labo & co
Situé dans le bas des pentes de la Croix Rousse à Lyon, cet ancien atelier de peintre est devenu un loft d’habitation au caractère industriel mélangeant matériaux bruts, meubles chinés et objets ramenés de voyage.
Lorsqu’il rencontre, en 2012, un artiste peintre souhaitant vendre son atelier, Lionel Martin est justement à la recherche d’un bien pour en faire son habitation. Sous le charme de ce lieu atypique, c’est tout naturellement qu’il décide de l’acquérir. A la fois promoteur et aménageur foncier, son œil expert est habitué à découvrir des espaces étonnants à Lyon, avec un fort potentiel. C’est le cas de cet ancien atelier d’une surface de 135 m2 au rez-de-chaussée auquel viennent s’ajouter 130 m2 de caves. Les volumes, la grande hauteur sous plafond et les arches en pierre, témoignages de l’architecture pluriséculaire, sont les atouts majeurs de ce bien. Reste à repenser la distribution des niveaux et le partage des volumes, créer quatre chambres et deux salles de bain, une cuisine ouverte sur le salon, sans parler du réaménagement du sous-sol.
Pour ce projet d’envergure, Lionel s’est adjoint les conseils de l’architecte Pierre Alexandre Martin. Désireux de conserver le charme et l’identité du lieu, le message est clair : le mot d’ordre de cette réhabilitation est légèreté ! Tout est donc pensé pour alléger les structures, afin qu’elles ne masquent pas l’existant. La mise en œuvre de cette transformation sera discrète et effacée, à l’instar de la passerelle métallique qui permet d’accéder à l’étage supérieur créé sous les voûtes de l’atelier. Réalisée en acier mat et bois exotique, elle rappelle la coursive d’un bateau avec sa rambarde en filins métalliques et le sol à claire-voie laissant passer la lumière. Cet élément de distribution se fond dans l’espace tout en marquant de son empreinte l’esprit industriel voulu par le propriétaire. Profitant de la hauteur sous plafond, deux chambres d’amis donnent sur la pièce à vivre, dont les portes-fenêtres réalisées sur mesure par un menuisier, suivent la courbe des voûtes.
LES LIVRES MÈNENT À TOUT
L’autre transformation importante est la création d’une trémie afin de relier l‘espace de vie aux caves existantes. Lionel a fait le choix d’une bibliothèque couvrant l’intégralité du mur longeant l’escalier, du sol au plafond, faisant le lien visuellement entre les trois niveaux. Parfaitement intégrée, cette étagère asymétrique réalisée sur mesure reçoit les nombreux souvenirs ramenés de voyage. Une fois réunies et transformées, les caves offrent un espace voûté d’exception, composé d’un salon, d’une cave et d’une salle de sport. L’occasion pour Lionel et son amie Camilla, tous deux amateurs de bons vins, de se détendre entre amis autour d’un verre en écoutant de la musique ou en visionnant un film. Visible à travers l’arche vitrée, la cave à vin laisse deviner un astucieux système de rangement, réalisé à partir de simples casiers en bois positionnés couchés. L’esprit très brut de la pierre apparente est adouci par un grand canapé spacieux, encadré par deux lustres Fatboy et des objets chinés tels qu’une matrice de fonderie industrielle et une lettre provenant de l’enseigne d’une ancienne usine à Villeurbanne.
DES VIES ANTÉRIEURES
Le soin apporté au choix des matériaux comme le métal brut et le bois tient compte de la pierre omniprésente. Par soucis de cohésion, la cuisine ouverte sur la pièce à vivre est traitée dans la même essence de bois que la bibliothèque. Aimant cuisiner, Lionel avoue s’être fait plaisir ! Pensé dans les moindres détails, l’ilot central est à la taille de la pièce, grand, afin de recevoir les amis tout en étant aux fourneaux. Le plan de travail provient d’une ancienne imprimerie, et a dû être redimensionné pour s’intégrer à ce nouvel espace. Quant aux tiroirs, ils reprennent la couleur acier mat de la passerelle. Trois suspensions en cuivre trouvées dans la boutique Sans Contrefaçon à Lyon complètent cet esprit loft industriel.
Côté salon, un canapé et des fauteuils Chesterfield vintage font face à une ancienne porte de banque indienne ayant gardé sa patine d’origine. Une pièce rare dénichée par Lionel, qui s’intègre parfaitement au lieu, donnant l’impression d’avoir toujours été là. Derrière, se trouve la chambre du couple. On aura compris, cet amoureux de la chine et des objets ayant déjà eu une vie, aime bousculer les codes. Apportant un supplément d’âme, un ancien chariot de marchandise est transformé en table basse, un tableau provenant d’un atelier de mécanique générale a tout naturellement trouvé sa place sur la passerelle, tout comme cette horloge provenant d’une usine de Villeurbanne qui trône fièrement dans le salon. Lionel se souvient : “Il aura fallu des journées entières passées aux puces du Canal à Lyon, pour dénicher tous ces trésors, en projetant leur emplacement et leur utilité.”
Enfin, en hommage à son ancienne vie de motard, ce dernier s’est amusé à exposer les radios de ses multiples fractures, sur le bloc lumineux comme chez le médecin. Situés sous les fenêtres, ces blocs éclairés par des Leds permettent de compenser le manque de lumière naturelle de la pièce à vivre.
Cet ancien atelier de peintre est devenu une habitation de caractère façonnée par son propriétaire, où les objets chinés ont pris place au milieu des souvenirs de voyage, pour le plus grand plaisir du couple.
Photos : Frenchie Cristogatin
