les Z & la mobilité

7 Oct 2020

comment X et Z font-ils pour aller de A vers B ?

Vous avez 1 heure pour plancher…

SE DÉPLACER A TOUJOURS ÉTÉ LE PROPRE DE L’HOMME, POUR CHASSER LE MAMMOUTH, CONQUÉRIR DE NOUVEAUX TERRITOIRES, FAIRE DU COMMERCE OU ALLER DÉCLARER SA FLAMME A L’ÊTRE AIMÉ. À PIED, À CHEVAL, EN BATEAU, OU EN AVION, CETTE NÉCESSITÉ VITALE DEVIENDRA-T-ELLE DIGITALE ?

Si tu lis cette superbe revue, lectrice ou lecteur, il est fort possible que tu sois de la génération X, cette génération qui a grandi dans l’ombre des baby-boomers, qui a été témoin de l’éclatement de la cellule familiale et du mur de Berlin, de la conquête de l’espace et du préservatif, des stridulations du Minitel et de la naissance d’internet. Et il y a de grandes chances également que tu croises en ville et sûrement chez toi, des natifs de la génération Z, ces sales gosses qui pensent avoir tout compris grâce à leur maîtrise du digital. Pour autant, vous vous côtoyez pacifiquement, au coin de la rue, d’un couloir ou à l’autre bout du monde. Vous vous croisez puis reprenez votre route… Mais sur quels engins ? Trois témoins, Magali, 45 ans et des poussières, Aurélien 25 ans et Jean 24 ans, jamais sans leur smartphone, vont comparer, pour toi, leurs us et coutumes sur le bitume.

LE PERMIS DE (BIEN SE) CONDUIRE

Décisif pour accéder à l’emploi, le permis B a toujours été un véritable symbole de liberté et d’indépendance pour les jeunes pressés de quitter le cocon familial et de gagner en autonomie. Pourtant, entre 2013 et 2017, le taux de jeunes de 18 à 20 ans titulaires du permis de conduire est passé de près de 75% à moins de 40%*! Et même sur la tranche plus large des 18 à 24 ans, on ne retrouve que 60% de jeunes conducteurs. Ce qui représente une baisse de 5% en 4 ans. En 2018, ils n’étaient que 640 000 âgés de 18 à 24 ans à avoir obtenu le fameux sésame, contre 740 000 en 2014.
Est-ce le signe d’un manque d’intérêt pour le permis de conduire ? Jean-Pascal Assailly, psychologue et expert au Conseil national de la sécurité routière considère que “ce qu’il faut déduire des chiffres, ce n’est pas que les jeunes ne passent plus le permis, mais qu’ils le passent de plus en plus tard.” Il nuance : “Être un jeune aujourd’hui en France, c’est aussi être un jeune urbain”. Or, en ville, la voiture est perçue par eux comme une grosse source de complications : “C’est l’impossibilité de se garer, les amendes, les radars, l’énervement, le coût d’entretien…” Idem chez nos voisins belges : Annelies Develtere, chercheuse en Mobilité à l’Institut de la sécurité routière constate qu’actuellement 33% des jeunes de 18 ans passent leur permis contre 43% en 2009 : “Dans les zones urbaines, la voiture est moins populaire au sein de ce groupe-cible. On observe cette tendance dans d’autres villes européennes. Les jeunes Suédois, notamment, préfèrent dépenser leur argent en voyages, en vêtements et en équipements électroniques plutôt qu’en voitures.

Magali

TOUT EST « PERMIS », MÊME L’AUTO-SATISFACTION !

Dans son jeune temps, Magali, notre quadra, n’avait pas spécialement envie du carton rose, mais comme c’était un passage obligé, elle a pris ses 20 leçons, a réussi le code et la conduite du premier coup, son bac dans la foulée, bravo, et peu de temps après, ses parents lui ont offert une 4L dont elle se rappelle avec nostalgie le levier de vitesse coulissant horizontalement, placé à droite du volant. Elle qui habitait Crolles, à 20 km de Grenoble, est ainsi devenue une étudiante libre. Elle trouve d’ailleurs qu’à cette époque les règles étaient plus relax, notamment pour la vitesse et pour l’alcool, et elle apprécie grandement, dans l’intérêt de ses fils, que les lois soient aujourd’hui plus sévères…
Notre Z des champs, Aurélien, n’était pas non plus très motivé pour le passer, mais cela s’est fait naturellement : à 16 ans, comme de nombreux copains, il débute la conduite accompagnée, puis obtient le permis avant ses 18 ans, date à laquelle ses parents lui achètent une Dacia, très pratique pour faire le ramassage scolaire de ses potes du quartier. Autonomie appréciée car il habitait alors en dehors de La Roche-sur-Foron. Aurélien avait un atout de plus : ne buvant pas, il était -et l’est toujours- le Sam parfait !
Et notre Z des villes ? À 16 ans, Jean, résidant à Menthon-St-Bernard savait déjà qu’il monterait à la capitale pour ses études. Alors, il n’a perdu ni son temps ni son argent à passer le permis ! Maintenant âgé de 24 ans, parisien depuis 6 ans et monteur dans l’audiovisuel, il ne regrette pas son choix : “Je fais tout en bus et en métro, c’est tellement plus simple et économique avec mon Pass Navigo ! Quand j’aurai une famille, il sera temps de voir si une voiture est nécessaire. D’ici là, il y aura peut-être d’autres possibilités pour se déplacer !” Il n’est pas pressé de conduire, satisfait que sa décision participe aussi à la sauvegarde du climat, de la planète et de son porte-monnaie : “J’adore voyager en train pour rentrer à Annecy : je bouquine, je travaille, je regarde des vidéos, j’écoute de la musique, je sais que je serais à l’heure… Bon, après, il y a les grèves…

VÉLO-AUTO-MÉTRO-BOULOT-DODO

D’après une étude de l’Insee en 2018, les déplacements domicile-travail se font à 70% en voiture, 15% en transports en commun, 6% à pied et 2% en vélo à égalité avec les 2 roues motorisés. Alors quels sont les modus operandi de nos interviewés ? Magali, chirurgienne-dentiste, prend sa voiture pour les 40 minutes de trajet entre Saint-Gervais et Bonneville + 40 minutes retour quotidiennes. Le choix est vite fait, car il n’y a pas d’alternative –à part descendre de la montagne à cheval, singing aïe, aïe, youpi, youpi, aïe !. Pratiquer le covoiturage ? Avec une petite moue navrée, elle reconnaît avec franchise qu’elle se sent égoïste et qu’elle n’a pas envie de transporter quelqu’un avec qui elle va devoir parler : “Déjà les autostoppeurs, après 10 minutes, ça me gave… Non, perso j’aime bien être tranquille dans ma voiture, j’y téléphone, j’écoute la radio ou des podcasts. C’est mon sas de décompression.” On peut la comprendre : 2 adolescents et 1 mari… Et de monter dans la voiture d’un autre? Magali n’a jamais osé essayer, elle se sent un peu décalée et surtout : “j’ai besoin de confort et de sécurité, dans une voiture que je connais…
Aurélien, lui, a fait ses déplacements étudiant à pied et en vélo : “30 minutes à pied, c’était mon sport quotidien, ça me faisait du bien. En vélo aussi, mais ça montait. Le bus en cas de mauvais temps, mais pas de trottinette ou autre objet roulant dangereux de djeunes, je n’en sens pas le besoin.” Aujourd’hui, ce jeune ingénieur en mécatronique rayonne depuis La Roche-sur-Foron, où il réside, en voiture : c’est plus simple pour aller travailler dans la Vallée de l’Arve.
À la capitale, Jean n’utilise ni les trottinettes ni les vélos, trop dangereux à son goût : “Autour, ça roule n’importe comment, on doit rester sur le qui vive et les accidents peuvent être vite graves.” Les seules voitures dans lesquelles il monte sont des Uber que lui paye son employeur quand il sort très tard du travail. Et la majorité de ses potes fonctionnent comme lui.

IL N’Y A PAS QUE DES CADRES EN VÉLOS !

Pourtant, malgré ses dangers, dus principalement à la cohabitation avec les voitures, le vélo est plébiscité pour se rendre au travail : d’après l’association Vélo & Territoires qui publie les chiffres de la PNF (Plateforme Nationale des Fréquentation), les cyclistes sont en nette augmentation en France depuis le confinement : du 11 au 31 mai, +28% par rapport à la même période en 2019 (+16% en semaine et +59% le week-end). A noter que ce chiffre passe à +50% dans les villes de plus de 100 000 habitants. La création de pistes cyclables sécurisées se développe enfin, soutenue par l’Etat, et boostée conjointement par l’envol des ventes de VAE (vélo à assistance électrique) : en 2019, elles sont 388 000 montures à avoir trouvé un cavalier (+12%) en sachant que 74% de ces engins sont prisés pour un usage du quotidien ! Sur le Grand Annecy, l’association Roule & Co, qui milite pour l’accès de tous aux mobilités douces, enregistre une hausse continue de demandes d’initiation à la circulation en ville en vélo électrique, ce sont principalement des femmes, Monsieur gardant la mainmise sur la voiture… non mais ! Cette tendance est confirmée par Vélonecy, le service de vélo urbain sur l’agglomération annécienne, acteur important dans le multimodal qui voit s’envoler les demandes de location de VAE à l’année : son succès est tellement fulgurant que tout le stock de vélos a fondu comme neige sur le Semnoz et que la liste d’attente rivalise désormais avec celle du Père Noël ! Mais une nouvelle livraison de VAE flambant neuf, en ce mois d’octobre –qui portera le parc à 1300 fiers et verts destriers– devrait y remédier pour partie. Il faut dire que le tarif de 30€ mensuel est attirant, calculez donc le coût de votre voiture, carburant et parking compris !

ADAPTER SON TRAIN-TRAIN DE VIE …

Pour les destinations plus exotiques, quand Magali «monte» à Paris, elle va privilégier le TGV : “C’est plus confortable, le trajet est peut-être plus long que l’avion, mais je m’occupe facilement : lire, travailler sur mon ordinateur, le temps m’importe peu dans un train…” Et une fois à Panam’, elle préfèrera le bus : “On peut contempler la ville, c’est toujours animé et puis brrrr… je n’aime pas être enfermée sous terre dans le métro.” Elle n’est pas rassurée non plus par la circulation en ville sur des roues ou des roulettes. Alors qu’à Saint-Gervais, son VAE est devenu son meilleur ami pour faire les courses ! Par contre, pour les trajets vacances ou les petits week-ends entre amis, Magali et son mari qui aiment leur liberté de mouvements, sans contraintes horaires, utilisent leur voiture, enfin le fourgon, puisqu’ils emmènent tout leur attirail sportif : vélos, voiles de kite, sacs de golf…

LE PRINCIPAL MOYEN DE TRANSPORT DU Z ?
SON SMARTPHONE !

Les marques et les modèles de voitures ont perdu en importance à leurs yeux”, analyse Talitha Muusse, cofondatrice de De Duurzame Jonge, plateforme de jeunes entrepreneurs et professionnels durables, “ce ne sont plus des symboles de statut, mais des objets de consommation pratique, qu’on peut louer ou partager, une solution parmi d’autres dans le vaste domaine des transports…”.
Ainsi, Aurélien, qui visite régulièrement sa chérie dans le Ch’nord, va toujours étudier les différentes possibilités, et sur le pouce, grâce au digital. Son penchant économe (non non, pas radin) lui fera choisir l’avion Genève-Lille, si le prix est canon et “qu’un parent compréhensif pourra m’emmener à l’aéroport pour éviter les frais de parking…” Oubliés le covoiturage et ses contraintes, le train et ses correspondances ! Par contre, en prenant l’avion, le Z lambda aura tendance à «oublier» ses motivations écologiques. Honte aux offres de billets d’avion bon marché !! Car pour de longues distances, c’est souvent l’option la plus rapide et la moins chère !

LE TRAVAIL, C’EST LA SANTÉ, SURTOUT À L’ÉTRANGER !

Aurélien, jeune salarié qui aime bouger, espère donc pouvoir adopter, grâce à son entreprise, le nouveau concept du «bleisure» – contraction des mots anglais «business» et « leisure» – qui veut que les voyages professionnels se prolongent de quelques jours pour le plaisir. Un concept développé par cette génération digitale native. 90% des jeunes actifs l’ont déjà pratiqué, d’après une étude en 2019 de National Car Rental. Et ils auraient tort de s’en priver puisque leurs employeurs approuvent à 76% : «c’est bon pour le moral».
Pour Aurélien, partir à l’étranger, pour les vacances, c’est bien, mais y vivre, c’est encore mieux : “J’aime l’idée de voyager pour découvrir, aller voir ce qui est différent…”, lui qui a pris l’avion bébé n’est pas blasé : “Je suis attiré par le Brésil et les Etats-Unis, mon séjour de 5 mois au Québec m’a mis l’eau à la bouche, tabernacle !”. Jean est également partant pour le Canada : lui qui bosse dans l’audio-visuel a très envie de découvrir d’autres facettes de ce métier à l’étranger. Il irait bien également en Russie, voire à Cuba l’année prochaine, ça dépendra des finances et du Covid.
Des jeunes avec des fourmis dans les pieds, ça fait réagir Magali, elle qui voulait partir à l’étranger comme jeune fille au pair après le bac… Mais la conseillère d’orientation lui avait dé- conseillé : elle avait un bon dossier et la suite de ses études allait en être perturbée ! Alors que maintenant « l’exil » est devenu incontournable…

LIRE L’AVENIR DANS LES CARTES… GÉOGRAPHIQUES ?

Le monde post Covid ? Magali pense qu’il y aura moins d’avions, car la conscience collective «planète-responsable» fait son chemin. Aurélien lui, nuance : si une grande partie des Français va limiter ses déplacements, certaines populations bien moins sensibilisées aux défis écologiques (Chine, Inde) ne vont pas se priver des voyages. Quant à Jean, sa vision est qu’une fois la page Covid tournée, chacun va reprendre son rythme d’avant, sinon plus, avec la forte envie de rattraper le temps perdu !!
Mais savent-ils que pour mettre en œuvre des politiques de transport agiles et adaptées aux besoins des citoyens, les autorités se servent des traces GPS laissées par leurs smartphones, enregistrées sous forme de DATA ? Ces données gigantesques sont analysées en permanence par des algorithmes pour préparer les scénarii des mobilités de demain. Pour plus de sérénité?
L’avenir sera de toute façon digital !

*Selon une étude réalisée en 2017 par OpinionWay pour l’enseigne de centres auto Point S

Frédéric Charpentier

Frédéric Charpentier

Chroniqueur
SURNOM: Fred. PERSONNAGE DE FICTION: le professeur Keating du «Cercle des poètes disparus». OBJET FETICHE: ma paire de running. ADAGE: Carpe Diem. JE GARDE: les yeux, les mains, la bouche. JE JETTE: quasi tout le reste. DANS 20 ANS? un esprit dans le vent.

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