Tout le gratin dauphinois était là. Une belle brochette de grosses légumes, des financiers en nœud papillote, la crème des cervelles de canuts, jusqu’aux plus hautes sphères des cabinets minestrones. Ça sentait l’oseille à plein nez.
Charlotte se faisait mousser au milieu de ces huiles pressées, se disait « Marquise », mais beignet dans une robe meringue quatre-quarts trop grande pour elle. Elle expliquait, de sa voix aigre douce, posséder des îles flottantes au large d’un far breton. Un trésor y était en terrine. Mais où ? Ça lui faisait sushi. Elle était palourde, mais presque. Et son cassoulet l’assemblée. D’autant que nul n’ignorait qu’elle avait tout flambé, cette banane ! Sa fortune avait fondue en Suisse – ou en Savoie ? Eternels d’abats… –. Elle n’avait plus un radis.
La poule au pot au rose ainsi découverte – “Ah les aligots !” -, l’instant dé-confit digéré, avait jeté son dévolu sur un Bavarois en marinière et lui collait aux basquaises depuis le début de la soirée. Il avait de la brioche et ses cuisses de grenouille flageolet, tout émulsionné qu’il était, mais la dame blanche n’allait pas chercher un autre pigeon à se farcir, un tian vaut mieux que deux tu l’auras. Et il se faisait tartare…
La frisée – aux lardons casés chez les voisins – avait la nuit pour un croque-monsieur artichaut… Vivement qu’ils aïoli !
Magret tous ses efforts, en potée qu’il était, Canard et son lance-roquette ont fini mimolette. Ce fut la dé-brandade ! Elle n’allait pas enfoncer le clou de girofle, le pigeon avait assez bu l’bouillon… La cocotte abandonna son pot’ au feu un instant pour qu’il se remette de ses émotions. A son retour, il était paëlla. Le gas – pacho pour remettre le couvert – avait filet, l’mignon, en un éclair pour un Paris-Brest ! Elle qui pansette finir ravioli… Elle riz au lait et aux larmes aussi, Madeleine.
Vraiment, Homard l’a tuer !
Le faim mot de l’histoire
Lara Ketterer
Lara Ketterer meneuse de revue SURNOM: enfant, c’était Tatouille, en rapport avec mon prénom... PERSONNAGE DE FICTION: depuis toujours : la femme piège, d’Enki Bilal, une reporter mystérieuse et un peu paumée en 2025... OBJET FETICHE: mon téléphone portable, un vrai doudou que je traîne partout ! ADAGE: vivre sans folie, ce n’est pas raisonnable du tout ! JE GARDE: mes yeux et mon esprit rock, toujours provoc ! JE JETTE: mes coups de blues, ça abime les yeux ! DANS 20 ANS ? Adulte ? presse@activmag.fr
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