femmes & IVG

26 Avr 2017

le droit au ch-oix

L’avortement est dépénalisé en Suisse depuis 2002 (1975 en France). Mais dans un contexte international où le droit à l’IVG est constamment remis en cause – grignoté par Trump, réformé et affaibli en Espagne, sauvé in extremis 
en Pologne – le Dr Saira-Christine Rentaria, gynécologue-obstétricienne, responsable du centre de planning familial du centre hospitalier universitaire vaudois (chuv), à Lausanne, fait un point sur l’évolution des pratiques.

Il ne suffit pas qu’une loi soit votée pour que les bonnes pratiques suivent sans sourciller. Au milieu des années 2000, Anne-Marie Rey, spécialiste du droit des femmes en Suisse, fondatrice en 1973 de l’USPDA (Union Suisse pour Décriminaliser l’Avortement – la Simone Veil helvétique, quoi…), vérifie donc les lois d’application de chaque canton pour voir si l’accès aux informations et à l’IVG sont garantis, et si les médecins font ce qu’il faut. En parallèle, une étude de la Haute Ecole de Santé de Genève met en avant les inégalités face à l’interruption de grossesse : inégalités de règlements cantonaux, de politiques hospitalières, de coût, difficulté d’accéder à une information transparente… leurs conclusions sont sans appel : il reste encore des choses à améliorer.

Activmag : Et depuis ce constat, quelles ont été les principales évolutions dans votre manière de travailler ?

Saira-Christine Rentaria : En 2011, au CHUV, nous avons mis en place une filière de soins pour faciliter l’accès à l’IVG. Avant, il pouvait y avoir un délai entre le 1er contact téléphonique et le rendez-vous effectif, ce qui laissait moins de choix quant à la méthode d’interruption (ndlr : la législation suisse autorise les IVG médicamenteuses jusqu’à 9 semaines, chirurgicales jusqu’à 12). Aujourd’hui, nous donnons un rendez-vous le plus tôt possible, pour pouvoir proposer toutes les options. De plus, ce qui est assez inhabituel, c’est que la prise en charge de la patiente est dé-médicalisée : elle rencontre d’abord une conseillère ou une sage-femme, puis elle a un 2ème rendez-vous avec un médecin, qui vérifie et prescrit. Elle décide avec lui si l’interruption peut se faire à domicile (ndlr : jusqu’à 7 semaines) ou à l’hôpital. Du coup, ces dernières années, les courbes se sont inversées, les IVG médicamenteuses sont aujourd’hui plus nombreuses que les IVG chirurgicales, on est à 60-40%.

Décembre 2013 : Manifestation contre l’initiative populaire fédérale : « financer l’avortement est une affaire privée » à Lausanne

Et c’est mieux pour les femmes ?

Ce qui est mieux, ce qui est bien vécu, c’est surtout qu’elles aient le choix entre les deux. Et nous avons également beaucoup travaillé sur la prise en charge de la douleur. Mais on peut dire qu’il y a quand même plus de risques avec une anesthésie. Et qu’il existe des complications spécifiques à l’intervention chirurgicale.

Est-ce qu’il reste des freins ?

Sur le terrain, il existe encore des obstacles, et davantage quand la grossesse est avancée. Par manque d’information ou par désinformation volontaire, certains médecins restent bloqués sur les 12 semaines alors qu’au-delà, il y a quand même des possibilités légales, sur avis médical notamment. L’autre problème, c’est celui de la confidentialité : suite à la prise en charge de l’acte par l’assurance, le «preneur d’assurance» reçoit un décompte des prestations remboursées, et il s’agit souvent des parents ou du mari !

Quel est le contexte politique aujourd’hui en Suisse face à l’avortement ?

Il est globalement favorable en Suisse romande (ndlr : en 2002, pour la dépénalisation de l’avortement, dite « régime du délai », les cantons de Vaud, Genève et Neuchâtel avaient voté «oui» à plus de 85%) et lorsque le droit à l’IVG a été menacé en 2014 (voir encadré plus bas), la mobilisation a été très forte sur ce territoire. Mais il existe des disparités régionales, il y a plus d’IVG dans les grandes villes ou les régions frontalières, moins dans les régions conservatrices, ou c’est encore considéré comme un stigmate.

Et le climat ambiant ?

On trouve encore régulièrement des pamphlets Pro-Life dans nos salles d’attente. Il nous faut toujours expliquer au personnel soignant qu’il fait un travail honorable, au service des femmes. Et récemment, j’ai entendu, pour la 1ère fois des étudiants critiquer mon cours sur l’IVG, comme étant un cours féministe, comme s’il s’agissait d’un positionnement politique personnel, alors qu’il était objectif, basé sur la législation, abordant même l’objection de conscience… On est à l’abri d’aucun revirement.

IVG et assurance

En 2014, les Suisses ont rejeté massivement l’Initiative populaire de l’UDC contre la prise en charge de l’avortement par l’assurance-maladie. Elle aurait largement freiné l’accès à l’IVG. En effet, une interruption de grossesse coûte entre 400 et 3500 CHF. Ces coûts sont pris en charge par l’assurance maladie obligatoire (LAMal) aux mêmes conditions que la maladie (10% de participation aux coûts et franchise). Mais une étude de la Haute Ecole de Santé de Genève montrait qu’en 2012, 2/3 des femmes interrogées avaient finalement payé l’intervention. Pourquoi ? Parce que plus des 2/3 avaient moins de 30 ans, que près de la moitié d’entre elles était sans revenu ou en bonne santé. Elles avaient donc opté pour une franchise élevée afin de diminuer le montant des primes d’assurance. Le coût de l’IVG étant plus faible ou équivalent à leur franchise, elles avaient donc payé de leur poche. D’autres ne voulaient pas que leur conjoint, leur employeur ou leurs parents découvrent qu’elles avaient fait une IVG par les relevés des caisses maladies.

Et chez nous ?

Le Dr Chantal Patijaud, responsable du centre périnatal de proximité et de l’orthogénie, sur le site d’Aix-les-Bains, pratique et milite depuis 1987.
“Alors qu’il y a 20 ans, les associations comme «Laissez-les vivre» s’enchaînaient devant nos portes, aujourd’hui, elles sont beaucoup moins virulentes. Le fait qu’on soit désormais intégré au sein des structures hospitalières nous protège davantage aussi. Par contre, ce qui est plus préoccupant, c’est que toute une génération de médecins, plutôt militants, arrive là à l’âge de la retraite, comme c’est mon cas, et il va falloir assurer la relève… Heureusement, aujourd’hui, les médecins généralistes sont beaucoup plus impliqués. Sur la Savoie par exemple, une vingtaine d’entre eux pratiquent l’IVG médicamenteuse en cabinet. Pour autant, on observe un phénomène inquiétant ici : alors que le taux d’avortement stagne relativement en France (ndlr : de 14,8 pour 1000 femmes en 1990, il était de 14,5 en 2015 – Source : INED), à Chambéry, 475 IVG ont été pratiquées en 2015 et presque 800 en 2016 ! Les jeunes femmes manifestent une vraie défiance envers la pilule et les hormones, et prônent un retour au «naturel».”

©Michele Paccione, © Focus Pocus LTD

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

pis paul : saut dans le temps… X

J’AI BEAU GDANOV, JE N’EN MÈNE PAS BIEN LARGE !

Suivez nous !

et ça, t’as vu ?

MONTREUX JAzz

L'INCONTOURNABLE - S’il y eut réellement, un jour, le feu au lac, c’est bien à Montreux, en 1971 au Casino, et l’événement inspira à Deep Purple son mythique Smoke on the water. Tout à Montreux est donc légende, des affiches aux jam-sessions surprises, en passant par...

pis paul : saut dans le temps… X

J’AI BEAU GDANOV, JE N’EN MÈNE PAS BIEN LARGE !

Quelles clés pour fermer sa société ?

ET 1, ET 2, ET 3… POUR REPARTIR À ZÉRO

PSYCHO : FINIR SUR UN SOURIRE

Un adieu peut-il être joyeux ?

basta cosi !

Basta Cosi, c'est toute la cuisine traditionnelle italienne avec une pointe de modernité, une carte élaborée à partir des meilleurs produits venus directement d'Italie, pâtes fraîches artisanales, charcuterie italienne DOP et IGP, viandes et poissons frais. La pâte à...

DESSERT CRAQUANT

Chic, c’est l’été !

pIS pAUL, bEST OF

STARS AU COMPTOIR

RECETTE D’ÉTÉ

Pour changer des salades…

Pin It on Pinterest

Share This