Monsieur prend le trop-gros par les cornes !
Mon ventre s’est arrondi, mesdames, mais pour moi pas besoin de test à traits bleus, c’est ma balance qui a rendu un jugement sans appel : + 3 kilos. Après quelques heures de déni : « ma balance est-elle vraiment intelligente ? » ou : « ai-je mis un slip en coton trop épais ? », je me décide à essayer la speed détox en 2 jours !
La méthode que j’ai trouvée, avec sa belle photo de fruits et de légumes, m’a mis en appétit… Allez, YAKA ! Les filles y arrivent bien…
“La veille on met son estomac au repos” : génial, si je comprends bien, mon dernier vrai repas avant le jour J (J comme Jeûne) sera celui de ce midi. “Boire une tisane à 17h” : tiens, qu’est-ce que je vous disais, inutile de passer à L’étable des complices pour l’apéro. “Une soupe miso à 20 h” : pas de problème, j’ai un petit côté miso-chiste, “pour bien garder le ventre vide toute la nuit” : c’est sûr qu’à ce rythme-là, je vais dégonfler comme un beau-druche… Une raclette avec des frites trempées dans du chocolat… C’est mon rêve de cette nuit.
1er jour, 7 H. Au petit déjeuner : purée de banane + 15 amandes. Purée, je ne peux pas dire que ça me donne la banane, me voilà mis à l’amende, et en plus je ne m’éclate ni avec le jus de grenade, ni avec la tisane du bonheur qui n’en a que le nom ! Je pars très ronchon au boulot (il y a, dans chaque homme, un ronchon qui sommeille). Vers 11 heures, je passe de ventripotent à ventréloquent, un concert de tord-boyaux sans alcool. Je fais celui qui n’entend pas.
1 3 H , j’ai les jambes molles. Ouf le déjeuner ! J’adooore le bol de bouillon, j’en aurais bien repris un seau avec une demi-baguette pour tremper. Hallucination : les deux carottes qui flottent sont qu’huit ! Voici qu’arrive enfin ma salade complète, bien étalée pour faire illusion : une carotte et 3 radis (en rondelles, ça fait du volume), 2 dés de betterave (je suis joueur), riz rouge et lentilles corail (pour rassasier les yeux), un 1⁄2 avocat en cubes (allô, au secours), des graines de courge (allusion fine ?) et un mélange bio digne de Marc Veyrat lors d’un matin de cueillette à Manigod : persil-menthe-coriandre-ciboulette-aneth-curcuma-oignon, de quoi faire croire aux papilles qu’on va passer à table ! Je retourne bosser en me tenant aux murs…
Bonus : une tasse d’eau avec miel, citron et un doigt de gingembre : je pense savoir où me le placer… De quoi rentrer sans l’aide du Samu, mais j’aurais quand même bien saucé avec une tartelette aux carambars…
16H30, la collation : une compote faite de 6 pommes… pour m’éviter de tomber dedans je suppose. Ah zut, je dois en garder la moitié pour demain, les fourbasses, si je suis encore en vie ! En plus, c’est diurétique et laxatif, génial, pour ma réunion je vais me placer côté porte. Bonus : une tasse d’eau avec miel, citron et un doigt de gingembre : je pense savoir où me le placer… De quoi rentrer sans l’aide du SAMU, mais j’aurais quand même bien saucé avec une tartelette aux carambars…
20H, le dîner (de con ?) La journée a été longue. Moi, drogué au sucre et au gras ? Au retour, j’ai failli dépouiller un papy en béret avec sa baguette sous le bras. Sur ma table, le coup de grasse : la tisane du bonheur si bien nommée et son assiette de légumes rôtis, la Détox a-t-elle été inventée par Sade ? M’enfin, le rôti dans ma culture, c’est un demi-sanglier, un cuissot de chevreuil, une oie fourrée, avec du pinot noir dans mon hanap, que diantre ! Et là, j’ai sous le nez du potiron (mes potes iront jamais), du panais (non ce n’est pas du poisson), et du topinambour (qui ne bourre rien, même si c’est bon pour le thym !) Vas-y mon côlon, c’est parti pour le nettoyage profond !
2 1 H , je me traîne amorphe devant la télé : zapping au menu : MIAM, La vérité est au fond de la marmite, je me ferais bien La tournée des popotes, car Côté cuisine, L’assiette brésilienne sortie des Carnets de Julie rivalise avec Le gâteau de mes rêves composé par le Meilleur pâtissier. Je défaille, pour moi c’est Cauchemar en cuisine ! Je prends ma décision : stop, il n’y aura pas de 2ème jour de détox, “c’est trooop duuuuurr !” Je n’aurai, hélas, jamais la volonté d’une fille ! Ma langue goutte, j’ouvre le frigo…
© Pathdoc
