in the wavy !
UN SKATE POUR TREMPLIN, UNE BONNE PRISE DE VITESSE ET À FOND DE BALLE, IL N’EN FAUT PAS MOINS POUR QUE PAPA JOSETTE RAPPLIQUE. DEPUIS SES PREMIERS JOURS SUR LES PENTES DU MOBILIER DÉCALÉ, LES PAS DE VIS GLISSENT ET VIRENT TOUT SCHUSS. DU FER, DU BOIS ET DE L’HURLUBERLU, À FEIGÈRES, C’EST DRÉ DANS L’PENTU !

35 ans, un style fashion sportswear assumé, casquette vissée sur la tête et chaussures immaculées, Grégory Veyrat annonce la couleur. Mais c’est quoi cette allure endimanchée pour aller bosser en atelier? C’est une blague ? C’est pas vous Papa Josette !!! Il est où votre bleu troué ? Ici, l’image bien léchée est une question d’éthique, et si ça ne commence pas par la base, c’est le dérapage assuré. Raccord du tout au tout, de la basket à la planche de skate, attention, ça file droit !

FREESTYLE…
Et il suffit d’entrer dans son univers pour vite comprendre pourquoi. Même si comme une majorité de garçon, la bricole faisait bien partie du package, Grégory n’a pas toujours fait ça. Originaire d’Orléans, il démarre sa vie professionnelle comme commercial, attaché-case sous le bras et téléphone à l’oreille, du discours au look toujours impeccable, forcément ça marque. Mais c’est bien beau, il est bouge-bouge et plein d’entrain, la paperasse et le terrain, c’est bien, mais le jeune homme veut faire sa trace et écrire un «youhou c’est moi», et heureusement, la créa est là !

EN PISTE !!!
Il commence par bidouiller dans un atelier il y a 5/6 ans. Grégory est passionné d’art, de ride toute catégorie et s’inspire d’idées chopées sur les réseaux pour dérouler ses premières planches. D’un skate à un objet déco, hop pas le temps de dire un mot. Son entourage est conquis, il récolte tous les suffrages. Le feu aux poudres, il crée en 2014 son statut de petite entreprise qu’il estampille Papa Josette… Papa Josette ? C’est pas un peu étrange non ? “Ma fille de 3 ans à l’époque, avait gagné un poisson rouge à la fête foraine. Baptisé Josette, pour la faire marrer, j’avais pris l’habitude de lui dire : Toi, t’es une Josette. Et de me répondre, et toi, t’es un Papa Josette ! C’est la première fois qu’elle a ri à une de mes blagues ! Alors c’est resté.”
SLALOM TOUTE !
Pas d’humeur à tourner dans un bocal, il continue sa double activité orléanaise, quand Sophie, son épouse, s’envole pour Genève passer un doctorat. Tout le monde emboîte le pas et s’installe à Feigères, petit village proche de Saint-Julien-en-Genevois… Sacré changement de climat ! Le temps de s’adapter et c’est reparti comme en 40 : le jeune designer retrouve taff et atelier et s’y remet. Coup de bol, il partage un local avec un menuisier et un soudeur qui le forment aux techniques, le champ des possibilités s’ouvre, il fonce. Horloge, porte-manteaux, balançoire, table basse ou petit banc, c’est clair, sa planche d’érable favorite est sa marque de fabrique, mais freinez illico, vous n’avez rien compris… Moi non plus d’ailleurs. “On pourrait penser que je me distingue avec ça, mais pas du tout. Vous voyez ces pieds larges et plats en métal ? Et bien, c’est ça ma patte. La planche n’est pas une fin en soi.”

SUPER G(REG)
Exclusivement à son compte depuis 5 mois, tabourets hauts et table de bar éclairée, chaises en palettes ou étagères stylées, les idées godillent entre ses mains. Et au milieu des lignes «tendance», il veut clairement imposer la sienne. “L’idée est de proposer une gamme qui sorte de l’ordinaire, qui reste dans l’artisanat et qui le valorise, de façon à créer des choses qui plaisent et qui me plaisent avant tout. Je veux faire du Papa Josette, et je veux qu’on en ait chez soi. Je mets d’ailleurs une petite lanière de cuir sur chacun de mes modèles, je numérote chaque objet, tous sont uniques.” Et pour enfoncer le clou, il rêve que ses meubles ne prennent pas une ride et traversent les générations, certains gravés dans le bois à la demande -par Ma femme préfère le bleu, artisan local- pour ne jamais s’effacer. Pas de marginalité ni de décor street art imposant, il privilégie des courbes épurées, élégantes, simples et plutôt cool pour faire passer son message. Et ce petit banc qui attend sagement dans un coin ne dira pas le contraire, signé Papi Clown pour son petit Louis, pas de doute, Papa Josette fait des petits…