christine arron

12 Déc 2019

rattrape-moi si tu peux !

QUE FAITES-VOUS, VOUS, EN 10 SECONDES ET 73 CENTIÈMES ? ELLE, ELLE LAISSE TOUT LE MONDE DERRIÈRE ! ATTACHEZ VOTRE CEINTURE, RESPIREZ UN GRAND COUP, ON A RENDEZ-VOUS AVEC LA 4E FEMME LA PLUS RAPIDE AU MONDE. CHRISTINE ARRON DÉTIENT LE RECORD EUROPÉEN DE VITESSE SUR 100 MÈTRES DEPUIS… PLUS DE 20 ANS !

Qui a oublié la finale du relais 4 fois 100 m à Budapest en 1998 ? Championnats d’Europe : cheveux peroxydés, Christine Arron, tout juste satellisée par son record en individuel, au terme d’une dernière ligne droite légendaire, comble plus de 5 mètres de retard sur la Russe Irina Privalova et décroche le titre pour l’équipe. Exploit réitéré en 2003 aux Mondiaux de Paris, quelques mois seulement après avoir accouché. Cette femme est juste une extraterrestre en baskets ! Elle ne coure pas, elle vole…

Activmag : Enfant, quel métier vouliez- vous faire ?

Christine Arron : Je rêvais de devenir hôtesse de l’air…

Quel genre d’enfant étiez-vous ?
Très dynamique et en même temps assez lente ! (rires) Je n’étais jamais pressée, surtout pour aller à l’école. J’aimais traîner. J’étais assez tranquille. Ma mère me disait tout le temps : je ne comprends pas comment tu peux être aussi lente dans la vie et courir aussi vite ?

Quand a eu lieu le déclic pour l’athlétisme ?
Y’a pas eu de vrai déclic, en fait. A 9 ans, j’ai commencé à faire du karaté, et puis en 6e, au collège, après une séance de sprint où j’ai battu toutes les filles, les garçons ont voulu se mesurer à moi. Là encore, je les ai tous laissés derrière. Du coup, le prof de gym m’a conseillée de m’inscrire à l’athlé et comme ma meilleure amie en faisait, j’ai suivi le mouvement.

Qui vous a inspiré ce choix de carrière ?
Je n’étais pas du style à idolâtrer qui que ce soit… Ado, je n’étais pas fan de chanteurs ou de sportifs, mais c’est vrai qu’une fois, en regardant les Jeux Olympiques, j’étais tombée sur une course de Carl Lewis et je dois dire, que j’ai trouvé ça plutôt joli à regarder. C’était un bel athlète, forcément… Mais je ne suis pas tombée raide devant ! Après, j’ai aimé Merlene Ottey et plus tard Irina Privalova…

A 15 ans, vous remportez vos premiers titres de sprinteuse en championnat de France, le début d’une longue carrière ?
Jeune, je ne pensais pas faire carrière. J’ai commencé l’athlé à 11 ans, à 12, je faisais mes premiers championnats de France par équipe. Tout était facile. Je ne me posais pas de questions. On voyageait avec les copines, j’aimais ça surtout pour l’ambiance. Même si j’étais déjà une compétitrice, je ne me préparais pas à une carrière de haut niveau, je me laissais vivre… J’étais sérieuse dans tout ce que je faisais, mais j’avais surtout beaucoup de facilité et je gagnais tout le temps. L’implication est venue plus tard.

Tout semblait évident à vos débuts… Et par la suite, vous n’avez jamais douté ?
Oh si ! Dès mon arrivée en métropole en fait. A 19 ans, le déracinement de mon île a été difficile à tous les niveaux… Même si entre temps, j’ai été championne de France du 400 m, j’ai bien mis 5 ans pour prendre confiance. J’ai été tellement souvent blessée… Alors forcément, j’ai douté. Et finalement, ça a passé, mais ça a été long et laborieux.

Et la force de poursuivre, malgré les blessures, vous la puisiez où ?
Il y a toujours eu en moi une voix qui me disait, il faut y aller coûte que coûte, comme si je ne m’accordais jamais le droit d’abandonner. Dans les pires moments, je me disais : un blessé n’est pas mort ! On y retourne !

Vous vous êtes essayée à pas mal de distances, 400, 200, 100, 60…
A la base, je suis une sprinteuse, ma distance, c’est le 100 m. Sur une course, lors d’une compétition, je me suis blessée et mon entraîneur de l’époque m’a fait recourir trop vite, contre l’avis du kiné, ce qui fait que je me suis reblessée, encore et encore. A chaque fois, mon coach refusait de respecter les délais de cicatrisation. Du coup, il m’a dit un jour, «comme tu te blesses souvent, on va te passer au 400 m»… Mais c’était de sa faute si je me blessais autant. Du coup, j’ai fait du 400m pendant 2 ans, mon corps avait été trop abîmé, il lui fallait du temps pour se régénérer. Mais cette distance, ce n’était vraiment pas mon choix de départ. C’était plutôt une obligation de récupération. Et progressivement, je suis revenue au 200 m pour finir à ma distance de prédilection, le 100 m. Je regrette juste, avec le recul, de ne pas avoir fait plus de 200 m, c’est une vraie belle course. Mais mon entraîneur ne voulait pas que je coure sur les 2 distances, il fallait faire un choix.

Les distances descendent au fur à mesure que votre âge augmente… On court moins longtemps quand on vieillit ?
En général, c’est l’inverse. Plus on vieillit, plus c’est difficile de courir vite. Le 400 m est moins violent. Mais moi, cette distance m’ennuie. C’est trop lent ! Trop de footings en entraînement. Ce n’est pas dans mon caractère. J’aime quand c’est explosif.

En 1998, vous êtes consacrée «athlète européenne de l’année». Il n’y en a pas beaucoup, en France, qui peuvent se prévaloir de ce titre… Christophe Lemaitre vous a rejoint 12 ans plus tard. C’est de la pression ou du bonheur, ce titre ?
Ce ne peut être que du bonheur. Aucune pression. C’était une très belle année, j’ai battu le record de France, puis couru une dizaine de fois sous les 11 secondes. Ça allait plutôt bien pour moi cette année-là…

Vous donnez naissance en 2002 à votre fils et dès l’année suivante, vous êtes au summum de votre carrière… L’enfantement aurait des vertus dopantes ?
Absolument pas, je vous assure ! (rires) Ça permet juste de se reposer. C’est juste un état d’esprit, un mental. Pendant cette période, j’ai entendu tellement de conneries : “pourquoi t’es tombée enceinte ? Ça va mettre un terme à ta carrière ! Tu vas mettre au moins 2 ans pour revenir au niveau, si tu y arrives !” J’ai refusé que leur scepticisme ait un impact sur moi. Et pourtant, pendant ma grossesse, je n’ai fait quasiment aucune activité physique, j’ai eu des contractions très tôt. En plus, j’ai pris 30 kg ! Mais pour autant, mentalement, j’étais déjà en train de me préparer à la reprise. Et après l’accouchement, je me suis mise au boulot. Ça a été très dur, mais en 3 mois, j’avais perdu mes 30 kg, et 3 mois après, je reprenais la compétition. Ça ne se passe que dans la tête ! Une grossesse n’altère en rien vos capacités. Ni ne les dope!

Votre adversaire la plus redoutable ?
Il n’y en avait pas une en particulier… Peut-être Marion Jones… Mais avant même de se battre contre les autres, il faut se battre contre soi-même ! Je suis sûrement mon premier ennemi…

Votre souvenir le plus fort de votre carrière ?
Y en a 3 en fait. Mon premier titre de championne d’Europe. Premier et unique d’ailleurs ! La médaille à Paris aussi, juste après la naissance de mon fils. Et l’année 2005, une très belle année, avec mes deux premières médailles mondiales sur 100 et 200 m.

Le pire ?
Athènes en 2004, avec l’élimination en demi-finale. La pire année de ma carrière.

Comment fait-on face aux échecs dans ces cas-là ?
C’est long, jour après jour… Il faut pouvoir encaisser, notamment les critiques des journalistes. Mais faut se remettre au travail. Je me souviens que j’allais m’entraîner toute seule, accompagnée juste de ma mère et mon fils de 2 ans, j’avais arrêté la collaboration avec mon coach de l’époque. J’ai puisé au fond de moi la motivation. Je ne pouvais que remonter après avoir touché le fond.

En 2012, à l’âge de 39 ans, vous annoncez mettre un terme à votre carrière pour faire un second enfant et entamer une seconde vie…
Cette année là, j’ai effectivement annoncé ma retraite. J’étais enceinte, mais j’ai fait une fausse couche… Puis, j’ai eu ma fille. Et finalement, j’ai repris la compétition pendant 2 ans pour arrêter définitivement il y a 4 ans, fin 2015. Et au final, cette seconde vie, c’est compliqué… Après 30 ans d’athlétisme intensifs, tout à coup ça s’arrête. Même si je m’y étais préparée, ça a été très, très dur. Je croyais être prête. Mais non ! Alors oui, je travaille, je fais des choses, mais rien qui n’ait la même saveur, la même flamme. Cette flamme, il faut la trouver, la chercher… Mais pour l’instant, c’est sûr, je ne l’ai plus.

Quatrième femme la plus rapide du monde sur 100 mètres, votre record d’Europe reste invaincu. Qui, aujourd’hui, peut faire tomber ce record, selon vous ?
Il n’y a que ma fille qui est autorisée à battre ce record ! (elle éclate de rire) Et elle n’a que 6 ans, donc on a le temps de voir venir !

Aujourd’hui à quoi rêvez-vous ?
De trouver une activité qui me passionne à nouveau…

On vous propose de tester la peau d’un homme, en qui aimeriez-vous vous réincarner pour quelques heures ?
Waouh… Un homme ? Pas en homme politique, ça c’est sûr. Ils aiment trop le pouvoir, trop d’ego… Non, plutôt dans la peau d’un sage.

Votre dernière colère ?
Je me mets facilement en colère… Donc ça remonte à cette semaine, avec mes enfants qui désobéissent. Avec eux, j’ai du mal à garder mon calme.

Votre dernier kiff ?
Il y a des moments dans la vie, où je suis super heureuse sans raison particulière. C’est le cas, ces derniers jours. Tout est fluide.

Vous skiez ?
J’ai «essayé» quelques fois… La première fois que j’ai été sur des planches, c’est autour de 40 ans… Tant que j’étais en compétition, ça m’était interdit.

Les vacances (d’hiver) avec vous, ça ressemble à quoi ?
C’est grasses matinées, on se couche tard, on prend son temps. Faut que ce soit tranquille ! C’est ma nature. C’est la petite fille qui est en moi qui est comme ça. Je suis toujours obligée de me bousculer. Alors pas en vacances !

FAN DE…

Quelle est votre actrice préférée ?
Charlize Theron, cette actrice américaine, qui n’hésite pas à s’enlaidir pour incarner ses rôles.

L’humoriste qui vous fait mourir de rire ?
Nawell Madani.

L’auteure que vous dévorez ?
Amélie Nothomb.

La championne que vous admirez ?
Merlene Ottey qui m’a inspirée d’une certaine façon dans mon parcours.

Votre femme de média préférée ?
La journaliste Elise Lucet.

La femme politique qui vous fascine le plus ?
Simone Veil, forcément.

Quelle femme de l’histoire admirez-vous ?
Je dirais Rosa Parks, figure emblématique de la lutte contre la ségrégation aux Etats-Unis. C’est elle qui, en 1955, a refusé de céder sa place à un passager blanc dans un bus.

Quelle est votre héroïne préférée ?
Katherine Johnson, la mathématicienne de la NASA, surnommée «l’ordinateur humain». Elle a plus de 100 ans aujourd’hui.

@ JB Autissier / Panoramic – @ Imago / Panoramic

Lara Ketterer

Lara Ketterer

Lara Ketterer meneuse de revue SURNOM: enfant, c’était Tatouille, en rapport avec mon prénom... PERSONNAGE DE FICTION: depuis toujours : la femme piège, d’Enki Bilal, une reporter mystérieuse et un peu paumée en 2025... OBJET FETICHE: mon téléphone portable, un vrai doudou que je traîne partout ! ADAGE: vivre sans folie, ce n’est pas raisonnable du tout ! JE GARDE: mes yeux et mon esprit rock, toujours provoc ! JE JETTE: mes coups de blues, ça abime les yeux ! DANS 20 ANS ? Adulte ? presse@activmag.fr

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