gone’s les frères lumières

5 Nov 2017

frères lumières…

Dans les rues de Paris traînent les poulbots, dans celles de Lille détalent les ch’tis. A Lyon, ce sont les gones qui déboulent dans les traboules… Mais quand ils grandissent, qu’ils arrêtent de galoper et soignent leurs genoux écorchés, ils créent de jolis objets, surtout des luminaires.

Marian & Hadrien Dumontet

On peut chercher les gènes communs chez les Frères Dumontet, mais ils ne sont pas visibles au premier abord. Si les yeux sont clairs, ils sont noisette chez Hadrien, le «grand», physiquement et chronologiquement parlant ; mais ils tournent au vert chez Marian, le cadet. On finirait peut-être par trouver une ressemblance dans leur barbe naissante, presque adolescente, ou dans le dress-code, jeans et sweat gris de rigueur, mais ces deux trentenaires-là pourraient ne pas être frangins.

C’est le plus jeune qui les a fait entrer en design. Après un BTS et un Master en la matière, à Lyon puis à St Etienne, Marian donc, affine son expérience chez Ikka Suppanen à Helsinki, «plaque tournante du design». “Il a fallu que je me batte pour partir, parce que ça ne se faisait pas trop, mais avant de faire du design, j’avais déjà suivi une formation d’électronicien et mécanicien, j’étais donc un peu plus âgé que les autres étudiants, j’étais assez mûr, je savais ce que je voulais. Et j’avais envie d’aller voir plus loin, de rencontrer ce design très épuré, particulièrement en Finlande, où la nature est très présente avec ce côté sauvage, plus brut de décoffrage que le reste de la Scandinavie”. Il ne parle quasiment pas un mot d’anglais en arrivant, mais apprend à travailler sur des choses très différentes, archi et micro-archi, montres, mobilier, luminaires.

Fève, lampe à poser sans vis ni colle.

FAITES L’ABAT-JOUR PAS LA GUERRE !

Pendant ce temps-là, à Paris, après une formation d’ingénieur en mécanique et une année de management des commerces à HEC, Hadrien entame une carrière de chargé d’affaires chez Airbus, dans la branche défense. “Je suis passé de la vente de systèmes de simulation de tir, à celle de luminaires”, s’amuse-t-il. Car si son boulot lui plaît, au bout de 5 ans, il a quand même envie de changer d’atmosphère, de quitter Paname, ce qu’il fait sur un coup de tête pour retrouver son frère qui s’est déplacé vers le Sud, à Marseille. “J’avais déjà commencé à m’intéresser à lui, professionnellement, quand il a lancé sa première lampe, la lampe-fève, avec la Maison Edito – sorte de financement participatif du design – qui a malheureusement fermé. Et comme je voulais créer ma société assez rapidement, on s’est jeté à l’eau.”

Zooo, lampe sans vis ni colle.

Plongeon en 2013, naissance de la marque Gone’s en 2014… sur la Canebière ! “On a analysé ce marché compliqué, en espérant être plus forts, car souvent les designers proposent des dessins, touchent des royalties, mais vivotent. Peu de structures ont la double compétence artistique et gestionnaire.” A Marian donc, la création, les réseaux sociaux, le catalogue, les finitions, à Hadrien, la gestion et le commerce. “Dans le boulot, ça ne fait pas de différence majeure qu’on soit frères, mais c’est peut-être plus facile de se dire les choses, de gueuler un bon coup, parce que Marian a un caractère de cochon !” “- Et Hadrien est têtu comme une mule !”

GONE’S WITH THE STYLE

Le style de Gone’s ? D’inspiration scandinave, évidemment, assaisonné de Made in France et d’éco-responsabilité. Des lampes en bois, ludiques, poétiques, et de petits objets en béton. “A priori, ça ne sonne pas très écolo, devance Hadrien, mais nous sommes tombés amoureux d’un béton très spécial conçu à Arles, 100% minéral, sans adjuvants, sans produits chimiques, qui sèche en 30 minutes et fait ce qu’on veut sans avoir à rajouter quoi que ce soit dedans”. D’un gris bleuté lumineux, raccord avec l’érable clair que les garçons ont choisi de travailler, il permet aussi de faire des créations en série. “On a une vraie réflexion de designer ingénieur, car après le dessin, il faut voir comment mouler l’objet en une seule pièce, sans bulle et sans trait de couture. Nous avons donc développé une vraie expertise dans la création d’objets en béton pour laquelle nous sommes parfois consultés.”

Flanelle, lampe à suspendre en béton

BROTHERS IN ARTS

En 2015, Marian et Hadrien, un peu désabusés par la métropole méditerranéenne, ont regagné leur ville natale. Dans leur atelier du 7ème arrondissement de Lyon, ils visent aujourd’hui l’export, le Benelux ou l’Asie, essaient de décrocher des missions déco avec des architectes d’intérieur, en restauration ou en hôtellerie, pour gagner en visibilité. Mais en attendant, ils coulent du béton dans l’espace laissé entre deux ballons de baudruche – vous visualisez ? Prenez un 1er ballon, faufilez-en un deuxième à l’intérieur et gonflez-le, puis injectez du béton, c’est la recette de leur gamme «Brut» – ou ils assemblent sans clou ni colle, comme des Kapla, les différentes pièces de leurs lampes en bois, bref, on pourrait presque dire qu’ils jouent, comme les grands Gones qu’ils sont.

+ d’infos :
www.gones.fr

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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