Ça vous a peut-être échappé – à moi aussi d’ailleurs-, je suis de celles qui pédalent et pas que dans la choucroute, aussi fameuse soit-elle. Le nez dans le guidon, les fesses ventousées au cuir, chevauchant ma monture cheveux au vent, je fends l’air, l’air de rien. C’est bien simple, son assistance m’électrise, ses compteurs me grisent, en somme, j’me frise! C’est fou comme l’amour donne des ailes. Et pour être sa petite reine, croyez-moi sur parole, je mouille le maillot. Pas besoin de prologue ni de roulage de patins de frein, la chambre ne manque pas d’air.
Me voilà donc en roue libre quand un semi-remorque décide d’occuper tout le lit, pour prendre la pause. Dans mon élan – c’est fou comme l’amour rend téméraire -, telle une danseuse improvisée, voire improbable, j’entreprends de contourner l’obstacle par la droite, un bateau me faisant de l’œil. Quelques centimètres à grimper, pas de quoi serrer les plaquettes pour si pneu!
Mais il semblerait que l’un de nous deux soit trop lourd pour décoller du plancher. Sans me vanter, question balance, j’en connais un rayon, c’est d’ailleurs moi qui, là, ai fait un soleil. La roue tourne…
Le dentier accroché au bitume, je me sens aussi con qu’un Pignon à dîner. Je ne vais pas me braquet pour si peu. Je ne suis pas une dégonflée, le coup de pompe, ce sera pour ce soir.
Pas le temps de dérailler, ni d’attendre la voiture balai, c’est que j’ai une choucroute au bout de la route à savourer, moi! Ma gueule sous rustines, je remballe mes quenottes, me promets un régime sans selle dès demain.
Mais là, en amuse-bouche, c’est clair, j’me suis mangée le trottoir. C’est fou comme l’amour aiguise l’appétit!
Moralité 1 : rien ne sert de mettre les gaz, l’amour, c’est comme la choucroute, plus c’est long, plus c’est bon, il faut en garder sous la pédale.
Moralité 2 : le vélo, c’est comme les hommes, il vaut mieux rouler sur du velours pour ne pas finir sur la béquille!