les films d’animation & la propagande

30 Août 2018

la politique de l’écran de ciné

En 2015, un journaliste du Figaro estimait avec condescendance que le succès de «vice-versa», le film d’animation des studios Pixar, était la preuve de l’infantilisation de notre société. Les dessins animés, de petits films anodins ? En êtes-vous sûr ?

Comme le 7ème art en général, le cinéma d’animation s’est souvent retrouvé impliqué dans le contexte politique de son époque. Et il n’hésite pas, aujourd’hui encore, à puiser ses sources d’inspiration dans les questions sociétales, politiques ou l’actualité internationale.

La 42ème édition du festival d’animation d’Annecy, qui s’ouvre en ce mois de juin 2018, a ainsi opéré une sélection à “forte tonalité politique et historique”, selon le canadien Marcel Jean, délégué artistique du festival.

Blitz Wolf de Tex Avery

L’ANIMATION, C’EST DU SÉRIEUX !

Parmi les 23 longs-métrages retenus, plusieurs traitent en effet de sujets difficiles. Dans la continuité de «Valse avec Bachir», ovationné à Annecy en 2008, le conflit israélo-palestinien se retrouve ainsi au cœur de deux films. «La Tour», production canadienne, et «Le Mur», réalisé en France par des Norvégiens, s’y attaquent courageusement, au moment où la reconnaissance de Jérusalem comme capitale de l’Etat hébreu par Trump et les événements sanglants de Gaza ont remis cette région sous les feux de la rampe.

La guerre en ex-Yougoslavie, avec «Chris the Swiss», le régime des talibans dans «Parvana», une enfance en Afghanistan, les Khmers rouges avec «Funan», ou encore la mort d’un gréviste en Bretagne dans les années 50 en France avec «Un Homme est mort», complètent un tableau qui fait la part belle à un genre cinématographique hybride, entre documentaire animé et animation documentée.

Mais n’est-ce pas paradoxal d’aborder des sujets aussi sérieux avec l’animation ? Au contraire, explique le directeur du Festival d’Annecy, Patrick Eveno : “le film d’animation est un genre qui permet tous les points de vue, politiques ou sociétaux. Il crée une distance picturale et s’il traite de sujets très durs, le graphisme tient le spectateur à distance. Certaines scènes seraient très difficiles à mettre en image réelle alors que le film d’animation ne met pas le spectateur dans une situation délicate”.

À gauche : Der Führer’s Face de Walt Disney. À droite : Parvana
Chris the Swiss

DONALD AU SERVICE DE L’ONCLE SAM

Contrairement aux idées reçues, cette dimension politique du cinéma d’animation n’est pas récente ; elle en est même quasi consubstantielle dès ses origines.

Durant le XXème siècle, en effet, de 1914 à la Guerre Froide, en passant par les années 1930 et la Seconde Guerre Mondiale, il a été massivement employé non seulement pour divertir, mais aussi à des fins de propagande politique par tous les pays, totalitaires comme démocratiques, belligérants ou non, Etats-Unis en tête bien sûr, mais également Allemagne, Japon, URSS, etc…

Après Pearl Harbor par exemple, le gouvernement américain a encouragé les studios hollywoodiens à faire vibrer la fibre patriotique en forgeant une représentation du bien et du mal aisément assimilable par les masses. Popeye, Bugs Bunny, Mickey, Superman ou Donald ont donc, en bons patriotes, soutenu l’effort de guerre, tout comme les acteurs en chair et en os, tels Frank Capra ou Clark Gable. “Entre 1939 et 1945, Hollywood a produit 931 cartoons. Un chiffre colossal au vu de la production des autres pays”, rappelle l’historien Sébastien Roffat. Quelques chefs-d’œuvre émergent tels «Der Führer’s Face», de Walt Disney, Oscar du meilleur court-métrage d’animation en 1942-1943, et «Blitz Wolf», de Tex Avery, deux films qui ridiculisent Adolf Hitler, ou encore «Commando Duck», dans lequel Donald détruit une base japonaise à lui tout seul.

Richesse et diversité des réalisations, la Seconde Guerre mondiale constitue bien un âge d’or pour le cinéma d’animation. Il continue encore à être largement utilisé comme moyen de propagande politique durant la Guerre Froide. Les Américains stigmatisant le communisme, comme dans «La Ferme des animaux», produit en 1954 en plein maccarthysme par la CIA et inspiré de l’œuvre de George Orwell. L’URSS se posant en nation pacifiste, anticapitaliste et antifasciste dans une production pléthorique financée par l’Etat.

La ferme des animaux

UN MESSAGE POLITIQUE PLUS DILUÉ

Pourtant, depuis une vingtaine d’années, avec la fin des grands affrontements idéologiques, le contenu politique des films d’animation a changé de nature. Le monde est devenu un village global, la mondialisation libérale a triomphé, de nouveaux enjeux politiques apparaissent. Finie la propagande idéologique des périodes précédentes. Le message devient plus subtil, sous-jacent, avec plusieurs niveaux de lecture, comme dans «Persepolis», où, derrière la vie d’une adolescente en Iran se profile le visage inquiétant du régime des mollahs.

Du côté de Disney, Pixar, ou Dreamworks, place à la promotion de grands thèmes consensuels, la défense de l’écologie, comme dans «Wall-E» ou «Happy Feet», des minorités dans «Coco», de la famille. Un politiquement correct qui ne fâchera personne ou presque, et qui permettra de diffuser le blockbuster et ses produits dérivés sur un marché planétaire. En même temps la production se mondialise. Outre l’Amérique du Nord et l’Europe, ou encore le Japon, qui est devenu une référence mondiale, avec Miyazaki et ses studios Ghibli, les émergents multiplient les productions à l’instar de la Chine, qui veut faire du cinéma d’animation un vecteur de son soft-power, et qui aspire à rivaliser avec les géants californiens.

Inutile donc de se tourner vers ces grosses machines à cash pour trouver un discours politique explicite. On imagine mal en effet Disney produire un face-à-face entre les deux Donald, Duck et Trump. Mais, comme le montre la programmation du festival d’animation d’Annecy depuis plusieurs années, de nombreux films restent porteurs de messages politiques. Marcel Jean le constate : “les réalisateurs ont envie de parler du monde dans lequel ils vivent, avec une réelle volonté d’aborder des vrais sujets, des grandes questions, ils s’interrogent eux aussi sur le sens de l’Histoire”.

Persepolis
Valse avec Bachir

© Metro Goldwyn Mayer / © Disney / © Cartoon Saloon / © Samir / © Joy Batchelor et John Halas / © Xavier Rigault et Marc-Antoine Robert / © Les film d’ici / © Les Armateurs

Emmanuel Allait

Emmanuel Allait

Chroniqueur SURNOM : Manu. Mais je préfère qu'on m'appelle Emmanuel. Un peu long, mais plus c'est long, plus c'est bon, non? PERSONNAGE DE FICTION : bob l'éponge. J'ai passé 40 ans à faire la vaisselle et ce n'est pas fini ! Je suis un spécialiste. OBJET FETICHE : un stylo plume. Beaucoup plus classe qu'un ordinateur. Ou une montre, automatique bien sûr. Regarder le temps qui passe pour en profiter au maximum. ADAGE : mon cerveau est mon second organe préféré (woody allen). JE GARDE : joker. JE JETTE : mes pieds. DANS 20 ANS ? je serai sur une scène, guitare à la main, pour jouer Europa de Carlos Santana. presse@activmag.fr

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