femmes made in colombie

18 Mai 2018

la loi du plus fort

La Colombie tient son nom du célèbre explorateur Christophe Colomb, qui n’a pourtant jamais foulé son sol. Véritable eldorado, le territoire possède de nombreuses richesses minières et la plus grande biodiversité au monde après le brésil. Un trésor que les hommes s’arrachent violemment depuis toujours. Dans ce pays piégé par le trafic de cocaïne et la corruption, les femmes en sont les premières victimes.

Elle se préparait pour une carrière diplomatique, rêvait d’Australie, Carolina s’est finalement laissée emporter par amour jusque sur les rives du lac d’Annecy, où elle est désormais professeur de yoga et maman de 3 enfants.

Issue d’une famille aisée, elle est née à Medellin en 1975. La guerre des narcotrafiquants bat son plein dans cette région de Colombie à l’époque. L’insécurité est permanente, la peur fait partie du quotidien. Sa sœur, son frère et elle ne circulent jamais à pied, se rendent à l’école ou à leurs activités en voiture avec chauffeur. En 1989, lorsque Carolina atteint l’âge d’entrer au collège, toute la famille part s’installer à Bogotá, jugée plus sûre. Là, elle poursuit des études de relations et droit international, l’équivalent de Science Po.

“Mon père, qui avait monté des salles de sport après une carrière militaire, aurait bien aimé que je reprenne le flambeau. Le sport a toujours été important pour moi, j’y ai même travaillé comme coach. Mais je voulais être diplomate. J’avais envie d’aider les autres. D’ailleurs, j’espère pouvoir m’investir un jour pour mon pays, pour des causes telles que l’égalité, l’enfance ou l’environnement. En Colombie, il y a tant à faire. Les disparités sociales sont grandes. J’ai eu de la chance, je n’ai jamais été confrontée directement à la violence. J’ai eu une enfance privilégiée”. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde.

Carolina (Arenas) Comte

Dans la rue, même dans les quartiers favorisés, la gent féminine est régulièrement interpellée avec des propos sans équivoque, bien souvent obscènes. Plus grave, les hommes habitués à user de la force dans le conflit armé, la reproduisent dans les relations conjugales et familiales.

LA VIOLENCE DANS LE SANG

Si la guerre des cartels s’est calmée avec l’assassinat de Pablo Escobar en 1993, près de 8 millions de victimes, dont la moitié de femmes, en ont souffert. L’accord de paix avec les FARC signé en novembre 2016 devrait changer les choses, mais cela prendra du temps. C’est la raison pour laquelle les parents de Carolina ont toujours encouragé leurs enfants à “s’ouvrir au monde et aller vivre ailleurs, dans un pays moins dangereux”.

En plus de 50 ans, près de 3 millions de femmes, majoritairement issues de milieu rural, ont été déplacées de force. 16% d’entre elles se sont déclarées victimes de violences sexuelles et 48% de violences domestiques. Des violences qui se sont banalisées dans l’inconscient collectif. Carolina raconte que dans la rue, même dans les quartiers favorisés, la gent féminine est régulièrement interpellée avec des propos sans équivoque, bien souvent obscènes. Plus grave, les hommes habitués à user de la force dans le conflit armé, la reproduisent dans les relations conjugales et familiales. Si l’Etat dispose d’un cadre juridique pour faire face à la violence sexiste, il n’est que rarement mis en œuvre, l’impunité frôlant les 90% (d’après OXFAM). Dans cette société machiste, où le rôle de la femme reste néanmoins central, et où la part de foyers dont le chef de famille est de sexe féminin atteignait plus de 36% en 2015, la route est encore longue pour parvenir à protéger les femmes.

LES FEMMES FORTES

Carolina a été éduquée dans l’idée de “ne pas dépendre, ni économiquement, ni mentalement, d’une autre personne, devenir une femme forte et indépendante. Le travail de la femme est valorisé, ainsi que ses capacités professionnelles”. Mais dans le domaine de l’éducation et du travail, les disparités sont fortes. Les jeunes filles des villes sont plus instruites que celles des campagnes (9,4 années d’études pour les premières contre 6 pour les secondes), dont beaucoup tombent enceintes avant l’âge de 16 ans. L’entrée à l’université est très difficile, les places sont rares, mais le niveau est bon. Les écoles privées sont légion et coûtent très cher. Les familles s’endettent pour donner une chance à leurs enfants. Si en Colombie, l’école est obligatoire jusqu’à l’âge de 15 ans, le travail infantile concernerait environ 2 millions de mineurs.

Pour autant, les femmes ont un niveau de formation plus élevé que les hommes. Reste qu’elles ont plus de peine à trouver un emploi et sont moins bien rémunérées, avec un écart de l’ordre de 21% en moyenne, même pour celles qui occupent des postes à responsabilité. Heureusement, explique Carolina, “il existe de nombreuses solutions de garde d’enfants, ce qui permet aux femmes de travailler. C’est bien plus facile qu’en France !”. Enfin, côté tâches domestiques, les femmes restent majoritairement en charge de la maison. D’après la dernière Enquête Nationale de Démographie et de Santé (ENDS) 39,5% des femmes et 41,1% des hommes du pays pensent que “le rôle le plus important de la femme est celui de prendre soin de sa maison et de cuisiner”. Le chemin est encore long vers l’égalité des sexes…

Sans poitrine, pas de paradis !

Les femmes colombiennes ont la réputation d’être très belles. Elles sont très attentives à leur apparence et ce, quel que soit leur milieu social. Près de 400.000 opérations de chirurgie esthétique ont été recensées en 2017 dans le pays, le classant 7ème mondial dans le domaine. Héritage de la «narco-esthétique» qui a consacré des femmes telles que Virgina Vallejo, ex-présentatrice télé et ex-maîtresse de Pablo Escobar, le phénomène est d’ailleurs mis en lumière dans la très regardée telenovela «Sin Tetas No Hay Paraíso» soit «Sans poitrine, pas de paradis», série mythique lancée en 2006.

Violence & féminisme

Les chiffres officiels de 2016 donnent une idée de l’ampleur du fléau :

731 femmes tuées entre janvier et octobre, dont 122 féminicides.

Plus de 50 000 cas de violence au sein de la famille et quelque 15 000 cas de violences sexuelles, en hausse de 7,5 % par rapport à 2015.

Le mouvement féministe est important en Colombie. Plus de 800 organismes se mobilisent pour défendre leurs droits, mais aussi développer l’éducation, surtout en zone rurale, et faire avancer le processus de paix. Des femmes courageuses qui le payent parfois au prix fort, comme Angelica Bello, de la Fondation Nationale de Défense des Droits Humains des Femmes, assassinée en 2013, ou la journaliste d’investigation Jineth Bedoya Lima, enlevée à deux reprises et violée, ou tant d’autres encore.

Dates clés

1948 : Début de la guerre civile.

1954 : Droit de vote pour les femmes.

1994 : Loi sur la parité en politique.

2006 : Avortement autorisé sous condition.

2008 : Loi pour le droit des femmes à une vie sans violence.

2011 : Loi de réparation pour les victimes du conflit armé (dont la restitution des terres aux femmes).

2015 : Loi Rosa Elvira Cely contre le féminicide.

2016 : Signature de l’accord de paix avec les FARC. Le président colombien, Juan Manuel Santos, obtient le prix Nobel de la paix.

En chiffres

Population : 49 722 071 habitants.

Superficie : 1 141 748 km2 (2 x la France).

45% de la population a moins de 25 ans.

Espérance de vie : 74 ans.

Indice de fécondité : 1,9 enfant/femme.

Taux d’alphabétisation : 98,66%.

Malgré la loi sur la parité, en 2015, seules 17% des députés et 15% des maires sont des femmes.

Photos : Guillaume Desmurs

Fanny Caspar

Fanny Caspar

Chroniqueuse
SURNOM : Fafa, Ninie, Choune, Louloute, Maman, Dragon selon les affinités et l’humeur du jour! PERSONNAGE DE FICTION : Super Jaimie. J’adorais. Elle courait vite, elle sautait haut et elle battait les garçons! Un jour elle a même nettoyé le sol d’une immense salle en à peine 30 secondes, mon rêve aujourd’hui !!! OBJET FETICHE : Le lapin en peluche offert par mes sœurs. Il m’a suivie partout. Il est maintenant sur le lit de mon fils. ADAGE : Je dormirai quand je serai dans mon lit en sapin! JE GARDE : Mon âme d’enfant. JE JETTE : Mes crises de doutes, insupportables pour tout le monde et surtout pour moi!!!! DANS 20 ANS : Ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre… en tous cas toujours sur les skis (s’il y a encore de la neige!).

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