La roue tourne ! La Coccinelle

10 Mar 2020

LOVE COX

C’EST L’HISTOIRE DE LA PETITE BÊTE QUI MONTE, QUI MONTE… ET QUI FAIT BIEN RIGOLER. POURTANT, AVEC HITLER POUR PATERNEL, L’HUMOUR NE COULE PAS DE LA POMPE. LA COCCINELLE A NÉANMOINS RÉUSSI LE TOUR DE FORCE DE DEVENIR LA VOITURE LA PLUS POPULAIRE DE TOUS LES TEMPS ! HIPPIE, FAMILIALE, BRANCHÉE, CITADINE OU TAXIS À MEXICO CITY, LA COX, C’EST VRAIMENT QUE DU BONHEUR !

Parce que tout dictateur qui se respecte veut épater la galerie, à savoir le reste du monde, avec son industrie nationale, quoi de mieux qu’une voiture pour rouler des mécaniques ? Mussolini a sa Fiat, Hitler commande donc, dès 1934, son joujou à un certain Ferdinand Porsche qui planche depuis quelques années déjà sur un prototype de voiture « populaire ». Le Führer entend faire de «son» carrosse LE fleuron du régime national socialiste, qu’on se le dise, un redoutable outil de propagande. Et pour assurer le coup, Hitler pose ses exigences : elle devra être spacieuse, performante et pas gourmande, robuste et le prix ne devra pas dépasser 1 000 reichsmarks. Et un mars? Bigre… La pression monte.
3 prototypes voient ainsi le jour en 1936. Economie oblige, la structure est en partie constituée de bois ! Sa rondeur déconcerte… “Porsche a inventé l’œuf !” ironise Opel… Rira bien qui rira le dernier… Le bruit du petit 4 cylindres, l’espace étonnamment grand pour une si petite voiture – 2 portes mais 4 vraies places –, une technique à contre-courant des modes, un châssis à suspension à quatre roues indépendantes… Si les retours sont élogieux, le chancelier exige des essais grandeur nature pour valider les choix techniques de Ferdinand. Qu’à cela ne tienne : les 3 protos vont ainsi sillonner les routes allemandes par tous les temps aux mains de S.S. spécialement choisis pour maltraiter les voitures. Des prédispositions ? Les résultats dépassent les espérances les plus folles : l’auto se révèle d’une robustesse à toute épreuve, capable de passer n’importe où et dans n’importe quelles conditions. Les lignes de crédits s’ouvrent, les choses sérieuses peuvent commencer. L’ingénieur se fait plaisir, revoit sa copie à la hausse, pousse le moteur, bannit le bois, mise sur un châssis tout acier, peaufine les détails… Et au bout de 4 ans, la Volkswagen est enfin née. Reste encore à la construire et à la vendre.

 

UN RATÉ À L’ALLUMAGE

Le Führer a le marketing dans le sang. Il imagine alors un mode de financement pour le moins original. Elle sera distribuée uniquement aux membres du parti national-socialiste –effet bœuf pour l’exclusivité– tout ceux en tout cas qui auront acheté suffisamment de timbres de 5 reichsmarks à coller sur un carnet d’épargne (pour atteindre une valeur totale de 1 200 reichsmarks), et Hitler invente le KissKissBankBank avant l’heure. Et ça marche ! Plus de 300 000 albums panini remplis et pas la moindre auto à l’horizon ! Avec l’entrée en guerre de l’Allemagne, l’argent récolté est réquisitionné pour les dépenses militaires. Dommaaaage…
Le conflit mondial retardera le lancement de la « KdF Wagen » – pour Kraft durch Freude, « la force par la Joie » en référence à l’une des institutions du régime nazi dédiée aux loisirs–, l’usine étant, quoi qu’il en soit, elle aussi réquisitionnée par l’armée. La production industrielle ne démarrera réellement qu’en 1948.
Le site et la voiture sont proposés à Ford au titre de réparation de guerre, mais le constructeur américain refuse : cette auto n’a aucun avenir ! Les Britanniques et les Français sont du même avis. Euh… y’en a qui doivent s’en mordre les doigts, non ?

EN VOITURE SIMONE !

La petite voiture du peuple, première production de Volkswagen, démarre sur les chapeaux de roue ! Pas chère, maniable et robuste, elle a tout pour plaire sur le papier. Mais son allure déroutante n’est pas au goût de tout le monde. Certains la trouvent même tellement laide qu’ils la surnommeront «Käfer», comprenez : cafard… Le premier choc visuel passé, le cafard entre dans les foyers et par la grande porte. Surtout que pendant ce temps, en France, on roule en grosse Peugeot 402, voire en Renault Novaquatre, et aux Etats-Unis en imposantes Ford. Forcément, la Coccinelle ne passe pas inaperçue.
L’Allemagne d’après-guerre a besoin de devises. On décide donc très rapidement de l’exporter. Si les premiers clients allemands sont enfin servis, la plus grande partie de la production part ainsi massivement pour les Etats-Unis. Son succès y est phénoménal. Surtout auprès des femmes qui, bénéficiant des Trente Glorieuses, réclament leur propre voiture. Coquette et super maniable, la Coccinelle fait mouche! Et devient la première auto à s’imposer outre-Atlantique.
Comme par magie, les conditions sulfureuses de sa naissance sont vite oubliées au profit de son incroyable réussite: elle représente le miracle économique allemand d’après-guerre.
Son épopée hippie dans les années 60, à grand renfort de couleurs psychédéliques, achève son image de voiture trop cool. «Beetle» le scarabée en Angleterre, «Bug» l’insecte aux Etats-Unis, «Codok» la grenouille en Indonésie, «Maggiolino» le hanneton en Italie, ou encore «Cucarachita» le petit cafard en Hongrie et bien sûr Coccinelle au pays du coq, partout elle roule sa bosse. Construite ou montée dans 20 pays et exportée dans plus de 150, dont l’URSS, la Coccinelle ne connaît pas de limite. En 1972, elle pique même le record mondial de modèles vendus à la Ford T. Un succès favorisé par le cinéma et l’apport des studios Disney, dès 1968, et de leurs 4 films à la gloire de Herbie, Choupette dans la version française.

CHRONIQUE D’UNE RÉSURRECTION ANNONCÉE

Ce n’est qu’en 1978 que sa production cessera en Europe. Face au design italien en vogue, le look de la Cox ne fait plus rêver. Elle sera alors produite au Mexique et au Brésil : elle fait toujours figure de best-seller dans les pays émergents. Juillet 2003, fin de la production du modèle d’origine, rideau ! Plus de 21,5 millions de Coccinelles ont vu le jour, qui en fait la 4e voiture la plus vendue de tous les temps, derrière la Toyota Corolla, le pick-up Ford série F et la Golf, qui lui a succédé. Mais dès 1998, surfant sur la vague rétro, Volkswagen décide de «ressusciter» le mythe – pas encore mort pourtant –, et sort une version aux lignes modernisées. Le succès de la New Beetle est lui aussi au rendez-vous, plus d’1,2 million d’exemplaires vendus entre 1998 et 2010, au point que le constructeur allemand attendra 2012 pour en proposer une nouvelle version, appelée sobrement Beetle, fabriquée, elle, à 500 000 exemplaires.
Mais voilà un an, dans un contexte du dieselgate et de baisse des ventes, le constructeur choisit de sacrifier sa star pour se concentrer sur les voitures familiales plus grandes et sur les véhicules électriques. Et en juillet dernier, l’ultime exemplaire sort de l’usine mexicaine de Puebla. La Cox prendrait-elle enfin sa retraite, à l’âge de 81 ans ? Les fans ne veulent pas y croire et espèrent une éventuelle nouvelle résurrection. Car comme les cafards, cette voiture a la peau dure !

©Volkswagen AG

 

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