julien masson au sénégal

18 Juin 2017

la force noire

Photographe, documentariste, slameur, auteur, acteur associatif, Julien Masson cumule les casquettes pour soutenir les minorités et donner la parole aux oubliés. Baroudeur de bonne heure, le Savoyard de 30 ans a depuis longtemps fait sienne la terre africaine. Sur le terrain, il s’est livré à une enquête détaillée sur les tirailleurs sénégalais.

Julien Masson à côté d’un ancien combattant

Il est originaire d’Albertville et habite à quelques kilomètres de là avec sa compagne et son bébé. Mais c’est le sang de l’Afrique qui coule dans ses veines. Alors qu’il est encore lycéen, Julien Masson s’envole pour le Bénin. Il y vit dans un ghetto, avec des réfugiés togolais fuyant les guerres nigériennes. “Je ne me sentais pas bien dans le système scolaire. Je n’avais pas l’impression d’être à ma place. Ici, j’avais envie de bouger, d’aller voir ailleurs. Je voulais me rendre dans un endroit que je ne connaissais pas. Il y avait là-bas des gens venus de tout le continent. Suivre l’histoire de ces personnes m’intéressait. J’avais enfin l’impression d’apprendre quelque chose…”.

Durant cinq ans, l’aventurier sillonne l’Afrique de l’Ouest, plaçant ses pas et son inspiration de slameur dans ceux de musiciens militants. En alternance avec des saisons d’hiver en tant que moniteur de ski en Savoie, il traverse aussi l’Europe et vadrouille dans toute l’Amérique, souvent en stop.

DU VOYAGE À L’IMAGE

“Ce qui me motive, c’est le mouvement, voir autre chose, apprendre, confronter les réalités. J’aime sortir du quotidien, l’habitude, pour moi, est une prison. Je suis donc parti pour trouver quelque chose, je cherchais à me connaître. C’est une construction qui s’est faite peu à peu pour devenir ce que je suis, et qui maintenant prend un sens. Voyager m’a appris aussi qu’on peut avoir chez soi l’attitude qu’on a ailleurs : l’ouverture aux autres, à la vie. L’itinérance c’est un piège, on ne voit que la façade (…). Le voyage apprend à regarder autour de soi avec un nouveau regard, où que l’on soit”.

Et ce n’est pas très loin de chez lui que Julien recroise la route d’un autre baroudeur : Clément Burelle. Se retrouvant autour des mêmes valeurs et de l’envie commune de s’engager, les amis d’enfance fondent en 2011 l’association Globetrotte 4 Peace, qui s’implique dans des projets et actions éducatifs, culturels et solidaires à l’international. Au cours d’échanges avec Clément, Julien trouve aussi un nouveau déclic dans la photographie, moyen de témoigner et de livrer ses vérités.

Ndiogou Faye, né le 1er janvier 1924 au Sénégal, est un vétéran d’Indochine.

Le voyage apprend à regarder autour de soi, avec un nouveau regard où que l’on soit.

Samba Sall, sa femme Mame Diara, sa fille Ndela Fall, et ses deux petits-enfants dans leur champ, village de Ndem, Sénégal

DEVOIRS DE MEMOIRE

Dans cet esprit, il initie «Voix d’Afrique». Elaborée entre 2012 et 2015, cette œuvre multimédia donne la parole à des artistes engagés et livre un autre éclairage sur l’Afrique francophone. Sélectionné pour la première promotion de la Villa du Grand Bivouac en 2013, Julien plonge dans le photojournalisme et intègre le collectif «Vies de Quetzal» qui publie chaque année une revue éponyme “donnant la parole aux voix minoritaires’’.

En parallèle, il monte au collège d’Ugine des projets pédagogiques tels que «Mémoire en marche». “Dix ans après avoir quitté l’école, je me suis demandé comment y amener la philosophie du voyage. Pour coller en même temps au programme scolaire, le thème des tirailleurs sénégalais (corps de l’armée coloniale composé de soldats de toute l’Afrique subsaharienne créé en 1857 au Sénégal, dit «Force Noire») était évident. Il symbolise une société française qui ne regarde pas son histoire et permet une réflexion sur l’identité de la France et sa diversité. Etre citoyen français aujourd’hui, ce n’est pas forcément être blanc et chrétien ! Ce sujet permet aussi de comprendre que la seconde guerre mondiale est une histoire partagée entre plusieurs peuples qui font l’histoire de France.”

Gorée, Sénégal

INCONNUS AUX BATAILLONS

Au Sénégal, Julien se lance sur les traces de ces soldats oubliés de la seconde guerre mondiale. Basé à Dakar dans une cabane de pêcheur, il effectue des démarches auprès de l’Office National des Anciens Combattants pour retrouver les 21 tirailleurs survivants du pays. Il pourra en rencontrer 11 (il n’en reste désormais plus que 3). Parmi eux, l’attachant Issa Cisse, 95 ans, chef de quartier HLM, au sens de l’humour prononcé. Ses yeux bleus perçants interpellent sur la couverture du livre et l’affiche du film tirés de cette aventure. Car ce projet, scolaire à l’origine, a finalement pris une ampleur inattendue. “Entre les mois de septembre 2014 et 2016, j’ai fait plusieurs voyages et passé au total plus de six mois à enquêter sur place. J’ai pu rencontrer quasiment tous les spécialistes du sujet, français et sénégalais. Et je me suis rendu compte à quel point la mémoire des tirailleurs pouvait être précieuse”.

Issa Cissé, 4ème RTS (Régiment de Tirailleurs Sénégalais).

Pour leur rendre hommage, Julien a parcouru à pied plus de 700 km, suivant l’itinéraire que ces combattants ont emprunté après leur débarquement sur le sol français en août 1944. Toujours en rapport avec la France et les anciennes colonies, le prochain travail de documentariste de Julien devrait porter sur les mines d’or clandestines en Afrique. Une autre de ses pépites (noires) à découvrir prochainement…

+ d’infos : www.julien-masson.fr

Cheikh Fall expose la Légion d’Honneur française que lui a remis François Hollande le 15 août 2014.

Photos : Julien Masson

Béatrice Meynier

Béatrice Meynier

Journaliste SURNOM: du classique Béa au moins conventionnel Chounie. PERSONNAGE DE FICTION: une héroïne qui se baladerait de roman en roman, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre... Sinon l’inventeur de la machine à miniaturisation de voiture pour la mettre dans mon sac à main au lieu de la garer (un vieux fantasme !) OBJET FETICHE: la bague offerte par mes parents pour mes 20 ans. ADAGE: positive attitude. JE GARDE: Raiponce: mes cheveux ! Et 2 ou 3 autres bricoles... JE JETTE: en combien de lignes ? DANS 20 ANS? tout est possible... presse@activmag.fr

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