femmes made in sénégal

23 Mai 2018

dansez sur 1 pied !

Bijoux parfumés et foulard chamarré ? Oubliez vos clichés ! Boubou ou pas, de l’éclat, Sokhna Diakhate, elle en a ! Look à l’occidental, petites touches ethniques sur un pull bleuté, entre pudeur et générosité la jeune femme porte ses racines sénégalaises à bout de bras…

Aînée d’une fratrie de 4 enfants, Sokhna est née à Djibouti en Somalie française de père sénégalais et de mère somalienne. Sa date de naissance ? N’y pensez même pas, en Afrique ça ne se fait pas ! Je peux juste vous dire qu’elle a la quarantaine galopante comme elle dit ! Lorsque son père, tirailleur sénégalais et ancien combattant dans la marine française prend sa retraite de l’armée, Sokhna, alors âgée de 6 ans, part avec sa famille pour Dakar.

Là, elle va rester une quinzaine d’années avant de tomber amoureuse d’un militaire et de partir pour la France. Choc des cultures ! Elle s’adapte au stress occidental, vogue au rythme des mutations de son mari, poursuit ses études et s’oriente dans l’hôtellerie. En 1993, elle débarque à Aix-les-Bains. Conquise, c’est ici qu’elle donne naissance à Maxence et Léna, ici aussi que sa vie va prendre en nouveau tournant professionnel. Aujourd’hui, elle travaille pour Radio Aix où elle anime une émission culturelle musicale. Sacré tempérament !

EDUC’ACTION…

Mais rembobinons le temps. Petite, Sokhna bénéficie d’une scolarité idéale dans une école française et d’un enseignement coranique fidèle aux racines : “mon père, d’origine mandingue, avait grandi dans un village de Gambie, petite enclave du Sénégal. Il nous y emmenait en vacances. Il voulait qu’on s’imprègne de cette culture, de la place de la femme, du respect qu’elle doit à son mari. Mais il tenait aussi à nous montrer la pauvreté, la dure réalité et disait souvent :“Je vous ai donné une bonne éducation, mais il ne faut pas oublier vos racines  !” Les petites filles, destinées dès leur plus jeune âge à être mariées, faisaient souvent l’impasse sur la scolarité pour aider à la maison. Si l’accès à l’école primaire s’est depuis bien vulgarisé en atteignant un taux moyen de 40% de fréquentation, on considère encore que, dans bon nombre de régions, seulement 15% d’entre elles atteindront le secondaire.

Sokhna Diakhate

Certains hommes refusent d’épouser une fille non excisée, d’autres voient dans cette ablation une source décuplée de plaisir et de confort sexuel. Certains croient que le clitoris est maléfique, que le simple contact entre le pénis et lui peut rendre l’homme impuissant… Qu’un homme qui épouse une femme non excisée va perdre sa fortune, car elle est hantée par un diable.

Croyance & mutilation

Car, au Sénégal, l’éducation pour une fillette, c’est avant tout apprendre à devenir femme. Une petite fille sera une bonne épouse et une bonne mère mais, «gage de qualité» elle restera surtout vierge, question d’honneur  ! Sans cela, difficile de trouver un mari. Pour ce faire et assurer la virginité, certaines ethnies pratiquent toujours l’excision et l’infibulation, coutumes ancestrales et non religieuses, cruauté abjecte pour la femme. Toutes les 10 secondes dans le monde, 1 fille de moins de 12 ans subit une mutilation génitale. En Afrique, la majorité des victimes a été excisée avant l’âge de 5 ans !

Cette tradition archaïque, d’une brutalité sans nom, est surtout le seul moyen de rendre la future jeune mariée «pure» aux yeux de son futur mari et de maintenir l’honneur de sa famille. Certains hommes refusent en effet d’épouser une fille non excisée, d’autres voient dans cette ablation une source décuplée de plaisir et de confort sexuel. Certains croient que le clitoris est maléfique, que le simple contact entre le pénis et lui peut rendre l’homme impuissant. Que si le jour de l’accouchement, la tête du bébé le touche, il va mourir. Qu’un homme qui épouse une femme non excisée va perdre sa fortune, car elle est hantée par un diable. Question de respect, d’intégrité, de superstition  ? Certaines femmes cautionnent elles-mêmes ces pratiques, conditionnées au purisme ambiant. 

Pourtant, ces mutilations ne présentent aucun bienfait pour elles. Elles ont même des conséquences extrêmement néfastes, aussi bien physiques que psychologiques. A commencer par l’infibulation qui consiste à rétrécir l’orifice vaginal en coupant une partie des grandes lèvres et en les accolant ou en les recousant. Arrivée à l’âge des menstruations, elles sont rouvertes pour moins souffrir, malades de ne pouvoir évacuer. Au moment du mariage, c’est l’époux qui déflore, ou une tante qui s’en charge, incisant avec une lame pour faire le passage. Le corps meurtri gardera les stigmates d’un acte castrateur terrible allant pour certaines jusqu’à la mort par infection. “Si certaines femmes comme Iman Bowie en témoignent et ont un impact fort, même à petite échelle, il faut rééduquer les femmes, expliquer l’atrocité du geste, son inutilité, ses risques…” Pas gagné…

Moi, j’étais rebelle, j’ai tout fait à l’envers. Je suis tombée amoureuse d’un militaire français, non musulman !!

Amour & superstitions

La femme, excisée ou non, peut soit être promise à un homme, un cousin éloigné, ou comme Sokhna, faire une rencontre et vouloir se marier, tant qu’il est musulman et Sénégalais… En dehors des clous, c’est plus compliqué. “Moi, j’étais rebelle, j’ai tout fait à l’envers. Je suis tombée amoureuse d’un militaire français, non musulman !! Mon père a eu un peu de mal à accepter, mais il a été raisonné par maman.” Sans la bénédiction des parents, le Sénégalais, superstitieux, ne se marie pas  : “On a peur que le malheur s’abatte sur le couple. La bénédiction est essentielle et la complice est souvent la maman, seule à pouvoir convaincre son homme…”

Maîtresse de maison hors pair, la femme sénégalaise s’occupe avec dévouement de sa tribu. Avec une main de maître, elle règle les petits tracas du quotidien, gère le budget alloué au foyer, fait l’équilibre des petits bonheurs  : “Maman était femme au foyer. Je la vois encore dans l’après-midi dans la cour, très belle, imposante et parfumée. Son petit coussin, sa natte, le fourneau et la théière pour notre goûter. On se disputait sa cuisse pour les bisous, un souvenir impérissable.”

Tractations sur l’oreiller

Mais si la femme sénégalaise règne sur sa communauté, elle est tenue de rester à sa place et de ne jamais prendre l’ascendant sur son mari. Elle est consultée, donne son avis, mais si elle veut négocier, c’est en privé. Grande séductrice, elle est charnelle, bien habillée, envoûtante et gorgée d’encens. Elle sait parler à son mari, dédramatiser la conversation. Tout se décide d’ailleurs sur l’oreiller, quand la garde est baissée. Pourquoi ? Question d’honneur, toujours, elle ne doit jamais contredire son époux en communauté.

Tout se discute, même quand il est question de son propre corps, à commencer par la contraception : de façon détournée, cela peut entacher la virilité du mari qui peut tout à fait refuser. En 2014, on considérait que seulement 20% des femmes mariées utilisaient une contraception contre 25% chez les célibataires. La plupart du temps, cela reste tabou dans les couples, idem pour l’avortement qui, lui, est interdit en Afrique, sauf si la vie de la mère est en danger. Et donne lieu à des IVG de contrebande avec ses risques… “Quiconque par aliments, breuvages, médicaments, manœuvre, violence ou par tout autre moyen, aura procuré ou tenté de procurer l’avortement d’une femme enceinte, qu’elle l’ait consenti ou non, sera puni d’un emprisonnement de 1 an à 5 ans et de 20 000 à 100 000 francs CFA”, stipule la loi.

Mais si la femme sénégalaise abdique devant les us et coutumes, rien ne lui interdit de contribuer aux ressources de son foyer, bien au contraire. Depuis 1990, le taux de femmes actives, est passé de 33 à 46 %, principalement dans le commerce et les marchés. Un grand pas vers l’indépendance financière… C’est toujours ça de pris.

Entre traditions et petites rebellions, Sokhna les a devancées. Riche d’une vie exotique qui fait aujourd’hui son quotidien “j’ai pris ce qu’il y avait de bon partout et j’ai fait un mélange. Mon père me disait : tu iras dans un pays étranger ma fille, s’ils dansent tous sur un pied, danse sur un pied, mais n’oublie jamais d’où tu viens…”  

Les Tontines mettent du beurre dans les épinards

Les Tontines permettent aux femmes de participer financièrement au ménage. Ces dernières s’associent entre elles, mettent une même somme dans un pot commun et tous les mois, l’une d’elle est tirée au sort et récupère la somme globale qui lui permet de faire vivre sa famille, de sortir d’un mauvais pas, de partir en voyage, payer des études… C’est aussi un moyen financier qui évite de passer par les banques. Ce fonctionnement est très respecté par les hommes, les femmes rapportent de l’argent sans qu’ils perdent de leur intégrité.

1, 2, 3… ou 4 ?

96% d’obédience musulmane, le Sénégal porte les couleurs de sa religion. Il pratique la polygamie de façon très naturelle – surtout dans les foyers les plus aisés – même si on compte nettement plus de monogames.

Les choix matrimoniaux :

  • La pleine polygamie avec un maximum de 4 épouses par homme, limite imposée par l’Islam.
  • La polygamie limitée, maximum de 2 à 3 épouses par homme.
  • La monogamie

Dates clés

1945 : Droit de vote pour les femmes

28 mai 2010 : Parité politique. Depuis 2012, 42,7 % de femmes siègent à l’assemblée.

1960 : La Contraception apparaît pour la première fois en clinique privée avant que ne soit mis en place le Programme National de Planification Familial (PNPF).

Photos : Guillaume Desmurs

Magali Buy

Magali Buy

SURNOM : Mag... (d'ailleurs activ'mag c'est pour moi, non ?) PERSONNAGE DE FICTION : Xéna la guerrière OBJET FETICHE : mon piano, il m’écoute, me répond et me comprend mieux que personne. ADAGE : « si tout le monde sait où tu vas, tu n’arriveras jamais à ta destination. Laisse-les croire que tu dors.» JE GARDE : mon mauvais caractère, ma langue bien pendue, mon cœur ouvert et mes yeux verts JE JETTE : mon insécurité, ma cellulite et ma paranoïa... DANS 20 ANS : la même en pire, si c'est possible !

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