les Z de A à Z

2 Oct 2020

à l’abord d’âges !

ILS ONT LEURS MODES, LEURS CODES, LEURS PODS, ARRIVENT EN TOUTE FIN D’ALPHABET APRÈS DES X EN MANQUE DE REPÈRES ET DES Y EN QUESTIONNEMENT PERMANENT, MAIS QUI SONT DONC CES Z, MATEURS EN SÉRIES, CARRÉMENT INSTA- LIÉS, HYPER CONNECTÉS ET GLOBALISÉS ? DÉCORTIC’ÂGE…

« Le jeune est tourné vers l’avenir, mais aujourd’hui, l’avenir ne se tourne plus vers le jeune. Doit-il aborder l’avenir en lui tournant le dos ?… le Jeune ?…” Dans le Péril Jeune de Cédric Klapisch, le prof de maths, hippie et bienveillant, s’inquiète des aspirations d’une jeunesse des années 70 confrontée à la crise pétrolière et aux premières vagues de chômage. Contre lesquelles elle va d’ailleurs manifester, entre deux pétards et cinq pailles plantées dans un café. Presque 50 ans plus tard, le prix du kawa a été multiplié par 6, le taux de chômage aussi, et le mot crise se décline à toutes les sauces, économique, sociale, humanitaire, environnementale…
Elevée aux écrans tactiles et aux séries TV, brinquebalée entre insouciance et gravité, comment la génération qui arrive aujourd’hui à l’âge adulte se positionne-t-elle sur cette planète abîmée ? Pour mieux la comprendre, Rémy Oudghiri, sociologue et directeur général de Sociovision, filiale de l’IFOP spécialisée dans le décryptage des évolutions des sociétés et des consommateurs, nous aide à en dessiner les contours.

Rémy Oudghiri, Sociologue

Activmag : Génération Z, pour succéder aux X et Y, Génération C pour Connectée, Millenials… On trouve beaucoup de termes différents pour qualifier ces jeunes…
Rémy Oudghiri : Les noms m’importent peu, on en utilise beaucoup, c’est un peu arbitraire et marketing. Ils sont utiles parce qu’ils s’imposent dans le débat public et le simplifient, mais il faut s’en méfier, car on a l’impression que ces générations existent vraiment, d’un bloc, alors qu’en fait la jeunesse est très hétérogène. Je préfère donc m’en tenir à «la jeunesse».

Qu’est-ce qui caractérise donc cette jeunesse en 2020 ?
Il faut distinguer deux choses. La jeunesse est une étape dans la vie que tout le monde traverse, et qui souvent se caractérise par un certain nombre de traits qui reviennent à chaque génération : l’insouciance, une forme de narcissisme, d’impatience… En sociologie, on appelle ça les effets d’âge. Et puis, il y a les effets de génération : à un moment donné, des événements ou un contexte particulier sur le plan historique créent des marqueurs générationnels. Dans notre histoire récente, la génération la plus évidente, c’est 68, qui correspond à un événement daté, et au-delà de cet événement, à un mouvement d’idées qui ont imprégné toute une génération.

Quel serait donc le marqueur principal de cette génération, née après 1995: Internet ?
C’est la 1re chose à laquelle on pense. 1995, c’est en effet une date importante, un tournant, car c’est à ce moment-là que la France bascule justement dans l’ère internet, qu’on commence à s’équiper dans les entreprises. A l’âge où ces jeunes vont commencer à s’en emparer, au début des années 2000, l’utilisation du web est donc largement généralisée. Mais la différence majeure par rapport aux générations précédentes, c’est la culture du réseau : les jeunes ont leur réseau dans leur poche, ils sont tout le temps en train de dialoguer avec. C’est la 1re génération qui, avant même d’arriver au collège ou à l’université, peut connaître les gens qu’elle va fréquenter. Ça crée un gros potentiel de mobilisation, parce que ces réseaux, vous pouvez en faire ce que vous voulez : dialoguer, draguer, vous engager… Résultat : 1 – vous interagissez en permanence et 2 – vous créez des codes particuliers, une communication très horizontale, pas du tout formelle, avec une culture de l’humour et de la décontraction.

Il y a, d’après vous, d’autres éléments qui ont un impact plus profond sur cette génération ?
Elle arrive à un moment particulier de l’histoire de l’Humanité : en résumé, on est passé de décennies d’utopie à la confrontation à la dystopie, non plus dans la science-fiction, mais dans la réalité. C’est un peu comme si on avait éteint toutes les lumières. 90-2000, c’est la grande décennie des espoirs démocratiques, avec la Chute du Mur de Berlin, la fin de l’Apartheid… Mais depuis une dizaine d’années, on voit plutôt le contraire, des régimes qui deviennent moins démocratiques en Russie, Turquie, Brésil, Europe de l’Est… Le 2e élément, c’est la crise écologique. Il y a quelques années on disait : “ce sera pour les futures générations”, aujourd’hui, le réchauffement climatique, c’est maintenant. La 3e chose, c’est l’intelligence artificielle et les robots, qui vont énormément se développer dans les années qui viennent, et ça crée beaucoup d’incertitudes sur le monde de demain : cette génération est en train d’apprendre des choses à l’université, mais est-ce qu’elles lui serviront vraiment, vu que des machines pourront le faire ? Le 4e élément, ce sont les maladies de civilisation, que nos modes de vie ont créées, comme l’obésité, les allergies, certains cancers… Et le dernier élément, c’est l’économie, la montée des inégalités, qui jettent le doute sur le modèle sur lequel on est assis depuis plusieurs décennies. Il y a donc ce sentiment que le modèle du passé ne tient plus.

Du coup, est-ce que cette génération se mobilise, se met en ordre de bataille ?
Elle a les moyens de le faire, et une capacité d’influence beaucoup plus importante que les générations précédentes. En même temps, et c’est un peu contradictoire, elle est complètement dépendante de la technologie et de la culture du divertissement, comme les séries consommées en masse ou les jeux vidéos, qui les rendent plutôt passifs et démobilisés. Le contexte appelle à l’engagement, les moyens sont là, mais il faut aussi arriver à sortir d’une indifférence renforcée par cette culture du divertis- sement qui, grâce au numérique, n’a jamais été aussi facilement accessible qu’aujourd’hui. Il sera intéressant, d’ailleurs, de voir comment les choses évoluent à travers le phénomène TikTok, par exemple, puisqu’au départ, c’est un réseau social sur lequel les jeunes sont plutôt dans l’insouciance absolue, font des petites vidéos marrantes pour être vus, pour créer du buzz, mais depuis quelques mois, on voit de plus en plus que c’est utilisé comme une plateforme de mobilisation.

Ceux qui se mobilisent ne sont donc finalement pas très nombreux…
En 68 aussi, ceux sur les barricades étaient une toute petite minorité. Mais ce qui est très clair, c’est que ceux qui entraînent les autres sont imprégnés des idées d’écologie, ils sont plutôt favorables au bien-être des animaux, et sont surtout convaincus qu’il faut changer fondamentalement les règles du jeu, qu’il faut inventer un nouveau type de société de consommation, et ça, je pense que c’est assez nouveau. Ce genre d’idée était plutôt porté par les adultes avant, des intellectuels, des hommes politiques, et ça va être maintenant de plus en plus porté par les jeunes.

Ils consomment déjà différemment ?
Ça correspond plutôt à une certaine partie de la jeunesse, mais c’est assez fort : ils achètent de l’occasion, du vintage. Même si c’est une tendance globale de société, c’est intéressant de le noter chez les jeunes, parce qu’il y a 20 ans, ils ne juraient que par le neuf. Comme ils sont à une période de leur vie où ils se cherchent, les marques sont souvent des symboles et des repères rassurants, ou en tous cas structurants, et là, ce qui est nouveau dans cette génération, et ça s’est accéléré ces dernières années, c’est qu’ils passent très vite à l’achat d’occasion. En partie pour des raisons économiques, évidemment, mais ça participe aussi de la sensibilité écologique dont on a parlé tout à l’heure. Et en matière d’alimentation, je l’appelle la génération «PNNS» d’après le Plan National Nutrition Santé, imaginé à la fin des années 90, «mangez bougez», etc. Parce qu’elle a grandi avec ces messages, qu’elle a donc plus de notions que les générations précédentes et qu’elle a été conditionnée, mais aussi à cause des problèmes de santé qui nous attendent, c’est une génération pour laquelle la santé va devenir une exigence plus forte qu’avant.

C’est donc une génération pour laquelle il n’est pas si simple d’être léger…
Heureusement, les jeunes restent insouciants et optimistes, on l’a vu en sortie de confinement, ce sont des traits de cet âge, et s’ils ne l’étaient pas, ce serait inquiétant ! Mais le contexte leur interdit de l’être trop. Et je pense que c’est une des premières générations, en Occident, qui, quand elle se projette sur les 20 prochaines années, ne voit que du brouillard et de l’incertitude. Elle va avoir comme mission, non plus de transformer le monde, c’était l’utopie des années passées, mais de le réparer. C’est pour ça que pour l’incarner, on peut difficilement ne pas citer Greta Thundberg, qui s’érige dans cette logique. Cette jeunesse qui entre sur le marché du travail, qui arrive à son âge de conscience a donc, en fait, la lourde tâche de changer un grand nombre de comportements qui étaient les nôtres jusque-là, d’inventer un nouveau monde. Ce serait vraiment ça LE marqueur de cette génération.

© Victor Moussa / © Jacob Lund / © Mirko

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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