hommage sans fin aux peignes foin
Petite mamie mise en plis, affranchie, psyché à brusher des racines au carré, mâle bien mal couronné d’une calvitie à détrôner, militaire attaqué par une tondeuse psychopathe, crinières de crin chagrin et autres victimes de détresse capillaire… Miroir oh mon beau miroir…
C’est fou comme on fait face à l’éclectisme public, à traîner nos mèches qui rebiquent chez l’toubib au rasoir dithyrambique !
PÉNITENCES…
Je vous passe l’endimanchée aux racines en chantier, trop bateau.
La bio du ch’veu, sandales et moustaches qui dépassent ? Trop cliché. Mais pour la princesse aux œufs à plat qui, économies en poche, jette sa queue de cheval en l’air et rampe cul par terre pour un thaï and die de tous les diables, là, j’exulte ! Pointes dégradées, même bien fait, ce côté dragon en feu desséché me donne des envies de stérilité! On a beau prévenir que ça dégorge à souhait, rien à faire, elle préfère prendre un coup de balai et allonger la monnaie. Trop stylé !
Mais mon coup de cœur reste le cheveu gras pas vidangé. L’aspect, la brillance et surtout l’odeur. Vive la pression à froid ! Huile de friture premier choix ! Attention terrain glissant.
CONFIDENCES…
On leur confie notre image, notre âge et notre balayage : papillotes en alu, casque enfoncé, cuisson instantanée ou couleur tartinée ? Charlotte à la ouate, c’est dans la boîte ! Apprêtés pour un rendu ? Une chance, le ridicule ne tue plus car au décapage, ce serait le carnage. Alors, vengeance ou complaisance, on se plaint, on s’étale et on s’égare ! Que de souvenirs à trier, d’anecdotes à raconter. Preuve en est, celle d’une gentille mamie qui dans un élan de générosité, décide de partager, par-dessus le sèche-cheveux surchauffé, l’implantation de ses hémorroïdes semi-externes avec l’assemblée… de toute bonté !
De quoi finir éméchés non ?
ET RÉSILIENCE …
OK, on les adore, mais faut pas pousser mémé dans le bac à laver. Rinçage à l’eau glacée pour faire briller et petit massage de nuque à la russe ? Essorage amusé ou passage obligé ?
Qu’en est-il quand trempés jusqu’au bas des reins, on déambule groggy jusqu’au fauteuil pour la négociation finale ? Quand cheveux crépus et mi-longs, on veut cette coupe-là, l’extra-plate plaquée derrière les oreilles, la seule dont on rêve, mais que notre patrimoine capillaire interdit ? Alors là, pas compliqué, c’est fuir ou abdiquer ! Soit on fait confiance à Jean-Louis et on plonge du carré parce que le visagiste, c’est lui… Soit on file à l’anglaise, n’en déplaise !
Il faut être honnête, des Edward aux mains d’argent, guerriers aux lames affûtées, pelles, pioches et accessoires en collier, en véritables sorciers moléculaires, balayer, décaper ou élaguer, ils prennent leur pied !
Le truc, c’est que couper, biseauter, dégrader, dégager ou débroussailler c’est bien joli… Mais entre l’appétit des ciseaux qui dévorent les centimètres à pleine assiette et leur goût pour l’asymétrie parfaite, on finit par perdre la tête !
Une fois rentrées, coiffées et canons de beauté… Seules, une fois le soufflé retombé, il faut récidiver ! Et vogue la galère ! Après maintes tentatives désespérées, inutile de s’essouffler, levez les mains en l’air et respirez! Vouspréférezinsister?Qu’àcelan’tienne,vousfinireztoujours par ressembler au caniche éploré de Marie-Antoinette décapitée.
© Godfer