les Z & les médias

27 Oct 2020

FLASH INFO !

FILS D’ACTU CONTINUE, NOTIFICATIONS EN RAFALE ET SURENCHÈRE DE VÉRITÉS MOYENNEMENT VÉRIFIÉES… LES Z SONT PLUS BOMBARDÉS D’INFOS QUE NE L’ONT JAMAIS ÉTÉ LES GÉNÉRATIONS PRÉCÉDENTES. AVEC, POUR EFFET PERVERS, UNE DÉFIANCE CROISSANTE ENVERS LES MÉDIAS. ON REMET LES CHOSES À PLAT ?

Dans la famille Todesco, je demande le père, Emmanuel, 51 ans, directeur des services techniques d’une commune du nord de la Haute-Savoie. Abonné à la presse régionale, “pour se tenir au courant des prises de décisions locales”, il l’est aussi à la version numérique du Monde, écoute quotidiennement la radio et se branche tous les matins sur BFM TV. Emmanuel aime se tenir informé, et c’est avec lui que Romuald, son aîné de 21 ans, regarde parfois le JT le soir. Lui n’est pas accro aux infos. “Je réagis aux titres aguicheurs de Brut ou autres, quand ils apparaissent dans mon fil Snapchat, je regarde ce que les gens commentent, mais il y a de plus en plus de fake news sur les réseaux et on ne fait pas forcément la différence. J’ai tendance à croire ce qui me semble logique, et ce que je vois ensuite à la télé… Mais, même si je sais qu’il est important de se tenir au courant, je fais très bien ma vie sans, on est tellement abruti par les infos que je n’ai plus envie de les regarder.

TROP D’INFOS TUE L’INFO

Alors ? X» sur-informés et «Z» désintéressés ? Ne nous fions pas aux apparences : d’après une étude de l’Observatoire du Webjournalisme, publiée en 2017, 89% des 18-24 ans estiment essentiel ou assez important d’être au courant de l’actualité du monde. Mais baignée dans un flot permanent d’informations, la génération née en même temps que Google a du mal à faire le tri. “Elle a tendance non seulement à s’informer prioritairement sur les réseaux sociaux (74% des 18-24 ans, dans la même étude)”, décortique l’anthropologue Elisabeth Soulié, “mais aussi à donner spontanément plus de crédits à des médias comme Twitter et Facebook qui réagissent aux évènements du monde ou simplement les relaient et donnent une information attractive ou insolite, plus qu’à des médias traditionnels qui proposent des informations plus sérieuses et font un travail de fond, en tentant de recouper et d’analyser les sources, avant de restituer l’information1.
Ce n’est pas le cas de Margaux. Il y a quelques mois, cette étudiante à HEC Paris, aux racines annéciennes et à l’ancrage chamoniard, a réalisé qu’elle restait en surface de l’info. “C’est une prise de conscience à avoir, un effort à faire, de lire un article en entier, et pas juste la notification. On en discute pas mal avec mes amis, et on a des opinions très divergentes : je pense que c’est bien de s’informer sur différents médias, pour une question de fiabilité et d’ouverture d’esprit ; eux lisent les articles sur Facebook et les commentaires, prennent l’avis de M. et Mme tout le monde.

RETOUR AUX SOURCES ?

Comme métier, Margaux voulait faire «Claire Chazal» quand elle était petite. Elle a donc une certaine sensibilité au sujet. Mais même parmi les jeunes qui ont choisi de faire de l’actualité leur profession, le recul n’est pas toujours inné. “Nous, on allait chercher les infos dans des canaux stables et identifiés, dont la déontologie et l’éthique étaient portés par une rédaction”, explique Julie Joly, 46 ans, ancienne journaliste pour l’Express, directrice de l’école W à Paris, qui propose notamment une préparation aux concours des écoles de journalisme. “Mais aujourd’hui, tout le monde peut être témoin de quelque chose, le filmer et le partager. Info ou intox, nos étudiants le prennent au même niveau, ils n’ont pas d’esprit critique, c’est ce qu’on essaie de travailler, ainsi que leur curiosité. Parce que le fait qu’ils n’achètent pas les journaux et ne regardent pas les JT ne veut pas dire qu’ils ne sont pas bien informés, ils suivent d’autres canaux, mais ils ne sont plus soumis à des séquences «complètes» d’information, au-delà de leurs centres d’intérêt. Leur champ de sujets d’infos se réduit à leurs goûts personnels, en fonction de leur communauté ou leurs engagements, à des choses qu’ils partagent ou qu’on leur suggère.

CONTE DE FAITS

Pour ramener ces Z submergés et égarés dans le droit chemin de l’info vérifiée, ou même tout simplement les y intéresser, peut-être faut-il donc repenser la manière de raconter l’information ? En 2015, Hugo Travers a 17 ans quand il lance sa chaîne YouTube «Hugo Décrypte», un média qui se veut ouvert aux jeunes et informatif avec «un traitement journalistique de l’actualité» dans de courtes vidéos. Montage cut, infographies, musique, le format plaît: 5 ans plus tard, ce drôle de Z approche doucement le million d’abonnés, il a interviewé Emmanuel Macron en tête à tête, et s’est retrouvé face à Marine Le Pen dans l’émission politique de France Télévisions. Encore une fois, quand les Z parlent aux Z, ça marche. “Je suis convaincue que c’est aux journalistes de réinventer le traitement de l’actualité”, conclut Juliette Joly. “Il faut creuser de nouvelles formes d’écriture, en série, avec des infographies, des insertions sonores… remettre le réel au centre du récit, et c’est au cœur de ce qu’on fait à l’école W. Parce qu’on ne peut pas laisser au divertissement et aux fake news la propriété de la créativité en termes de récit. Bien maîtriser la narration n’est pas réservé aux bateleurs et aux vendeurs de soupe !

1 « La génération Z aux rayons X » Elisabeth Soulié – Ed. du Cerf – 2020

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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