le dessin-roi & loizeau

9 Sep 2019

le dessin-roi & loizeau

En 2009, pour son album «pays sauvage», Emily Loizeau recevait le prix Constantin, qui couronne les révélations musicales de l’année. Presque 10 ans plus tard, la chanteuse franco-britannique et sa voix doucement éraillée font des allers-retours entre son et image. Après une tournée de 2 ans avec son spectacle «mona», elle fera partie du jury longs-métrages à Annecy.

Activmag : Le dessin animé qui a bercé votre enfance ?

Emily Loizeau : Je dirai le Livre de la Jungle… Comme j’aime beaucoup le dessin – ma maman était peintre -, je suis une grande fan des tout premiers Disney. Côté séries, j’ai grandi avec les Cités d’Or…

Le personnage féminin qui vous parle le plus ?

Mei, la petite fille dans Totoro. Peut-être parce que j’y vois ma fille… Je la trouve bouleversante dans sa sensibilité, son désir de comprendre, sa rage contre cette forme d’injustice profonde qu’on ressent quand on est enfant : on pense être assez grand pour comprendre ce qui est douloureux dans la vie, mais on veut aussi pouvoir continuer à rêver.

Et le personnage masculin ?

Mon cœur balance entre Monsieur Jack et Kirikou. Le film de Tim Burton m’a aussi énormément plu d’un point de vue musical. Mais dans Kirikou, ce que j’aime, c’est toute la démarche, le rapport au conte, au dessin, à la lenteur… A une époque où tous les dessins animés vont tellement vite, ce que je trouve d’ailleurs assez stressant pour les enfants, Kirikou n’éprouve pas le besoin de leur en mettre plein les yeux et propose une autre manière de raconter, qui fait confiance à leur intelligence.

Le méchant qui vous a marqué ?

Ce n’est pas un méchant, au sens traditionnel, mais il fait peur parce qu’il énonce la vérité, c’est le Papa de Ponyo: il dit l’état du Monde et la peur qu’on ressent devant sa dégradation, qui est la raison pour laquelle, en termes d’écologie, d’environnement, on n’avance pas aujourd’hui. Je le trouve très angoissant. Mais à la fin, on saisit sa bonté et son amour pour sa fille, on comprend qu’il n’est pas mauvais.

Y’a-t-il un méchant que vous auriez pu être ?

Peut-être Karaba ou Ma Dalton. Mais je n’aurais vraiment pas voulu être le Roi dans le Roi et l’oiseau, il est tellement triste et seul.

Le film dont la musique vous a conquise ?

A part celle de l’Etrange Noël de Monsieur Jack ? Peut-être celle du Fantastic Mr Fox, ou même si c’est plus old school, celle du Roi et l’Oiseau. Et presque toutes les bandes-son dans les films de Miyazaki : parfois, la musique n’y fait qu’effleurer l’image, et ça donne un ensemble très délicat.

Vous avez l’air d’être plus sensible à l’animation japonaise qu’aux productions américaines…

Il y a l’animation française aussi ! J’ai adoré Ma Vie de Courgette, tant d’un point de vue esthétique que par le scénario. Il est visible par toutes les générations. Avec mes enfants de 3 et 5 ans, nous étions tous les quatre très joyeux et très émus pour des choses différentes. Là encore, on prend le temps et on fait le pari de prendre les enfants pour ce qu’ils sont. Après, même si j’ai quelques réticences sur la musique, j’ai beaucoup aimé Coco, c’est très émouvant ; Vice-Versa aussi… Mais je suis peut-être un peu moins sensible au dessin, il y a pourtant un savoir-faire, une technique incroyable, mais il y a quelque chose qui me manque : on sent moins l’humanité que quand c’est fait à la main.

+ d’infos :
emilyloizeau
.fr

© Micky Clément

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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