jieldé, lux industriel

12 Fév 2017

Watt else ?

Jielde rayonne. Créée dans un atelier de mécanique, l’entreprise lyonnaise incarne l’industrie des trente glorieuses. L’engouement pour le vintage fait revivre aujourd’hui ses lampes emblématiques.

Années 50, Jean-Louis Domecq s’arrache les yeux. Le mécanicien veut faire la lumière sur son poste de travail, aucune lampe ne le satisfait. Il bricole une lampe simple, robuste, fonctionnelle. Une rotation des articulations à 180°, pour éclairer tous les recoins de l’établi, des contacts de cuivre dans les rotules, pour remplacer le câble électrique et en éviter l’usure, un cercle autour de la tête pour en faciliter la manipulation. Et que la lumière soit.

LE SUCCÈS DANS LES NORMES

Tout l’esprit du design tient dans la standard. Même si le mécanicien ne veut pas entendre ce mot, ce qui amuse encore Marie-Françoise, sa fille : “Il ne savait même pas ce que ça voulait dire ! C’était un mot anglais, il ne lui plaisait pas. Il fallait juste que ce soit pratique !” Pratique, elle l’est. Et ses amis demandent à Jean-Louis de leur en fabriquer un exemplaire. Et pour en vendre davantage, il met la Standard aux normes : “Son métier ne lui rapportait pas vraiment beaucoup d’argent – explique Olivier Linarès, l’actuel Directeur des ventes – Je pense qu’il cherchait depuis longtemps à inventer quelque chose de nouveau, pour changer de cap et produire”. En 1951, le mécanicien crée sa société. JIELDÉ, Jean-Louis Domecq.

Mon père ne savait même pas ce que design voulait dire ! C’était un mot anglais, il ne lui plaisait pas. Il fallait juste que la lampe soit pratique !

UNE INDUSTRIE ON/OFF

JIELDÉ se développe en plein cœur des trente glorieuses. La lampe Standard résiste aux chocs, aux vibrations, aux projections d’huile, elle séduit le monde industriel. Et le carnet de commandes explose. Même l’enseigne Habitat s’intéresse à la lampe : “Mon père ne savait même pas ce qu’était Habitat ! – s’amuse Marie-Françoise Domecq – et quand on le lui a expliqué, il n’a pas crû à ce concept de mélange de mobilier et de décoration !” Ironie des tendances. La société s’agrandit, déménage à Saint-Priest.

Mais les années 80 essoufflent l’élan industriel français, qui délocalise à tout va : “Les filatures que JIELDÉ fournissait ont fermé, les autres sociétés se sont tournées vers les lampes qui venaient de Chine. A partir de ces années, l’entreprise a vivoté”. Jean-Louis Domecq s’éteint en 1983, Marie-Françoise reprend le flambeau. Au bord du gouffre, la société doit évoluer.

ET LE STANDARD DEVINT LOFT

Salon de l’industrie, 1998. Marie-Françoise Domecq rencontre Philippe Bélier. Le design et les années 60 passionnent ce professionnel de la filière du lait. Qui pressent le potentiel de JIELDÉ. Ensemble, ils relèvent le défi en bousculant l’image de l’entreprise : “en 1998, seule l’industrie nous connaissait – poursuit Olivier Linarès – l’entreprise vivait à 95% de l’éclairage des postes de travail. Nous sommes allés rencontrer le monde du design, pour essayer de réorienter notre cible.” La lampe séduit Pierre Romanet, Directeur Général de Sentou Galerie. Qui imagine la Standard, rebaptisée Loft, en rouge, en bleu, en jaune, en orange. Bonne pioche. D’autres enseignes suivent, la mode vintage et le détournement d’objets industriels mettent en lumière le produit phare de la société. En 2002, la fille de Jean-Louis Domecq laisse les clés à Philippe Bélier, l’interrupteur JIELDÉ en position « On ».

LE BON SENS, PRÈS DE CHEZ NOUS

Pas question de délocaliser. Une question de bon sens pour Olivier Linarès : “Nous avions une quinzaine d’employés, les outils, les moules, pourquoi serions-nous allés ailleurs ?” Chaque lampe, assemblée à la main, vogue d’îlots en îlots dans l’atelier de Saint- Priest, le puzzle se construit minutieusement jusqu’à l’expédition. 40% des 18000 exemplaires annuels partent pour le Japon, les pays scandinaves, l’Angleterre ou l’Allemagne. Et l’industrie flirte avec le luxe en s’acoquinant ponctuellement avec Dior ou Hermès. De l’atelier lyonnais au prestige français, l’entreprise roule désormais ses mécaniques.

+ d’infos : www. jielde.com

Pascale Godin

Pascale Godin

Journaliste
SURNOM: Ficelle ou Momotte. PERSONNAGE DE FICTION: les frères Bogdanov. OBJET FETICHE: mon premier stylo plume. ADAGE: le temps passe et les œufs durs. JE GARDE: mes cicatrices. J'ECHANGE: échange fesses concaves contre fesses convexes. DANS 20 ANS? Déambuler à Honolulu. Ou Honolulu en déambulateur.

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