capteur de lumière
Ses photographies révèlent le visible et esquissent l’invisible. A travers ses images de voyages, Guillaume Nédellec livre son cœur et délivre son âme. En Inde, il a tracé ses propres chemins sacrés.


Récemment installé avec sa compagne près de Chambéry, Guillaume Nédellec est designer graphique, formateur et photographe free lance. Mais entre hier et aujourd’hui, entre l’Isère, la Savoie et Paris, il a eu d’autres vies… Responsable d’hébergement dans des résidences de tourisme, voyageur au long cours, le presque quadragénaire a parcouru le monde. Et puis, il y a douze ans, la photographie est entrée dans son existence grâce à un cadeau de son père. Et à un reflet sur un verre, à capturer.
Une révélation, une révolution. Sans doute une bénédiction. Depuis, c’est l’appareil en bandoulière qu’il arpente la terre, toujours à la recherche de (sa) lumière…



INDE, ET SI…
On ne va pas en Inde par hasard. Chacun mène là-bas sa propre quête, en un subtil entrelacs de développement personnel et d’ouverture aux autres. Terre d’impressions fortes et de contrastes, le pays, ses habitants, ses couleurs, ses odeurs, séduisent, interpellent, bousculent, dérangent parfois. “Tout y est intense. C’est un vrai choc culturel. Quand on est en Inde, c’est bien simple : on ne sait plus où on habite, mais en même temps, j’adore cette sensation”, reconnaît Guillaume.

Son Inde à lui, il l’attendait depuis une enfance emplie de rêves de Taj Mahal et d’envies de voyages. Ce n’est pourtant qu’à l’orée de la trentaine qu’il s’envolera pour la première fois vers la lointaine contrée. Non sans avoir pris, au préalable, quelques chemins détournés… : “Je voulais absolument y aller, mais en même temps j’avais une sorte de peur. J’ai donc commencé par me rendre en Chine et en Indonésie, puis enfin en Inde. Là, ce fût merveilleux du début à la fin, tout était synchrone, fluide, naturel. C’était le voyage que j’attendais depuis toujours!”.



L’EAU DE LÀ
Une expérience que le photographe baroudeur réitère trois ans plus tard, d’août à fin septembre 2011. Avec un peu moins de sérénité… “Je ressentais le besoin d’y retourner. Je suis parti sac à dos au Ladakh, à l’extrême nord du pays, avec mon appareil photo et mon enregistreur. J’avais dans l’idée de travailler sur le Gange, de faire un reportage évoquant la partie spirituelle de ce fleuve qui – pour les hindouistes – représente une porte entre le monde d’ici et l’au-delà. Mais j’ai eu un accident de rafting sur une autre rivière. Et pour le coup, j’ai failli y laisser ma vie! Tout est alors devenu compliqué, je n’avais vraiment plus envie de rester là… J’ai décidé de laisser tomber le sujet et j’ai réorganisé mon itinéraire en l’adaptant à la mousson qui était tardive cette année-là. Je suis parti faire une boucle vers le sud, dans l’état du Tamil Nadu. J’ai fait ça sur un coup de tête, mais cela n’a rien de surprenant en Inde! Il n’est pas rare de se retrouver tout à coup en train de faire autre chose que ce qu’on avait prévu”.

Un jour des jeunes au crâne rasé m’attendaient à la sortie d’un temple. C’étaient des hindouistes en pélerinage qui m’avaient vu prendre des photos et qui voulaient que j’en fasse d’eux. Ils les utilisent depuis comme images de profil sur Facebook !
LIBRES ÉCHANGES
Des tours et des détours décidés de son propre chef ou entrepris en suivant les conseils d’autres voyageurs croisés au gré du périple et qui préconisent la visite de tel ou tel endroit. Autant d’occasions d’emprunter des chemins permettant à la fois de se tourner vers soi et d’aller à la rencontre des habitants. Pour Guillaume, beaucoup sont des âmes que l’on remarque et des personnalités qui marquent, tels ces «enfants qui ont les yeux habités d’une lumière comme s’ils avaient déjà vécu toute une vie» ; ou encore ces sadhus, sortes de sages, de moines mendiants, qui ont fait vœu de pauvreté et se désintéressent de la vie matérielle ; ou ces engagés dans l’humanitaire qui luttent à leur manière contre les ravages de la misère. La communication s’établit grâce au langage, mais peut-être plus encore par les regards ou au travers de l’appareil photo : “Un jour des jeunes au crâne rasé m’attendaient à la sortie d’un temple. C’étaient des hindouistes en pèlerinage qui m’avaient vu prendre des photos et qui voulaient que j’en fasse d’eux. Ils les utilisent depuis comme images de profil sur Facebook!”.
BAIGNER DANS LA LUMIÈRE
Ponctué de belles rencontres, le voyage l’est aussi de moments particuliers. “L’un des plus marquants pour moi, c’est le reportage à Rameswaram, un des hauts lieux de pèlerinage hindouiste. Ma meilleure amie, qui est médium, m’avait demandé de lui ramener une image un peu spirituelle. J’avais repéré les lieux la veille et senti l’énergie qu’il y avait là. Je suis donc allé directement à côté du temple dédié à l’eau, au bord de l’océan. Il était cinq heures du matin et la plage était déjà pleine. C’est assez étonnant de voir la ferveur qu’il peut y avoir parmi tous les pèlerins. Ce matin-là, il y avait une énergie très particulière, très spirituelle, une ferveur collective qui nous dépasse. Pour faire mes photos, j’ai choisi une technique de pose longue que j’avais déjà utilisée auparavant. L’idée c’était de laisser «entrer le temps dans l’image» pour faire rentrer autre chose, une espèce d’essence particulière. Finalement la photographie est peut être un chemin de vie qui m’oriente vers la lumière…”.
+ d’infos : www.gui-n.com
Photos : Guillaume Nédellec