femmes made in pologne

18 Mai 2018

polish de caractère

Octobre 2016, 100 000 femmes vêtues de noir défilaient dans Varsovie pour défendre le droit à l’avortement. Après 40 ans de communisme qui avait réussi à niveler les différences entre les sexes, l’entrée de la Pologne dans le capitalisme semble s’accompagner d’un net recul des droits des femmes.

« Les Polonais sont plutôt discrets et distants”, avoue-t-elle, pourtant son visage s’illumine et son enthousiasme déborde lorsqu’elle nous livre, dans un français impeccable, ses souvenirs et réflexions sur son pays d’origine. Son enfance d’abord, non loin de Poznan, à l’ouest de la Pologne, dans un milieu intellectuel et résistant. Ses parents, ensuite, dont les carrières sont bloquées par leur statut d’opposant. Ni son père, ni sa mère, respectivement professeur d’agronomie et de russe, ne sont en effet membres du parti communiste.

Un intarissable besoin d’expliquer l’histoire d’un pays martyrisé et toujours mal compris, qu’elle a quitté en août 1989, alors que le communisme est en pleine déliquescence. Elle a alors 20 ans, stoppe ses études et part rejoindre son mari en Lorraine, un Français qu’elle a épousé quelques mois plus tôt. “Quand je me suis mariée, je ne soupçonnais pas une seconde que le mur de Berlin pouvait tomber ; j’ai appris sa chute en France”. Une vie bourgeoise et confortable l’attend, mais qui ne la satisfait guère. Elle trouve une bouffée d’oxygène en pratiquant avec acharnement les arts martiaux. Finalement, après 15 ans de mariage et deux enfants, elle divorce et décide de voler de ses propres ailes. Aujourd’hui âgée de 49 ans, Ewa, qui s’est installée à Annecy en 2015, se consacre à son métier d’éducatrice sportive pour les personnes âgées ou malades. Elle retourne régulièrement en Pologne où vit encore toute sa famille.

Ewa Scieszka

On m’avait donné un livre pour apprendre le français. Et ce que j’ai lu m’a édifiée. Des textes du style: «monsieur rentre du travail, prend un journal, madame prépare à manger». J’ai pensé que c’était un livre d’avant-guerre. Pas du tout ! Il était récent. Un vrai choc ! Je me suis dit : mais quel est ce pays qui réserve les tâches ménagères aux femmes pendant que l’homme rapporte l’argent ?

Activmag  :  Ta première impression quand tu arrives en France, en 1989 ?

Ewa : Je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait autant de différences entre les hommes et les femmes ici. En Pologne, les femmes avaient obtenu le droit de vote dès 1918, 25 ans avant les Françaises ! Et après 1945, les communistes ont accentué l’égalité hommes/femmes ; mêmes droits, mêmes chances, mêmes études, mêmes salaires. Regarde les statues à la gloire du régime, on distingue à peine l’homme de la femme ! Je ne savais même pas que les écarts entre les sexes étaient possibles.

Un vrai choc culturel en fait…

Ma belle-mère m’avait donné un livre pour apprendre le français. Et ce que j’ai lu m’a édifiée. Des textes du style: «monsieur rentre du travail, prend un journal, madame prépare à manger». J’ai pensé que c’était un livre d’avant-guerre. Pas du tout ! Il était récent. Un vrai choc ! Je me suis dit : mais quel est ce pays qui réserve les tâches ménagères aux femmes pendant que l’homme rapporte l’argent ? Ma belle-mère avait terminé ses études d’avocat mais était restée au foyer. Pour moi c’était impensable. En Pologne, ma mère travaillait, ma grand-mère, mes tantes. La femme au foyer, ça n’existait pas !

Tu vis plutôt mal cette nouvelle vie en France…

Ici, je n’étais que la «femme de». Dans toutes les démarches administratives, je n’existais que par rapport à lui. J’avais besoin d’exister. Alors j’ai trouvé mon salut dans l’Aïkido. Je m’entraînais non-stop pour obtenir au final une ceinture noire 4ème dan, et devenir professeure d’Aïkido. Mais dans mon club, les hommes ne l’ont pas supporté. Les filles qui enseignent les arts martiaux ne sont pas très bien vues. Alors j’ai préféré partir et créer mon propre club dans un quartier défavorisé de la ville.

Quel regard portes-tu sur l’évolution actuelle des droits des femmes en Pologne, notamment l’IVG, qui, vus d’ici, semblent remis en cause par la politique du gouvernement conservateur ?

Je ne pense pas que les droits des femmes soient si menacés. La femme polonaise a toujours eu une forte personnalité. Elle n’a jamais été soumise. Après 1945, par manque de main-d’œuvre on a envoyé les femmes dans les usines et dans les champs. Depuis l’entrée de la Pologne dans le capitalisme, les choses bougent. Les femmes ne veulent plus faire ces métiers. Elles veulent aller en fac de médecine, ou devenir ingénieure. La femme sur son tracteur était-elle plus libre ? Je n’en suis pas sûre. Quant à l’IVG, elle était autorisée par les communistes. Et c’est vrai que depuis 1993, d’importantes restrictions ont été adoptées. Mais ce qui rend les femmes vulnérables, ce n’est pas le gouvernement polonais, ni même la religion catholique. C’est le système économique !

D’après toi le  capitalisme est plus néfaste que la religion pour les femmes polonaises ?

Oui, après 1989, l’évolution économique a mis les femmes en position de faiblesse. Elles sont devenues vulnérables, avec plus de précarité. Une de mes sœurs a travaillé comme interprète pour une société française en Pologne. Elle a été traumatisée par le machisme des dirigeants français, leur condescendance vis-à-vis du personnel polonais. Comme elle refusait de traduire les injures des dirigeants vis-à-vis des employés, elle a été licenciée. Face à cette précarité croissante, la famille est redevenue un refuge pour les femmes polonaises.

La situation des Polonaises serait donc plus nuancée ?

La Pologne est un des pays où les écarts de salaires entre la femme et l’homme sont les plus faibles. Il arrive souvent même qu’elle gagne plus que son mari. Le harcèlement de rue est peu répandu, les Polonais étant naturellement plus distants. La Polonaise drague, elle travaille, elle peut bénéficier d’un congé parental de plus d’un an ! Mais la pilule n’est pas remboursée par exemple. Il faut dire qu’avec 1,3enfants/femme, la natalité est encouragée. En fait, en France, on a une vision un peu faussée de la situation, qui ne tient pas compte de la culture et de l’histoire polonaise.

DATES CLÉS

1918 : les femmes polonaises obtiennent le droit de vote.

1993 : l’avortement n’est plus un droit, mais n’est autorisé que dans certains cas d’urgence.

Depuis 2015 : mise en place d’un programme social d’envergure pour inciter les femmes à rester à la maison.

Ecart salaires femmes/ hommes : 7.2 %, un des plus bas d’Europe.

 28 % de femmes à l’assemblée nationale et 14 % au Sénat polonais.

Photos : Guillaume Desmurs

Emmanuel Allait

Emmanuel Allait

Chroniqueur SURNOM : Manu. Mais je préfère qu'on m'appelle Emmanuel. Un peu long, mais plus c'est long, plus c'est bon, non? PERSONNAGE DE FICTION : bob l'éponge. J'ai passé 40 ans à faire la vaisselle et ce n'est pas fini ! Je suis un spécialiste. OBJET FETICHE : un stylo plume. Beaucoup plus classe qu'un ordinateur. Ou une montre, automatique bien sûr. Regarder le temps qui passe pour en profiter au maximum. ADAGE : mon cerveau est mon second organe préféré (woody allen). JE GARDE : joker. JE JETTE : mes pieds. DANS 20 ANS ? je serai sur une scène, guitare à la main, pour jouer Europa de Carlos Santana. presse@activmag.fr

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