire de jeux. Pour la partie parking : étanchéité, remise aux normes incendie et PMR, création d’un ascenseur, et installation de bornes de recharge électrique.

villes thermales : THONON-LES-BAINS

villes thermales : THONON-LES-BAINS

COURTS THERMES

Osons une Lapalissade dans le développement des villes thermales de la région, l’exploitation de l’eau a joué un rôle moteur et déterminant. Si elles se sont ensuite souvent diversifiées, elles se sont d’abord déployées autour de leurs sources. Thonon fait exception.

Photo : Le Grand Hôtel du Parc (thermal) aujourd’hui (©C. Pedrotti et F. Louis)

A la fin du XIXe siècle, la capitale du Chablais est dynamique. Elle concentre les activités économiques du Canton compte quelques hôtels -on y vient pour la foire, le tribunal ou les démarches administratives- et elle est plus peuplée qu’Evian ou Aix-les-Bains, qui ont déjà ouvert les vannes du thermalisme. Les qualités de la source de la Versoie sont connues, mais il faudra attendre 1888, soit plus de 20 ans après avoir obtenu l’autorisation de l’exploiter, pour inaugurer les premiers thermes.
Thonon a eu du mal à se mettre en route”, raconte Françoise Breuillaud-Sottas, docteur en histoire à l’Université de Savoie. “La ville a d’abord cherché un concessionnaire, il y a eu plusieurs projets de convention avec des hommes d’affaires, plusieurs échecs, jusqu’à ce que le conseil municipal prenne à son compte l’exploitation des eaux, fasse les travaux de captation et construise l’établissement thermal. L’expérience de sa voisine Evian mène Thonon à aller à l’essentiel, mais ce développement, géré par une municipalité, plutôt que par des fonds privés, fait qu’il y a peu de capitaux à investir.

Le Grand Hôtel du Parc (©Archives de Thonon-les-Bains)

GAGNER SON BAIN

C’est donc la Société Anonyme des Eaux Minérales de la Versoie, à qui la commune cède l’activité en 1892, qui crée le casino, entretient le parc et fait construire des villas, notamment sur le Boulevard de la Corniche. À quelques centaines de mètres de là, ouvre le Grand Hôtel des Bains, dont les incroyables fondations, dans le talus qui descend vers le port, lui donnent la hauteur d’un immeuble de 14 étages. Et en face du casino, les Eaux d’Evian, qui croient en la complémentarité entre les deux stations, font construire le prestigieux Grand Hôtel du Parc. Avec son architecture Belle Epoque et sa vue sur le Léman, il attire le gratin européen, à l’image du Président de la République Armand Fallières ou du célèbre violoniste de jazz Stéphane Grappelli, qui y aurait effectué son premier contrat en tant que musicien professionnel. En matière d’urbanisme, “contrairement à Evian, il n’y pas de «saupoudrage» du thermalisme partout dans la ville. Il se crée plutôt un quartier autour de l’établissement thermal, un peu excentré, mais très cohérent.” En 1914, Thonon compte une dizaine d’hôtels, dont deux de luxe, la station est lancée.

Le premier établissement thermal au début du XXe siècle, rasé depuis (©Archives de Thonon-les-Bains)

NO BAIN, NO GAIN ?

La Première Guerre Mondiale fragilise l’ensemble. Mais c’est la crise de 1929, arrivée trop tôt pour une station encore trop jeune, qui brise son élan. Le casino ferme définitivement, l’Hôtel des Bains a déjà été transformé en appartements depuis longtemps, celui du Parc le sera avant la fin de la Deuxième Guerre Mondiale. L’époque du thermalisme flamboyant fut de courte durée dans la sous-préfecture chablaisienne, mais l’équilibre de la commune n’en est pas per- turbé : “d’une part, le thermalisme y était moins important qu’à Evian, par exemple, et d’autre part, Thonon va très vite, avec son Syndicat d’Initiative, opter pour être un centre touristique à l’entrée des vallées.” Après la destruction du premier établissement, l’activité thermale reprend tout de même dans un nouvel bâtiment, construit plus bas dans le parc, au milieu des années 50. Au point de faire de Thonon, aujourd’hui, la 3e destination thermale en Savoie-Mont-Blanc, derrière Aix-les-Bains et la Léchère*.

CARTES SUR TABLE

Pas question donc de renier cette identité. “L’équipe municipale précédente avait intégré un certain nombre de prescriptions au PLU pour préserver le patrimoine thermal”, explique Christophe Arminjon, maire de Thonon depuis 2020. “Le Boulevard de la Corniche, par exemple, «belvédère du Lac», est répertorié comme une promenade thermale, dont il faut préserver les vues. Il y a également encore une quinzaine de villas, protégées au titre du code de l’urbanisme, comme l’est aussi la Résidence du Parc (ancien Grand Hôtel du Parc).” Les thermes ont été rénovés en 2012, ainsi que le «Champignon de la Versoie», la fontaine couverte de mosaïques dessinée en 1936 par Louis Moynat -architecte de l’école hôtelière Savoie-Léman- à laquelle les Thononais aiment venir s’approvisionner.
Nous avons maintenant pour projet de redonner vie à l’ancien casino, occupé un temps par des activités associatives, mais désaffecté depuis 2006. Comme aux grandes heures du thermalisme, il va retrouver ses fonctions de réception et de représentation, avec un espace d’apparat pour de belles expositions, un espace dédié à la médiation culturelle et un salon de thé ou piano-bar avec une grande terrasse. Il retrouvera son état d’origine, dans le style art déco, avec la rénovation à l’identique de ses façades décorées et la restitution de sa véranda (livraison prévue en 2024). Comme nous sommes une ville thermale, mais touristique aussi, nous avons toujours le droit d’accueillir un établissement de jeux. Nous sommes donc en train de travailler à l’implantation d’un nouveau casino, qui ne sera pas situé, par contre, dans le quartier thermal. Il nous reste encore quelques cartes à jouer…

*Aix-les-Bains est la ville thermale la plus fréquentée en Auvergne Rhône-Alpes, La Léchère est la 5e et Thonon la 14e – Traitement Observatoire SMBT – Zoom Filière Thermalisme. Ed. 2020.

villes thermales : aix-les-bains

villes thermales : aix-les-bains

retour aux sources

Un millénaire d’histoire en un seul bâtiment. Les Thermes Nationaux, à Aix-les-Bains racontent évidemment l’aventure thermale, mais aussi l’évolution architecturale et urbaine de la ville : comme le ruisseau creuse son lit, l’exploitation de l’eau en a littéralement façonné le visage.

Photo : Arc de Campanus et la façade Pellegrini / ©Archives municipales d’Aix-les-Bains

«Remettre de la vie», voilà pour Renaud Beretti, maire d’Aix-les-Bains, l’objectif du projet de réhabilitation des anciens thermes, par l’architecte belge Vincent Caillebaut, dont les travaux devraient commencer en 2023. “Aujourd’hui, c’est un bâtiment creux, une friche industrielle, un obstacle à la circulation libre (des piétons, depuis la place Maurice Mollard en direction du Revard)… Mais aussi un élément de notre héritage à conserver. À Aix, plus que dans d’autres villes, le thermalisme a imprégné l’architecture. Les bâtiments, le patrimoine, nous y ramènent sans cesse et la ville a été déséquilibrée par l’arrêt de cette activité en son centre” (ndlr : depuis 2008 et l’ouverture des Thermes Chevalley sur les hauteurs de la commune).
55 000 m2 désœuvrés, en face de la mairie, il y a effectivement de quoi vous déstabiliser un cœur de ville. Le poids mort que représente cet ensemble est à la mesure de la place que l’eau occupe dans l’histoire d’Aix-les-Bains. Et pour cause, la ville serait tout simplement née autour de ses sources chaudes, il y a 2000 ans. Les vestiges des thermes de cette époque sont d’ailleurs encore visibles aujourd’hui.

Place Maurice Mollard et anciens thermes ©Laurent Fabry/Studio Arclusaz

RESTOS ET GIGOT

Le Moyen-Age est ensuite moins enclin aux bains. Les sources ne se tarissent pas, mais sont délaissées, et la petite bourgade pousse dans ses remparts -l’équivalent de l’hyper-centre actuel-. Ce n’est qu’au XVIIIe siècle, sous l’impulsion de Victor-Amédée III, Roi de Sardaigne, que leur exploitation devient un élément majeur dans le développement du bourg savoyard, avec la construction de l’établissement Royal des Bains (1783) -qui constitue toujours aujourd’hui l’extrémité nord de l’ancien complexe thermal -. Pour dégager la place, le quartier médiéval, qu’un gigantesque incendie avait déjà largement détruit une cinquantaine d’années plus tôt, continue à être démoli, et l’on aménage, en dehors des murs de la cité, une promenade paysagère pour les curistes, le Gigot, soit “le premier acte d’urbanisme concernant les espaces verts”, d’après Joël Lagrange, directeur des archives d’Aix-les-Bains*. Rapidement, les célébrités de l’époque apportent glamour et renommée à la station. Une bonne partie de la famille Bonaparte, notamment, entraîne dans son sillage une clientèle parisienne qu’il faut nourrir et loger. Les demeures bourgeoises des notables locaux deviennent alors des pensions, et le long de la nouvelle route qui relie Chambéry à Genève poussent auberges, restaurants, petits hôtels, “la ville sortait alors de ses remparts, mais en suivant les grands chemins et les rues les plus fréquentées”*.

Hôtel Le Bernascon aujourd’hui ©Gilles Lansard/Aix Riviera
Casino Grand Cercle ©Gilles Lansard / Aix Riviera

SISSI ET PELLEGRINI

Mais qui dit clientèle prestigieuse dit nécessité de monter en gamme. Au milieu du XIXe siècle sortent donc de terre les bâtiments prestigieux qui inscrivent pour longtemps l’identité de la ville dans la pierre, à commencer par de nouveaux thermes, positionnés devant les Bains Royaux, dits Thermes Pellegrini, du nom de l’architecte qui les conçoit. Il marque Aix de sa patte en imaginant également le Casino Grand-Cercle, élément indispensable des mondanités thermales, et le Grand Hôtel Royal, avec son atrium central et sa verrière.
À la même époque, le chemin de fer, implanté pour transporter les armées de Napoléon III, soutien de Victor-Emmanuel II contre l’Autriche, permet de désenclaver la ville et de favoriser l’arrivée des curistes. En 1866, la gare est transférée à son emplacement actuel. Les «étrangers», qui venaient principalement de Lyon par bateau sur le Rhône, arrivent donc directement à proximité du centre-ville.
Ils sont d’ailleurs de plus en plus nombreux et lourdement couronnés : la Reine Victoria, Sissi, et plus tard Georges 1er de Grèce ou l’Aga Khan… Afin de les accueillir selon les standards auxquels ils sont habitués, à partir de 1880 sont construits sur les coteaux, pour le panorama, de très belles villas de villégiature et une quinzaine de palaces, comme le Beau-Site, le Bernascon, le Mirabeau… Pour cette architecture Belle Epoque, la tendance est à l’éclectisme, on va chercher dans le passé et on mélange les influences. Le complexe Splendide-Royal-Excelsior témoigne de cet agrégat de styles et de l’ascension fulgurante de la station thermale aixoise : avec son hall orné de stuc de lapis-lazuli et sa vue imprenable sur le Lac du Bourget, l’exubérant et néo-classique Splendide (1884) connaît un tel succès qu’il se voit agrandi d’une première annexe, l’Excelsior et son décor Art Nouveau (1906), à laquelle il est relié par un passage couvert ; puis d’une deuxième annexe, le moderne Royal, inauguré juste avant la déclaration de guerre, qui fait de l’ensemble l’un des plus beaux hôtels d’Europe de l’époque.

Thermes Pétriaux – 1934 ©Archives municipales d’Aix-les-Bains

PÉTRIAUX ET ART DÉCO

Pour construire ces établissements et les faire tourner, il faut du monde. Entre 1850 et 1914, la population aixoise passe de 3000 à 9000 habitants, et entraîne donc le développement des quartiers du côté de la gare et du bas de la ville. En parallèle, “on reconstruisit presque entièrement le centre-ville entre 1885 et 1910, faisant table rase de son aspect médiéval pour un style architectural qui n’a plus rien de local, et cela pour améliorer et agrandir les petits hôtels de la période précédente, mais aussi pour bâtir des immeubles de trois ou quatre étages avec boutiques au rez-de-chaussée”*.
Après la Première Guerre Mondiale, l’aristocratie européenne est ruinée. Pour séduire une nouvelle clientèle de fortunes économiques, banquiers, financiers, hommes d’affaires, la direction des thermes ambitionne de faire de son établissement le plus luxueux du vieux continent. Elle confie les travaux d’agrandissement à l’architecte départemental Roger Pétriaux, qui en double la surface et fait appel à des décorateurs de renom. Aux deux extrémités sont situées les cabines de luxe, dont celles dites de l’Agha Khan, entièrement ornées d’un riche décor de mosaïque. Avec son large hall et ses ailes symétriques, son style art déco dans la lignée du Palais de Chaillot, le bâtiment occupe le centre d’Aix de manière monumentale. Pétriaux, lui, pense aussi la plage municipale au bord du lac, ainsi que le réaménagement du parc thermal, avec une fontaine, un théâtre, des kiosques et un restaurant.

Hôtel Bernascon, début XXe siècle (©Archives Municipales d’Aix-les-Bains)
Hôtel Mirabeau, début XXe siècle (©Archives Municipales d’Aix-les-Bains)

CAILLEBAUT ET RENOUVEAU

Comme pour la plupart des stations thermales, les années 50 marquent un tournant majeur dans la fréquentation d’Aix-les-Bains : assurés sociaux remplacent gotha et starlettes. “C’est l’ère des meublés qui commence, transformant profondément le visage du centre-ville puisque l’on y construisit nombre d’immeubles destinés à cette clientèle. (…) Il est parsemé de ces constructions qui rompent l’harmonie de la ville du XIXe siècle.” À l’image de la Tour Mabileau, qui pousse sur les thermes et permet, en accueillant les services administratifs, de libérer de la place, dans le bâtiment initial, pour les curistes : ils sont près de 60 000 par an dans les années 80.
Vestiges romains, façade néo-classique, monument art déco, tour de bureaux… “L’évolution du bâtiment thermal, avec ses différentes séquences historiques, est un résumé de toute l’architecture aixoise, nous sommes en train d’écrire la prochaine”, résume Renaud Beretti. Avec ses logements, ses commerces, sa place publique, sa médiathèque -autant d’éléments qui permettront aux Aixois de se ré-approprier le lieu- et la valorisation des parties classées (les thermes romains, les cabines privées de l’Aga Khan), le projet de Vincent Caillebaut s’inscrit dans la continuité de ses prédécesseurs, Pellegrini ou Pétriaux : il conserve en effet l’enveloppe des anciens thermes, mais en réaménage l’intérieur et pose ses tours dessus. En réhabilitant ce bâtiment, la ville d’Aix-les-Bains renoue donc avec son passé et réaffirme son identité, tout en s’apprêtant, une fois de plus, à changer de visage.

Projet des nouveaux thermes nationaux ©Vincent Callebaut Architecture

Avec la collaboration de Joël Lagrange, directeur des archives d’Aix-les-Bains

*«L’évolution urbaine d’Aix-les-Bains» par Joël Lagrange, Arts et Mémoire N°32, Déc. 2004.

MÉTAMORPH’OSE

MÉTAMORPH’OSE

LE TOIT DANS L’ŒIL

On rêve tous d’avoir plusieurs vies – les chats en ont bien sept -. Pour prendre un nouvel élan, certains ont donc choisi de poser meubles et famille dans des bâtiments à l’origine peu adaptés, entièrement repensés. Tour du monde des meilleures idées…

©Cortesía de Ricardo Bofill Taller de Arquitectura

LA CIMENTERIE-MAISON
LA FÁBRICA, ESPAGNE – RICARDO BOFILL – 1975

La première fois qu’il voit les blocs de béton, les énormes silos et les cheminées fumantes de ce complexe industriel catalan sur le point d’être démantelé, l’architecte espagnol Ricardo Bofill (auteur, entre autres, du W Hotel Barcelona, de la halle vitrée du Marché Saint-Honoré et de la Place de Catalogne à Paris) se dit immédiatement que ces 31 000 m2 pourraient répondre à ses envies d’espace. Il garde 8 des 30 silos d’origine et remodèle le site à grands coups de dynamite et de marteau-piqueur. Au final, les silos abritent son agence d’architecture, dont la « Cathédrale » avec ses plafonds perchés à 10m de haut en est l’espace de travail principal. Mais Bofill fait aussi de l’usine son refuge familial, sa résidence : avec son alignement de longues fenêtres cintrées, un grand volume de ciment brut dans la partie supérieure devient la pièce de vie, la « Sala Cubica », à laquelle il adjoint cuisine, chambres et salle de bains. Et pour les extérieurs, l’architecte laisse la nature envelopper le site. Doucement, mais sûrement, palmiers, oliviers, eucalyptus, cyprès et lierre colonisent l’ensemble… Quand un ancien champion de la pollution devient un nouveau poumon !
ricardobofill.com

©Jim Tschetter

L’ÉGLISE-MAISON
LINC THELEN DESIGN, ETATS-UNIS, SCRAFANO ARCHITECTS – 2015

Vous avez trois enfants et vous rêvez d’un vaste intérieur où les voir grandir ? Rénovez une église ! C’est ce qu’a fait cette famille (aisée) de Chicago, après être tombée amoureuse d’une chapelle méthodiste de 1901 –désacralisée une vingtaine d’années après- en plein cœur du quartier de Little Italy. Le bâtiment était entièrement à refaire. L’artiste et décorateur d’intérieur Linc Thelen l’a donc désossé, pour en révéler la poutraison et les câbles métalliques, ainsi que les briques intérieures. Il a conservé le clocher, transformé en salon TV et ouvert jusqu’à la toiture, ainsi que les vitraux originaux, dont les teintes dorées et motifs foisonnants, présents dans la plupart des pièces (cuisine, chambres, salles de bain), répondent au mariage verre et métal du reste de la maison. Le blanc des murs et les très hauts plafonds (presque 8 m dans la pièce de vie) rendent l’ensemble incroyablement lumineux, quand le plancher boisé et des hauteurs plus raisonnables dans les chambres créent des espaces chaleureux. Sacré bon lieu !
lincthelen.com

©Rachael Smith

LE PHARE-MAISON
WINTERTON LIGHTHOUSE, GRANDE-BRETAGNE SALLY MACKERETH – 2012

Il en a vu passer des galions, des corsaires et des navires de guerre. Sur son bout de côte britannique, là où le Norfolk regarde vers la Hollande, le phare de Winterton joue son rôle de vigie depuis le XVIIIe siècle. Mais quand Julian Vogel le rachète en 2012, il n’est plus en activité depuis presque un siècle : il a perdu sa tête –la légende veut en effet qu’elle soit toujours en fonction, mais sous les latitudes plus clémentes du port d’Abaco, aux Bahamas-. Alors, la femme de Julian, l’architecte Sally Mackereth, lui en redessine immédiatement une, comme le ferait un enfant : une lanterne de verre et de métal, dans laquelle elle niche une chambre-mezzanine avec vue panoramique et compas au plafond. Le reste de la maison s’enroule le long de l’escalier, cuisine et salon au rez-de-chaussée, dortoir et lits superposés incurvés au 1er, chambre parentale au 2nd, bibliothèque au 3e. Derrière ses murs épais d’un mètre, sous la couette avec une tasse de thé, Winterton est le cocon idéal pour observer, bien protégé, tempêtes et vols de mouettes.
wintertonlighthouse.com

LE BUS-MAISON
ETATS-UNIS – DEBBIE & GABRIEL MAYES – 2017

Quand une famille s’agrandit, logiquement, le besoin de pousser les murs suit. Pas chez les Mayes… Saturés de leur rythme quotidien de «hamsters dans leur roue», il y a 4 ans, Debbie et Gabriel Mayes décident de réduire leur espace de vie : ils troquent leur grande maison américaine de 450 m2 avec deux salons, une chambre pour chacun de leurs quatre enfants et une impressionnante collection de chaussures, contre les 25 m2 habitables d’un bus scolaire reconverti en maison itinérante.
«Skoolie» quitte alors l’Oklahoma pour un voyage de 2 ans direction la Californie. Côté aménagement, une pièce isolée au fond permet aux parents de préserver leur intimité, les enfants ont leurs lits superposés, il y a une vraie cuisine équipée et même une petite baignoire pour laver bébé… Si l’organisation est millimétrée, pas question non plus, pour ce couple hyper instagrammable et fan de déco, de transiger sur le style : road-trip et vie de bohème, oui, mais en version design scandinave, noir&blanc et minimaliste, s’il vous plaît. Le truc en plus ? Le rooftop, aménagé pour admirer, en famille, le soleil se coucher… themayesteam.com

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