Les sœurs Berthollet au diapaZon

29 Oct 2020

CORDES SENSIBLES

ON LES A SOUVENT PRISES POUR DES JUMELLES. CAR SI QUELQUES MOIS SÉPARENT JULIE ET CAMILLE BERTHOLLET, LEUR PASSION COMMUNE POUR LA MUSIQUE – ET LA GÉNÉTIQUE ! – LEUR DONNE DES TRAITS COMMUNS. HYPER CONNECTÉES, LOOKÉES, ENGAGÉES…
ELLES EN PARTAGENT ÉVIDEMMENT BEAUCOUP AUSSI AVEC LES JEUNES DE LEUR GÉNÉRATION, LES Z.

A l’âge où la grande majorité des enfants mettent tout leur talent dans les châteaux de sable et la peinture à doigts, Julie et Camille Berthollet, elles, tombaient amoureuse d’Antonio Vivaldi. A 3 ans, donc, Julie, l’aînée, réclame un violon -réclame, oui, oui- que ses parents lui procurent, en même temps qu’un professeur acceptant de satisfaire une envie si précoce. Bis repetita quelques mois plus tard, puisque Camille, sa cadette, avoue en pincer aussi pour les cordes. Des bords du lac d’Annecy où elles font leurs premières gammes, jusqu’à Genève, Zürich ou Bruxelles, les deux sœurs font donc de la musique leur voie, excellant non seulement au violon, mais aussi au violoncelle ou au piano.
Très tôt, elles donnent leurs premiers concerts, se produisent pour des oreilles expertes. Mais c’est en 2014 que le grand public les découvre, quand Camille remporte le concours musical télévisé Prodiges, sur France 2. Repérée par Warner Music, elle enregistre un 1er album dans la foulée, disque d’or au bout de quelques mois, avec, en Special Guest Star, Gauthier Capuçon et… Julie, évidemment. Elles partageront ensuite la couverture des quatre albums suivants, dont “Nos Quatre Saisons”, sorti début 2020. Elles y retrouvent Vivaldi, “son énergie, ses couleurs, ses émotions” qu’elles vivifient en prenant la liberté d’accélérer parfois les tempos ou celle d’enregistrer les morceaux originaux qu’il leur a inspirés : des versions “pop” en collaboration avec Joyce Jonathan, l’artiste toulousain Foé ou encore Ycare, sur lesquelles elles passent d’un instrument à l’autre sans souci. Connectées par le sang et par la passion, Camille et Julie, 21 et 22 ans aujourd’hui, ont un parcours singulier, c’est vrai, mais un petit tour sur Insta suffit à voir que ces deux jeunes femmes, accros au shopping et aux belles robes, fans du dernier album de Pomme et d’Orelsan, sont aussi bien dans leurs baskets que dans leur génération.

Activmag : On pourrait imaginer que, comme c’est le cas pour un sportif de haut niveau, des musiciennes virtuoses vivent un peu en dehors des préoccupations des jeunes gens de leur âge. C’est le cas ?
Camille : en partie, oui, on ne peut pas mentir. Même nos profs comparent ça à du sport, parce qu’on doit avoir une hygiène de vie, manger correctement, avoir nos heures de sommeil, pour que nos muscles soient en forme -parce qu’on peut aussi se faire mal aux muscles, on utilise toujours les mêmes, donc il faut faire super attention-. On est obligées d’avoir une discipline, de travailler un certain nombre d’heures par jour depuis qu’on est petites. Chaque année, nos parents nous proposaient de faire autre chose si on le souhaitait, mais c’est notre choix. Et on voyage pas mal, donc c’est une organisation et une rigueur pour beaucoup de choses, mais ça devient notre quotidien, notre routine, donc on ne s’en rend plus forcément compte. Et puis ça aide aussi, ça permet d’être structurées, en tout cas, moi, j’adore quand les choses sont bien organisées, donc ça me va bien ! Ça n’empêche pas d’avoir aussi une vie privée et sociale remplie, parce que c’est ça qui nous nourrit, mais forcément, on ne peut pas sortir en boîte tout le temps -enfin moi je n’aime pas ça de toute façon!-, mais on ne peut pas aller boire un verre tous les soirs, toutes les semaines. On choisit des moments. C’est un bon équilibre, ça marche comme ça. Mais oui, c’est sûr qu’on ne va pas avoir la même vie que quelqu’un qui a un boulot, et qui est peut-être plus libre pour ses loisirs, mais on a beaucoup de chance de voyager et de pouvoir se faire plein d’autres expériences.
Julie : Mais en termes de préoccupations, moi, j’ai totalement l’impression de faire partie de cette génération, par rapport à l’écologie, la lutte pour l’égalité dans tous les domaines. Et ce qui est assez beau, je trouve, c’est qu’il y a quand même un grand rassemblement autour de ces causes, avec assez peu de divergences.

On dit de votre génération qu’elle est hyper connectée ? Est-ce que vous l’êtes ?
Julie
: On l’est par choix, et par nécessité, et aussi un peu par confort, par addiction. On passe beaucoup de temps sur notre téléphone pour le travail. Mais c’est le même outil qui va nous permettre de nous relier personnellement à nos familles et à nos amis quand on est loin, et de répondre à toutes les sollicitations extérieures, les concerts, les enregistrements et toute la logistique, qui prend beaucoup plus de temps que ce qu’on pourrait penser dans notre métier de musicien. Après, on passe aussi pas mal de temps dessus pour décompresser. Ainsi, quand on est dans les transports, on regarde pas mal de vidéos.
Camille : Mais on essaie quand même de faire attention à ne pas être trop scotchées. Toutes les heures qu’on passe avec nos instruments, on n’est pas dessus, et on essaie, quand on retrouve des amis, de ne pas prendre nos téléphones, parce qu’on voit beaucoup de personnes de notre génération et même de celle de nos parents, qui ne les lâchent pas, même dans les restos. Je trouve ça dingue de voir deux personnes à table, chacune sur son téléphone !
Julie : C’est vrai, et quand on y réfléchit, je ne crois pas que notre génération soit plus accro que les précédentes, c’est juste qu’on ne fait pas les mêmes choses dessus. J’ai l’impression que dans les transports, dans la vie de tous les jours ou dans l’espace public, la consommation de la technologie est relativement similaire quelle que soit la génération.

La génération Z est traversée par des préoccupations environnementales. Et vous ? Quels sont vos gestes dans le quotidien ? Vos engagements ?
Julie : Le problème, c’est que plus je m’engage, plus je vois mes contradictions, toutes les choses que je fais et qui ne vont pas dans ce sens-là. Mais on a grandi toutes les deux à la campagne, on a mangé les fruits et les légumes du jardin, Maman a toujours acheté bio. Quand on était petites, on mangeait déjà très peu de viande, et moi je n’en mange plus du tout parce que je suis végane. Quand on voyage, dans ma valise, je mets toujours un sac en tissu vide pour éviter de devoir consommer des sacs plastiques. Mais à l’étranger, souvent, quand on a faim, et qu’on voit que les seuls fruits disponibles sont prédécoupés dans des emballages plastiques, avec des étiquettes, des codes-barres et qu’après on rajoute encore des couverts en plastiques qui sont emballés dans du plastique, et re-dans un sac plastique… Plus on fait attention, plus on réalise qu’il y a des choses vraiment, vraiment absurdes ! On essaie aussi toujours de privilégier les transports en commun. Quand on est à Paris, on circule en métro, ou à pied, pas en vélib’, parce qu’avec nos instruments, on ne peut pas, si on tombe…
Camille : Et quand on doit aller loin pour des concerts, dans d’autres pays ou sur d’autres continents, on prend l’avion parce qu’on n’a pas le choix, mais pour tout le reste, en France et en Europe, il y a quand même pas mal de trains, de Thalys, qui vont tout aussi vite, alors on essaie vraiment de voyager en transports plus écologiques.
Julie : C’est la politique du moindre mal. Je n’irais certainement pas jusqu’à dire qu’on fait du bien à la planète, mais on essaie de limiter la casse.

Ce sont des engagements qui vous tiennent à cœur et du coup, est-ce que vous vous sentez concernées par la politique ?
Julie : Ça devrait être lié, mais ça ne l’est clairement pas assez. J’ai souvent du mal à regarder les débats politiques ou à suivre l’actualité, parce que j’ai l’impression que l’écologie est toujours reléguée au dernier plan dans les programmes.
Camille : Ou alors quand ils s’engagent, les actes après ne sont pas concrétisés, ou c’est minime et ça ne sert strictement à rien. Il faudrait des changements bien plus grands, et maintenant! Pas dans 10 ans ou dans 15 ans… Il y a des décisions énormes qui sont prises contre l’écologie, comme d’importer encore plus de viande d’Amérique… Si au-dessus, ils ne prennent pas des décisions correctes, ça n’ira jamais. Au final, nous, on aide, mais on est tout petits par rapport à l’immensité des industries. Il faut que ça vienne de plus haut, sinon on fait un peu tout ça dans le vide.

Vous avez récemment dénoncé les agressions sexuelles dans le monde de la musique classique, est-ce que vous pensez que les relations hommes-femmes sont plus compliquées pour votre génération ?
Julie : Je pense que c’est un problème qui est très, très, très vieux. Comme beaucoup de problèmes, quand on les dénonce, ce n’est pas parce qu’ils viennent d’arriver ou d’être créés, c’est simplement qu’il y a une peut-être une accélération de la communication, que les choses peuvent bouger un peu plus vite avec les réseaux sociaux et que la parole se libère, ce qui est une très bonne chose, dans tous les domaines d’ailleurs.
Camille : En ce qui concerne les relations hommes-femmes, on a déjà beaucoup plus de chance que les générations d’avant, je trouve, ça s’équilibre de plus en plus.
Julie : Même s’il y a encore beaucoup de travail! Par exemple, en France, je crois que seulement 4 % des chefs d’orchestre sont des femmes, et on sait qu’il y a toujours près de 19 % d’écart salarial entre hommes et femmes pour le même travail. Donc au niveau de l’égalité, il y a encore beaucoup de chemin à faire! Mais on essaie de partager l’information et de faire en sorte que la génération suivante puisse vivre dans un monde un peu plus égal et plus sûr pour tout le monde.

Nous, nous sommes la génération X, je pense que c’est la génération de vos parents aussi, avez-vous des choses à nous reprocher, des messages à nous faire passer ?
Julie : Je ne suis vraiment pas sûre que reprocher puisse faire avancer quoi que ce soit, et dans deux générations, on nous reprochera des choses aussi, à nous, les Z. Ce qu’il faut voir, c’est ce que chaque génération peut apporter pour améliorer la situation. Et il y a beaucoup de choses à faire: essayer de réduire la consommation, les importations, acheter plus local, se renseigner sur ce qu’on achète, essayer de ne pas fermer les yeux et dire: «je ne savais pas», mais au contraire, aller faire l’effort de se renseigner. Et ça, je pense que toutes les générations peuvent chercher.
Camille : La seule chose qui est importante, c’est de ne pas se dire: «c’est les jeunes qui vont s’en occuper», mais «maintenant on le fait!». C’est important d’en parler et de tous, nous mobiliser, peu importent les âges et les générations. Ce sont les personnes qui sont ici, aujourd’hui, dans ce monde, qui doivent essayer de tout faire pour aider.

Photos : Simon Fowler

+ d’infos : http://camilleetjulieberthollet.com
Prochains concerts dans la région:
09/12/20 Villefontaine (38) – Théâtre
21/01/21 Caluire-et-Cuire (69) – Le Radiant – 11/03/21 Annecy – Arcadium

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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