sur la mauvaise pente
MÊME SI ÇA FAIT UN MOMENT QU’IL ME TEND LA PERCHE, J’ACCEPTE, MAIS J’AVOUE, JE SUIS UN PEU FRILEUSE. NON PAS QU’ENFILER UNE COMBINAISON SPÉCIALE BATAILLE DE BOULES ME COÛTE DÈS LE RÉVEIL -JE SUIS PLUTÔT DU MATIN- JE NE SUIS JUSTE PAS ENTRÉE EN PISTE DEPUIS UN MOMENT, ET L’IDÉE DE ME RETROUVER ENFOURCHÉE ET SOUMISE, NE ME VA PAS COMME UN GANT.
Pour m’aider dans cette remise à niveau, mon pote Jérôme, lyonnais pure souche complète- ment débauché, a pris mon mal à bras le corps et sacrifié son intégrité, sans savoir vraiment à quel point. Mais comme il ne rate pas une occa- sion quand il s’agit de remontée mec-à-nique, c’est tout bénéf’ ! Bonnet engoncé et boulets aux pieds, j’me lance façon pénitence, tandis qu’il étale sa science à la spatule : “c’est fou de faire une fixation comme ça !!! C’est pas compliqué, il te suffit d’écarter les jambes, de plier légèrement les genoux pour une meil- leure assise, tu coinces le manche délicatement, et ça glisse tout seul.” C’est ça, ouaiiis !!!
UN P’TIT TÉTRIS ?
Voyant ma panique à bord, il prend courageusement les devants, et montre l’exemple. J’enlève mes moufles et lui secoue le pompon à main nue, signe de ma reconnaissance, manquerait plus que je ne sois pas à la hauteur de son dévouement. Il se fait tirer pour moi, et la bonne cause quand même !!! Je le regarde attentivement, j’inspire profondément et à mon tour, c’est partiiii… Elle arrive vers moi, longue et élancée, elle se rapproche, ça y est, je la saisis, dure et un peu tremblante, c’est moi qui commande, youhouuuu !!! Je ferme les yeux très fort au moment de m’l’enfiler entre les guiboles, mais ouiiii, c’est bon, je la sens bien calée, on s’imbrique et je m’émoustille, en route pour l’ascension !
DÉRAPAGE CONTRÔLÉ
Super Jé dans le viseur, je m’évade à le mater de haut en bas, quand l’envie subite de changer de position le secoue. Il se penche et s’emmêle, met un premier coup de rein, essaie de redresser la barre en plantant et plantant encore son bâton, qui plie mais ne rompt pas. Il fait tout pour garder la face et finir en beauté, mais je vois bien qu’il va péter un câble à s’acharner comme ça. J’avoue, c’est un peu l’émulation précoce à quelques secondes près… Le pauvre… A mon tour de faire acte de charité : “T’es dans de beaux draps, gone !!! Lâaache tout, vas-y lâche tout !!!! T’en fais pas, j’arriiiiive !!!!”. A bout de force, il cède, j’en peux plus -de rire- il se relève, je le laisse en plan à marcher comme un canard, les cuisses en feu d’avoir trop donné.
EFFET BOULE DE NEIGE
C’est orgasmique, je suis seule pour savourer cette montée en puissance, je m’accroche, mais j’y suis, l’assaut final m’a tirée d’un grand coup sec, un peu trop peut-être. Faute de carre, au moment de lâcher prise, j’ai la combi coincée dans les plis !!! Et va et vient et va et revient, la rondelle prise dans mes coutures me propulse en arrière… Impuissante, je perds pied dans un râle bruyant et désespéré, embarquant Jéjé au passage, encore tout chamboulé ! Quand une voix sort du pylône d’arrivée : “lâchez la perche, Madame,maislâchezlaperche!!!”.
J’ai déclaré forfait.
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