le valais envoie du bois !
Les sensations fortes en montagne ne sont pas que l’affaire de sportifs. Elles peuvent aussi être celle des amateurs d’art. C’est du moins ce que revendiquent les adeptes toujours plus nombreux de montagn’art, ce symposium international de sculpture sur bois, organisé en août sur les différents paliers de Thyon-Région, près de Sion, dans le Valais. Un peu de poésie dans ce monde de (bois) brut…
Il ne s’agit pas d’un festival de plus, ni d’un prétexte pour vendre une station à quelques touristes supplémentaires. Il est ici question de passion, voire même de fascination. A la fois pour la sculpture, mais aussi pour le bois. “Le principe est original”, explique Edna Favre, fondatrice et présidente du comité d’organisation. “Nous réunissons, dans une sorte de marathon de la sculpture, 13 des meilleurs et plus prolifiques sculpteurs sur bois issus du monde entier. Nous les invitons à réaliser durant 5 jours, en public, une œuvre à partir d’un tronc de mélèze, d’arole ou d’épicéa de 2 mètres de haut et soumettons les pièces à un concours. Le thème donné pour cette nouvelle édition est : l’Energie”. De l’émulation donc, mais pas seulement. Conscients que le succès de l’édition relève également de la capacité à travailler ensemble, les expérimentations artistiques s’écrivent à 26 mains, dans une ambiance joviale qui fait aussi la griffe de l’événement.
UNE BOUFFÉE D’ART FRAIS
La manifestation se déploie à Hérémence, aux Masses, aux Collons 1800, 1850, et 1900, à l’Alpage et sur la place centrale de Thyon 2000. Dans ce décor de montagnes en grande majesté, même quand on est une pointure, on peut difficilement se prendre pour le centre de monde et jouer des mécaniques. Et si le symposium affirme une exigence reconnue dans le choix des artistes, il n’en joue pas moins la simplicité. Tous les sculpteurs venus cette année de Suisse, du Costa Rica, d’Italie, de France, d’Allemagne, de Russie, de République Tchèque ou d’Inde savent aussi que l’art doit faire profil bas, accepter d’être perdu de vue pour toucher l’œil et émouvoir le public.
Passée l’étape des tronçonneuses, des meuleuses et des ciseaux, que l’on peut difficilement confondre avec le chant des oiseaux, aucun autre matériau ne peut, mieux que le bois, se mettre autant en résonnance avec les éléments et se fondre avec un tel naturel dans le paysage.
UN CASTING PLURIEL
Mais comment en arrive-t-on à la sculpture sur bois, vous demandez-vous, lecteurs curieux ? Souvent par de nombreux détours… Les courbes de vie de ces artistes nous réservent bien des surprises, à l’image de William Besse qui, avant de se dédier à son art, s’est d’abord illustré dans le ski de compétition, collectionnant les titres : 14 podiums, 5 titres de champion suisse Elite dont 4 en descente et un en super G. Habitué de l’événement, il participe depuis 2010 à toutes les éditions.
Relevons aussi la présence de Hugues Grammont, forgé par le spectacle vivant : tantôt marionnettiste à l’opéra de Lille, sculpteur sur pierre ou magicien, il s’exprime aussi avec talent dans le domaine de la sculpture sur bois et jouit d’un beau palmarès en Valais : il a remporté le prix du public au Montagn’Art 2015 et la 2ème place lors de l’édition 2016.
L’ébéniste Hugo Beytrison s’est, quant à lui, spécialisé dans la création de masques de carnaval, et Pavel Spelda, diplômé de l’Académie des Arts de Prague, exerce la profession de restaurateur d’œuvres d’art historiques… Il est décidément difficile de dessiner un profil type. Et si vous croyez que la scène est exclusivement occupée par les hommes, vous vous trompez ! Les présences d’Anne Carlet, Laura Guzmàn Méndez ou Daniela Schwarz, toutes en lice pour le concours cette année, nous démontrent le contraire. Elles sont parmi les sculpteurs sur bois les plus en vue et sont la preuve vivante que sur le terrain du bois, longtemps fermé, on peut renverser les tendances… Une vérité en laquelle il faut croire dur comme fer. Croix de bois…
+ d’infos :
du lundi 6 au samedi 11 août Thyon-Région, Valais, Suisse
montagn-art.ch
Photos : Montagn’art
