femmes & éducation

3 Mai 2017

le masculin ne l’emporte plus

Ou comment une simple règle de grammaire en dit long sur la manière dont nous devons repenser l’équilibre garçons-filles. en adaptant le langage, les idées, les méthodes d’enseignement. Partenaire fondamental dans la construction de l’égalité, la mission de l’école commence, en fait, par une déconstruction, celle des stéréotypes.

« Les savoirs sont sexués, telle matière est plus appropriée pour un garçon, une autre pour une fille, comme, selon une représentation assez commune, les maths et lettres par exemple. Dès la primaire, les enfants l’intègrent, et dès lors, ils s’appliquent à répondre au schéma attendu.”

Maître d’enseignement et de recherche en sciences de l’éducation à l’Université de Genève, Isabelle Collet forme les enseignants et futurs enseignants sur les questions de «Genre et Education» depuis 2010. Une formation spécifique au canton de Genève – il existe des équivalents dans le canton de Vaud – obligatoire et évaluée : “C’est la seule solution. Si ce n’est pas évalué, c’est que ce n’est pas important!”.

Mais il a d’abord fallu faire prendre conscience de l’actualité, de l’enjeu et donc de la nécessité de ce questionnement pour mettre en place un enseignement spécifique. “Dans les années 2000, on pensait que l’égalité était acquise. Que peut- être même les femmes avaient le pouvoir, qu’il ne restait que quelques détails à régler et que ça se ferait vite. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, parce qu’on connaît les chiffres des écarts de salaires ou de la violence conjugale. Il y a donc encore du travail à faire ! Et même si l’école n’est pas l’instance la plus sexiste (comparée aux familles, médias, politiques ou encore à la publicité…), même si ce n’est pas elle qui fabrique les inégalités ou qui est la plus responsable du fait qu’elles perdurent, de toutes les instances, c’est la seule qui a l’égalité au cœur de ses missions.”

STÉRÉO-PHOBIQUES

D’après Isabelle Collet, il ne s’agit pas, cependant, de mettre en place une éducation «A» l’égalité (comme à la santé, à la citoyenneté, au développement durable…) pour changer les pratiques des élèves, mais bien une pédagogie «DE» l’égalité, instillée à chaque moment. “Rien ne sert de monter un projet sur les jouets qui n’ont pas de sexe, avec une belle exposition d’affiches dans les couloirs de l’école, si on laisse, dans le coin réservé aux poupées, la photo d’une petite fille en train de jouer, et celle d’un petit garçon dans le coin construction.” Mais ces images font partie du paysage quotidien, auquel ni élèves ni enseignants ne prêtent plus attention. L’objectif de la formation est donc de lutter contre les stéréotypes intériorisés dans les contenus ou dans la manière dont une classe est menée. “Il y a des techniques, des façons de gérer l’oral pour donner la parole à tout le monde, de travailler avec les manuels scolaires et d’autres supports. Par exemple, il y a une façon de présenter la grammaire, pour ne pas dire «le masculin l’emporte sur le féminin», mais plutôt : «les pluriels mixtes s’accordent au masculin», ce sont des termes pédagogiques et grammaticaux plus appropriés.” Et qui font toute la différence… Même si la mesure paraît anecdotique, le message véhiculé est loin de l’être !

Laisser la place aux stéréotypes sexistes à l’école, c’est permettre la construction de préjugés et finalement laisser s’installer la possibilité d’avoir des comportements discriminants à caractère sexiste.

STÉRÉO-FLICS

La chasse aux stéréotypes est également l’un des axes majeurs du Plan pour l’égalité entre les filles et les garçons, mis en place en 2013 par l’Education Nationale en France. “Laisser la place aux stéréotypes sexistes à l’école, c’est permettre la construction de préjugés et finalement laisser s’installer la possibilité d’avoir des comportements discriminants à caractère sexiste” rappelle, sur le site dédié, Christophe Marsollier, Inspecteur Général de l’Education Nationale. Il s’agit donc de renforcer l’égalité des droits : “droit d’agir et de penser, de se comporter sans être entravé dans ses potentialités et dans la construction de son identité, et droit de choisir son orientation professionnelle sans que ce choix suscite des critiques à caractère sexiste.” Intégration au tronc commun de la formation des enseignants de la mobilisation contre les stéréotypes (notamment sexistes) et les discriminations, site internet mis à disposition des personnels enseignants, des parents et des personnels de direction et cadres… la démarche prévoit également des actions auprès des élèves : débats en classe, interventions d’associations partenaires comme les CIDFF (Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles) ou le planning familial… “D’autres opérations concernent la thématique des choix d’orientation et de métiers,” explique Frédérique Chanal, chargée de mission Egalité entre les filles et les garçons à l’académie de Grenoble.“Témoignages-débats de femmes ingénieures, visites d’entreprise, découvertes de métiers fortement genrés pour faire en sorte que filles et garçons choisissent des filières qui ne sont pas traditionnellement associées à leur sexe, ou participation à un certain nombre de concours.”

Elevez vos garçons et filles de la même manière

STÉRÉO-TOPIE

“J’avais vu, sur YouTube que la plupart des gamers étaient des hommes, mais je n’imaginais pas que c’était à ce point-là !” Nathan, élève de 4ème au collège de Bissy à Chambéry réagit à la faible représentation des femmes dans les métiers du numérique. Il y a réfléchi, avec sa classe, à l’occasion des «Olympes de la Parole», un concours organisé par l’Association Française des Femmes Diplômées des Universités. Ils n’iront pas en finale à Paris, mais l’Académie postera sur son site leur «Mannequin Challenge » statufiant différents moments-clés de la discrimination envers les femmes (une petite fille et sa poupée alors que son frère joue sur une tablette ; la réussite des lycéennes au bac mais leur réticence à choisir les parcours techniques ; l’entretien d’embauche…). Bilan de l’action dans lequel le groupe s’est fortement investi : les garçons ont découvert la réalité des chiffres, mais les filles, elles, ne sont pas séduites par la filière numérique ! Du haut de leur 14 ans, elles estiment qu’il est déjà presque trop tard… mais sont prêtes à prendre leurs bâtons de pélerines pour aller convaincre leurs petites sœurs, dès la maternelle. A pas comptés, l’égalité est en marche…

+ d’infos : www.www.reseau-canope.fr/outils-egalite-filles-garcons.com

Source : Lutter contre les stéréotypes filles-garçons, un enjeu d’égalité et de mixité dès l’enfance,  par Marie-Cécile Naves et Vanessa Wisnia-Weill – Janvier 2014

TENACES

Les stéréotypes, ces représentations schématiques et globalisantes sur ce que sont et ne sont pas les filles et les garçons, les femmes et les hommes, et qui font paraître comme biologiques et naturels des rôles de sexe différents et hiérarchisés, ont la peau dure. La preuve en chiffres :

– En dehors de la famille, la prise en charge des petits enfants demeure une « affaire de femmes ». Toutes professions confondues, le taux moyen de masculinisation se situe entre 1,3 % et 1,5 % dans le secteur de l’accueil et de l’éducation des jeunes enfants.

– Seuls 17 % des métiers, représentant 16 % des emplois, sont mixtes. u à l’issue de la classe de troisième, plus de 20 % des jeunes – garçons et filles – se retrouvent dans des filières comportant moins de 30 % d’élèves de l’autre sexe. C’est surtout vrai dans l’enseignement professionnel ou technologique.

– Malgré leur meilleure réussite scolaire, les filles se retrouvent dans des filières moins sélectives et moins valorisées que les garçons. Quand ils se jugent très bons en mathématiques, 8 garçons sur 10 vont en S, mais c’est seulement le cas de 6 filles sur 10.

– Les enquêtes montrent qu’en moyenne, et bien qu’ils n’en aient pas toujours conscience, les enseignants ont moins d’interactions avec les filles qu’avec les garçons (44 % contre 56 %).

– Les garçons font plus de sport que les filles, surtout à partir de l’adolescence : en 2002, 77% des garçons et 60% des filles de 12 à 17 ans pratiquaient un sport ou une activité sportive en dehors de l’école.

© pixarno, © Sunny studio

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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