jeanne added

10 Déc 2019

jeanne session

2019, ANNÉE ADDED. AVEC 2 VICTOIRES DE LA MUSIQUE, UN SHOW AU PIED DE LA TOUR EIFFEL POUR LES 130 ANS DE LA DAME DE FER ET DES CONCERTS SUR TOUS LES FESTIVALS DE L’HEXAGONE, L’ÉNERGIE DE JEANNE ADDED A IRRADIÉ LA SCÈNE MUSICALE FRANÇAISE. ET SI ADDED POURRAIT SE TRADUIRE PAR « AJOUTÉ », CHEZ ELLE, IL N’Y A POURTANT JAMAIS RIEN DE TROP.

Jeanne Added déboule sur les ondes en 2015 avec un premier album solo Be Sensational. Et sensation, elle fait, avec sa voix intense, tantôt angélique tantôt guerrière, des basses qui prennent aux tripes et des rythmiques qui vous décollent de votre chaise. Envoûtement millimétré, accords parfaits. Car à 35 ans, la Reimoise n’en est pas à ses premières gammes. Voilà plus de 10 ans qu’elle vocalise pour les autres, jazzmen plus précisément. Alors quand elle se lance seule, elle sait exactement où elle va. Et elle y va en bondissant, monte sur scène comme on rentre dans un ring de boxe, attaque littéralement chacun de ses morceaux à grands coups de punch. Une vigueur et une combativité en contre-point du calme qui émane de son regard clair, une fois posée dans les loges du Château de Montjoux à Thonon, où nous l’avons rencontrée cet été. Camaïeu d’orange fluo sur ses ongles courts, blondeur platine dans sa coquille toute noire, Jeanne Added pourrait être le contraste fait femme.

Activmag : Vous avez commencé la musique très tôt, vous vous rappelez votre première émotion musicale?

Jeanne Added : On me l’a racontée en fait. J’ai vu Carmen de Bizet quand j’étais petite et je me rappelle très bien du moment, c’était une adaptation filmée de l’opéra que j’ai vu à la télé, et à un moment donné, Carmen faisait une croix sur le front de sa rivale et ça, ça m’a marquée, et j’aurais dit à l’époque, j’avais 3-4ans, que je voulais être forte comme Carmen. Donc je n’ai fait de croix sur le front de personne, mais je fais de la musique, c’est déjà pas mal…

Et la dernière en date ?
C’est une reprise de Chic par Robert Wyatt, «At last, I’m free»…

Quelles femmes vous ont inspirée ?
Abbey Lincoln surtout, une chanteuse de jazz, afro-américaine, très engagée sur les droits Civiques aux Etats-Unis dans les années 70. Elle aurait pu avoir une carrière de chanteuse de charme, mais elle a choisi dans son chant, de salir sa voix, de manière active, comme un choix politique, pour raconter autre chose, et de sa personne, et de sa musique. Elle a une façon de tenir les notes et une intensité de sa présence dans chacune de ses notes… C’est quelqu’un que j’ai beaucoup écouté, qui m’a beaucoup bouleversée et inspirée.

Vous dites qu’elle a sali sa voix, vous n’avez pas fait la même chose, mais le fait de ne pas jouer avec la séduction comme un outil, c’est aussi un vrai parti pris pour vous…
Sans doute, parce que je n’ai jamais été à l’aise avec cet endroit-là qui est dévolu aux femmes, cette fonction de séduction, le fait d’être jolie, agréable et charmante. Du coup, quand j’ai chanté, j’ai tout de suite voulu qu’on ne me voit pas, c’est à dire qu’on voit ce que je voulais laisser voir : quelqu’un qui est en train de faire de la musique, mais pas autre chose. Je pense que ça a eu une incidence sur la façon dont je m’habille en concert, la façon dont maintenant je me place sur scène, la musique que je fais aussi. C’est quelque chose qui était déjà présent quand j’étais interprète pour d’autres, mais qui est d’autant plus présente maintenant que je fais ma propre musique.

Vous êtes entrée en musique par la musique classique, enfant, puis vous vous êtes formée au jazz, et vous êtes partie à Londres. Est-ce que c’est de là que vous avez ramené l’électro ?
Non, c’est venu encore plus tard. Moi je me préparais à faire une carrière de jazz-man, plus précisément de soliste en jazz, je ne savais pas ce qui se passait ailleurs. Du coup, j’ai eu tout de suite beaucoup de travail. J’aurais donc pu continuer à ne pas me poser de questions, mais finalement, à force, avec le décalage générationnel entre moi et ceux avec qui je jouais, et encore plus avec ceux qui écoutaient ma musique, il y avait un truc qui ne collait pas… J’étais jeune à l’époque, j’avais besoin d’avoir mon âge, et c’est là où c’est devenu un peu schizo et il a fallu que je me mette à faire ma musique.

Vous avez dit que votre premier album était une nécessité, qu’il fallait le faire, et que le second était plus un choix assumé, que vous aviez trouvé votre voie. Et avec celui-là vous avez explosé! Est- ce qu’il y a comme un pouvoir de l’intention, un côté : «j’assume, j’y vais», et c’est pour ça que ça marche… ?
Je n’en sais rien. J’essaie de ne pas trop analyser les choses, parce qu’en fait, je ne crois pas qu’il y ait vraiment de recette… Et à chercher des recettes pour les reproduire, c’est là qu’on se plante, à mon sens. Par contre, ce qui est important, c’est de trouver pourquoi on fait les choses au moment où on les fait. Le premier album, j’en avais besoin pour continuer à fonctionner, le deuxième, c’était comme si je choisissais mon nouveau métier, quelque part… La suite, peut-être que ça correspondra plus à des envies d’exploration musicale… En tous cas, il faudra que je trouve la raison pour laquelle je le fais. La nécessité, elle peut prendre plusieurs visages, mais il faut qu’elle soit là tout le temps : on ne convie pas les gens à venir nous écouter si ce n’est pas important pour soi. Parce que si ce n’est pas important pour soi, pourquoi ça le serait pour eux ?

Sans en chercher la recette, le fait que ça marche a forcément une incidence sur votre vie… Qu’est-ce que ça change concrètement ?
Je ne sais pas de quoi ça a l’air de l’extérieur, mais c’est quand même assez tranquille ! J’ai beaucoup de travail, mais je ne passe pas non stop à la télé, ni à la radio, et c’est ça qui change la vie, qui change les gens, qui crée un rapport de célébrité complètement hors-sol, qui devient immatériel et incontrôlable. Ce n’est pas du tout mon cas. Pour moi, ça ne change que des choses plutôt agréables, les gens sont gentils avec moi… Mais on est tout le temps sur la route, en fait, quasi en vase clos, avec les 10 personnes avec les- quelles je tourne, donc pour eux, comme pour moi, je crois que ça ne change pas grand-chose…

Dans votre univers, on est entre la douceur et la combativité, la puissance et la fragilité, l’ombre et la lumière, le blanc et le noir, comme si vous ne choisissiez pas, vous êtes sur un fil…
D’abord, on n’est pas unidimensionnel, dans une même journée. On peut avoir une énergie de folle, s’effondrer et puis revenir. Pourquoi je ne choisirais qu’une facette de ce que je vis au jour le jour ? La scène et la musique, c’est un endroit qui me permet de m’exprimer, de porter toutes ces émotions-là, toutes ces fa- cettes-là, ça fait partie de mon job de les transmettre… La musique, c’est comme un catalyseur ou un vecteur, quelque chose qui conduit l’électricité. Donc c’est conducteur pour moi, mais c’est conducteur pour les gens qui écoutent aussi il me semble. Ça peut aussi, en me faisant du bien à moi, faire du bien aux autres.

Qu’est-ce que ça fait de passer de l’autre côté, de sentir qu’on inspire ?
C’est très touchant, émouvant, évidemment. Mais ça responsabilise aussi je trouve, ça rend humble. Je pense que les musiciens, les artistes ont une fonction dans la société. C’est très clair et ça a un effet sur toute ma vie, autant personnelle que musicienne. Même si inspirer, au final, c’est quelque chose qui nous échappe : tu ne peux pas décider : «tiens, aujourd’hui, je vais inspirer les gens»… Quand je parle de fonction donc, ce n’est pas d’inspirer les gens, c’est plutôt un rôle cathartique, d’être celle ou celui qui transforme les émotions pour d’autres qui pourraient ne pas avoir le temps ou la possibilité de le faire. Ça demande une énergie et plein d’autres choses que je suis ravie de pouvoir donner.

© Julien Mignot

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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